vendredi 17 décembre 2010

Taxe sur la Copie privée, une aberration tenace

Article L. 311-5 du code de la propriété intellectuelle, c'est là que se trouve le machin, mais je ne rentrerai pas (encore) dans le chou des défenseurs de la Copie Privée. Simplement je veux essayer de montrer clairement en quoi c'est aujourd'hui, plus qu'en 1986, une aberration. Et plus qu'une aberration : un scandale, une vaste escroquerie organisée.

Une taxe injuste par définition : payer pour compenser les abus du droit

Tout d'abord, même avant la dématérialisation des musiques et vidéos, on avait déjà une situation où le consommateur payait une taxe pour un droit reconnu. La justification ? Légalement, dans l'esprit, c'est très limite puisque qu'on soumet un droit isolé une taxe spécifique. Sauf qu'en réalité ce n'est pas vraiment un droit mais une exception au droit d'auteur. La logique concrète est donc de compenser le manque à gagner dû à l'abus de ce droit, à savoir copier pour un usage non privé.
Le lobby à l'origine du machin ne s'en cache pas, il s'agit bien d'une compensation pour le supposé préjudice commercial induit. La loi, elle, ne peut pas valider l'existence d'une taxe pour quelque chose d'illégal. C'est pourquoi on nage en pleine hypocrisie (bcp de pognon permet de se trouver naturellement une vocation d'hypocrite) et officiellement on a un droit très particulier soumis à une fiscalité spécifique.

On est bien d'accord, si personne n'est hypocrite le droit à faire quelques copies à usage strictement privé n'exige pas de rémunération. C'est comme si un éditeur exigeait une taxe sur le fait que je puisse prêter ou revendre le livre/disque après l'avoir acheté. La seule justification rationnelle d'une compensation est sur le fait que je reste propriétaire de la copie duement payée tout en faisant circuler d'autres copies qui constituent alors chacune un manque à gagner certain, mais pas intégral (1 copie illicite n'égale 1 vente en moins). En clair, hors toute hypocrisie d'énoncé, on est dans une justice d'exception totale.

Ce qui est indiscutable pour tous c'est que nos droits de citoyens sont soumis à des devoirs, notamment celui de s'acquitter d'impôts & taxes divers. Ces rentrées d'argent pour le Trésor Public vont permettre de financer (plus ou moins efficacement, rigoureusement ou intelligemment, mais ce n'est pas la question) le Bien Commun, la possibilité de bien vivre en société. L'État répartit ces rentrées en les affectant à ses services, qui eux mêmes peuvent être chargés de les attribuer à d'autres organismes, publics, para-publics ou privés, dans le cadre de missions spécifiques.

Mais avec la fiscalité d'exception de cette exception au droit d'auteur, on entre dans l'aberration brute la plus préjudiciable à l'image d'intégrité de l'État. Égalité entre les citoyens ? Un lobby demande une faveur et l'obtient. On n'est pas naïfs, on sait que ça existe tous les jours, mais là c'est au niveau national et ça touche massivement la très grande majorité des français qui sont rentrés dans l'Ère du Numérique.

Soit dit en passant, la petite manne copie privée (quelques centaines de millions d'euros) n'a pas aidé l'industrie de la production/distribution audiovisuelle a réagir aux défis apparus avec internet, donc bien mal acquis...

Lors, face à cette posture nauséabonde des "ayants droits" (en fait, les éditeurs-maquignons contre lesquels le droit d'auteur a toujours cherché à protéger les créateurs - cf. histoire du droit d'auteur par Maitre Eolas), il n'y a que la solution de la désobéissance civique. Acheter ses enregistreurs et supports numériques ailleurs dans l'Union Européenne pour ne pas payer cette taxe inique. Et continuer à profiter des offres en streaming qui, si elles gaspillent de la bande passante contrairement au téléchargement en P2P, ne mettent pas le consommateur dans une quelconque position de voleur/receleur/contrefacteur.

Vive le codec libre !

dimanche 17 octobre 2010

The Social Network

J'étais très dubitatif sur l'intérêt que pourrait susciter The Social Network au delà de la curiosité pour "le film qui parle de Facebook." On verra comment le film se comporte après la deuxième semaine d'exploitation, mais pour l'instant il marche très bien.

Concrètement le film correspond à l'idée que je m'en faisais a priori. L'histoire en elle-même n'a strictement aucun intérêt. Ceci dit le script est excellent, les personnages sont bien croqués, le rythme est là malgré tout, le tout se laissant regarder avec des moments savoureux. Mais sans ce script intelligent et de super acteurs (les américains pourront toujours nous donner des leçons sur ces points) The Social Network serait très vite ennuyeux.

Comme je trouve que David Fincher est un cinéaste surfait, un clipper qui sait sentir l'air du temps mais qui n'a pas de sensibilité artistique, j'en reviens à ce vieux débat sur l'illusion de pouvoir dissocier le travail du réal et du scénariste à travers le résultat final. Pour me livrer à ce petit jeu de conjecture, disons que Fincher a fait un très bon boulot de chef de projet en s'appuyant sur un super scénariste puisqu'Aaron Sorkin a commencé sa mission avant qu'on affecte un réalisateur au projet (classique à Hollywood). Je ne pense pas que le film pouvait être plus intéressant que ça, donc je n'ai jamais eu l'impression qu'un autre aurait pu faire mieux que Fincher. Disons qu'il a bien fait son boulot sur ce qu'on lui a demandé. De là à s'extasier sur le travail de réalisation du film...

Je me marre (pas très longtemps) quand je lis ces ignares scribouillards des pages ciné trouver comme argument concernant l'apport de Fincher qu'il a eu l'intelligence de ne pas nous noyer sous les captures d'écrans d'ordinateur. Ben tiens, il n'est pas débile non plus. Je dis que ce n'est pas un grand réalisateur, mais il connait quand même très bien son métier. Bref, tout ça pour dire qu'un nom connu comme réalisateur ça fait parler ces baveux de critiques, donc ça converge vers cette opinion du film réduit à un bon produit marketing. Un réalisateur moins connu et potentiellement plus talentueux aurait pu faire un peu mieux, un peu plus tranchant, mais ça n'aurait pas été le film propre sur lui que les gens voulaient voir. Au final je suis sûr que ce film va passer dans les oubliettes du cinéma rapidement (d'ailleurs quelle carrière peut avoir un produit aussi calibré sur les autres supports ?). Comme tous les films de Fincher d'ailleurs : on parle de Se7en, de Fight Club, de Zodiac mais il ne reste rien de ces films d'esbrouffe qui sont sortis au bon moment et qui ne signifient plus rien pour celui qui les revoit.

lundi 27 septembre 2010

Brique & Brocard

Voilà Hadopi est en place, on va enfin pouvoir assister à sa lente asphyxie par inefficacité et, ce qui est moins drôle, au renforcement de tout le business parallèle (abonnement aux sites de DL, arnaques en tous genre, proxy, VPN notamment, renforcement de la sécurisation des sites de traffic d'images de perversions...).

Donc passons (enfin) à autre chose. Depuis plus de dix ans que je bosse dans l'univers du web et que je me tiens au courant (en tout cas j'essaie) de tout de ce qui se fait de nouveau, qui est dans le coup, qui prend un wagon de retard, je me rends compte que la révolution internet n'en est toujours qu'à ses débuts. Pourquoi ? Tout simplement parce que les grandes entreprises, ou plus généralement les entreprises installées sur leur secteur depuis des années, ne veulent pas concevoir internet comme une priorité.

Ma vision est simple, c'est d'ailleurs celle de tous les entrepreneurs du net : sil faut réfléchir et placer internet au centre de sa stratégie de développement. Evidemment c'est plus compliqué quand on a un passé et une énorme structure à faire évoluer. Mais le but est justement d'évoluer, de rester dans la course, d'anticiper les changements à venir. Malheureusement nous ne sommes qu'une génération de proto-geeks à être capable de penser "outside of the box". Nous, notre problème n'est pas de bien comprendre "ce qu'on fait avec internet" mais d'arriver à distinguer les tendances qui ne sont pas juste des fantasmes de geek mais réellement les prémices d'un mouvement de fond, d'un besoin en cours de définition, d'une évolution réelle pour le grand public.

Tout ça signifie qu'en ces temps d'abyssale morosité il reste de la place pour des entrepreneurs inventifs, courageux et ouverts sur le monde plutôt que sur leur smartphone... Personne ne donnait cher de la peau d'Amazon il y a 10 ans, c'est aujourd'hui une grosse entreprise et un modèle de réussite sur le net. Google n'était qu'un moteur de recherche parmi d'autres il y a dix ans, c'est devenu tellement gros qu'on en a peur. Les startups à la recherche d'investisseurs sont aussi beaucoup plus sérieuses qu'il y a 10 ans. C'est ça l'avenir. Et pourtant, j'ai l'impression que seulement 10% de la population active est capable de se positionner sur cette gigantesque priorité économique.

En conclusion j'attends ce qui sera le prochain projet "explosif", au delà de ces social media dont on nous rebat les oreilles depuis trop d'années déjà pour que ce soit encore à la pointe. La réponse de toute façon arrivera beaucoup plus rapidement qu'on n'ose l'imaginer.

mardi 24 août 2010

Les Officines de la Vertu

Ah la prévention par l'évocation de la répression, qu'est-ce que c'est mignon ! Normalement c'est après une infraction mineure qu'on pouvait avoir droit à l'indulgence du gendarme qui nous laissait nous en tirer avec une réprimande et un rappel du code et des amendes encourues. Mais ce qui est vraiment tendance aujourd'hui pour l'État c'est les campagnes de sensibilisation avec des arguments massue. Les images choc pour la Prévention Routière ou le barème en points et en euros des différentes infractions, pour tout ça rien à dire puisqu'il y a des vies en jeu chaque jour sur la route. On peut discuter de l'efficacité directe, mais pas de l'intérêt de la démarche. Par exemple en revenant d'Espagne cet été il était distribué un dépliant pour rappeler les limitations de vitesse et les sanctions pour dépassement. Recto en français, verso en anglais. Pas d'espagnol ni d'allemand, c'est sûr qu'il y en a qui ont réfléchi à la question.

Et puis il y a notre toute nouvelle Officine de la Vertu Numérique, l'Hadopi. Aujourd'hui ça fait vraiment vieillot de parler des autoroutes de l'information mais ils ont trouvé que les péages physiques étaient le lieux symbolique pour communiquer rapidement auprès des vacanciers qui ont envie de vite retrouver leurs problèmes quotidiens. Le grand fantasme des entreprises commerciales c'est de pouvoir analyser directement ce qu'on pense via nos habitudes de navigation. Le grand fantasme de l'État qui veut savoir ce que pensent les électeurs présumés en permanence via des sondages c'est d'éviter qu'Internet ne soit un "lieu" où il n'a aucune prise sur la communication. Les journalistes du monde physique répètent et commentent servilement les annonces, communiqués et petites phrases. Sur Internet les gens font des choses que les hommes politiques "arrivés" (de plus de 45 ans donc) ne comprennent pas. Et quand on a une haute opinion de soi comme les hommes politiques on va rejeter ce qu'on ne comprend pas.

Quel problème technique, quelle aporie, quel scandale va sonner le glas d'Hadopi ? Pour le contribuable ce serait tout de même mieux que d'avoir une commission qui vivote sans rien produire que des avertissements particuliers sans effet jusqu'à ce qu'on se décide à la supprimer. Et ou des fonctionnaires se prennent pour des justiciers en tamponnant des dossiers qu'on leur prépare en cuisine.

jeudi 15 juillet 2010

Tous coprod / we are producteurs

L'initiative du financement participatif n'est pas nouvelle. Pour se limiter au cinéma, on trouve sans peine des histoires de cinéastes indépendants faisant appel à leurs amis et leur réseau pour réunir les quelques dizaines de milliers d'euros nécessaires au tournage de leur premier film. Et sans se limiter aux cinéastes reconnus aujourd'hui, le numérique a démocratisé la possibilité de financer un court ou un long. Pour le meilleur et pour le pire, évidemment.

Certains ont vu là un "business model" pour la production indépendante et ont lancé des sites comme touscoprod.com, une idée évidemment repiquée aux US où elle a fait long feu. On ne va pas épiloguer sur le fait de d'élargir les participations au financement d'un film. D'un point de vue créatif il est assurément plus confortable de laisser des parts du film à des gens qui financent qu'à son équipe technique : on a un budget pour rémunérer au moins partiellement les énergies créatives donc le rapport est plus simple à gérer. En théorie.

Quand Groluc Besson lance WeAreProducteurs.com sur le même thème on peut se contenter de rire du nom, mais le gars nous étonnera toujours par son cynisme. Faire un appel aux petits porteurs quand on s'appelle Luc Besson c'est un peu comme si Liliane Bettancourt lançait une souscription publique pour payer ses impôts. Sauf que dans ce cas elle pourrait proposer un intérêt ferme garanti sur ses dividendes de L'Oréal, alors que Groluc se contente de faire miroiter des bénéfices futurs si le film marche (ce qui est toujours relatif, suffit d'ajouter une clause où on déduit tout un tas de frais comptables, de gonfler les frais de promotion etc.). Si je file de l'argent à mon petit neveu ou à un ami pour l'aider à financer son film, je ne me fais pas d'illusions sur le retour sur investissement mais j'ai le sentiment d'aider quelqu'un qui m'aura paru sérieux et motivé. Si je souscris à des Soficas je fais un placement relativement risqué, mais diversifié sur plusieurs films. Mais si je file du pognon à Besson j'ai juste le droit de voter pour quelques choix de production superficiels, un peu comme un téléspectateur de la Nouvelle Star.

Quand je vois le début de l'aventure capitalistique je suis conforté dans ma vision de la vanité d'un tel projet. Le public a voté pour un synopsis de ce qu'il aimerait produire, donc a priori voir. Bizarrement (ou pas) ça ressemble à ce dont il est abreuvé en permanence, des histoires d'enquêtes policières plus ou moins scientifiques avec de mystérieuses affaires classées sans suite (cold cases). D'un point de vue marketing c'est un gros fantasme que de se concentrer uniquement à faire ce que le public dit vouloir. Un mauvais marketeur va faire une étude avec des questions directes sur le genre de film que les gens veulent voir. Un bon marketeur va croiser les enquêtes sur les films que les gens sont allés voir et leurs opinions sur différentes tendances de l'actualité socio-culturelle. De ce point de vue poser à un échantillon de 8500 coprod potentiels une question non-neutre sur le film qu'ils aimeraient financer est complètement casse-gueule. On arrive nécessairement à un film de sondage, un film de consensus qui correspond plus à ce que les gens ont déjà vu qu'à ce qu'ils aimeraient voir.

Ceci dit il y a aussi le petit calcul des réseaux sociaux. En admettant que 10 000 personnes participent au financement, ça fait vite 100 000 puis 1 million de personnes touchées en direct lors de la promotion du film. Ce mécanisme fait baver quiconque à qqch à vendre, mais comme le buzz on connait les grandes lignes, on a des exemples de succès, et on ne sait pas comment le maitriser. C'est ça la puissance d'internet : les bons gros business du siècle passé pensent pouvoir arriver avec leurs gros sabots et se servir des outils internet en signant un partenariat ou se mettre des communautés dans la poche en alignant un budget marketing, mais ça ne marche pas comme ça. Une boite qui n'apporte pas d'abord quelque chose de concret sur internet avant d'espérer en profiter n'aurait rien compris. Comme je le disais l'an dernier "Ask not what internet can do for you, first ask what you can do for internet."

Et sur ce point le cynisme de Luc Besson nous étonnera toujours. Bien-sûr il est incapable de comprendre la révolution d'internet sur la société et le business puisqu'il appartient à une caste qui s'est fait des couilles en or sous l'Ancien Régime. Ça, on ne peut pas lui en vouloir, on risque tous de mourir cons parce qu'on ne peut pas tout comprendre du monde qui nous entoure jusqu'au dernier souffle. En revanche quand il affirme que WeAreProducteurs est là pour le réconcilier avec internet il est permis de le lapider. Parce que dans son esprit internet = manque à gagner du téléchargement illégal, donc si internet devient une source de financement docile (c'est sûr que c'est plus dur de négocier des parts de peloche avec OBC ou autres banques, hein ?) alors il ne sera plus fâché. Très belle conception de l'échange, Groluc, mais c'est vrai que chez toi le cinéma est plutôt un caprice de nerd égocentrique et rapace qu'une forme d'ouverture au monde. Avec tout le pouvoir qu'il a eu, et a toujours dans la production cinématographique française, il n'a fait émerger aucun talent. De surcroit il en est bloqué à penser que le public en général, et internet en particulier, lui doit quelque chose.

Pour me détendre il faut vraiment que je me repasse la vidéo de Mozinor sur la recette Besson !

EuropaCrap Rulez !

PS je n'ai jamais téléchargé un truc vaguement coproduit par Groluc, comme quoi, en s'attaquant à d'obscurs pirates il ne fait pas que s'aliéner son public potentiel !

jeudi 8 juillet 2010

The Social Network

J'avais eu une discussion il y a quelques années sur pourquoi on avait des films américains comme Wall Street (1987) (la suite a été présentée cette année à Cannes) et pourquoi le roman Bel-Ami de Maupassant n'avait pas été adapté par un cinéaste français. Dans l'esprit Michel Deville avait réalisé Le Mouton enragé (1974), très réussi en soi mais, défaut classique des films français, très limité en envergure. Le film ne risque jamais de laisser un souvenir inoubliable, ce qui est normalement typique des films médiocres. Médiocrité d'ambition alors ? Pour le coup Bel-Ami offre une vision de l'arrivisme politique et des collusions avec le journalisme qui présentent un sacré défi.

Le manque d'ambition du cinéma français n'est que le défaut générique de notre système bien protégé, notre exception culturelle où une poignée de producteurs se mordent la queue en cherchant à remplir des cases. Derrière ce défaut il y a une pose d'intellectuels bien-pensants "qui osent critiquer Pinochet à moins de 10 000 km de Santiago" (Desproges). Le machin politique c'est Costa-Gavras qui tenait la boutique : faire des films sérieux ou la seule émotion est l'indignation. Ca fait roucouler à Saint-Germain-des-Prés mais ça ne pisse pas loin. Idem, quand Michael Moore leur dit ce qu'ils ont envie d'entendre sur les américains ils trouvent ça puissant. Mais au niveau des fictions politiques qui ont l'ambition de parler d'actualité on n'a eu que de misérables flops. Ce qui tend à entretenir l'idée que les français ne veulent pas voir de fictions ancrées dans la réalité du monde politico-économique.

Ceci dit, pour en revenir à Bel-Ami, le problème est qu'on ne peut pas avoir au cinéma un héros négatif qui montre en creux la corruption de son environnement. Si le méchant incarné par Michael Douglas est le personnage le plus important de Wall Street, la narration suit les pas d'un jeune ambitieux et naïf qui va avoir des problèmes de conscience une fois dans le délit d'initié au côté obscur.

J'ai repensé à ça en voyant que David Fincher (dit chez moi FincherPrice) allait sortir un film retraçant la création de Facebook en suivant son (peu sympathique) PDG Mark Zuckerberg. La communication autour du film essaie de faire monter le buzz, les attachés de presse s'évertuent à dire que ce sera le film événement de la rentrée. Une héros négatif ? Même si des personnages secondaires relevent le niveau moral c'est l'histoire de son ascension. Et je ne le vois pas chuter à la fin puisque les gens viendraient y voir une histoire vraie. Un biopic de Facebook ? Mais les 500 millions d'utilisateurs s'en foutent. Les coups tordus de la génèse de Facebook sont connus de ceux qui se sont intéressés à la question, mais les autres se contentent de jouer à Farmville comme des gros boeufs.
Personnellement je pense donc que le film ne va pas être à la hauteur du battage marketing qui se lance. Si le film est réussi la curiosité du sujet aurait fait le travail du buzz, là ils sont en train de réduire la perception des gens en boostant les attentes sur des points qui ne correspondent pas forcément à ce qui peut intéresser un public là-dedans. Typiquement je pense que ce genre d'histoire marcherait mieux avec un héros positif qui devient millionnaire plutôt qu'une histoire qui insiste sur les ennemis qu'il se fait au passage.
Beau défi pour Fincher ? Tu parles, ce mec est un clipeur qui fait mumuse avec sa caméra, on lui donne un scénar, il fait des belles images dessus. Cette esbrouffe marche plus ou moins suivant le scénar mais là, vu qu'il se contente de filmer ses personnages comme des gravures de mode, ça va être saignant.

mardi 15 juin 2010

Séries US - Dexter, là où se cache la violence

Dans mon expérimentation des séries américaines, je me suis penché sur Dexter récemment. Sur le pilote, je peux dire que le concept est très intéressant (malin cette idée pour faire d'un tueur en série un héros) et c'est très bien foutu.

Ceci dit, dès le pilote je vois quelques grosses faiblesses.

La principale : on met tellement le paquet sur le héros qu'il a l'air entouré de neu-neus. Peut-être que sa voix off prendre trop de place et empêche de développer les autres personnages, en tout cas c'est efficace à planter notre sociopathe invertébré. Personnellement, si je dois suivre je ne sais combien d'épisodes pour le voir se confronter réellement à un adversaire à sa mesure, je ne vais pas poursuivre l'expérience bien longtemps.
Voilà, ça c'était pour la grosse faiblesse structurelle au niveau des personnages. Mais il y a aussi une grosse faiblesse "idéologique" si j'ose dire, celle qui consiste à expliquer son statut comme une ultime leçon d'éducation donné par son père adoptif pour canaliser son besoin de tuer. Je trouve ça très malsain. Les ricains raffolent de ce concept de justice privée même si depuis les 80s on ne voit plus trop de Vigilante movies comme les fameux Death Wish (Un Justicier dans la ville) avec Bronson qui explose quelques malfrats pour palier les carences du système judiciaire. Je n'ose même pas imaginer combien Dirty Harry aurait été un bouse si les producteurs avaient voulu expliquer le comportement du personnage magistralement incarné par Clint Eastwood : son papa qui lui fait la leçon, qui meurt écrasé par un chauffard, sa soeur qui se fait violer... Beurk, quelle approche nauséabonde de la psychologie humaine que de vouloir réduire un personnage à une vengeance personnelle complètement désincarnée.

Bref Dexter ne met pas directement en scène la violence dans le hors-champ, ceci est anecdotique et pas traité de manière ludique "à la Tarantino", sur les 3 premiers épisodes en tout cas. Mais sur cette violence morale de chercher à tout prix à justifier, à expliquer, à relier l'obsession d'un tueur en série à quelque chose de rationnel dans la société, je trouve Dexter très nauséabond. Les meilleurs films violents montrent la violence telle qu'elle est, sans s'en repaitre, juste pour rythmer le récit. Justifier la violence est décidément la pire dérive sur les écrans de ces dernières décennies.

Bref, tout ça pour dire que malgré un très bon concept et un excellent personnage, Dexter me laisse doublement de marbre. Je regarderai peut-être d'autres épisodes à l'occasion, mais je suis assez déçu du traitement.

Et pour finir, mon point de départ étant de dire que les séries sont bien souvent mieux écrites que les films, je peux conclure sur mon petit échantillon personnel que les séries ne sont proportionnellement pas meilleures. Simplement on y rencontre des personnages qui sont mieux élaborés, plus profonds : normal, il faut tenir longtemps en leur compagnie. Le reste est tout aussi compliqué à réussir, et les séries sont quand même très prévisibles et caricaturales dans leurs rebondissements alors que les films ont un champ d'évolution narratif plus large. Inutile de dire que ce n'est pas demain que je vais laisser les salles obscures pour me transformer en geek des séries;)

vendredi 21 mai 2010

Les séries TV américaines (suite) - Flashforward

Me voilà de retour après quelques essais de séries US. Expédions le remake du Prisonnier avec Jim Caviezel. Absolument nul, je n'ai regardé que les 3 premiers épisodes alors que ce feuilleton n'en compte que 9. OK, c'est plutôt une série britannique, mais il est flagrant que ce qui fait perdre la tête aux producteurs, d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, c'est le succès de LOST. (personnellement ça ne me fait pas tourner la tête vu que je trouve ça complètement naze, artificiel etc. mais ce n'est pas la première fois qu'une formule bien lourdingue marche à fond sur une population de drogués qui s'ennuient le soir après le turbin devant leur petit écran).

Pour résumer le syndrome de LOST, sans avoir à rentrer dans le détail sur la nullité du Prisonnier 2009, surtout par rapport au potentiel de la série originale : on dissémine l'information sur plusieurs épisodes et plusieurs personnages, on expose des bouts de backstory pour diluer le tout (ou, dans le meilleur des cas lier le tout), le contexte est l'intrigue principale qu'on ne livre au public qu'à coup de flashbacks parcimonieux. Au final, si l'histoire de base est déjà lourdingue, ce procédé narratif de radin du scénario donne un mélange totalement ennuyeux et pénible à suivre. Quiconque possède un peu de cerveau en éveil se rend bien compte du côté artificiel de la narration, alors si en plus les éléments de la narration elle-même sont grotesques, clichés...


FLASHFORWARD

Je ne me suis pas laissé démonter et me suis laissé tenté par le concept de FlashForward, série qui est diffusé en ce moment sur ABC. Concept simple, avec un côté surnaturel sympathique (certains disent SF, ce qui prouve bien que les fans de SF sont de grands naïfs) : un beau jour la terre entière perd connaissance durant 2 minutes 17 secondes et durant ce blackout les gens ont la vision de ce qu'ils feront exactement 3 mois plus tard.

Bref, voilà un concept très intéressant et en plus bien écrit au niveau des personnages (et des dialogues donc) et très bien interprété. C'est une série qui démarre fort donc, mais très vite les scénaristes s'emmêlent les pinceaux à vouloir diluer la sauce (gâter la sauce ?). Dès l'épisode 3 on nous balance un vieux criminel de guerre nazi emprisonné à Munich qui aurait vu quelque chose d'intéressant pour faire avancer l'enquête sur le blackout. Derrière, les intrigues avec des personnages secondaires deviennent trop présentes en même temps que les personnages principaux semblent patauger dans leur appréhension du problème. Et je n'en suis qu'à l'épisode 4 sur les 22 que compte la saison 1...

LE DOSAGE DU SUSPENSE, TRAVAIL D'ORFEVRE DE L'ECRITURE

Il est assez amusant de mesurer combien on peut facilement devenir accro d'une série au suspense bien pensé et, a contrario, à quelle vitesse on décroche dès que le suspense s'enlise ou est trop dilué. LOST use et abuse des gros effets, des gros retournements, des deus ex machina pour alimenter la chaudière. C'est gros, ça marche. Malheureusement pour FlashForward l'intrigue est plus subtile et ils ne peuvent pas inventer un monstre ou faire intervenir Darth Vador juste pour relancer le suspense à intervalles réguliers.

Après les deux premiers épisodes de FlashForward j'étais assez pressé de voir le suivant. Après, ils ont perdu le focus et j'étais moins pressé, ce qui n'empêche que, compte tenu des autres qualités de la série, je vais voir le reste de la saison dans les prochaines semaines. A mon rythme, surtout qu'avec le beau temps je ne risque toujours pas de me faire plusieurs épisodes à la suite.

Le problème principal avec FlashForward, malgré le concept original, c'est d'être revenu vers l'artifice classique du flashback. Sauf qu'ils s'agit de FlashForwards, mais au final on est exactement dans la même situation de dilution, avec des intrigues mélodramatiques qui étouffent l'atmosphère de suspense. D'après ce que j'ai lu sur internet les scénaristes ont tenté de réagir après le break hivernal, mais c'était trop tard. FlashForward s'arrêtera dès sa première saison après n'avoir livré que quelques réponses partielles sur le pourquoi du comment du blackout.

Autre problème : l'intrigue est protéiforme, il n'y a pas de méchants précis, il n'y a pas une situation de départ simple comme dans LOST ou 24, donc au moindre relâchement dans le rythme le spectateur décroche. Le break hivernal (3 mois entiers !) aura donc été fatal.

Enfin, je vois une dernier problème lié à l'intervention du surnaturel. Soit on bascule franchement dans la SF, soit on trouve des explications rationnelles (pour l'instant c'est la tournure prise qui a peut être lassé les spectateurs aussi) et on perd la magie du truc. Je pense donc qu'à ne pas faire de choix de positionnement précis sur ce point, les producteurs ont laissé leur bébé à lui-même.

Ceci dit sous forme d'un long métrage de 2h30, voire d'un téléfilm en 2 parties, il y a quelque chose à faire. Réduire 45 minutes x 22 épisodes = 16 heures à 4h en ne retournant qu'un minimum de scènes pour dynamiser le rythme plan-plan-coupure-pub original, ne devrait pas être trop compliqué. Si les producteurs étaient malins il laisseraient les internautes proposer leur montage d'un FlashForward Reduced. Mais je ne suis pas sûrs qu'on trouve des producteurs qui bossent pour ABC capables de comprendre comment utiliser internet pour décliner leur travail...

EDIT 24/5: FlashForward alterne le chaud et le froid. L'épisode 5 est un modèle d'accélération du suspense sans accélérer l'intrigue, mais ça se refroidit un peu ensuite et il est décidemment difficile de faire le tri entre toutes les infos accumulées sur les différents personnages, sans compter ceux pour lesquels on n'a pas de FlashForward, ou les nouveaux personnages.

vendredi 30 avril 2010

Les séries TV américaines

Il y a longtemps que je veux écrire un post sur les séries américaines. Problème  : je n'en suis aucune régulièrement, et pour tout dire je n'en regarde que très rarement. Je suis toujours assez curieux d'apprendre l'existence de nouvelles séries mais pas au point de vouloir regarder le pilote ou quelques épisodes pris au hasard.
A l'époque de Friends déjà (qui a peut-être lancé la tendance, quoique ce ne soit qu'une sitcom) je gardais trop de recul pour m'enthousiasmer béatement pour les péripéties des 2x3 héros + quelques guest stars. Pour passer le temps j'ai du voir 2 saisons qui trainaient chez un pote plus quelques épisodes de ci de là, mais globalement je n'aime pas être assis devant la télé. J'ai l'impression d'y perdre mon temps, je trouve ça insuffisamment stimulant depuis que je surfe régulièrement. Avant Friends je me souviens n'avoir pas du tout accroché aux X-files. Mais cette fois c'était spécifique au contexte paranormal qui m'a toujours laissé de marbre.

Tout ça ne m'empêche pas, par pure curiosité intellectuelle, de m'intéresser aux séries qui foisonnent depuis 2000. J'ai beaucoup aimé Dr House dont j'ai dû voir une dizaine d'épisodes, tous très bien construits autour de la même trame. Mais bon, je n'éprouve aucun besoin de me faire une saison entière. Il y a ce côté confiné, commun à toute les séries je pense, qui m'en détourne assez vite. Ce côté rassurant pour les gens élevés devant une lucarne me lasse très vite en fait. J'ai vu une grande partie des premières saisons d'Ally McBeal à l'époque où ça arrivait sur M6. C'était un rdv sympa que je suivais avec des amis de l'époque, mais j'aurais très bien pû faire autre chose de plus intéressant (bon ok, le but de la série est certainement de se reposer en pensant à autre chose). Dans la foulée il y avait Sex and the City qui m'a amusé le temps de 2-3 épisodes, mais j'ai surtout trouvé ça extrêmement futile. Je n'étais pas vraiment dans le coeur de cible et il est vrai que les séries s'adressent souvent à des populations plus ciblées que les films qui vont vouloir ratisser plus large.

SERIES US vs. CINE US vs. SERIES FRANCHOUILLES (arf)

Justement, petite parenthèse à propos de cette comparaison : il est devenu inutile de préciser que les séries US sont beaucoup plus créatives que le cinéma américain. La raison en est toute simple (et énoncée de manière très claire par John August sur son blog il y a maintenant bon nombre d'années : le scénariste est au cœur de la production TV alors que, dans l'industrie du cinéma US, il n'est qu'un simple employé aux écritures, corvéable à merci et surtout quasi toujours interchangeable. Je dis US mais la conception américaine déteint beaucoup sur les producteurs européens, par exemple, qui ont la fâcheuse tendance à se prendre pour Selznick ou Harvey Weinstein dès qu'un de leurs films a grappillé un peu de succès. A la télé US les scénaristes sont reconnus comme les véritables producteurs. Ceux sont eux les stars, pas un acteur bankable ou un réalisateur waou-dans-ta-face. Les scénaristes deviennent donc producteurs du show quand ils ne le sont pas déjà à l'origine du projet. Au bout d'un moment les meilleurs scénaristes se tournent vers la télé : ce sont les meilleurs justement parce que
  • ils n'ont pas l'orgueil de penser que la télé n'est pas assez bien pour eux

  • ce qui les intéresse c'est de pouvoir faire leur travail créatif dans les meilleures conditions, càd où leur importance est reconnu et où on peut mettre en place une collaboration efficace
Au final, si la série marche, ils pourront en tirer un ou plusieurs films, et quand bien même ce ne serait pas le cas ils auront pu donner le meilleur d'eux-mêmes, explorer un grand nombre d'axes narratifs, de pistes, faire vivre des personnages, etc. sans la frustration d'être aux ordres et de dépendre de manière absolue selon les humeurs d'executives qui ne comprennent rien à leur métier.

Cet aspect, qui différencie le succès des séries US de la tendre médiocrité des séries en France, je ne l'ai pas vu évoqué dans le blabla du sémiologue Vincent Colonna pour Télérama. Le seul truc que j'en ai retenu d'ailleurs c'est que les américains ont compris que la télé restait de la radio filmée (d'où l'importance primordiale des dialogues) alors qu'en France on veut encore faire du cinéma du pauvre sur le petit écran.

DU PAIN + DES JEUX = DES SERIES

Pour en revenir à décompter mes moutons (même si je n'ai pas suffisamment laissé de temps à une série de me faire un effet soporifique), je ne chante pas non plus des louanges à toutes les séries US qu'il m'a été donné d'essayer. LOST par exemple, pour avoir vu un épisode au hasard, puis le premier épisode bien des années après, je trouve ça complètement nul. Personnages en une seul dimension qui n'interagissent pas vraiment et sont juste déplacés par les scénaristes au gré des rebondissements qui, vu le nombre de saisons, doivent être très nombreux. C'est pour ça que je décrirais LOST comme un soap d'aventures. Donc faut pas trop en demander aux aventures.

J'ai vu le pilote de Californication. Marrant, mais bon, je n'ai pas voulu en voir plus parce que je suis à peu près sûr que ça n'a pas beaucoup de potentiel pour se renouveler. Jamais essayé 24 malgré toutes les incitations. Je dois avoir les 2 premières saisons sur un disque dur, mais ça m'intéresse de moins en moins. Dexter, Nip\Tuck, Desperate Housewives ? Jamais vu non plus. Savoir de quoi il s'agit suffit à satisfaire ma curiosité.

Ceci dit je suis assez attaché aux séries de mon enfance et là où des arguments cohérents ne pourront m'intéresser à une série contemporaine, la nostalgie me pousse à essayer de découvrir le remake du Prisonnier (avec John Caviezel et Ian McKellen). Étonnant, non ?

jeudi 29 avril 2010

Tintin 3D : le crabe aux oeufs d'or à l'américaine

Enfin, depuis environ 6 mois, on sait que le projet d'un Tintin mis en scène par Sielberg va voir le jour. La première fois qu'on avait parlé de ce projet c'était à l'époque où Spielberg faisait encore des films bourrés d'un enthousiasme digne des aventures de Tintin, et dépourvu de sentimentalisme lourdingue. Bien que ce projet d'adaptation n'ait pas vu le jour il y a 25 ans, il reste qu'Indiana Jones était devenu l'hommage de Spielberg à Tintin, alors que L'homme de Rio et les Tribulations d'un Chinois en Chine (de Philippe de Broca, avec Belmondo) restent les films les plus proches de l'esprit insuflé par Hergé à son héros au fil de ses aventures (1).

Indiana Jones est un quidam, habillé en archéologue pour lui donner de la densité, plongés dans des aventures truffées d'énigmes et de dangers qu'il affronte sans se défiler. Tintin à côté est beaucoup plus translucide, lisse et béatement courageux. Indiana Jones lui est vraiment humain, il a un côté geek, il a peur des serpents, il court à chaque fois derrière les méchants nazis mais n'abandonne jamais. Bref Indiana Jones est un Tintin réécrit pour le public du cinéma américain et c'était bien comme ça. D'un autre côté les adaptations en dessins animés de Tintin enlevaient beaucoup du charme des albums, mais permettaient de faire découvrir ceux-ci aux nouvelles générations, plus souvent scotchées à un écran qu'à des livres, même très coloriés.

Les technologies d'aujourd'hui permettront-elles de donner une nouvelles dimensions à Tintin ? Au niveau visuel on peut faire confiance aux américains pour être créatifs en restant dans l'esprit de l'œuvre originale, en revanche j'ai plus de doutes au niveau de l'histoire. Tout d'abord je pense qu'il faut poser Tintin de manière plus précise que dans les albums où il est vaguement décrit comme un reporter. Là aussi les scénaristes américains savent faire, mais j'espère même qu'Hergé leur aura réappris leur métier en termes de précision et de rythme. Le pire pour moi serait que Spielberg oriente ça dans le sens d'Indiana Jones 3 où il ajoute un père à son héros de BD (2). Il ne s'agit pas de recréer l'environnement quotidien du héros et c'est malheureusement la tendance chez Spielberg avec sa lourdeur sentimentaliste.

Personnellement, l'album où j'ai trouvé Tintin campé de manière la plus convaincante, dans le sens où il n'est pas juste happé par une aventure mais fait précisément un boulot de journaliste d'investigation, c'est le début du Pays de l'Or noir. On peut raisonnablement reprendre le canevas pour le lier à l'intrigue du Crabe au Pinces d'or puisqu'il s'agit, pour le premier film, de faire se rencontrer Tintin et Haddock (évidemment puisque Haddock est celui qui apporte son humanité aux aventures). Seulement, comment relier cette rencontre à l'aventure principale du premier volet de cette trilogie Secret de la Licorne/Trésor de Rackham le Rouge ?

Grosso modo je suis assez dubitatif, d'abord parce que pour le Secret de la Licorne il faut que Tintin connaisse déjà Haddock, ce qui demande d'enchainer le trafic du Crabe aux Pinces d'Or (et Omar Ben Salaad interprété par Gad Elmaleh) avec l'opposition aux méchants frères Loiseau. Vraiment bizarre. Mais surtout j'ai peur que dans ce besoin de tout raccorder, le capitaine Haddock ne soit plus présenté comme un vieil alcoolique et juste un truculent loup de mer bien propre sur lui. Quel que soit le talent de scénariste là, je suis très dubitatif.
Réponses certainement à la rentrée avec de premières images.


(1) Hergé a aussi, pour commencer, été largement influencé par le cinéma : en particulier le rythme des comédies muettes sur les premiers albums (Harold Lloyd par exemple) et certains cinéastes majeurs sur des exemples précis d'avant guerre notamment (Alfred Hitchock, Fritz Lang), mais il est le véritable créateur de ce héros emblématique du XXe siècle dont les aventures le portent aux quatre coins du monde, faisant exploser le cadre du quotidien de ses contemporains. En ce sens James Bond n'est qu'une déclinaison de Tintin, la plus marquante et pérenne certes, mais sans la création visuelle, donc dynamique, du héros les bouquins de Ian Fleming ne valaient pas grand chose.

(2) et je ne parle même pas de ce patchwork difforme d'Indiana Jones 4... Spielberg a quasiment tué son Tintin, espérons qu'il a retrouvé un peu d'enthousiasme juvénile pour Tintin. Sur ce point je fais plus confiance à Peter Jackson.

mercredi 6 janvier 2010

Meilleurs voeux et Avatar

Je suis encore en rase mottes pour passer sous le radar mais je prends le temps de vous transmettre mes meilleurs vœux pour 2010.
Meilleurs vœux pour le cinéma aussi, et pires vœux pour Hadopi en passant.
Hadopi est maintenant (presque) en place, je vais enfin (vraiment ?) pouvoir arrêter d'en parler.

Meilleurs vœux pour le cinéma, qui a de toute façon connu une excellente année question fréquentation en France. Avatar va se positionner parmi les 5 plus gros cartons de tous les temps. Est-ce qu'il sert la cause du cinéma ? Oui dans la mesure où il entretient l'envie de cinéma des gens. Non dans la mesure où il entérine la tendance à faire passer la technologie avant l'histoire et les personnages.

Pour ceux qui ne l'on pas encore vu, Avatar est extrêmement linéaire, plat comme ses personnages. Mais la 3D reste au service de l'histoire et l'univers de la planète Pandora et ses autochtones. Sauf que tout ça est beaucoup moins réussi que Princesse Mononoké dont c'est inspiré de manière évidente (entre autres créations poétiques de Miyazaki). Et on me rappelle que l'histoire elle-même rappelle fortement celle de Danse avec les loups...
Sans parler de la musique de James Horner qui rappelle constamment celle qu'il avait composée pour Titanic, burp.