samedi 31 décembre 2005

Bonne année 2006 à tous !

Et tout ce que je vous souhaite c'est de meilleurs films que cette cuvée 2005 qui n'aura pas de peine à être oubliée.

Petite idée de DVD à s'offrir pour bien démarrer l'année : le coffret Charley Chase édité par Lobster films : une douzaine de "two-reelers" (courts de 20 min) hilarants mis en scène par Leo McCarey. Mighty like a Moose sur le DVD2 est un chef d'oeuvre du genre.

Et puis comme il ne faut surtout pas laisser la médiocrité s'installer à l'heure où la dématérialisation numérique promet de tout chambouler (pour le meilleur et malheureusement surtout pour le pire parce que le DVD a aiguisé l'appétit des plus voraces) le point de vue de Budd Schulberg, toujours aussi vert à 90 ans passés :
In the old days, if you loved your picture, you fought for it. But now the mogul is Mr Bottom Line. The corporate wisdom is cut your losses. So Ali disappears. The second week you literally can’t find it. Same thing happened to Cinderella Man. And The Legend of Zorro, with Catherine Zeta-Jones and Antonio Banderas. Big names. Cost a bundle. Bomb.

Here’s how the great minds of Corporate Hollywood think: the Ben Affleck-Jennifer Lopez romance is hot hot hot. Let’s cash in on all the gossip. So they make Gigli, a movie so bad and empty it’s literally unwatchable. And these two young people aren’t bad actors. But they need a real story to tell, real characters to play. They need good writing. Which Gigli don’t got. Another bomb.

Or Shanghai Sunrise. How could they miss in a movie starring the just-married Madonna and Sean Penn with all that free and lubricious publicity about their steamy relationship? Again, another floppola because all the energy was put into the selling and not into the storytelling.

Almost without fail, the only serious films come from Europe, where they are still making them the old way, or from dedicated, truly independent film-makers such as Jim Jarmusch or Gus Van Sant. And I see the Weinstein brothers, Harvey and Bob, as a welcome throwback to the days of the moguls who cared about the movies and every so often were willing to take chances.

The Times Online - 15 Déc. 2005 (via Leloup)

mardi 27 décembre 2005

Professeur Cumulonimbus

Dans la série des clichés les plus lourdement répandus sur le grand écran figurent en bonne place :
  • la voiture qui explose au moindre accrochage (cliché qui peut s'avérer dangereux dans la réalité puisqu'il est déjà arrivé que des gens se pressent de sortir de leur voiture pour se retrouver sur/sous le capot d'une autre voiture)
  • le savant fou, limite psychopathe et en tout cas seul car pas franchement sociable
  • les rayons lasers visibles et bruyants

Dans la catégorie intransigeant jusqu'au bout de la calculette malgré la louable intention de défendre la science et ses ouvriers dévoués mais aussi d'informer et divertir les masses le site INSULTINGLY STUPID MOVIE PHYSICS nous propose un regard affuté sur ces libertés que prend le cinéma, un peu trop systématiquement, pour nous amuser/nous abrutir (c'est pas l'intention qui compte à ce niveau mais bien le résultat final).

via Celtx.com

lundi 26 décembre 2005

Box-office Pp WE 52

1. LE MONDE DE NARNIA ............. 194 552 = 44 x 884
2. KING KONG (2005) ................. 104 065 = 55 x 378
3. ANGEL-A ............................. 74 259 = 43 x 345
4. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ... 72 548 = 51 x 285
5. CHICKEN LITTLE ...................... 45 650 = 38 x 240
6. KIRIKOU ET LES BETES SAUVAGES .. 35 603 = 41 x 174
7. PALAIS ROYAL ! ................... 23 928 = 33 x 145
8. LA VERITE NUE .................... 22 785 = 23 x 198
9. LE TIGRE ET LA NEIGE ............ 20 134 = 31 x 130
10 L'EXORCISME D'EMILY ROSE ...... 12 261 = 19 x 129
11 LE CACTUS ......................... 11 731 = 28 x 84
12 OLE ! ................................. 9 526 = 25 x 76

(source : ciné-chiffres)

mardi 13 décembre 2005

Besson est-il un con ?

Vous répondrez à cette question en gardant la tête froide comme si vous aussi vous aviez la force de frappe, en termes de communication, d'un Groluc ou d'un NaboNicoSarko. Exemple de réponse : "De deux choses l'une, ou Besson est un con et il est alors difficile de comprendre l'ampleur de ses succès, ou Besson n'est pas un con mais alors ce n'est pas la moitié d'un connard cynique."
Vous pourrez notamment vous poser les questions suivantes, sans pour autant vous y limiter :
Luc Besson a-t-il
1- Beaucoup d'humour ?
2- Un conscience de citoyen de qualité supérieure ?
3- Du bo du bon cynisme avec un joli plan média ?
"Racaille", "pedigree", je n'ai rien entendu d'aussi violent depuis Le Pen et sa haine de la différence [...]
A la fin de Banlieue 13, on voit un ministre de l'Intérieur qui déclare "Y en a marre de cette racaille qui coûte une fortune à l'Etat". A tel point que je me demande si "Karcher 1er" n'a pas piqué les dialogues à Banlieue 13 [...]
Et puisque l'on parle de la drogue, la vraie, la dure, ce n'est pas dans le 93 qu'on la consomme le plus mais à Neuilly. Ce n'est donc pas le Karcher que (le ministre de l'Intérieur Nicolas) Sarkozy devrait passer chez lui mais l'aspirateur !
(Besson dans une interview promo pour Angel A à paraitre demain dans le cahier de publi-rédactionnels répondant au nom de Première)
Dans la série la communication lave les cerveaux plus blancs on ne peut guère faire mieux que cette finale des poids lourds option mégalo. Besson a acheté je ne sais combien de pages dans Première depuis quelques années et notamment ces derniers temps pour monter en épingle "Angel A" qui a déjà l'air de ne ressembler à rien. A défaut de faire des entrées au-delà de la première semaine bourrage de crane marketing son film peut racoler sans vergogne les fans de Jamel, pour rester dans la logique de ces gros-gras films Europacrap qui font du racolage démago auprès des jeunes.

Mon électorat
      = (moutons qui bèlent pour moi) + (moutons indécis)
      = (moutons qui bèlent pour moi) x (1 + communication)²

D'un autre côté j'avoue que Sarko mérite bien qu'on lui en remette une couche sur le terme de "racaille" parce qu'il se donne les moyens (toujours en termes de communication, faut arrêter de se laisser bluffer) de nous mettre de son côté, de nous faire oublier qu'il est avant tout un petit excité opportuniste. Et ça c'est quand même plus dangereux à court terme que les sorties de Groluc.

Message personnel : le propriétaire du véhicule "Taxi contre Sarkozilla" est prié, s'il veut arrêter de prendre les gens pour des cons et qu'il pense avoir des trucs intelligents à dire, de les faire publier dans les pages Horizon-débats du Monde, le journal de ceux qui confondent infos et suppos.

lundi 12 décembre 2005

Box-office Pp WE 50

1. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ..... 227 994 = 54 x 844
2. CHICKEN LITTLE ............................... 97 492 = 39 x 500
3. OLE ! ............................................ 59 501 = 44 x 270
4. PALAIS ROYAL ! ................................ 52 993 = 46 x 230
5. KIRIKOU ET LES BETES SAUVAGES ........... 52 128 = 39 x 267
6. L'EXORCISME D'EMILY ROSE .................. 49 354 = 29 x 340
7. TROIS ENTERREMENTS ....................... 31 197 = 37 x 169
8. LE TEMPS QUI RESTE ......................... 19 551 = 24 x 163
9. ET SI C'ETAIT VRAI... ........................ 18 010 = 25 x 144
10 MATCH POINT ................................ 11 330 = 15 x 151
(source : ciné-chiffres)

lundi 5 décembre 2005

Box-office Pp WE 49

1. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ...... 449 675 = 54 x 1 665
2. PALAIS ROYAL ! ................................. 98 586 = 46 x 429
3. TROIS ENTERREMENTS ......................... 44 637 = 41 x 218
4. ET SI C'ETAIT VRAI... ........................... 38 426 = 38 x 202
5. LE TEMPS QUI RESTE ........................... 34 519 = 26 x 266
(source : ciné-chiffres)

dimanche 4 décembre 2005

Ciné-o-logismes : Financements

Attention : ce topo n’est pas un topo exhaustif et veut juste survoler quelques points sur le financement pour des projets qui dépassent le petit court tourné entre amis sur un W-E.

Prenons quelqu’un qui veut faire un film, qu’il soit vraiment passionné ou simplement attiré par le côté paillettes (c’est essentiel de distinguer les deux parce qu’il y en a un qui veut simplement travailler avec des professionnels alors que l’autre veut surtout faire travailler des gens pour lui).
La première idée qui va nous venir c’est de chercher de l’argent dans sa propre poche. C’est une mauvaise idée pour plusieurs raisons : d’abord il faut savoir tracer un ligne entre son investissement purement « créatif » et son investissement financier. D’un côté on veut et on peut aller au bout de ses idées, de l’autre on a des chiffres avec lesquels on n’a pas le droit de jouer. La vérité première restant qu’on ne fera jamais tout tout seul il ne faut donc pas engager ses propres économies au-delà d’un investissement clairement limité dès le départ, en tout état de cause moins de 50% du budget total quoi qu’il arrive.
Bilan : en pratique et en moyenne les apports des producteurs plafonnent à 33%.

Concept fondammental donc c’est l’argent des autres, other people’s money. C’est une dure épreuve, un métier même dans lequel certains se sont spécialisés, mais c’est surtout une épreuve qui fait qu’on ne peut pas avancer sans avoir monté un dossier béton. Evidemment il y aura toujours une grand-mère qui vous prêtera de l’argent pour vos beaux yeux mais a priori votre métier c’est cinéaste ou producteur, pas gigolo.
Le banquier : trop cher, ne pas oublier que son métier n’est pas de prêter de l’argent mais d’en gagner. Le risque c’est pour vous à 100%. Si on prend des projets de long on a ce qu’on appelle des SOFICA qui permettent de boucler un plan de financement. Pour le client de la banque il s’agit d’un produit défiscalisé, pour la société de production il s’agit d’un partenaire gourmand (qui se paie en premier sur toutes les recettes et avec toutes les garanties possibles) mais souvent d’un mal nécessaire. On rejoint par là le cas du cinéaste qui voudrait s’autofinancer en faisant chauffer sa carte de crédit (genre rebelle de la société de consommation) : ya toujours des caractériels mais c’est jamais avec eux que les plus professionnels veulent bosser.
Bilan : 5 à 10% des financements en moyenne.

PARLONS UN PEU DU CNC…

Voyons un peu les sources de financement spécifiques au cinéma et encore plus spécifique à notre belle exception culturelle/ A moitié drôle ce gros raccourci américain sur le système d’aide au cinéma en France :
In France the film industry is subsidized by a hefty box-office tax on American films, the proceeds of which are distributed by Canal+ to French filmmakers.

En fait la fameuse taxe TSA d’environ 11% prélevée sur chaque entrée alimente un compte de soutien automatique pour lequel les boites de prod françaises bénéficient de droits de tirage en fonction de leur propre contribution (les entrées réalisées sur les dernières années). C’est la partie aide automatique qui est là pour soutenir les nobles maisons bien installées qui font tourner le cinéma français. Ceci est complété par une aide sélective,en théorie plus ouverte aux autres boites de prod mais en fait une porte aussi étroite puisque c’est au sein de petits comités réunis au CNC que se décide ce qui mérite un soutient au nom de l’art plein axe ou de l’essai en coin. Pour ne pas m’étaler j’évoquerais juste au passage les effets pervers du soutien mécanisé pour les premiers films (premier collège) qui fait du système d’aide un joujou pour initiés au lieu de simplifier les démarches pour tout le monde.
Bilan : 15% (moyenne qui ne veut rien dire mais le CNC mériterait un gros dossier en 3 exemplaires à lui tout seul).

Pour ce qui est de Canal+ la chaîne du cinéma (et du sport et du chwal et du premier samedi du mois : tous en selle) contribue beaucoup mais a tendance cesdernières années à préférer quelques gros projets porteurs à un gros portefeuille de films d’envergure différente. Sur ce chapitre on touche en fait directement à la question des préachats TV : une chaîne va avancer de l’argent, pas par vocation mais pour avoir du contenu à diffuser voire à revendre (cf. contrats de distribution DVD). Sur quelques gros projets la chaîne peut aussi être co-productrice.
Bilan : 30%

Pour le reste il faut espérer un petit à-valoir distributeur ou se démener pour trouver des apports étrangers sans faire sourciller le CNC…


RECREATION

Jusqu’à il y a peu les américains se gavaient avec le système de soutien allemand en utilisant l’artifice légal du Sale and Leaseback, un genre de créativité diabolique des avocats d’affaire US qui a certainement beaucoup joué dans l’affaire de l’agrément CNC pour le dernier film de Jeunet.
Pour résumer le mécanisme : un studio US vend son projet de grosse production (Sale) à un partenaire allemand (qui peut donc bénéficier des mesures de défiscalisation locales) avec une clause de rachat après restitution du copyright (en crédit-bail = leasing d’où le Leaseback) et surtout à échéance des avantages fiscaux. Au final faire un film en passant par la Lorraine… enfin un peu plus loin, constituait un placement sûr pour les studios US qui s’assuraient un taux de 8 à 10% (décôte au rachat à la coquille vide allemande) sans avoir à se préoccuper des recettes générées par le film.

Lire les chroniques d'Ed Epstein, Hollywood Economist sur le sujet ici et .

Comme je dis souvent : si la créativité en matière de montages financiers trouvait son équivalent sur les projets de films proprement dits on pourrait peut-être tous en profiter...

lundi 28 novembre 2005

Le nez dans le tracas

Cet article communiqué de presse se pame devant l'adaptation l'adaptation en cours du roman Le Parfum de Patrick Süskind. Je ne vois pas comment ça peut marcher :

1/ il y a le problème évident de la représentation visuelle des sensations olfactives qui caractérisent et guident le héros. Je veux bien imaginer une trouvaille technique (filmer le vent ? le point de vue de la particule de pollen à la Michael Bay ?) mais même en supposant que les gars aient trouvé la solution miracle, comment la décliner 10~20 fois dans le film sans jamais lasser ? Quelque part faire sentir des odeurs au cinéma c'est le comble de l'intellectualisation.

2/ le héros n'a rien de positif, c'est un inadapté social, donc pour le cinéma il faudrait trouver un point de vue extérieur qui raconte son histoire. Or précisemment l'intérêt du roman c'est d'être dans la tête du sieur Grenouille. Personnellement le roman m'a lassé, notamment dans la partie hermite en Auvergne (qu'on peut facilement zapper lors de l'adaptation) : on est entrainés dans une fascination morbide pour le héros qui ne peut pas fonctionner à l'image. Encore une fois le but du héros est totalement intellectuel, la quête de la perfection d'un seul sens en marge et contre la société nauséabonde. C'est à la fois élitiste et profondemment cynique : qui peut se prendre ça dans la tête pendant 1h30 à 2h ?

3/ Formule, flacon et volatilité. Est-ce que Le Silence des Agneaux marcherait du point de vue d'Hannibal Lecter ? Non, ça ferait un roman peut-être très prenant mais impossible à transcrire au ciné. Si on regarde la suite, Hannibal, qui est censée être plus centrée sur notre esthète cannibale Clarice Starling perd tout intérêt, toute profondeur parce qu'elle n'est plus en relation directe avec lui. Au contraire c'est le flic italien (superbe Giancarlo Giannini) qui permet au film de prendre forme, à Hannibal d'incarner le Mal dans l'ombre donc à la tension de se créer sans dégoûter le spectateur en le forçant à vivre 24h/24 avec un psychopathe.
Howard Howaks a reconnu avoir commis ce que j'appelle une "erreur de flacon" sur Bringing up Baby : tous les personnages tombent dans le burlesque et trop de burlesque ubuesque (à l'image d'Howard Hugues cherchant de gros nuages pour filmer la sensation de vitesse, sans référentiel de normalité le délire perd toute saveur).

MARCHER AU FLAIR, A L'ORGUEIL ET SENTIR LE SAPIN

Soit dit en passant l'article montre vraiment comment les journaleux de ciné ne font pas leur boulot et recrachent le discours au cordeau des attachés de presse : si Kubrick, Ridley Scott ou Scorsese n'ont pas fait ce film ce n'est pas un hasard, c'est qu'ils ont tous vite abandonné l'idée de cette adaptation impossible. Oui c'est un beau défi pour un jeune réalisateur mais je crois qu'il faut savoir être réaliste avant de laisser le champ libre à son orgueil de créateur : le film pourra être très très joli mais personne ne voudra le voir. En tout cas personne ne pourra le sentir.

Big Broothel

Google has been aggressive about collecting information about its users' activities online. It stores their search data, possibly forever, and puts "cookies" on their computers that make it possible to track those searches in a personally identifiable way - cookies that do not expire until 2038. Its e-mail system, Gmail, scans the content of e-mail messages so relevant ads can be posted. Google's written privacy policy reserves the right to pool what it learns about users from their searches with what it learns from their e-mail messages, though Google says it won't do so. It also warns that users' personal information may be processed on computers located in other countries.

The government can gain access to Google's data storehouse simply by presenting a valid warrant or subpoena. Under the Patriot Act, Google may not be able to tell users when it hands over their searches or e-mail messages. If the federal government announced plans to directly collect the sort of data Google does, there would be an uproar - in fact there was in 2003, when the Pentagon announced its Total Information Awareness program, which was quickly shut down.

Adam Cohen NYT 28-Nov


S'il n'en faut pas plus pour vous rendre parano (ou simplement vous énerver contre ce qui se passe à l'insu de votre plein gré) vous pouvez toujours utiliser la version expurgée de Google : SCROOGLE (le site renvoie les résultats du moteur Google en virant tous les trackers, soit no cookies, no search-term records, access log deleted after 7 days)

Box-office Pp WE 48

1. PALAIS ROYAL ! ................... 185 006 = 45 x 822
2. ET SI C'ETAIT VRAI... .............. 69 411 = 38 x 365
3. TROIS ENTERREMENTS ............. 63 792 = 41 x 311
4. LE PETIT LIEUTENANT .............. 36 657 = 37 x 198
5. DOMINO .............................. 34 750 = 34 x 204
6. LES CHEVALIERS DU CIEL ........... 29 694 = 34 x 175
7. MATCH POINT ........................ 29 460 = 30 x 196
8. JOYEUX NOEL ......................... 27 915 = 38 x 147
9. FLIGHT PLAN ......................... 26 990 = 29 x 186
10 A HISTORY OF VIOLENCE ........... 24 336 = 30 x 162
(source : ciné-chiffres)

mardi 22 novembre 2005

Quand la musique est bonne

Grand fan de James Bond devant l'éternel (pour parler de 007 on a le droit d'user et d'abuser de lieux-communs sans que ça fasse désordre) Ron nous propose une rétrospective de la franchise au travers de ses chansons-titres (title songs). L'incontournable Goldfinger de Shirley Bassey est devenue la dernière pierre apportée à une affaire qui roule sur l'or depuis plus de 40 ans, mais si beaucoup de soupe pop a coulé sur (et parfois même sous) les génériques on a aussi eu droit à de grands morceaux comme We Have All the Time in the World par Louis Armstrong (sur OHMSS, un 007 avec lequel on a tendance à être indulgent parce que James est amoureux) et You Only Live Twice, ma préférée, par Nancy Sinatra.
Pour anticiper sur les prochains posts de Ron je dirais que Live and Let Die est certainement la plus connue, pas seulement par les nostalgiques de l'Heure de Vérité, mais parce que la partie instrumentale du morceau de Paul McCartney (and the Wings) est certainement ce qui se rapproche de la puissance du James Bond Theme [voir dernier §]. Le film lui est un des pires opus avec Goldeneye (Martin "Bourrin" Campbell will be back... aux abris !). En revanche j'ai un faible pour Mr Kiss Kiss Bang Bang et son support visuel, et puis surtout pour l'emblématique Nobody Does it Better sur The Spy who Loved Me (le premier JB que j'ai vu, à 8 ans, featuring la délicieuse Barbara Bach, future Mme Ringo Starr, très tarte avec Richard Kiel dans les parages mais délicieuse quand même).
Pour les 80s je mentionnerai juste Duran Duran pour A View to a Kill parce que je le veux bien.

Bref tout ça ne nous dit pas qui est l'auteur de l'éternel James Bond Theme. Officiellement c'est Monty Norman (un gars qui n'a pas fait grand chose d'autre) alors que John Barry (un des plus grands compositeurs du cinéma, 5 oscars etc.) n'aurait assuré que les arrangements et l'orchestration.
En fait John Barry a été embauché en urgence pour fournir un thème marquant, chose que Monty Norman c'était avéré incapable de faire. Barry a bossé pour £250 durant 15j intensifs (juin 62) et l'alléchante perspective de travailler sur les adaptations des romans suivants de Ian Fleming (Norman, lui, avait un contrat béton pour être le seul compositeur crédité sur Dr No). Il ne fait aucun doute, à la lecture de ce compte-rendu de procès, que Barry a fait l'essentiel du travail créatif même s'il a travaillé sur une ou deux bases musicales isolées, extraites des compositions de l'autre. Si le jury n'a pas été convaincu c'est pour une question de subtilités juridico-techniques : Norman est simplement l'inspiration originale du fameux solo (riff) de guitare que Barry développe, transforme pour en faire un truc génial.
Alors si officiellement il n'est même pas co-auteur (il touche quand même des royalties pour sa "contribution technique"), comme on dit chez lui : talent speaks volumes.

lundi 21 novembre 2005

Box-office Pp WE 47

1. LE PETIT LIEUTENANT .......... 71 801 = 37 x 388
2. LES CHEVALIERS DU CIEL ....... 54 402 = 42 x 259
3. FLIGHT PLAN ...................... 52 806 = 39 x 271
4. MATCH POINT ...................... 47 054 = 41 x 230
5. JOYEUX NOEL ....................... 46 475 = 43 x 216
6. A HISTORY OF VIOLENCE .......... 42 076 = 40 x 210
7. IN HER SHOES ....................... 36 168 = 31 x 233
8. DOOM ................................. 24 518 = 17 x 288
9. LA LEGENDE DE ZORRO .............. 23 996 = 32 x 150
10 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU ......... 23 298 = 27 x 173
(source : ciné-chiffres)

dimanche 20 novembre 2005

Film catastrophe

Ne réglez pas votre téléviseur c'est vous qui êtes dans une histoire vraie camouflée avec des éléments de fiction intériorisés.
Si vous cherchez une analyse un peu plus fine que le tout-venant médiatique des émeutes du mois écoulé vous feriez bien de lire Baudrillard dans Libé de vendredi dernier.

Pas rassurant ? Si les frères Wachowski citent Baudrillard dans Matrix nous on n'aura pas d'élu pour venir reprogrammer la machine mais ça peut être utile de bien comprendre qu'on voit toujours mieux le malaise dans l'oeil de son voisin que le malaise de la charpente sous laquelle on vit.

Voir aussi l'interview dans le NYT magazine d'aujourd'hui :
At 76, you are still pushing your famous theory about "simulation" and the "simulacrum," which maintains that media images have become more convincing and real than reality.

All of our values are simulated. What is freedom? We have a choice between buying one car or buying another car? It's a simulation of freedom.

So you don't think that the U.S. invaded Iraq to spread freedom?

What we want is to put the rest of the world on the same level of masquerade and parody that we are on, to put the rest of the world into simulation, so all the world becomes total artifice and then we are all-powerful. It's a game.

ACFpoker

lundi 14 novembre 2005

Protocolique

Où le Da Vinci Code n'a pas fini de faire vendre du papier-cul...

Le Monde 2 de la semaine dernière (samedi 5/11, signalé par Leloup) reflète assez bien les limites des news magazines français : obligés de faire du sensationnel sans aucune pondération là où le supplément week-end du NYT par exemple fait la part belle au journalisme. Il faut dire que le format papier glacé est avant tout un support publicitaire. Autant la télé s'allume (presque) toute seule autant il faut trouver un moyen de faire acheter un magazine.
Quand l'Express ou le Point ferait une énième couv sur les francs-maçons le Monde² se la joue contre-pied et veut mettre en perspective les théories du complot dans notre monde moderne à nous. Appelé pour l'occasion Pierre-André Taguieff, auteur d'une somme compilation/exégèse des tristement pas si célèbres que ça Protocoles des Sages de Sion, et à ce titre autoproclamé spécialiste ès complots. (Pour ceux que le sujet intéresse je conseille plutôt la mise en perspective historique de l'antisémitisme et l'histoire des protocoles racontée de manière limpide, concentrée donc d'autant plus percutante -quoique le livre date de 40 ans-, par Norman Cohn. Réédité chez Folio : Histoire d'un Mythe).
Taguieff donc nous la joue : Attention les théories du complot prennent de plus en plus de place dans l'imaginaire collectif comme en témoigne différents succès de la culture populaire des X-files au Da Vinci Code ce qui contribue à affaiblir la démocratie (ce n'est pas une citation, je résume et mes risques horripilent). Soit. Le problème c'est qu'en jouant le monsieur Complots, tel Michel Chevalet s'enflammant tout seul pour scientificiser le drame de Challenger au JT de tf1, Taguieff se prend très au sérieux. A force de travailler sur les complots il voit de la théorie des complots partout et donc il s'en sert pour y réduire des opinions qui lui déplaisent. L'altermondialisme et la peur du libéralisme économique ? Un vague mais terrifiant mouvement d'anxiété générale qui s'apparente à une théorie d'un "méga-complot" de la mondialisation.
Une connerie pareille participe du même mécanisme que Taguieff veut dénoncer : simplification, amalgame puis théorisation outrancière. Les théories du complot marchent comme ça, il suffit d'isoler quelques images, de forcer le trait puis de raconter une histoire qui lie le tout. L'histoire de Taguieff c'est qu'il est spécialiste de la question, donc on ne lui la fait pas. Si tu n'es pas d'accord avec le monsieur c'est soit que tu es trop con soit que tu es en train de te faire une petite théorie du complot espèce de débutant !

La manipulation existe à tous les niveaux, qui pourrait le nier ? C'est un outil de la vie sociale, politique et économique. La manipulation systématisée par la publicité et au sens large par le marketing c'est un fait avec lequel on peut apprendre à vivre, mais pour ça il faudrait déjà qu'on fasse l'effort de s'informer par soi-même. C'est d'autant plus dûr que l'information, l'analyse approfondie et distincte de l'opinion, la mise en perspective coupée de l'actualité à chaud se font rares. Sans parler de la sincérité des hommes politiques qui nous veulent toujours du bien sans jamais vraiment oser le faire.
Si la religion du progrès ne nourrit plus les âmes, si les promesses du communisme ne font plus chanter les masses, si l'on attend rien du libéralisme ou de la mondialisation heureuse, il ne reste que la vision du pire.
Beurk. Dire que si l'on se croit manipulés c'est qu'on est des faibles d'esprit, qu'on devrait se contenter d'une bonne vieille méthode Coué (en application anale et au dodo), j'ai rarement vu plus malhonnête et nauséabond. Et vicieux en plus puisque le gars est censé dénoncer par le menu les illuminés de la conspiration de gros.
C'est moi où ya qu'en France qu'on a des intellectuels officiels qui peuvent débiter sérieusement des conneries plus grosses qu'eux sans connaitre de contradiction ?

Box-office Pp WE 46

1. LES CHEVALIERS DU CIEL ..... 116 294 = 42 x 554
2. FLIGHT PLAN .................... 102 037 = 38 x 537
3. JOYEUX NOEL ..................... 79 731 = 42 x 380
4. MATCH POINT ...................... 78 851 = 48 x 329
5. A HISTORY OF VIOLENCE .......... 65 837 = 40 x 329
6. LA LEGENDE DE ZORRO ............. 54 859 = 37 x 297
7. 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU ......... 41 180 = 28 x 294
8. WALLACE ET GROMIT .................. 32 640 = 32 x 204
9. LA BOITE NOIRE ........................... 31 809 = 36 x 177
10 LES NOCES FUNEBRES ..................... 31 621 = 37 x 171
(source : ciné-chiffres)

dimanche 13 novembre 2005

Guerre et pellicule

Le supplément week-end du New-York Times se décline sur le thème de Hollywood et la guerre.
Behind Foreign Lines - L'essai du critique en chef Manhola Dargis s'attache à quelques comparaisons pour décrire l'approche largement majoritaire du film de guerre américain : du divertissement qui passe par le spectaculaire et le manichéen. Cette démagogie de la guerre à l'écran est d'autant plus sensible dans Saving Private Ryan que Spielberg sépare nettement les deux : d'abord spectaculaire hyper-réaliste puis film de guerre plan-plan avec de gentils soldats US proprement consciencieux aux prises avec des méchants nazis dressés pour tuer.
There is a scene in Steven Spielberg's "Saving Private Ryan" in which a Nazi slowly slides a knife into the heart of an American soldier. Much like that film's famous opening, the nearly half-hour D-Day landing during which thousands of Americans are cut down on the beach, the knifing is unsettling viewing. Spielberg makes the sacrifice of the soldiers horrifyingly, flinchingly vivid. But what he and most American filmmakers never show is war's other reality: that the soldiers left standing will have to sacrifice the enemy in turn. In "Saving Private Ryan," we watch American soldiers meet their grisly end, but we never see the grisly work required of them to win the war.
Film annonce ici

Sommaire complet du NYT magazine par là. Beaucoup d'articles a priori passionnants : more on that later.

lundi 7 novembre 2005

Box-office Pp WE 45

1. MATCH POINT ...................... 96 611 = 48 x 403
2. A HISTORY OF VIOLENCE .......... 96 138 = 39 x 493
3. LA LEGENDE DE ZORRO ............. 69 336 = 44 x 315
4. LA BOITE NOIRE ....................... 48 827 = 36 x 271
5. LES NOCES FUNEBRES ................. 43 821 = 45 x 195
6. IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUED ...... 39 840 = 27 x 295
7. RENCONTRES A ELIZABETHTOWN ...... 39 375 = 33 x 239
8. WALLACE ET GROMIT ..................... 35 263 = 44 x 160
9. OLIVER TWIST ............................... 33 483 = 46 x 146
10 COMBIEN TU M'AIMES ? ...................... 27 012 = 36 x 150
(source : ciné-chiffres)

mercredi 2 novembre 2005

BO Paris-RP semaine 44

1. MATCH POINT ................ 204 134 = 48 x 608
2. LA LEGENDE DE ZORRO ...... 210 744 = 44 x 684
3. LES NOCES FUNEBRES ......... 117 690 = 46 x 365
4. WALLACE ET GROMIT .......... 103 854 = 48 x 309
5. OLIVER TWIST .................... 84 976 = 49 x 248
6. COMBIEN TU M'AIMES ? ........... 80 862 = 36 x 321
7. IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUED . 80 329 = 31 x 370
8. RED EYE ............................ 53 187 = 21 x 362
9. LES FRERES GRIMM .............. 39 617 = 25 x 226
10 LES PARRAINS ................... 38 244 = 31 x 176
(source : ciné-chiffres)

lundi 24 octobre 2005

Ciné-o-logismes : Final Twist & Happy-end

Le premier final twist, ou "retournement final", date selon moi de l'invention du cinéma par les frères Lumière. Autant au théatre les spectateurs pouvaient applaudir les acteurs "désincarnés" de leur rôle à la fin de la pièce, autant au cinéma ils avaient besoin de se rassurer, de se remettre de leurs émotions en se disant que "c'est du cinéma." Problème de cette méthode Coué : la catharsis n'est pas complète si le film n'inclut pas un côté rassurant après avoir torturé lui-même son public. Il ne s'agit donc pas de jeter un regard méprisant sur les happy-ends (happy-ending en vo) : le cinéma s'est avéré dès ses débuts un médium tellement puissant, tellement impressionant, qu'il fallait trouver un moyen de bien doser la réalité et la fiction, le vraissemblable et le fantastique. "Veuillez laisser ce spectateur dans l'état où vous l'avez trouvé avant la séance" en quelque sorte. Comme quoi tout est question de formulation.

QUELQUES EXEMPLES D'ADAPTATION AU SPECTATEUR

Dans le premier Fantômas (A l'ombre de l'échafaud - 1913) Louis Feuillade a eu l'intelligence de comprendre qu'il ne pouvait pas garder la fin du roman, trop sombre. Juve sauve donc un innocent de la guillotine promise à l'Empereur du crime.
Un peu plus tard la question se posa sur la manière de présenter Le Cabinet du docteur Caligari (1920) au public. Un prologue et un épilogue permettent d'atténuer le choc des audaces visuelles et du récit fantastique.
Bien plus tard William Goldman a eu beaucoup de mal à accepter d'adoucir cette scène clé de Misery (1993) où le romancier se fait trancher les pieds. A l'écran il n'a plus que les chevilles brisées et pourtant visuellement toute la puissance et la violence de la description de Stephen King sont là.

LE RETOURNEMENT FINAL : ECRIS AVEC TES PIEDS AVEC AGATHA CHRISTIE

Aujourd'hui donc le spectateur serait, en théorie, plus difficilement impressionnable. C'est pour ça que la recette éculée d'Agatha Christie, qui consiste à partir d'une révélation finale pour berner le lecteur dans le reste du récit, a fait une entrée en force dans les salles ces dernières années. Usual Suspects, Le 6e Sens, Memento... tous ont bati leur réputation sur une esbrouffe où le spectateur croit sentir son intelligence aiguillonnée parce qu'il a été mené en bateau durant 90 minutes.
Faire diversion avec les mains pour pouvoir écrire une histoire avec les pieds. Night Shyamalan en a même fait son fonds de commerce. Les gens ont été impressionnés une fois et la fois d'après ils sont indulgents (mais de moins en moins). Quand Carnival of Souls (1961, dont on a beaucoup parlé à la sortie du 6e sens) amène sa conclusion il s'agit d'une conclusion logique, pas d'un grand coup de cymbale "regardez comme je suis intelligent, comme je vous ai bien eu. Toi aussi montre que tu es intelligent et montre à tes amis que tu as compris le film." Idem pour Fritz Lang avec La Femme au Portrait (1944) : le final twist/happy-end intervient dans un plan magistral de transition et la fin est chargée d'ironie et d'humour, des notions qui ne font certainement pas partie du langage cinématographique de Shyamalan, Singer ou Nolan.
"On va rentrer et on va s'inventer une petite charade. Et là il sera bien feinté !"

IN CAUDA VENENUM : A PROPOS DE ROALD DAHL

Je lisais récemment des nouvelles de Roald Dahl, plus connu ces jours-ci comme le papa de Charlie et la Chocolaterie que comme l'auteur de pages où l'ironie le dispute au macabre. Bon c'est pas Edgar Poe non plus mais les descriptions des personnages, de leurs actes et motivations valent largement le détour.
Le truc le plus gênant, selon moi, c'est le côté systématique du retournement final. D'une part quand on connait l'auteur on s'y attend un peu et le fait d'appréhender la fin change complètement la lecture et l'on se met à cogiter au lieu de boire les phrases de l'écrivain. Et même s'il l'on découvre Roald Dahl dans une de ses nouvelles qui se terminent non pas en queue de poisson mais en hameçon, la fin arrive comme un coup de cymbales qui nous éjecte de la narration au lieu de nous laisser tout légers, quoiqu'un peu groggy sous cette succession d'images légères convergeant vers l'émotion forte du tableau.
Bien sûr Roald Dahl écrit cent fois mieux que la douairière Agatha Christie mais il y a ce petit côté paresseux "je tourne mon récit de manière à avoir le dernier mot" qu'on ne retrouve jamais chez des écrivains de la classe de Joseph Conrad, par exemple. Ses écrits ne se terminent ni en eau de boudin ni en eau de rose mais laissent une impression forte, une impression achevée par un torrent de mots ambitieux guidés par la même volonté.
"My task which I am trying to achieve is, by the power of the written word, to make you hear, to make you feel - it is, above all, to make you see. That - and no more, and it is everything. If I succeed, you shall find there according to your deserts: encouragement, consolation, fear, charm - all you demand - and, perhaps, also that glimpse of truth for which you have forgotten to ask."

Box-office Pp WE 43

1. LES NOCES FUNEBRES .............. 124 492 = 47 x 530
2. OLIVER TWIST ........................... 84 466 = 49 x 345
3. WALLACE ET GROMIT .................. 77 007 = 50 x 308
4. IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUED ..... 71 737 = 30 x 478
5. LES PARRAINS ........................ 44 714 = 31 x 288
6. LES FRERES GRIMM ................ 40 232 = 42 x 192
7. L'ENFANT .............................. 30 510 = 28 x 218
8. THE DESCENT ......................... 27 518 = 24 x 229
9. CACHE ................................... 21 557 = 28 x 154
10. SAINT JACQUES... LA MECQUE ...... 21 505 = 34 x 127
(source : ciné-chiffres)

vendredi 21 octobre 2005

Infériorités numériques

Dossier dans le Libé du jour sur le cinéma numérique. Tiens, serait-ce le sujet de discussion à la mode dans les dîners en ville ? A défaut de vous rendre intelligents sur le sujet, les articles vous permettront d'y briller et en tout cas de ne pas trop passer pour un attardé. Le numérique c'est aussi le problème des journalistes qui font de l'info "compilation/compression de faits et gestes" pour faire court là où leur métier exigerait approfondissement, hiérarchisation et mise en perspective.
Un dossier à lire donc plus pour réfléchir à l'avenir du journalisme que pour se faire une image nette, non clipée, de l'avenir du cinéma.

Mutation (édito film-annonce des platitudes du dossier)
Les nouveaux business du cinéma (panoramique accéléré)
Le numérique face au cinéma de papa (brassage d'idées générales)
Interview de Michel Gomez ("courage, prenons nos envies pour des réalités")
Photo des investissements télé

mercredi 19 octobre 2005

Choix plétho-numérique (2)

Digital HorizonEn passant par le Satis (salon des technologies de l'image et du son) j'ai eu la confirmation de cette idée attrapée hier à la volée dans un post de John August : le numérique c'est l'invasion de l'informatique à tous les niveaux. Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre le progrès mais il se trouve que l'informatique progresse à une vitesse bien supérieure à celles des autres métiers qui dépendent de ses applications et a fortiori à une vitesse bien supérieure à celle que l'homme peut suivre avec ses petits bras musclés et son gros cerveau qui a besoin de sommeil pour faire de l'acquisition de données.

Il n'y a pas de match analogique/numérique puisque le numérique sera partout d'ici 15 ans (même sur la bande FM ?). Point de vue ciné il n'y a pas de match, mais pas parce que le numérique a gagné d'avance, juste parce qu'on est sur deux logiques totalement différentes. D'un côté la tradition argentique, éprouvée, carrée avec un support toujours plus performant mais justement contraignant ; de l'autre la technologie d'avant-garde qui promet chaque jour une meilleure qualité accessible à un nombre croissant de cinéastes en herbe ou déjà blanchis sous le harnais.

Ma conclusion ? Le cinéma sur pellicule permet de travailler dans un cadre très précis ou chacun est un spécialiste dans son domaine. Avec la généralisation du HD tout le monde se met aux ordres des choix effectués. Le directeur de la photo par exemple n'est plus dans cette optique qu'un conseiller technique pour la lumière du plateau. De plus on a vu hier que le monteur ne devenait plus qu'un exécutant des consignes de montage. Alors est-ce que l'avénement de la HD consacre la victoire de l'auteur-réalisateur comme détenteur de toutes les clés de la création cinématographique ? Ou du producteur-dictateur ? Tout ça fait partie des questions à se poser car suivre la technologie pour la technologie c'est de la fuite en avant, pas du progrès. Si demain les maisons de production ressemblent à de petites SSII avec un chef de projet technique, un chef de projet fonctionnel et une armée d'informaticiens indiens spécialistes de l'image, je ne crois pas que le cinéma y aura gagné.

mardi 18 octobre 2005

Choix plétho-numérique

Réflexions très intéressantes sur le blog du scénariste John August à propos du numérique.

En substance avec le numérique n'importe qui peut faire son film (ok) et se laisser émerveiller par la multitude d'options qui s'offrent à lui sur la table de montage.
August prend l'exemple de films tournés en motion-capture (acteurs couverts de capteurs devant des écrans bleus) par Zemeckis : la question n'est plus de choisir des angles de caméra, des prises etc. puisqu'absolument tout peut être imaginé sur la table de montage. Et pas besoin d'avoir le budget de Zemeckis pour se laisser bercer par les sirènes "du pouvoir absolu" du créateur sur ses images. Avec les capacités de stockage qui augmentent régulièrement un gars qui tourne en numérique va vouloir garder tout ses rushes et en particulier les garder comme options au montage, ce qui
1/enlève beaucoup à l'avantage de rapidité des stations numériques
et surtout 2/c'est "la porte ouverte à toutes les fenêtres" comme dirait Coluche puisque quasiment tout le monde peut donner son avis sur ce qui pourrait être changé et se gêne d'ailleurs de moins en moins.

Les monteurs craignent ainsi de se retrouver dans cette situation bien connue des scénaristes où on les prend pour de simples exécutants qui viennent prendre leurs instructions et doivent se démerder à faire ce qu'ils peuvent en les suivant.

Conclusion :
"Presenting a filmmaker with 100 options isn’t a help, but a hindrance. It means she has to consider 100 possibilities, or devise some system for winnowing them down into categories. That’s creative brainpower she could spend on some other, more important aspect of the film. Worse, the 99 unchosen possibilities will still weigh on her mind. In many ways, she was better off not knowing what she was missing.

Again, I’m a digital guy. But I think one of the best aspects of digital is its binary nature: yes or no, black or white, one or zero. To flourish, I think digital filmmaking needs to embrace some of this discipline.

We shouldn’t use technology simply to push back the decision-making process. Rather than cheering, “Anything is possible!” we should celebrate that “New things are possible.” The groundbreaking movies of the next decade won’t be the ones that use the most technology, but rather the ones that use it most intelligently."
Lire le post original ici

lundi 17 octobre 2005

Box-office Pp WE 42

1. WALLACE ET GROMIT ........ 117 829 = 50 x 471
2. LES FRERES GRIMM ............... 68 973 = 47 x 294
3. THE DESCENT ........................ 41 205 = 24 x 343
4. SAINT JACQUES... LA MECQUE .. 36 039 = 35 x 206
5. CACHE ................................ 30 878 = 29 x 213
6. GOAL ............................... 29 956 = 29 x 207
7. DON'T COME KNOCKING .... 23 980 = 28 x 171
8. QUATRE FRERES .............. 23 879 27 x 177
9. LA MAISON DE NINA ......... 19 325 = 33 x 117
10.IL NE FAUT JURER DE RIEN ! .. 19 033 = 32 x 119
(source : ciné-chiffres)

mercredi 12 octobre 2005

Ciné indé, le peuple aura ta peau

Quelqu'un aurait pu m'avertir pour Broken Flowers. Je veux bien être gentil avec Jarmush mais son film est au même niveau que l'insipide Lost in Translation avec Bill Murray dans le même rôle de chien perdu/battu/blasé.
Si c'est ça du cinéma indépendant autant abdiquer tout de suite et accepter que de moins en moins de gens vont au ciné (oui, c'est pas parce que les accros font chauffer leur carte que la part de la population qui va au ciné cesse de chuter). Ces films sont des caricatures de films qui se veulent profonds : on pose Bill Murray devant la caméra, on lui impose 2-3 activités à subir et hop, on laisse dérouler. Génial. Oui c'est le mot, on encense des gars comme Jarmush ou la fifille Coppolla et eux après ils se croient bons au point qu'ils pourraient faire un plan fixe d'une heure sur une chasse d'eau qui fuit et que ça serait de l'art. Ils n'ont rien à prouver, ils ont été estampillés artistes : leurs défauts expriment la fragilité, leur auto-satisfaction regorge de simplicité, de pureté, leurs grosses ficelles fleurent bon le cinéma à l'état brut.

Bien sûr j'ai certainement tort puisque Broken Flowers comme Lost my Attention ont largement "trouvé leur public." Mais on ne m'empêchera pas de penser que ce public ne fait que suivre un mouvement dans lequel il se croit intelligent, 1/par différenciation et 2/par assimilation à une communauté qui est censé être vraiment cinéphile.
Cinéphile mon cul. Juste content de pouvoir se dire au-dessus de la masse abrutie devant Julie Lescaut ou Navarro. Eh ben pourtant, voyez-vous, ces derniers sont beaucoup plus honnêtes avec eux-mêmes et peut-être même moins victimes marketing. D'ailleurs ils ne demanderaient pas mieux que d'aller au cinéma un fois de temps en temps voir des films intéressants.

lundi 10 octobre 2005

Also Sprach Fritz -- Art & Vanité (3)

Lorsque je réalisais M j'étais contre la peine capitale (je le suis encore). Mais je n'ai jamais pensé que ce film puisse réellement aider à l'abolir. Un cinéaste peut seulement montrer certaines choses. Réalisant Fury je n'escomptais pas que le lynchage puisse disparaitre immédiatement. Je ne peux qu'indiquer quelque chose du doigt, je ne suis pas faiseur de miracle, ni politicien. Je pense : ceci est mal et je le montre pour que les gens le sachent. Lorsque je montre ce qu'il est possible de montrer dans des films policiers c'est un apport critique sur des choses existantes. Mais je ne propose aucune recette pour stopper ce que je critique car ce n'est pas mon affaire.
Je pense que les gens surestiment le pouvoir d'un metteur en scène. Le film est d'abord un travail d'équipe mais il est vrai que le réalisateur contrôle certaines choses. Laissez-moi vous raconter une histoire. Lorsque Fury fut terminé, le producteur, sortant d'une projection, me convoqua dans son bureau et, furieux, m'accusa d'avoir changé le script. Je lui répondis : "Comment pourrais-je avoir modifié le script lorsque je parle à peine l'anglais ?" Il relut le script et reconnut : "Sapristi, vous avez raison, mais il parait différent sur l'écran."

Box-office Pp WE 41

1. LES FRERES GRIMM ..... 122 367 = 48 x 510
2. CACHE ......................... 54 485 = 29 x 376
3. QUATRE FRERES .............. 40 736 = 32 x 255
4. IL NE FAUT JURER DE RIEN ! .. 31 038 = 38 x 163
5. COLLISION .................. 22 204 = 27 x 164
6. LES AMES GRISES ........... 20 140 = 40 x 101
7. MA SORCIERE BIEN-AIMEE 18 169 = 30 x 121
8. GABRIELLE ................... 16 902 = 21 x 161
9. ENTRE SES MAINS ......... 16 730 = 34 x 98
10 BROKEN FLOWERS ........ 16 441 = 24 x 137
(source : ciné-chiffres)

samedi 8 octobre 2005

Tellement propre que l'on peut se voir dedans

Pour imiter Europa Corp qui fait voter les abonnés à sa newsletter pour les affiches de ses films "difficiles" (un film difficile chez Europa Corp. c'est un film dont Besson ne revendique pas d'avoir écrit le scénar entre 5h du mat et midi) voici un petit sondage pour la plus belle image :

lundi 3 octobre 2005

Box-office Pp WE 40

1. IL NE FAUT JURER DE RIEN ! ..... 72 177 = 38 x 380
2. LES AMES GRISES ................... 44 742 = 40 x 224
3. REVOLVER .......................... 42 611 = 35 x 243
4. MA SORCIERE BIEN-AIMEE ...... 42 578 = 38 x 224
5. COLLISION ...................... 38 681 = 29 x 267
6. GABRIELLE .................... 36 552 = 22 x 332
7. NIGHT WATCH ............. 32 619 = 26 x 251
8. ENTRE SES MAINS ........ 32 209 = 39 x 165
9. BROKEN FLOWERS ..... 26 965 = 30 x 180
10 RIZE .................... 22 523 = 25 x 180

(source : ciné-chiffres)

vendredi 30 septembre 2005

Blu vs. Red, episode XLII

La guerre pour le nouveau standard DVD menace d'être longue. C'est parti comme en 1914 la fleur au fusil et on atteint maintenant la fin de la guerre de mouvement avec la course à la mer où chacun essaie de s'assurer le plus large soutient sans chercher à faire la différence. Sony ne veut surtout pas voir l'histoire du Betamax se répéter et compte dans ses rangs Apple HP et Dell (soit la moitié de la production mondiale d'ordinateurs personnels), Toshiba a annoncé un délai dans la sortie du DVD HD mais vient d'enregistrer le soutient non négligeable de Microsoft et Intel. Microsoft et sa Xbox cherchent surtout à pousser le standard concurrent de Sony et sa Playstation, mais pour Intel les motivations sont plus obscures. Voyant le front se dessiner Samsung a déjà décidé de lancer un lecteur compatible avec les deux formats Bluray et HD DVD.
Oui, autant dire qu'on se dirige vers une guerre de tranchées qui va coûter très cher à tout le monde et surtout au consommateur pressé à qui on va vendre des lecteurs compatibles avec les technologies divergentes des deux formats.
D'ici deux ans : Verdun et un pillonage des linéaires pour forcer la décision. A moins que, comme l'espère Sony, la Playstation fasse pencher la balance dans le camp Blu-ray. D'ici là pas la peine de jouer au consommateur zélé, le bon vieux format DVD a encore 5 ans devant lui et à mon avis dans 5 ans une technologie "sans galette" commencera à prendre la relève de tous les formats DVD (dernière étape avant la dématérialisation totale qui devrait prendre encore une bonne dizaine d'années).

Also Sprach Fritz -- Art & Vanité (2)

Il y a des films qui correspondent aux désirs et aux rêves du public. Avant de faire Western Union j'ai vécu un certain temps avec les Peaux-rouges parce que j'ignorais tout de l'Ouest. J'ai reçu ensuite des lettres d'anciens pionniers me disant : "Vous avez parfaitement montré ce qu'était l'Ouest." Avais-je vraiment montré la réalité ? N'avais-je pas plutôt nourri quelques images fantastiques, exprimant leur désir de l'Ouest tel qu'il aurait dû être ? Cela ne signifie pas que l'imagination soit supérieure à la réalité. Les deux choses ont, au cinéma, le droit d'exister.

jeudi 29 septembre 2005

Too Many Cooks?

Emmanuelle nous fait part de cette impression, trop souvent partagée, en sortant de la première du dernier film de Jodie Foster, Flight Plan :
Malheureusement, le film s'écrase avec fracas dans le dernier quart-d'heure. Le scénario valdingue d'un coup, comme un masque à oxygène.
On fait trop souvent la même constatation, incrédules: comment tous ces gens futés et doués individuellement et dotés de tels moyens parviennent à gâcher autant de projets collectivement?
Eléments de réponse : d'un côté Jodie Foster veut faire un film dont Jodie Foster est l'héroïne (sympathique, au sens anglais, sans aspérités, comme son personnage dans Panic Room qui avait déjà été calibré pour Nicole Kidman) et de l'autre les studio executives qui veulent faire un film qui accroche le plus large public (pas de prise de risque, du consensuel + du gros final twist en guise de condiment). Au sortir de cette production à la chaîne on est soit léger parce qu'on a eu la mémoire vidée par le spectacle (et le film s'oublie dès que les lumières se rallument), soit énervé d'avoir autant été pris pour un con, d'avoir perdu son temps et/ou son argent.

Oui, tout ça apporte certainement de l'eau au moulin de ceux qui ne jurent que par les auteurs à l'univers codifié, certes, mais plus stimulant intellectuellement. Disons pour mettre tout le monde d'accord que c'est une question d'ambition de départ partagée ou non par toute une équipe créative. Peut-être que le scénario à l'origine de Flight Plan était beaucoup plus futé, subtil (c'est pour ça que j'insiste toujours pour qu'on ne se laisse pas aller à critiquer le scénar -le travail du scénariste- au vu du résultat final) et qu'il a été raboté dans tous les sens au fil des réécritures.

On est dans une logique industrielle : un grand groupe va acheter un brevet, non pour les bienfaits que ses applications pourraient apporter à l'humanité mais 1/pour éviter qu'il ne tombe aux mains de la concurrence et éventuellement 2/en tirer le maximum de profit. De même quand Warner laisse le champ libre à Jeunet c'est pour un profit-prestige via une prise de risque mesurée, à chiffrer en nominations aux Oscars pas en dizaines de millions au box-office.
Au final il ne faut pas s'étonner si dans un cas comme dans l'autre de cette logique d'hyper-rationnalisation l'émotion a du mal à trouver sa place.

Màj: pour ceux que ça intéresse Flight Plan ne fait que reprendre l'idée de base de The Lady Vanishes d'Hitchcock (inspiré lui-même d'une histoire vraie arrivée à Paris) et apparemment le personnel naviguant n'a pas trop apprécié le rôle qu'on lui fait jouer.

lundi 26 septembre 2005

Box-office Pp WE 39

1. MA SORCIERE BIEN-AIMEE ....... 71 696 = 38 x 377
2. ENTRE SES MAINS ................. 58 592 = 39 x 300
3. COLLISION ........................ 45 875 = 28 x 328
4. BROKEN FLOWERS ............... 39 894 = 38 x 210
5. RIZE ............................... 33 529 = 26 x 258
6. KISS KISS BANG BANG ........... 32 104 = 35 x 183
7. L'ANNIVERSAIRE .................... 30 326 = 32 x 190
8. LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR .. 24 989 = 45 x 111
9. LA MORT EN LIGNE ................... 20 051 = 26 x 154
10. MOI, TOI ET TOUS LES AUTRES .. 18 276 = 13 x 281

(source : ciné-chiffres)

dimanche 25 septembre 2005

Aigle à deux têtes

Apparement le secrétaire d'Etat à la pelliculture US Glickman avait un peu de mal avec Hollywood et il va désormais se contenter de jouer les lobbyistes qui se glissent entre les portes à Washington (sa vocation avouée). Pour la partie Tinseltown contre les pirates de l'internet il se voit adjoindre Bob Pisano, ancien président du syndicat des acteurs.
Pisano will be based on the West Coast, at the MPAA's Encino office, while Glickman will focus on the organization's lobbying work in Washington. The decision to put Pisano in charge of most day-to-day operations of the organization ends what had long been considered a czar-like position of the MPAA's leader, personified by Jack Valenti, who resigned earlier this year. As Daily Variety observed in reporting on the appointment, "For decades, Valenti and the MPAA were synonymous. He had many fervent supporters and many detractors, but apparently it takes two men to fill his shoes."
(source: Studio Briefing)
(voir aussi l'article du Hollywood Reporter en lien dans le titre du post)

mercredi 14 septembre 2005

Also Sprach Fritz -- Art & Vanité

Dans chaque homme il y a une part de vanité. Parce qu'il a été cité dans beaucoup de livres, M est devenu un grand film. Le thème de M a été repris dans beaucoup de films allemands et américains. Je crois qu'il est juste de prétendre qu'aucune de ces copies n'est un progrès par rapport à l'original. Rien de nouveau n'a été dit sur cet être humain contraint de tuer en raison de quelque désordre mental.

M est-il une oeuvre d'art ? Je ne le crois pas. Qui peut décider, comme nous le faisons aujourd'hui, de ce qui est du domaine de l'art et de ce qui ne l'est pas ? N'est-ce pas seulement le temps qui peut prendre cette décision ?
Lorsqu'un film qui a été fait autrefois, ressort en 1960, passe pendant dix-huit semaines et fait beaucoup d'argent (cela est arrivé à Paris avec l'un de mes films) n'est-ce pas la preuve qu'il a atteint un vaste public ? Le box-office est une chose capitale et à laquelle je pense de façon constante. Un film ne doit pas être fait pour quelques privilégiés mais pour un large public.

lundi 12 septembre 2005

Box-office Pp WE 37

1. BROKEN FLOWERS ............... 117 868 = 38 x 620
2. MA VIE EN L'AIR ...................... 45 323 = 44 x 206
3. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 26 557 = 41 x 130
4. THE ISLAND ............................. 28 664 = 37 x 155
5. DARK WATER ......................... 21 732 = 35 x 124

(source : ciné-chiffres)

vendredi 9 septembre 2005

André Pousse (1919-2005)

II fut d'abord, avant-guerre, une figure légendaire du vélodrome d'Hiver, pour la plus grande joie des stars de la chanson (Piaf), du cinéma (Gabin) ou de la " truande " (Emile Buisson, Pierrot le Fou et autres Jo Attia). En 1950, il part faire fortune à Haïti, revient ruiné mais riche d'une expérience d'agent du FBI. En 1951, pour une " inoubliable parenthèse de six mois ", il est le compagnon d'Edith Piaf, puis devient imprésario pendant dix-sept ans (Henri Salvador, Line Renaud, Joséphine Baker...). En 1959, il découvre un petit jeune... Johnny Hallyday. En 1963, il lance la mythique Locomotive et, la même année, accepte un petit rôle dans D'où viens-tu, Johnny ?, commençant ainsi sa carrière d'acteur.
(extrait de la 4e de couv' de ses mémoires, publiées en avril dernier)

Et PAF le chien aboie...

Article qui commence fort mais ne tient pas la longueur sur l'analyse de la critique ciné au petit écran. Gilles Lyon-Caen démarre sur l'opportunité ratée du DVD pour donner un coup de fouet à la critique.
Aujourd’hui, au niveau éditorial, l’outillage réflexif du DVD s’essouffle de lui-même, se voit désaffecté, au gré de bonus sans passion et de recyclages analytiques de facture universitaire. Comparée à la Zone 1 Import, la qualité française stagne, résignée, comme si elle était prise de court par la vitesse du marché. L’ensemble, indigeste, conjugue les diktats d’un prestigieux et encombrant patrimoine, et la sacro-sainte « politique des auteurs » institutionnalisée par la critique française.
Personnellement, si je reconnais que le DVD aurait pu permettre à la télé de parler d'autres films que les productions au plan média sous amphétamines, le côté décorticage de scène m'horripile parce qu'il va à l'encontre (et non pas à la rencontre) du travail des cinéastes. La télé est déjà suffisament déprimante sans espérer phagocyter cette magie du cinéma après laquelle elle court toujours.

Que ce soit chez Drucker, Ruquier ou au Masque et la plume ("le marteau et l'enclume" FB) toutes les émissions radio/TV ou téléphoniques tournent au bavardage. On est encore loin de la critique construite mais pas très loin de ce que, moi, j'appelle le premier degré de la critique, à savoir la paraphrase. Tout critique qui n'a rien à dire de spécial (et quand il est pathologiquement nul c'est un symptôme persistant) commence par raconter le film ; et comme il n'y a pas un film intéressant qui sort chaque semaine on doit facilement tourner (en rond) autour de 80% de paraphrase.
Or de la paraphrase d'images à la télé ça ne prend pas (sauf pour la météo et... vidéogag, comme par hasard) donc il ne reste plus qu'un pauvre terrain vague pour la critique ciné cathodique (plasmabolisée ?). Et si personne n'y voit un emplacement à valoriser le terrain vague tourne vite au dépotoir.

mercredi 7 septembre 2005

Ciné-o-logismes : scénariste

Qui est le scénariste ? Un travailleur de l'ombre pour sûr et c'est bien naturel puisque il est le seul intervenant dont le travail peut être intégralement révisé, réécrit (par lui-même ou un confrère plus ou moins dans l'obscurité) et malgré tout ne déboucher sur rien. Avorté avant fécondation. Là où un manuscrit, même non-publié, devient un roman dès qu'il est considéré comme achevé par son auteur, un scénario n'est jamais qu'un brouillon plus ou moins avancé d'un film possible et peut-être, finalement, réalisé.

Ecoutez plutôt comment on en vient à achever ses scénarios quand ils ne sont pas portés à l'écran :
INGLEWOOD, Calif., Sept. 2 - In the dim light of a shooting range, a figure clad in black baggy trousers and a black T-shirt is carefully loading a .45-caliber pistol. He adjusts his glasses, plants his feet and aims straight ahead.

Pow! Pow! Pow! Pow! Pow! Five ear-splitting cracks ring through the cavern, and a flurry of paper - like tiny white feathers - wafts to the floor.

"That's 'Ivory Joe,' " says the screenwriter Tom Benedek, who has just pumped bullets into one of his 22 unproduced scripts.
Sharon Waxman pour le NYT - 7-sept-05
Connaissant cette réalité je me demandais pourquoi ces dernières années le métier de scénariste suscitait autant d'engouement. J'en suis resté à cette équation (trop) simple : "le cinéma fait rêver" + "le métier d'écrivain fait fantasmer" = "scénariste c'est un peu écrivain de cinéma." Et je vais être un poil méchant : beaucoup croient qu'écrire un scénario c'est plus facile que d'écrire un roman.
Ben non, c'est totalement différent et chaque boulot demande beaucoup de travail, de rigueur et d'abnégation. Après faut savoir ce qu'on recherche dans la vie.
Arthur Miller's first and, I think, only novel, Focus, was, in my opinion, every bit as good as his first produced play, All My Sons. I once asked him why, if he was equally talented in both forms, he choose to write plays. Why would he give up the total control of the creative process that a novel provides to write instead for communal control where a play would first go into the hands of a director and then pass into the hands of a cast, set designer, producer, and so forth? His answer was touching. He said that he loved seeing what his work evoked in others. The result could contain revelations, feelings and ideas that he never knew existed when he wrote the play. It's what we all hope for.
Sydney Lumet Making Movies


Pour réouvrir le débat : si les films des américains paraissent dix fois moins créatifs (données brutes corrigées des variations saisonnières) que leurs séries télé c'est aussi parce que sur le petit écran, comme au théatre, le scénariste est roi. Et pour ceux qui doutent encore du mépris pour les scénaristes à Hollywood voici en bonus exclusif une histoire édifiante.

lundi 5 septembre 2005

George W. Bush : un héros très distrait

Evangile du jour : passer pour un crétin pieux c'est encore la meilleure défense contre vents acharnés et marées rationnelles. On recule d'un pas et ça nous fait un homme de paille pour profiter à fond de l'anticyclone des low expectations.
Via le Standblog de Tristan Nitot, un gros délire, parodiant l'encyclopédie libre Wikipedia, pour se dépêcher d'en rire avant qu'il ne soit trop tard :
In 2002, George W. Bush was assassinated by a homosexual pretzel. In retaliation, he declared war on the liberal media, thereby starting the Second Civil War.

In 2003, George W. Bush declared war on Mars and its allies. The brief invasion was declared a success after the tactical nuclear bombing of a Mars chocolate factory in Wichita, Kansas and placing Marvin the Martian on the FBI's most wanted list.

In 2003, it was believed that George Bush declared war on Iraq, but this has been dismissed as Liberal propaganda. Everyone knows that Iraq was liberated in the Happy Smily Revolution.

In 2005, George W. Bush created the Magna Carta, which stated that he was supreme ruler of earth and tacos. However, Cinderella, the great ruler of Antarctica declared war on him stating "No one can rule tacos. Tacos are for all people to share and own equally." The attack on Bush lead to World War 5 and America's 3.75th Great Depression. Eventually Cinderella and Bush were able to settle the feud. They aggreed that Bush would not own Tacos but would be allowed full access to them on weekends. They later got married and had two children, The quaker oats guy and chiquita banana.

In August of 2005, following the aftermath of Hurricane Myexbitch, George W. Bush declared a War on Weather.
...

In the little spare time that he has, George W. Bush enjoys what he describes as "indulging in the cascade of beauty and thought that was the European Renaissance."
uncyclopedia.org :: George W. Bush

Voir aussi : le règne de l'empereur W. en BD.

Gore for President!

Interview très verte d'un vieux monsieur qui ne mâche pas ses mots, Gore Vidal, dans le Monde daté de jeudi dernier (j'ai quand même un peu l'impression d'avoir lu ça dans le NYT d'y a six mois, mais en plus romantique et moins provoc...).
De tous vos livres, lequel aimez-vous par-dessus tout ?
Il y en a un, en tout cas, que j'aimerais que tout le monde lise car il leur serait utile : c'est Création. Tout le monde est là. Socrate, Platon, Zoroastre, Confucius. Avec, posée à tous, une question qui vient de Montaigne : qu'est-ce que la création ? comment le monde fut-il créé et le fut-il ? Je crois à l'utilité des livres, figurez-vous. Je ne suis pas vraiment intéressé par l'"art pour l'art".

Et quelle est, à vos yeux, l'"utilité" de Création ?
C'est un assez bon cours accéléré sur l'histoire des religions. Si seulement je pouvais faire en sorte que ces sales chrétiens le lisent... Un exemple. Un disciple a demandé à Confucius : "Maître, s'il y avait un seul précepte selon lequel guider une vie, quel serait-il ?" Confucius répondit : "Traitez les autres comme vous aimeriez qu'ils vous traitent." Eh bien vous n'avez pas idée de l'hystérie, à travers l'Amérique, autour de cette phrase prononcée cinq cents ans avant Jésus-Christ ! [Il prend un accent caricatural] "Mais cela ne peut être vrai. Cela a été inventé. Seul Notre Seigneur aurait pu dire cela !"

Vous êtes athée ?
Oh oui ! un pur athée. Un athée born again...

Box-office Pp WE 36

1. THE ISLAND .................................. 75 728 = 92 x 165
2. DARK WATER .................................. 73 168 = 82 x 178
3. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 58 782 = 82 x 143
4. PEINDRE OU FAIRE L'AMOUR ...... 55 880 = 84 x 133
5. THE JACKET ................................. 47 832 = 82 x 117


(source : ciné-chiffres)

dimanche 4 septembre 2005

Also Sprach Fritz -- Télévision

Aux USA beaucoup de gens travaillent à la TV depuis qu'il y a moins de travail dans le cinéma. J'habite Beverly Hills où je peux capter sept chaînes de TV qui fonctionnent de six heures du matin à deux heures du lendemain matin. Comment présenter des émissions intéressantes sur des temps aussi importants ? J'ai vu d'excellentes choses mais maintenir en permanence un niveau de qualité élevé est impossible.

Confession of a critical mind

Un critique sachant critiquer sait commencer par lui-même :
Any posting for the job of print movie critic should begin with the following questions:

Do you like to meet people?

Do you make friends easily?

An affirmative answer to either question will terminate the process immediately. No true movie critic enjoys meeting people or making friends.
Cette vision lucide de Geoff Pevere, d'une honnêteté à la limite de l'auto-dénigrement, serait inimaginable en France où le champ de la critique ciné est très limité, très polarisé.
Pour sûr on n'en demande pas tant aux analphabètes des mensuels de publi-rédactionnel, en revanche de la part de ceux qui se prennent au sérieux avec leurs sentences pipo-rigides (genre petit livre rouge) on serait en droit d'attendre un minimum d'autocritique !
(via MCN)

lundi 29 août 2005

Des amis de 30 ans

Article très intéressant dans Slate (14/6) sur l'amitié/rivalité/émulation entre Lucas et Spielberg.
Illustration by Charlie Powell.<br />Click image to expand.Moment clé : après un projection privée de Star Wars en mars 1977 Marcia Lucas était effondrée devant le résultat, De Palma n'avait pas de mots assez durs pour critiquer le film et Spielberg était le seul à croire au succès :"It has a marvelous innocence and naivety to it, which is George, and people will love it." A ce moment il pressentait que le film allait battre le record de Jaws au box-office et était secrètement jaloux de ce grand frère depuis qu'il avait vu THX 1138.
When Spielberg joined Lucas in Hawaii the weekend Star Wars opened, it was clear whose hour it was. Spielberg found Lucas in a "state of euphoria," bursting with news of Star Wars' first-weekend grosses. On the beach outside their hotel, Lucas built a sandcastle—to wish his film luck—while Spielberg and he fell to talking about their dream movie projects. "I said I wanted to do a James Bond film," said Spielberg. "Then George said he had a film that was even better than a James Bond. It was called Raiders of the Lost Ark and it was about this archaeologist adventurer who goes searching for the Ark of the Covenant. When he mentioned that it would be like the old serials, and that the guy would wear a soft fedora and carry a bullwhip, I was completely hooked. George said, 'Are you interested?' and I said, 'I want to direct it,' and he said, 'It's yours.' "
Et c'est grâce à ce film, réalisé sous la houlette de Lucas, que Spielberg va devenir un cinéaste adulte, apprenant qu'il est un technicien avant d'être un artiste.
La conclusion : alors que Spielberg ne s'est jamais arrêté de réaliser, Lucas s'est laissé écraser par le succès de Star Wars. Aujourd'hui son horizon est vide, vide comme la perspective de quelqu'un qui a trop longtemps tourné en rond.

Box-office Pp WE 35

1. PEINDRE OU FAIRE L'AMOUR ........ 60 412 = 41 x 295
2. THE ISLAND ................................ 59 915 = 47 x 255
3. THE JACKET ................................ 43 366 = 43 x 202
4. STEALTH ...................................... 35 733 = 30 x 238
5. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 33 081 = 37 x 179


source : ciné-chiffres

Also Sprach Fritz -- Dire

Je ne fais pas des films pour la génération de Fritz Lang. J'ai commencé ma carrière en 1918 et les quelques petites choses que j'ai à dire je crois qu'il faut les répéter pour toutes les générations. Il faut seulement les répéter en d'autres termes et enrichies de sa propre expérience. Ce sont en général des choses très simples telles que « l'argent n'est pas la plus grande valeur du monde », « l'amour est une très grande découverte », « se trouver soi-même est la plus haute valeur ». Ce sont des idées élémentaires qui n'ont rien de pessimiste. Si mes films semblent pessimistes c'est que le cadre et la condition qui est faite à ces valeurs sont désastreux.

Ce mois-ci réédition en copie neuve de Secret Beyond the Door (dont personnellement je retiens surtout la séquence onirique d'intro, très inspirée de Rebecca).
Le mois prochain : Fury (mais on attend toujours House by the River qui, lui, est une vraie rareté).

samedi 27 août 2005

The Path of the Righteous Director

Virer un réalisateur en France c'est un sacrilège (sauf si on s'appelle Besson et qu'on emploie des tâcherons pas assez maléables) puisque le réalisateur est aussi un sacro-saint auteur qui sait parfaitement ce qu'il fait (même s'il est le seul à le comprendre). Aux Etats-unis où le producteur a l'entière responsabilité des énergies créatives qu'il va réunir (je ne dis pas que c'est nécessairement mieux mais c'est une approche moins prétentieuse du cinéma) ça arrive tous les jours. De fait se rendre compte de différences créatives avant le tournage c'est exactement la même chose qu'éviter une erreur de casting.
Quelle vision du projet doit prévaloir ? Soit le producteur est à l'origine du projet (même dans le cas où il achète un lot scénar/réal) et il définit les règles du jeu, soit il a entre les mains un véritable auteur (et son équipe créative, j'insiste) auquel il donne carte blanche.

Petit retour sur quelques exemples historiques et emblématiques dans le NYT de dimanche :
Renny Harlin, who is better known for blood than philosophy, [was hired after Paul Schrader had already cut his Exorcist prequel] to reshoot the film in its entirety. A year after Mr. Harlin's version opened to tepid reviews and slow box office, Mr. Schrader called in some favors, and finished production on his version. In May, Morgan Creek released "Dominion: Prequel to the Exorcist" as a Paul Schrader film. The "Dominion" DVD comes out this October, providing more vindication for Mr. Schrader, and perhaps further embarrassment to the executives who fired him. No matter. "You never underestimate the power of greed," Mr. Schrader said. "When greed comes face to face with hubris, greed tends to win."

vendredi 26 août 2005

The Emperor's New Clothes

Après un été chargé en déceptions au Box-office on voit poindre dans certaines analyses l'idée que le spectateur ne serait pas aussi con qu'il en a l'air et qu'il serait tellement habitué aux grosses campagnes marketing de lancement qu'il sait exactement à quoi s'attendre. Et donc attendre le DVD qui sort trois mois plus tard si le film ne marche pas fort en salles.

Mouais, en tout cas The Onion publiait la semaine dernière une tribune de Michael Bay qui décrit bien le désarroi local  :
I've been a major Hollywood director for a long time, and I thought I'd seen it all. But I can't help wondering what's happening to the entertainment industry—indeed, to our entire society. Where are our standards? Our values? For fuck's sake—our cultural priorities? I simply cannot accept that March Of The Penguins [La Marche de l'Empereur] is the big summer hit everybody's talking about. Hello?
[...]where was the love story? Stars have to have real chemistry that smolders on the screen to make a summer blockbuster one to remember. Okay, the penguin movie had mating cycles, but that's not love. Is it all about sex to these animals?
C'est pour de rire mais comme toujours la satire grossit à peine le trait.

(provided by Leloup)

mardi 23 août 2005

Evangile #1 : pour qu'un film marche...

...il lui faut partir à point.
Bien sûr que personne n'a la formule magique et c'est d'ailleurs drôle de voir sortir chaque année des études de 500 pages où des consultants de la galaxie m6041 expliquent comment fabriquer un produit parfait. Bon ya aussi les petits futés comme Bruckheimer qui ont vraiment le sens du business mais ça aussi ça fait partie des impondérables.
J'en parlais il y a peu à propos de The Island, un film qui marche c'est une adéquation entre une ambition, une époque, un public et la manière de susciter l'attente du public. En bref le film :
    doit correspondre à ce qu'une partie du public aura envie d'aller voir (c'est le point de départ, artistique ou pas, de vouloir toucher les gens),
    doit être réussi... dans son genre (ce qui laisse la place à des films absolument mauvais voire infâmes, tout dépend des ambitions de départ),
    enfin il ne faut pas que le film soit sur-vendu ou sous-vendu (c'est le travail de la communication/marketing de susciter les attentes sur ce que le film est ou peut devenir).
Pour la sortie du très attendu (au moins par moi) nouveau film de Fernando Meirelles The Constant Gardener on peut déjà dire que Focus Features a déjà mis en place un marketing à la hauteur du talent de son réalisateur. Le NY Times d'hier nous détaille cette approche internet qui cible une population politically conscious, qui a une certaine conscience politique, et en particulier susceptible de s'intéresser aux méfaits des multinationales pharmaceutiques.
Je n'aime pas trop comment le gars dit ça (c'est un bon gros marketeur sans coeur et sans reproche) mais l'idée y est :
[...] studios may look more and more to the Internet to find audiences. "It's the opposite of buying a spread in a newspaper or a slew of 30-second slots on TV," Mr. Jaffe said. "Studios need to stop trying to reach the most people and focus on reaching the best people."

Interviews de Fernando Meirelles sur son travail ici et .
Interview de Ralph Fiennes de ce côté (audio).

lundi 22 août 2005

Tonino Delli Colli (1923-2005)

J'apprends aujourd'hui que ce directeur de la photo, qui était à la fois le plus respecté et le plus admiré dans le métier, est mort et enterré dans un anonymat médiatique quasi complet.
Fiche Wikipedia (en anglais)
Récente interview où Delli Colli retrace sa carrière.

"You must know the sun and the sea, the colours and the contrasts," he once said of his trade. "We Italians are masters of this."

Les nouveautés du WE 34 Pp

1. THE ISLAND ...... 105 031 = 45 x 467
2. H2G2 ..................... 54 987 = 31 x 355
3. LA CLOCHE A SONNE ...... 35 602 = 39 x 184
4. COACH CARTER ................ 17 194 = 18 x 191
5. SHARK BOY ET LAVA GIRL .... 4 905 = 25 x 39
6. ODESSA... ODESSA ! ............ 4 300 = 4 x 215
7. DEAD ZONE (REP 2005) ......... 1 947 = 1 x 389
8. THE BENCH ............................... 1 903 = 2 x 190
9. ZIM AND CO. ............................. 1 685 = 3 x 112
10. LE MAHABHARATA (REP 2005) ...... 1 389 = 1 x 278

source : ciné-chiffres

jeudi 18 août 2005

Entrées Pp du mercredi 17

1. THE ISLAND ....... 17 084 = 45 x 380
2. H2G2 ............................ 9 129 = 31 x 294
3. LA CLOCHE A SONNE .......... 5 470 = 39 x 140
4. MR. & MRS. SMITH ............... 4 296 = 38 x 113
5. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 3 899 = 42 x 93

source : ciné-chiffres

mercredi 17 août 2005

Bay des cochons

Boire la tasse avec The Island c'était trop facile alors il fallait départager tout ce beau monde. Mais distribuer les rôles et les baffes ça y en a pas très très gentil...
A spokesman for Johansson tells PAGE SIX’s Tom Sykes [Page Six c'est la page des ragots dans le NY Post, un torchon de Murdoch], “We find it incredible that the producers of ‘The Island’ have blamed the low box-office results on the film’s two lead actors. This is a clear-cut example of the producers’ passing the buck and not taking responsibility for their part in making calculated mistakes throughout the film’s marketing.”
The rep continues: “Ms. Johansson is proud of her performance and the film … The film and the actors’ performances were overall well received by the critics. We put our trust in the professionals who sold and promoted this film. It is unforgivable that the producers continue to blame everyone but themselves.” [...]

Parkes and MacDonald ate their words as PAGE SIX went to press, praising “Scarlett Johansson and Ewan McGregor’s extraordinary work” and alleging that their “comments were taken completely out of context.” DreamWorks had no comment.

"J'espère que les spectateurs auront autant de paisir à voir le film que nous en avons eu à le faire et à nous taper sur la gueule après."

Génériques haut de gamme


(via MCN)

mardi 16 août 2005

Box-office Pp 10-15 août

1. MR. & MRS. SMITH .......... 55 437 = 48 x 192
2. LAND OF THE DEAD .......... 50 165 = 32 x 261
3. THE WEDDING CRASHERS ....... 46 710 = 38 x 205
4. LE TRANSPORTEUR 2 ............... 42 362 = 40 x 177
5. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 40 196 = 44 x 152

source : ciné-chiffres

mercredi 10 août 2005

Benefit of dudsight - Connerie avouée...

En anglais on parle de sagesse rétrospective (benefit of hindsight) pour souligner qu'il est plus facile de analyser les raisons d'un échec que de l'éviter. En parfaite subjectivité j'avais avancé que The Island devait son échec à une série de mauvais choix découlant d'un concept mal cerné dès le départ (gros film bourrin de Michael Bay + SF abordant la question du clonage).

MCN se fait un malin plaisir à souligner que ces mêmes Walter Parkes et Laurie MacDonald (sa femme) qui analysent les énormes bourdes conceptuelles du film en étaient aussi les producteurs (avec Bay), donc co-responsables des conneries avouées (titre à côté de la plaque, accroche nulle, acteurs inconnus pour les jeunes blaireaux qui se rafraîchissent dans les salles l'été) :
"It's a bad title," Parkes declares, as if the title of a presumptive summer blockbuster were a tiny element that might have just slipped through the cracks. "It's a title that refers to something that doesn't exist in the movie. You might say, 'Oh well, so what?' but really from the title comes the advertising campaign and from the campaign comes the image people have of what they may or may not see, so that was a problem."
(...)
Parkes continues, "Without that clear conceptual hook, we ended up having to actually present too much, but it actually seemed to be more confusing, as opposed to elucidating to the audience."
(...)
Johansson is a critical darling with only art house hits to her credit. It's with some regret that MacDonald calls out the 20-year-old actress for not bringing in younger viewers.
"She's not owned by this sort of young generation at all," she says, before burying the knife. "Even lesser television actresses, quite honestly, would have more connection to that audience."

BO Pp semaine 32

1. MR. & MRS. SMITH ......................... 246 741 = 49 x 719
2. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 93 575 = 53 x 252
3. LES 4 FANTASTIQUES .................. 90 296 = 39 x 331
4. LA GUERRE DES MONDES ......... 61 118 = 52 x 168
5. LES POUPEES RUSSES ................ 34 667 = 39 x 127
6. SHAUN OF THE DEAD .............. 28 900 = 27 x 153
7. MADAGASCAR ........................... 19 909 = 33 x 86
8. CENDRILLON (REP 2005) ......... 16 037 = 33 x 69

source : ciné-chiffres

lundi 8 août 2005

Box-office Pp WE 32

1. MR. & MRS. SMITH ............... 79 785 = 49 x 326
2. LE TRANSPORTEUR 2 ............... 79 727 = 40 x 399
3. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE .. 44 858 = 48 x 187
4. BLACK / WHITE ......................... 44 717 = 28 x 319
5. LA COCCINELLE REVIENT ......... 41 152 = 38 x 217
6. LA PORTE DES SECRETS .......... 39 345 = 33 x 238
7. LES 4 FANTASTIQUES ............ 35 490 = 33 x 215
8. LA GUERRE DES MONDES ...... 26 142 = 40 x 131
9. LES POUPEES RUSSES .......... 20 110 = 31 x 130
10 SHAUN OF THE DEAD .......... 11 362 = 26 x 87
11 L'ETE OU J'AI GRANDI ........ 10 038 = 11 x 183
12 MADAGASCAR ................. 8 313 = 26 x 64

source : ciné-chiffres

dimanche 7 août 2005

Ciné-o-logismes : Backstory

Ceci est la première entrée de la série ciné-o-logismes consacrée au vocabulaire, voire du jargon, propre au cinéma. Vos suggestions sont les bienvenues !

Il n'y a pas d'équivalent simple en français pour ce terme qui a une signification très précise du côté d'Hollywood. Intrigué par le succès du mot dans les médias, avec une connotation plus large (souvent sous la version back story), William Safire a fait une recherche lexicographique très bien résumée par ces mots de son rédac-chef Gerald Marzorati :
''My understanding is that the phrase is mostly (though not exclusively) used in Hollywood to describe the potted history and biography of, respectively, the narrative and the characters that will have to be worked into the film -- carefully, as not to bog down the unfolding of the edge-of-the-seat stuff that moviegoers have paid their 10-plus bucks for.''
Je soupçonne que le succès de ce terme de backstory remonte l'âge d'or de l'Actor's studio dont les adeptes avaient besoin de se plonger dans la psychologie complexe d'un personnage. William Safire suggère que c'est juste un mot à la mode pour parler du background, l'arrière-plan émotionel et narratif d'un personnage ou d'une situation.
Effectivement le terme prend vite des allures de recette marketing pour donner de la profondeur à une situation : qui n'a jamais rit devant un film américain où l'action se calme pour laisser la place à un petit monologue bien lourdaud sur le trauma d'un personnage ? Regardez Die Hard : on a la backstory de John McLane très bien présentée dans la première partie du film (exposition) mais on nous bassine plus loin avec celle du flic noir (une histoire de bavure, tu l'as dit). A l'inverse une backstory peut donner lieu à des grand moments de cinéma quand elle s'intègre parfaitement à l'histoire et à son rythme (je pense notamment au monologue de l'USS Indianapolis dans Jaws).

En amont un scénariste peut s'astreindre à écrire des petites bios de ses personnages pour mieux les sentir lors de l'écriture, mais la logique du truc ce n'est pas de pondre la Comédie Humaine, juste de développer des idées qui viendront soutenir des conflits, éventuellement la résolution, de l'histoire principale. Ça c'était le petit coup de canif aux prétentions artistiques de beaucoup trop de monde en France.
Chez les américains c'est l'excès inverse qui domine : le productivisme. On avait une bonne backstory dans un film qui a marché ? Faisons une prequel, détaillons à l'extrême ce qui était efficacement suggéré. Exemple typique de la backstory surexploitée : dans Star Wars (1977) Obi-wan expliquait à Luke que Darth Vador avait combattu avec son père lors d'une mystérieuse mais évocatrice 'guerre des clones'. Devant le succès George Lucas s'est empressé de taper dans ce genre de backstory pour nous assommer avec Anakin Skywalker, sa vie, son oeuvre, sans trop se soucier de la cohérence dans l'esprit entre les deux trilogies. En revanche on a échappé à une prequel de Jaws centrée sur le personnage de Quint (le vieux loup de mer) et sa fascinante backstory dont je parlais plus haut (faut dire que dans cette franchise le personnage central c'est le requin).
Enough is enough, je ne m'abaisserai pas à reparler de Batman 0.


Toujours dans le NYT Magazine de ce dimanche une analyse très pertinente sur la pub au cinéma (et en général) et un comparatif lumineux entre Wedding crashers (Serial noceurs en vf) et Broken Flowers par le critique en chef du journal.
Et encore : un long article sur des accros à la Xbox qui font des films en scénarisant des parties de Halo (pas lu).