lundi 14 juillet 2008

Albis danaides

PC Inpact a eu la bonne idée de bien analyser l'hypocrisie que j'évoque souvent par ici.

Reprenons tous en choeur : d'abord il y a cette taxe préemptive, c'est à dire une taxe payée d'office pour l'éventualité où le consommateur souhaiterait faire une copie, à usage privé, de ses CD/DVD... A ce moment là pourquoi pas une taxte préemptive sur le prêt alors ? Sur la photocopie, à usage privé, de livres ? Sur les boutures, à usage privé, de géraniums transgéniques protégés par le copyright ?
Officiellement la taxe sur la copie privée ne vient pas compenser le phénomène du partage illégal de fichiers sur Internet (oui, piratage ça fait plus court et plus joli). C'est pour ça que le conseil d'Etat à retoqué la semaine dernière le calcul de cette taxe, calcul qui invoquait sans vergogne les DivX, qui ne constituent en aucune manière un support, et encore moins un sur lequel les ayants-droits peuvent exiger prélever leur écot.
Ce lapsus paperassier est révélateur du phantasme plus général pour ces personnes de se faire justice elles-mêmes, de taxer, sans distinction pour gratter à la source une part de ce qu'elles estiment perdre au bout du tuyau.
Dans les faits donc, comme c'est un outil de compensation inavoué mais qui confère un énorme pouvoir à cette industrie (quasi un pouvoir législatif) on se lâche au point de montrer clairement cet esprit revanchard :
Marc Guez, directeur général de la SCPP : « Il n'y a aucune raison de baisser le montant de la redevance. On pourrait même le relever. Nous avions fait beaucoup de concessions pour que la redevance ne soit pas trop élevée pour les consommateurs et pour ne pas freiner le marché. Eh bien nous allons être beaucoup moins complaisants. Il suffira de le remonter à sa valeur réelle (…) Il y a une bonne marge, puisque nous estimons que la redevance actuelle est dix fois moins élevée que son coût réel pour la filière »
Ben voyons mon coco, envoie-nous directement tes porte-flingues pour le recouvrement, ça soulagera ta tension.

Quels abrutis vraiment... Faut croire que les gros sous ça rend très con. Ils ont 10 ans de retard sur l'évolution technologique, ils courent derrière avec un épouvantail (la culture va mourrir - encore une fois) et un bazooka bricolé tant bien que mal en chemin. Ils vont bien réussir à se faire mal tous seuls.
Pour rester dans la culture et l'imagerie fine, ils me font penser aux Danaides : leur tonneau est, de manière évidente pour tout le monde, percé et ils s'évertuent à en racler le fond en espérant ainsi ramasser plus de liquide.

samedi 12 juillet 2008

Albis raplapla non placet

La nouvelle est passée presque inaperçue hier, alors que beaucoup avait certainement la tête déjà dans leur week-end prolongé du 14 juillet.
Le Conseil d'État vient d'annuler la redevance pour copie privée appliquée aux CD, DVD, baladeurs et disques durs intégrés aux appareils de salon.
C'est une nouvelle qui a certainement gâché leur week-end à certains... enfin ce n'est malheureusement qu'un passage nuageux pour eux.
Hé oui, la taxe sur la copie privée, vaste hypocrisie qui fait payer au consommateur, sans discernement, un droit à la copie privée, droit qui n'est en fait pas un, mais une exception, une tolérance... Tout ça se rapprochait des indulgences vendues par le Pape, permettant à certains de laver leurs péchés et donc, par anticipation, de pouvoir s'autoriser une vie de pêché. Petite différence tout de même : avec la taxe sur la copie privée le consommateur achetait à l'origine un pseudo droit (aujourd'hui ça nous fait bien rigoler de penser qu'en 1986 la VHS faisait peur à ce beau monde) puis, avec la question du téléchargement illégal (abusivement appelé piratage) cette taxe était censée compenser le manque à gagner des ayants-droits. Les méchants téléchargeurs payaient donc cette taxe mais restaient passibles de poursuites.

La loi des lobbys. Hadopi vs. Simavelec, Soft vs. hardware

Les éditeurs et représentants des ayants-droits avaient réussi leur coup en obtenant cette taxe puis, pour la gérer, cette commission d'Albis des plus opaque. Dernier coup d'éclat (chant du cygne ?) : la signature par un lot bigarré de 50 artistes/pseudo-artistes d'une pétition pour le flicage d'internet (à noter que rares sont les journalistes consciencieux qui ont signalé la faiblesse du nombre de signatures, préférant faire le jeu de la communication dominante).
Hier c'est le lobby des industriels du hardware qui a gagné la manche suivante, et dans cette histoire ce qui est malheureux c'est qu'on ne peut pas compter sur des hommes d'Etat dévoués pour nous protéger des intérêts de ces lobbys. Aujourd'hui le Simavelec semble permettre le retour vers un équilibre plus démocratique, mais au jeu de la bascule le consommateur se retrouve souvent tout seul face à bien plus lourd que lui.