samedi 13 décembre 2008

OneBox Cinema : Allocine se prend (enfin) un iceberg

On en parle depuis 15 jours, et pourtant pas d'annonce en grande pompe chez Google (habitué à lancer des services tous azimuts, souvent très longtemps en phase beta). N'empêche qu'il n'a pas fallu beaucoup plus longtemps pour voir Allociné réagir officiellement.
J'imagine que le buzz sur le web français, mais surtout sur les forums et blogs Allociné (une arme à double-tranchant que le user-generated content, pas vrai ?) ont commencé à faire leur effet. Frémissement à la baisse de la fréquentation sur 8 jours ? Peur, entièrement fondée comme je l'évoquais, qui va bientôt saisir le fonds de pension propriétaire de ce site quasi-pornographique dans sa manière d'en mettre partout (de la pub) ?

Ce qui m'avait échappé il y a 15j c'est que ce service ne va pas rester longtemps en phase de test. Ce n'est pas juste http://www.google.fr/movies qui est proposé aux internautes, c'est un nouveau service appelé à se développer très vite puisqu'il est déjà baptisé OneBox Cinema.

Allociné commence à pleurer, moi je n'aurai pas une larme pour ce site obèse qui se voyait beau, pensait pouvoir sous-payer ses collaborateurs tout en se goinfrant. Aujourd'hui il faudrait un quadruple-pontage coronarien et une sacrée diète pour qu'Allociné se repositionne dans la course. Faut pas rêver. Comme pour les éditeurs de CD et de DVD, les gloutons décontenancés préfèrent crier au voleur, au scandale, passer pour des victimes plutôt que de se remettre au travail et repartir sur des bases saines, celles de la concurrence permanente en ligne de services nouveaux, ou encore à créer, et toujours à réinventer.

Mes bien chers frères, rigolons encore une fois avec les mots du capitaine du Titanic Allociné (qui sera d'ailleurs certainement le premier à quitter le navire) :
« Cette concurrence est en effet un peu déloyale pour la plupart des sites dédiés au cinéma, qui dépensent des fortunes en liens sponsorisés pour générer du trafic. Or c'est systématiquement OneBox Cinema qui apparaît en haut à gauche des pages de résultats de Google. Google devient en quelque sorte juge et partie. C'est un peu exagéré. »
"Concurrence un peu déloyale" : ah ah, on sent qu'ils ont interrogé leurs avocats qui, même en se forçant, ne pouvaient pas inventer de (riches) raisons de partir à l'assaut de Google.
"Google devient en quelque sorte juge et partie. C'est un peu exagéré." Deux fois "un peu" en quelques secondes, ça fait vraiment Calimero. Le mec est tellement mal qu'il en oublie ses cours de communication pour manager, cours où il a dû apprendre que chaque phrase prononcée en public doit exprimer la conviction la plus nette.

Hé oui, Google ce n'est pas juste un gentil moteur de recherche qui permet aux gentilles entreprises d'être trouvées par tous les gentils internautes en quête d'info. Google met ses services en avant et jusqu'à présent l'internaute n'a pas à s'en plaindre. Allociné prenait les internautes (et les gens en général) pour des colonnes de statistiques, la partie immergée du web. Ils ont bloqué la marche forcée et ils finissent par se prendre l'iceberg en pleine poire.

Titanic, le blockbuster de 3h14 résumé aux 2h40 du naufrage :
23:40 collision. L'iceberg a été aperçu moins d'une minute avant
23:50 la proue s'est déjà enfoncée de 4m
00:15 premier appel de détresse
00:55 les 2 premiers canots prennent le large avec 60 passagers pour 120 places
02:05 le dernier canot est mis à la mer avec 24 personnes pour 49 places
02:18 les lumières s'éteignent juste avant que le paquebot ne se brise en deux
02:20 le Titanic est totalement englouti par les flots

lundi 8 décembre 2008

Nina Foch (1924-2008)

Quelques rôles mineurs pour incarner la classe avec retenue, résignée à son rôle dans l'ombre des puissants.

Scaramouche (1952) Marie-Antoinette, une reine qui prend soin de marier son amant (Mel Ferrer) avec une jeune première


Spartacus (1960) Helena Glabrus, épouse du puissant général, et bientôt dictateur de Rome, Marcus Lucinius Crassus (Laurence Olivier) qui vient de s'offrir une jolie esclave sous ses yeux

samedi 6 décembre 2008

Le bonus, les brutes et les truands

Il y avait longtemps que je n'étais pas venu déposer une gerbe sur le tombereau de fumier des Picsous du DVD. Toute la mise en scène de "pirates qui mettent en péril la culture" vient de ceux qui, dans l'édition musicale, se sont gavés sur les ventes de CDs et, dans l'édition de films, se sont goinfrés sur le DVD.

Certes je l'ai souvent dit par ici, mais il est malheureusement toujours aussi pénible de supporter leur malhonnêteté quand elle touche à cette culture dont ils se posent en ardents défenseurs. Qu'ils se présentent comme une espèce en voie de disparition, soit, ça fait partie de leur petit business. Ce qui commence à être énervant c'est quand l'Etat se prend au jeu, mais ce qui est carrément insupportable c'est quand leur business se moque complètement de cette culture derrière laquelle ils se protègent.

Comme beaucoup de fans du chef d'oeuvre de Sergio Leone, je suis allé voir Le Bon, la Brute et le Truand quand il est ressorti en version originale intégrale (2002). D'abord je n'avais jamais vu le film sur grand écran, seulement sur une petite télé 4/3 dépassant à peine les 50cm de diagonale (dur pour le cinémascope), et puis c'était l'occasion de voir le film en VO. Les quelques 18 min de rab ? Je n'y pensais pas en entrant dans la grande salle du Grand Action.

Connaissant le film presque par coeur (sans l'avoir vu avant ça plus de 2 fois je pense) la version originale, en italien donc, gâchait pas mal le spectacle. Le Bon, la Brute et le Truand c'est la musique d'Ennio Morricone, la réalisation de Sergio Leone, les acteurs... mais aussi les dialogues. Et comme dans les Tontons Flingeurs, une fois qu'on a associé des images à des dialogues, impossible de toucher à l'expérience filmique. Jean-Pierre Jeunet ne peut d'ailleurs pour cette raison pas voir Orange Mécanique dans une autre version que la VF dans laquelle il a découvert (et revu maintes fois) le film. Bref pour ces films qui touchent au statut de culte parce qu'ils sont tellement à part, il est illusoire de vouloir redécouvrir le film dans une autre version (ce qui est en revanche parfaitement possible pour un Hitchcock par exemple).

Bref ce n'est pas parce qu'on est cinéphile qu'il faut se bloquer sur la VO à tout prix. En revanche on peut défendre violemment l'intégrité du travail original. Cette version "intégrale", correspondant au film présenté par Sergio Leone lors de sa première italienne en décembre 1966, n'est rien d'autre qu'une première version publique du film que le réalisateur a par la suite décidé de raccourcir, non sous la contrainte (il n'a enlevé qu'un gros quart d'heure sur 3h de spectacle), mais pour en améliorer le rythme. Les ajouts qui sont maintenant réintégrés dans tous les DVD remasterisés du film viennent ainsi défaire le travail de Sergio Leone dans son dos.

La sortie dans quelques salles en 2002 de cette version rallongée visait vraisemblablement à annoncer la sortie DVD en 2004 de ce travail honteux, génériquement appelée sans aucune vergogne "Director's Cut" par les trous du cul du marketing DVD. Mais il ne me suffit pas de m'insurger, je veux aussi souligner précisément que les scènes, déversées depuis la déchetterie au milieu du montage définitif que Sergio Leone destinait à l'exploitation du film dans le monde, n'apportent rien, voire handicapent la narration du film.
L'article sur le film dans la version anglaise de Wikipedia liste toutes les scènes réintégrées dans le DVD. Il suffit de la survoler pour voir qu'il ne s'agit que de scènes mineures, qui n'apportent rien (et donc qui ralentissent le film). Je ne m'attarderais pas sur chacune d'elles : certaines sont totalement dénuées d'intérêt, d'autres sont intéressantes mais sans plus, toutes méritaient de rester à la corbeille selon la volonté du réalisateur. En revanche une scène plus longue (pas juste un bout de transition élagué par Leone) correspond à un vrai choix évident.

Tout le monde a remarqué que Sentenza (Lee Van Cleef) disparaît presque entièrement entre son introduction dans le premier quart d'heure, où il assassine froidement ses commanditaires, et le moment où on le retrouve en tortionnaire du camp de prisonniers de Betterville (1h30 dans le film). Au milieu il y a dans le montage définitif 2 petites scènes (à 24 et 29 min) pour baliser la piste de Bill Carson (celui qui donnera à Blondin et Tuco l'emplacement du magot, et donc les mettra sur le chemin de Sentenza). Mais il y avait aussi, à 48 min dans le film, une autre scène avec Sentenza toujours seul sur la piste de Bill Carson. Cette scène de 4 min présentait déjà l'absurdité de la guerre, que Sergio Leone voulait dépeindre en toile de fond, en se déroulant dans des ruines où des confédérés dépenaillés se terrent. Sentenza enquête, mais à force de trainer au milieu de cette misère il apparaît plus humain, ce qui est totalement contre-productif. De plus le côté "critique de l'absurdité de la guerre" anticipait, en moins bien, la grande séquence où Blondin et Tuco arrivent au milieu de la bataille du Branstone Bridge : la scène était donc doublement contre-productive dans la narration.
Inutile d'en rajouter sur l'importance pour Leone de retirer cette scène - entre autres - du montage, quitte à se focaliser entièrement sur les deux autres personnages bien plus sympathiques.

Le film tel que les gens peuvent le découvrir en DVD aujourd'hui est donc une version imparfaite du film voulu par Sergio Leone, puisqu'il s'agit en fait de son dernier brouillon avant mise au propre. Et je ne parle pas des libertés qui ont été prises dans la remasterisation du son et de l'image.
Je suis atterré de penser que les ayant-droits du réalisateur se contentent d'encaisser les royalties en laissant faire. On pouvait faire un coffret avec les deux versions, mettre des scènes écartées en bonus, mais présenter uniquement cette version au mépris de l'intention originale est pour le moins scandaleux.
EDIT: Je vois que plusieurs versions ont été mises en ligne récemment sur les réseaux P2P. Si l'une d'elle correspond vraiment au Director's Cut de 1967, je ne manquerais pas d'en faire la promotion au détriment du DVD que j'ai acheté.

lundi 1 décembre 2008

Google-o-ciné

Embryonnaire pour l'instant le service de Google promet de faire très mal au leader monopolistique français qui se goinfre de pub pour juste offrir, à la base, les horaires des séances de cinéma : Allociné.

Pas mal de business plans ont circulé pour venir tailler des croupières à Allociné, mais vu l'implantation depuis plus de 10 ans sur le web, après une transition en souplesse depuis les services télématiques (d'où le nom très Vieille Economie), rien n'a émergé. J'avais pensé qu'Amazon aurait pu faire qqch avec IMDb à une époque, mais IMDb est un foutoir intraduisible en français alors l'adjonction du service aurait entrainé des calculs compliqués. Et puis pour Amazon il s'agit d'abord de vendre des DVD.

Pour commencer le service Google Movies en français est déjà une sacrée avancée par rapport à Allociné. Fini l'overdose de pubs dans tous les sens. C'est rudimentaire, et à la base un internaute familier de la recherche d'info en ligne y trouvera déjà son bonheur, mais quand l'interface sera un peu mieux mise en forme, personnalisable (salles préférées, alertes sur des films qu'on attend...), proposant une synthèse Google Maps suivant les 2-3 films qu'on a envie de voir à ce moment là, etc. alors là Allociné commencera à avoir mal. Allociné a su créer une communauté pour capter une audience mais tous ceux qui ne perdent pas leur temps sur les forums du site vont assez vite faire baisser l'audience générale, donc les revenus publicitaires. Parce que si l'avantage d'Allociné c'est le foisonnement d'user generated content, son énorme défaut c'est une approche publicitaire boulimique qui ne présentera plus aucune valeur ajoutée une fois que Google proposera le même service de base en mieux.