jeudi 29 septembre 2005

Too Many Cooks?

Emmanuelle nous fait part de cette impression, trop souvent partagée, en sortant de la première du dernier film de Jodie Foster, Flight Plan :
Malheureusement, le film s'écrase avec fracas dans le dernier quart-d'heure. Le scénario valdingue d'un coup, comme un masque à oxygène.
On fait trop souvent la même constatation, incrédules: comment tous ces gens futés et doués individuellement et dotés de tels moyens parviennent à gâcher autant de projets collectivement?
Eléments de réponse : d'un côté Jodie Foster veut faire un film dont Jodie Foster est l'héroïne (sympathique, au sens anglais, sans aspérités, comme son personnage dans Panic Room qui avait déjà été calibré pour Nicole Kidman) et de l'autre les studio executives qui veulent faire un film qui accroche le plus large public (pas de prise de risque, du consensuel + du gros final twist en guise de condiment). Au sortir de cette production à la chaîne on est soit léger parce qu'on a eu la mémoire vidée par le spectacle (et le film s'oublie dès que les lumières se rallument), soit énervé d'avoir autant été pris pour un con, d'avoir perdu son temps et/ou son argent.

Oui, tout ça apporte certainement de l'eau au moulin de ceux qui ne jurent que par les auteurs à l'univers codifié, certes, mais plus stimulant intellectuellement. Disons pour mettre tout le monde d'accord que c'est une question d'ambition de départ partagée ou non par toute une équipe créative. Peut-être que le scénario à l'origine de Flight Plan était beaucoup plus futé, subtil (c'est pour ça que j'insiste toujours pour qu'on ne se laisse pas aller à critiquer le scénar -le travail du scénariste- au vu du résultat final) et qu'il a été raboté dans tous les sens au fil des réécritures.

On est dans une logique industrielle : un grand groupe va acheter un brevet, non pour les bienfaits que ses applications pourraient apporter à l'humanité mais 1/pour éviter qu'il ne tombe aux mains de la concurrence et éventuellement 2/en tirer le maximum de profit. De même quand Warner laisse le champ libre à Jeunet c'est pour un profit-prestige via une prise de risque mesurée, à chiffrer en nominations aux Oscars pas en dizaines de millions au box-office.
Au final il ne faut pas s'étonner si dans un cas comme dans l'autre de cette logique d'hyper-rationnalisation l'émotion a du mal à trouver sa place.

Màj: pour ceux que ça intéresse Flight Plan ne fait que reprendre l'idée de base de The Lady Vanishes d'Hitchcock (inspiré lui-même d'une histoire vraie arrivée à Paris) et apparemment le personnel naviguant n'a pas trop apprécié le rôle qu'on lui fait jouer.

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