samedi 31 décembre 2005

Bonne année 2006 à tous !

Et tout ce que je vous souhaite c'est de meilleurs films que cette cuvée 2005 qui n'aura pas de peine à être oubliée.

Petite idée de DVD à s'offrir pour bien démarrer l'année : le coffret Charley Chase édité par Lobster films : une douzaine de "two-reelers" (courts de 20 min) hilarants mis en scène par Leo McCarey. Mighty like a Moose sur le DVD2 est un chef d'oeuvre du genre.

Et puis comme il ne faut surtout pas laisser la médiocrité s'installer à l'heure où la dématérialisation numérique promet de tout chambouler (pour le meilleur et malheureusement surtout pour le pire parce que le DVD a aiguisé l'appétit des plus voraces) le point de vue de Budd Schulberg, toujours aussi vert à 90 ans passés :
In the old days, if you loved your picture, you fought for it. But now the mogul is Mr Bottom Line. The corporate wisdom is cut your losses. So Ali disappears. The second week you literally can’t find it. Same thing happened to Cinderella Man. And The Legend of Zorro, with Catherine Zeta-Jones and Antonio Banderas. Big names. Cost a bundle. Bomb.

Here’s how the great minds of Corporate Hollywood think: the Ben Affleck-Jennifer Lopez romance is hot hot hot. Let’s cash in on all the gossip. So they make Gigli, a movie so bad and empty it’s literally unwatchable. And these two young people aren’t bad actors. But they need a real story to tell, real characters to play. They need good writing. Which Gigli don’t got. Another bomb.

Or Shanghai Sunrise. How could they miss in a movie starring the just-married Madonna and Sean Penn with all that free and lubricious publicity about their steamy relationship? Again, another floppola because all the energy was put into the selling and not into the storytelling.

Almost without fail, the only serious films come from Europe, where they are still making them the old way, or from dedicated, truly independent film-makers such as Jim Jarmusch or Gus Van Sant. And I see the Weinstein brothers, Harvey and Bob, as a welcome throwback to the days of the moguls who cared about the movies and every so often were willing to take chances.

The Times Online - 15 Déc. 2005 (via Leloup)

mardi 27 décembre 2005

Professeur Cumulonimbus

Dans la série des clichés les plus lourdement répandus sur le grand écran figurent en bonne place :
  • la voiture qui explose au moindre accrochage (cliché qui peut s'avérer dangereux dans la réalité puisqu'il est déjà arrivé que des gens se pressent de sortir de leur voiture pour se retrouver sur/sous le capot d'une autre voiture)
  • le savant fou, limite psychopathe et en tout cas seul car pas franchement sociable
  • les rayons lasers visibles et bruyants

Dans la catégorie intransigeant jusqu'au bout de la calculette malgré la louable intention de défendre la science et ses ouvriers dévoués mais aussi d'informer et divertir les masses le site INSULTINGLY STUPID MOVIE PHYSICS nous propose un regard affuté sur ces libertés que prend le cinéma, un peu trop systématiquement, pour nous amuser/nous abrutir (c'est pas l'intention qui compte à ce niveau mais bien le résultat final).

via Celtx.com

lundi 26 décembre 2005

Box-office Pp WE 52

1. LE MONDE DE NARNIA ............. 194 552 = 44 x 884
2. KING KONG (2005) ................. 104 065 = 55 x 378
3. ANGEL-A ............................. 74 259 = 43 x 345
4. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ... 72 548 = 51 x 285
5. CHICKEN LITTLE ...................... 45 650 = 38 x 240
6. KIRIKOU ET LES BETES SAUVAGES .. 35 603 = 41 x 174
7. PALAIS ROYAL ! ................... 23 928 = 33 x 145
8. LA VERITE NUE .................... 22 785 = 23 x 198
9. LE TIGRE ET LA NEIGE ............ 20 134 = 31 x 130
10 L'EXORCISME D'EMILY ROSE ...... 12 261 = 19 x 129
11 LE CACTUS ......................... 11 731 = 28 x 84
12 OLE ! ................................. 9 526 = 25 x 76

(source : ciné-chiffres)

mardi 13 décembre 2005

Besson est-il un con ?

Vous répondrez à cette question en gardant la tête froide comme si vous aussi vous aviez la force de frappe, en termes de communication, d'un Groluc ou d'un NaboNicoSarko. Exemple de réponse : "De deux choses l'une, ou Besson est un con et il est alors difficile de comprendre l'ampleur de ses succès, ou Besson n'est pas un con mais alors ce n'est pas la moitié d'un connard cynique."
Vous pourrez notamment vous poser les questions suivantes, sans pour autant vous y limiter :
Luc Besson a-t-il
1- Beaucoup d'humour ?
2- Un conscience de citoyen de qualité supérieure ?
3- Du bo du bon cynisme avec un joli plan média ?
"Racaille", "pedigree", je n'ai rien entendu d'aussi violent depuis Le Pen et sa haine de la différence [...]
A la fin de Banlieue 13, on voit un ministre de l'Intérieur qui déclare "Y en a marre de cette racaille qui coûte une fortune à l'Etat". A tel point que je me demande si "Karcher 1er" n'a pas piqué les dialogues à Banlieue 13 [...]
Et puisque l'on parle de la drogue, la vraie, la dure, ce n'est pas dans le 93 qu'on la consomme le plus mais à Neuilly. Ce n'est donc pas le Karcher que (le ministre de l'Intérieur Nicolas) Sarkozy devrait passer chez lui mais l'aspirateur !
(Besson dans une interview promo pour Angel A à paraitre demain dans le cahier de publi-rédactionnels répondant au nom de Première)
Dans la série la communication lave les cerveaux plus blancs on ne peut guère faire mieux que cette finale des poids lourds option mégalo. Besson a acheté je ne sais combien de pages dans Première depuis quelques années et notamment ces derniers temps pour monter en épingle "Angel A" qui a déjà l'air de ne ressembler à rien. A défaut de faire des entrées au-delà de la première semaine bourrage de crane marketing son film peut racoler sans vergogne les fans de Jamel, pour rester dans la logique de ces gros-gras films Europacrap qui font du racolage démago auprès des jeunes.

Mon électorat
      = (moutons qui bèlent pour moi) + (moutons indécis)
      = (moutons qui bèlent pour moi) x (1 + communication)²

D'un autre côté j'avoue que Sarko mérite bien qu'on lui en remette une couche sur le terme de "racaille" parce qu'il se donne les moyens (toujours en termes de communication, faut arrêter de se laisser bluffer) de nous mettre de son côté, de nous faire oublier qu'il est avant tout un petit excité opportuniste. Et ça c'est quand même plus dangereux à court terme que les sorties de Groluc.

Message personnel : le propriétaire du véhicule "Taxi contre Sarkozilla" est prié, s'il veut arrêter de prendre les gens pour des cons et qu'il pense avoir des trucs intelligents à dire, de les faire publier dans les pages Horizon-débats du Monde, le journal de ceux qui confondent infos et suppos.

lundi 12 décembre 2005

Box-office Pp WE 50

1. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ..... 227 994 = 54 x 844
2. CHICKEN LITTLE ............................... 97 492 = 39 x 500
3. OLE ! ............................................ 59 501 = 44 x 270
4. PALAIS ROYAL ! ................................ 52 993 = 46 x 230
5. KIRIKOU ET LES BETES SAUVAGES ........... 52 128 = 39 x 267
6. L'EXORCISME D'EMILY ROSE .................. 49 354 = 29 x 340
7. TROIS ENTERREMENTS ....................... 31 197 = 37 x 169
8. LE TEMPS QUI RESTE ......................... 19 551 = 24 x 163
9. ET SI C'ETAIT VRAI... ........................ 18 010 = 25 x 144
10 MATCH POINT ................................ 11 330 = 15 x 151
(source : ciné-chiffres)

lundi 5 décembre 2005

Box-office Pp WE 49

1. HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU ...... 449 675 = 54 x 1 665
2. PALAIS ROYAL ! ................................. 98 586 = 46 x 429
3. TROIS ENTERREMENTS ......................... 44 637 = 41 x 218
4. ET SI C'ETAIT VRAI... ........................... 38 426 = 38 x 202
5. LE TEMPS QUI RESTE ........................... 34 519 = 26 x 266
(source : ciné-chiffres)

dimanche 4 décembre 2005

Ciné-o-logismes : Financements

Attention : ce topo n’est pas un topo exhaustif et veut juste survoler quelques points sur le financement pour des projets qui dépassent le petit court tourné entre amis sur un W-E.

Prenons quelqu’un qui veut faire un film, qu’il soit vraiment passionné ou simplement attiré par le côté paillettes (c’est essentiel de distinguer les deux parce qu’il y en a un qui veut simplement travailler avec des professionnels alors que l’autre veut surtout faire travailler des gens pour lui).
La première idée qui va nous venir c’est de chercher de l’argent dans sa propre poche. C’est une mauvaise idée pour plusieurs raisons : d’abord il faut savoir tracer un ligne entre son investissement purement « créatif » et son investissement financier. D’un côté on veut et on peut aller au bout de ses idées, de l’autre on a des chiffres avec lesquels on n’a pas le droit de jouer. La vérité première restant qu’on ne fera jamais tout tout seul il ne faut donc pas engager ses propres économies au-delà d’un investissement clairement limité dès le départ, en tout état de cause moins de 50% du budget total quoi qu’il arrive.
Bilan : en pratique et en moyenne les apports des producteurs plafonnent à 33%.

Concept fondammental donc c’est l’argent des autres, other people’s money. C’est une dure épreuve, un métier même dans lequel certains se sont spécialisés, mais c’est surtout une épreuve qui fait qu’on ne peut pas avancer sans avoir monté un dossier béton. Evidemment il y aura toujours une grand-mère qui vous prêtera de l’argent pour vos beaux yeux mais a priori votre métier c’est cinéaste ou producteur, pas gigolo.
Le banquier : trop cher, ne pas oublier que son métier n’est pas de prêter de l’argent mais d’en gagner. Le risque c’est pour vous à 100%. Si on prend des projets de long on a ce qu’on appelle des SOFICA qui permettent de boucler un plan de financement. Pour le client de la banque il s’agit d’un produit défiscalisé, pour la société de production il s’agit d’un partenaire gourmand (qui se paie en premier sur toutes les recettes et avec toutes les garanties possibles) mais souvent d’un mal nécessaire. On rejoint par là le cas du cinéaste qui voudrait s’autofinancer en faisant chauffer sa carte de crédit (genre rebelle de la société de consommation) : ya toujours des caractériels mais c’est jamais avec eux que les plus professionnels veulent bosser.
Bilan : 5 à 10% des financements en moyenne.

PARLONS UN PEU DU CNC…

Voyons un peu les sources de financement spécifiques au cinéma et encore plus spécifique à notre belle exception culturelle/ A moitié drôle ce gros raccourci américain sur le système d’aide au cinéma en France :
In France the film industry is subsidized by a hefty box-office tax on American films, the proceeds of which are distributed by Canal+ to French filmmakers.

En fait la fameuse taxe TSA d’environ 11% prélevée sur chaque entrée alimente un compte de soutien automatique pour lequel les boites de prod françaises bénéficient de droits de tirage en fonction de leur propre contribution (les entrées réalisées sur les dernières années). C’est la partie aide automatique qui est là pour soutenir les nobles maisons bien installées qui font tourner le cinéma français. Ceci est complété par une aide sélective,en théorie plus ouverte aux autres boites de prod mais en fait une porte aussi étroite puisque c’est au sein de petits comités réunis au CNC que se décide ce qui mérite un soutient au nom de l’art plein axe ou de l’essai en coin. Pour ne pas m’étaler j’évoquerais juste au passage les effets pervers du soutien mécanisé pour les premiers films (premier collège) qui fait du système d’aide un joujou pour initiés au lieu de simplifier les démarches pour tout le monde.
Bilan : 15% (moyenne qui ne veut rien dire mais le CNC mériterait un gros dossier en 3 exemplaires à lui tout seul).

Pour ce qui est de Canal+ la chaîne du cinéma (et du sport et du chwal et du premier samedi du mois : tous en selle) contribue beaucoup mais a tendance cesdernières années à préférer quelques gros projets porteurs à un gros portefeuille de films d’envergure différente. Sur ce chapitre on touche en fait directement à la question des préachats TV : une chaîne va avancer de l’argent, pas par vocation mais pour avoir du contenu à diffuser voire à revendre (cf. contrats de distribution DVD). Sur quelques gros projets la chaîne peut aussi être co-productrice.
Bilan : 30%

Pour le reste il faut espérer un petit à-valoir distributeur ou se démener pour trouver des apports étrangers sans faire sourciller le CNC…


RECREATION

Jusqu’à il y a peu les américains se gavaient avec le système de soutien allemand en utilisant l’artifice légal du Sale and Leaseback, un genre de créativité diabolique des avocats d’affaire US qui a certainement beaucoup joué dans l’affaire de l’agrément CNC pour le dernier film de Jeunet.
Pour résumer le mécanisme : un studio US vend son projet de grosse production (Sale) à un partenaire allemand (qui peut donc bénéficier des mesures de défiscalisation locales) avec une clause de rachat après restitution du copyright (en crédit-bail = leasing d’où le Leaseback) et surtout à échéance des avantages fiscaux. Au final faire un film en passant par la Lorraine… enfin un peu plus loin, constituait un placement sûr pour les studios US qui s’assuraient un taux de 8 à 10% (décôte au rachat à la coquille vide allemande) sans avoir à se préoccuper des recettes générées par le film.

Lire les chroniques d'Ed Epstein, Hollywood Economist sur le sujet ici et .

Comme je dis souvent : si la créativité en matière de montages financiers trouvait son équivalent sur les projets de films proprement dits on pourrait peut-être tous en profiter...