jeudi 26 avril 2007

Pif-pang-foune : des films pour nous, les hommes

Cracked.com propose une liste de 11 films (pourquoi 11 et pas 10 ou 12 ?) des films de mecs emblématiques et qui ont mal vieilli. Ou qui ont toujours été tarte.
Voilà qui tombe bien parce que je songeais à aborder ici les films à propos desquels mon opinion diverge (et dix verges c'est beaucoup pour un seul homme disait Desproges) d'avec l'opinion générale qui devient un lieu commun à force d'être générale.


En 11e position on trouve Top Gun : un film qui a toujours été kitsch, même en 1986. Pas besoin de rentrer dans le contexte "homoérotique" décrit par Tarantino il y a bien longtemps pour trouver le film risible.

En 9 The Terminator. Ok les ados abreuvés et lobotomisés à force par les images de synthèse plein la face vont trouver ça un peu léger et la mode des 80s est une catastrophe pour beaucoup de films, mais il faut que reconnaître que le film reste culte pour quelques scènes perdues il est vrai dans des scènes de dialogues endormantes où on attend impatiemment le Terminator.

En 8 Platoon. Pas revu depuis sa sortie, je me souviens uniquement d'une scène excellente où la sentinelle du Platoon endormi voit surgir des viets au milieu de la nuit dans la jungle, comme dans un rêve qui devient cauchemar.

En 7 La prisonnière du Désert. Faudra m'expliquer ce qui est intéressant ou subtil dans ce film parce que je vois pas comment des mecs comme Spielberg peuvent le regarder des dizaines de fois.

En 6 Billy Madison. Quoi ? On parle de cinéma ou j'ai mal compris là ? Heureusement qu'on échappe à ce genre de sortie en France, c'est déjà ça.

5 : The Shining. Ah voilà un film qu'il est de bon ton de trouver faible. En plus ça permet de rabaisser Kubrick, pas vrai ? Ok c'est loin d'être son meilleur film, mais parce que le matériau de base (un roman de l'autre SK, Stephen King) est limité. Il n'empêche que le film est très réussi. Personnellement je ne vois pas comment on peut évacuer d'un revers de main un film qui comporte une bonne demi-douzaine de scènes magistrales dont un générique et une fin de très grande classe.

4 : The Exorcist. C'est le film bouc-émissaire des djeunz pour vomir sur les vieux films (même en couleurs et en Dolby tiens), grandement pour la même raison principale que pour Shining : les gens disent qu'aujourd'hui ça ne fait peur à personne, au contraire ça faire rire. Ce qu'il s'est passé c'est que la vidéo est passé par là et a dessacralisé l'acte de regarder un film. On n'est pas aussi attentif devant son écran télé et donc pas aussi respectueux, finalement on prend l'habitude de regarder un film machinalement, concentré entre 50 et 80% sur lui la plupart du temps. Au final quand un film comme l'Exorciste met mal à l'aise on peut se retourner vers ses potes et rire parce qu'on a peur d'avouer avoir peur. Surtout si les autres se vantent de trouver ça drôle. Même pas peur. L'Exorciste est un chef d'oeuvre du film fantastique (la version 2000 Director's Cut n'apporte rien de plus d'ailleurs) et le début du film en Irak est magistral et suffit à couper le sifflet à tous ceux qui veulent encore se la ramener en disant que l'histoire n'est pas crédible (ou alors ils n'avaient qu'à pas arriver en retard).

3 : Scarface. J'ai déjà abordé le sujet : film irresponsable d'un réalisateur scotché à l'adolescence (De Palma) sur le scénar d'un futur cinéaste qui 1 fois sur 2 a du mal à canaliser ses excès (Stone). Un des rares films que je refuse de revoir tellement je le trouve scandaleux dans son apologie de la violence ET du crime comme une solution pour les exclus de goûter à la fortune et au pouvoir... On ne déplorera jamais assez que ce film soit devenu culte auprès des jeunes de banlieue et des détenus (je ne cherche pas à faire d'amalgame, je constate juste là où l'engouement est le plus communautaire).

1 : The Usual Suspects. Hé oui, voilà un film qui m'a bien bluffé la première fois comme tout le monde. Et puis en y réfléchissant, comme tout le monde, je me suis dit qu'il était foncièrement malhonnête. A l'opposé de 6e Sens il ment pour nous prendre par surprise. Shyamalan ne nous ment pas mais son film n'a aucun autre intêret que sa chute. Si, il filme beaucoup mieux que Singer dont l'histoire est en revanche très bien bâtie.

Tiens bizarre pas de Heat dans cette liste ? C'est pourtant un sacré mauvais film caricatural d'un film de mecs fait par des mecs pas finauds pour des mecs bourrins (dire que Michael Mann passe pour un artiste en France...). Ceci dit je ne vois pas en quoi Shining ou l'Exorciste sont des films de mecs ; ça voudrait dire que pour les filles y a que des chick flicks, ces comédies romantiques à la noix ? Bravo la mentalité machiste. Perso je pense que tous les film de super-héros sont des des films de mecs qui sont imposés aux filles, mais il se fait tard.

samedi 21 avril 2007

Soylent Green

Soirée Projections/Débat sur les OGM hier au Cinéma du Monde dans le cadre du Festival Jules Vernes. La soirée s'ouvrait sur un documentaire de Catherine Bertillet, un reportage effectué sur 8 mois en 2004 et qui nécessitait quelques actualisations/mises en perspective qui n'ont pas aidé la fluidité du débat. Il faut dire que sans démarrer par une démarche pédagogique, difficile de discuter des OGM sans tomber dans les tourbillons des sensations hybrides. Le panel était constitué de la réalisatrice, d'une juriste et d'un chercheur à l'Inra. Ce dernier a largement illustré le déficit pédagogique des chercheurs à vouloir présenter une question de leur point de vue sans se mettre à la place de son public. Monopolisant la parole (il faut dire qu'il a été pas mal chahuté par la salle, quoique certainement plus à cause de sa rigidité que sur le fond) il a pas mal contribué à transposer dans ce débat le dialogue de sourds entre des chercheurs calmement posés, le nez dans le microscope et l'opinion publique difficile à maitriser du fait du déficit d'information.

En résumé le reportage (diffusé en version courte -26min- la veille dans Envoyé Spécial : "OGM, à la conquête de nos assiettes") se suffisait à lui-même et une simple discussion sur l'actualité des faits exposés et sur ces zones d'ombre aurait certainement été plus constructive. Un peu frustrant de passer une heure à tourner en rond, surtout que le sujet suscite beaucoup de questions, et les questions sans réponse qui s'enchaînent c'est le malaise qui s'installe et complique le problème. Une info parcellaire est toujours plus néfaste que pas d'info du tout, malheureusement. De cette soirée il reste que Monsanto a pu être critiqué comme un grand méchant capitaliste, prêt à toutes les procédures pourassurer son emprise sur le marché de l'alimentation des 6 milliards d'habitants de notre planète. Depuis la date du reportage (2004) il faut remarquer que Monsanto s'est plutôt fait oublier, ou alors c'est parce que José Bové a changé de tracteur.

Après ce débat frustrant la soirée s'est terminée sur la projection de Soleil Vert (seule motivation de ma venue au départ parce qu'à la base je ne m'intéresse pas aux débats pour lesquels je ne me suis pas documenté sérieusement) et même si je me souvenais totalement du film 20 ans après l'avoir découvert le parallèle entre les craintes sur une future position dominante de Monsanto et l'entreprise Soylent dans le film situé en 2022 était vraiment troublant.
Au final cette fiction d'anticipation pousse le spectateur à réfléchir par lui-même depuis presque 35 ans, mais il reste toujours à poser les bonnes questions avant les citoyens ne se sentent poussés à l'action, une action cohérente.

jeudi 12 avril 2007

Un après-midi de chien

Il vient de ressortir dans quelques salles. Ce film est fascinant en très grande partie pour l'intensité du jeu d'Al Pacino, véritable point focal du film qui concentre le travail de toute l'équipe du film dans le personnage central de l'histoire. Le genre de réussite à couper la chique que trop peu de films atteignent.

One of the most difficult acting scenes I had to do was on Dog Day Afternoon. About two-thirds of the way through the movie, Pacino makes 2 phone calls (...) I knew Al would build up the fullest head of steam if we could do it in one take. The scene took place at night. The character had been in the bank for twelve hours. He had to seem spent, exhausted. When we're that tired amotions flow more easily. And that's what I wanted.
There was an immediate problem. The camera holds only a thousand feet of film. That's a bit over eleven minutes. The two phone calls ran almost fifteen minutes. I solved it by putting two cameras next to each other (...).
One more thing occured to me. One of the best way of accumulating emotion is to go as rapidly as possible from one take to the next. (...) I knew a second take would mean a serious interruption for Al. We'd have to reload one of the cameras. Reloading a magazine of film can be quite disruptive. (...) The whole process, done at top speed, takes two or three minutes, enough time for Al to cool off. So I put a black tent to block off both cameras and the men who operate them. We cut two holes for the lenses. And I had the second assistant cameraman hold an extra film magazine in his lap in case we needed it.
We rolled. As camera one reached 850 feet we rolled camera 2. The take ended. It was wonderful. But something told me to go again. Camera 2 had used only about 200 feet of film. I called out gently, "Al, back to the top. I want to go again." He looked at me as if he had gone mad. He had gone full out and was exhausted. He said, "What?! You're kidding." I said, "Al, we have to. Roll camera."
(...)By the end of the second take, Al didn't know where he was anymore. He finished his lines, and in sheer exhaustion, looked about helplessly. Then, by accident, he looked directly at me. Tears were rolling down my face because he'd moved me so. His eyes locked into mine and he burst into tears, then slumpped over the desk he had been sitting at. I called, "Cut! Print!" and leapt into the air. That scene is one of the best scene acting I have ever seen.


Sydney Lumet Making Movies