mercredi 25 février 2009

Imposture graduée

La bataille de Nouvelle Zélande fait très peu parler d'elle, et pourtant les ténors toniques qui nous tannent avec leur riposte graduée sont toujours à la recherche d'arguments de propagande très sérieux du style "regardez, eux ils le font déjà." Après le Royaume-Uni, la Nouvelle Zélande, l'utopie (la dystopie plutôt) de la riposte graduée se retrouve vite en porte à faux avec la réalité dès qu'il s'agit de réfléchir sérieusement à sa mise en oeuvre.

C'est donc bien plutôt nos hommes politiques qui sont complètement déconnectés, une fois de plus (ah, s'ils devaient retourner gagner leur vie et jouer aux petits chefs dans le privé après 3 déconnexions...). Pire que ça, ils font le jeu du lobby des éditeurs audiovisuels (et un peu de l'informatique il parait) qui exigent une législation d'exception pour pallier leur incapacité à faire évoluer leur métier. La malhonnêteté intégrale (on peut parler de corruption, au moins de corruption de la capacité à se consacrer au bien public) a poussé Numérama à lancer une pétition contre Christine Albanel sur Facebook.

Sans rentrer dans le détail, cette riposte graduée est un terme tout aussi violent que celui de pirates, métaphore d'un criminel sanguinaire employée à tout va pour désigner quelqu'un qui téléchargerait gratuitement, et participe à la propagande générale. Propagande : le mot n'est pas trop fort puisqu'il s'agit de faire de la désinformation pour imposer par la force (les puissants contre le peuple) une législation ultra-répressive. Riposte graduée, c'est un terme fort qui nous vient des heures les plus sombres de la Guerre Froide. La riposte graduée consistait à ne pas déclencher l'apocalypse nucléaire tout de suite (destruction mutuelle assurée) bien que, concrètement, l'escalade devienne d'autant plus simple qu'il y a une procédure échelonnée. Heureusement on ne fait pas encore la chasse aux sorcières, on est loin d'un état de psychose généralisée. Mais la propagande est là. Devant la falsification en profondeur des arguments avancés, devant la répétition effrénée des mêmes mensonges, la mise en scène de la mort de la culture à cause d'un danger venu de l'intérieur, j'ose même parler de Protocoles des Sages du Son et de l'Image. Si ces sages-là sont, eux, bien réels, leur volonté de se recroqueviller sur le passé, leur peur pathologie de "l'autre" qui les conduit tout naturellement à trouver des boucs émissaires parmi leurs propres clients, nous conduisent tout droit vers ce Comité de Salut Public de la Culture par une loi d'exception : une loi raciale.

vendredi 20 février 2009

Le calme après la tempête

Avec toute la lourdeur de sa démarche, Besson aura au moins eu le mérite de susciter des réponses (notamment celle de Maitre Eolas donc) qui permettent de bien recentrer le débat sur le téléchargement d'oeuvres audio ou vidéo sur Internet.

Le vent a soufflé dans tous les sens, il s'agit maintenant de trouver une approche constructive. Mon point de vue ici a toujours consisté à dire que, pour commencer, le cinéma coûte trop cher : combien de couples ai-je entendu se plaindre que pour emmener leurs enfants un dimanche c'est tout de suite 50 euros déboursés, donc de plus en plus exceptionnel comme dépense. Or le cinéma ne peut pas fonctionner sur quelques films familiaux dans l'année, quelques blockbusters américains, un Grand Bleu (8 millions d'entrées en 88) les années bissextiles et un Ch'ti tous les 40 ans.

L'arbre qui cache la forêt a été la sortie de la carte UGC et la généralisation des formules d'abonnement à l'année. Pour une vingtaine d'euros par mois on peut donc aller voir autant de films que l'on veut dans un certain circuit de salles. A côté certains peuvent aussi avoir des places à moins de 5 euros par leur comité d'entreprise, mais s'ils perdent leur job, comme beaucoup de gens en ce moment, ils doivent alors payer plein pot (8 à 10 euros !). Ce que les chiffres de la fréquentation ne disent pas c'est que de moins en moins de français vont au cinéma. Ceux qui ont une carte, eux, y vont au moins 3-4 fois par mois, mais ils sont une population limitée avec une carte illimité.

Le mot d'ordre dans les années 90 était à la modernisation du parc de salles. Concrètement il s'agissait de bâtir puis d'amortir des grandes surfaces du cinéma. Aujourd'hui que la plupart des multiplexes sont amortis, il ne faut évidemment pas compter sur UGC ou Pathé/Gaumont pour baisser leur marge d'exploitation. J'ai souvent mentionné l'anecdote des tarifs agressifs lancés à Lyon à l'été 1994 (et dans d'autres villes aussi à l'époque) avec la place à 10 francs, à peine plus d'1,50 euros ! Les salles étaient prises d'assaut, comme pendant la Fête du Cinéma d'ailleurs, qui ne profite qu'à une poignée de films qui se pressent de sortir fin juin). Il n'y a pas eu besoin de tribune dans Le Monde : tout c'est passé en coulisses et les (trop) audacieux exploitants ont été remis dans le droit chemin, pour le bien commun du 7e Art...

Ce qui se passe aujourd'hui avec Internet suit le même monologue pontifiant sur la défense des artistes, mis en scène par ceux qui font travailler les artistes (et qui leur soumettent une pétition de temps en temps). A Besson qui compare d'un bloc pirates/hébergeurs/régies pub/annonceurs à des dealers, je propose une bien meilleure analogie éditeur/proxénète (Desproges l'utilise dans son réquisitoire contre l'éditeur André Balland - 4/11/82). L'hypocrisie est moins directe pour Besson qui met son nom sur la majorité des scénarios Europacrap (à noter qu'il n'y a que 1% de charges patronales sur les contrats d'auteur), il n'empêche que c'est le même raisonnement. Luc Besson, comme Universal, Pathé et tous les éditeurs audio/video se sont gavés pendant des années. Le DVD a été une manne incroyable. Coût de production/distribution/promotion 2-3 euros (5 euros pour des éditions spéciales) et marge nette de 70%. Seuls les parfums font toujours mieux avec 90-95% !

Aujourd'hui le DVD est clairement une technologie en fin de vie, Maitre Eolas rappelle qu'elle a 14 ans (la VHS a eu une existence mass market de vingt ans), mais les éditeurs ne peuvent pas supporter cet état de fait. Comme ils ne peuvent pas changer l'ordre de leurs idées ils veulent changer la loi. Exactement comme des sales gosses, mauvais perdants, qui s'énervent et commencent à tricher, à faire des coups bas. J'appelle ça le syndrome de l'oncle Picsou.

LE CINEMA SEUL FACE A INTERNET

Maintenant, inconsciemment ou pas, ils ne se sentent peut-être pas prêts à répondre à la pression technologique venue d'Internet. La seule réaction censée de leur part serait de revoir tout le pricing de la chaîne, depuis la sortie en salle jusqu'aux téléchargements. Un plein tarif au guichet couterait 5 euros. 2-3 mois plus tard le DVD collector serait à 10 euros ou 3-5 euros pour une édition basique. En même temps le téléchargement du film seul serait proposé à 3 euros (càd 2,99 euros).

Très compliqué de faire comprendre ça à ces têtes de lard. Ils campent sur leurs positions, leurs gros comptes en banque et leurs petits pouvoir de PDG à paillettes. Ils préfèrent retarder l'avènement d'une offre de téléchargement simple et ouverte qui serait une telle innovation commerciale qu'elle ébranlerait leurs beaux chateaux de cartes hérités du siècle passé.

Ce qui leur pend au nez : une offre va finir par émerger. Ils ne seront pas préparés et ils vont devoir courir derrière, dépensant beaucoup plus d'énergie et d'argent que s'ils se mettaient au travail sérieusement tout de suite et arrêtaient d'essayer d'allumer des contre-feux avec des pétards. Je remarquais le mois dernier que ça fera 10 ans en 2009 que le Projet Blair Witch est sorti sans qu'un autre film ne fasse autant de bruit sur Internet. Hé bien, je suis prêt à parier que le prochain fera tellement de bruit sur Internet qu'on n'entendra plus Besson grommeler que lui, il est un pauvre artisan du 7e Art, et que ce qu'il aime avant tout c'est donner beaucoup bonheur aux gens.

jeudi 19 février 2009

Oscar du pire scénario à Besson pour "Les Pirates de l'Apocalypse"

Maitre Eolas répond point par point à Besson. On ne peut pas mieux faire !

"Il faut donc étendre la loi à ce cas et poursuivre les dealers."

Mais la loi s'étend déjà sur eux. Et au fait, je croyais que c'était des voleurs ? C'est des dealers, maintenant ?

"Notons que ces derniers ne seront pas difficiles à identifier : ils sont connus de tous. Une loi qui sanctionnerait les voleurs sans punir les responsables de ce trafic illicite serait une loi injuste. Quelle nation accepterait de punir sévèrement les consommateurs de drogues tout en laissant leurs dealers prospérer tranquillement ?"

Ah oui, ce sont des dealers. Des dealers qui donc voleraient de la drogue pour la distribuer gratuitement à leurs clients, en se finançant en mettant de la pub sur leur T-shirt et leurs pochons de drogue ?

Bon, admettons. Ça devient compliqué, cette histoire. Mais alors, dans ce scénario, le producteur de drogue, c'est qui ?

Mais… c'est toi, Luc, non ? Ah, que c'est délicat de filer des métaphores ! Mais note bien que je crois que tu as mis le doigt sur quelque chose. Car l'industrie du cinéma comme celle de la musique d'ailleurs, repose effectivement sur des comportements analogues à ceux des dealers : on crée un besoin pour hameçonner le client (bandes-annonce, matraquage publicitaire, clips alléchants sur toutes les chaînes visant le public cible) et quand il est accro, on l'oblige à payer pour l'assouvir (la place de cinéma à 10 euros, puis le DVD à 30 euros, le pay per view à 3 euros, sinon il y aura le passage à la télévision… financé par la pub ; la place de concert à 50 voire 100 euros, l'album à 25, la sonnerie à 2 euros, le single à 1 euro lisible sur un seul lecteur compatible). Sachant qu'une grande partie de la clientèle cible est mineure.
En bonus à la fin du post, une vidéo de Mozinor qui vise juste notre producteur phare qui réinvestit son pognon dans les films par pure passion pour son Art.

Et puis un petit coup en passant sur Freddy Lefebvre, comme toujours bien mérité :Tout le monde n'a pas le talent de Luc Besson.

(merci à Tristan Nitot d'avoir signalé ça sur son blog)

mercredi 18 février 2009

Désarmorcer une critique prout-prout pour les nuls

A défaut d'une meilleure appellation j'appelle critique prout-prout le papier qui se sent obligé de trouver des arguments pour aimer un film, la bouche en cul de poule. Prout prout. Aucune sincérité donc, aucune spontanéité, et cela se voit tout de suite dans les tournures raides qu'ils empilent laborieusement. Si c'est inconscient, tout ça est bien révélateur ; conscient ou pas, de toute façon cela rejoint ma thèse selon laquelle les critiques voient plus les films par obligation professionnelle que par envie.

L'exemple du jour (ils sont légions dans l'ensemble de la presse qui se veut de qualité et héberge donc ces intermittents de la paraphrase verbeuse) est attrapé de volée à l'étalage Télérama. La critique favorable commence par cette phrase :
S'il y a bien un défaut qui ne peut être reproché à François Ozon, c'est le manque d'audace.
Vous remarquerez sans doute qu'on démarre sur le ton de la justification : le parti-pris de défense du réalisateur est flagrant. Je ne la critique pas en tant que telle, mais s'il y a lieu, elle doit venir après l'exposé d'arguments étoffés. Au lieu de ça, admirez la tournure de lieu commun, on se croirait dans une dissert de lycéen (pas payé pour écrire des conneries, lui) timide et peu inspirée "De tous temps le François Ozon a été reconnu pour son dévouement indéfectible et protéiforme au Septième Art." D'accord, j'en rajoute dans le côté pompeux tendance aChiers du Cinéma alors que, pour rester honnête, Télérama donne rarement là-dedans (de mémoire, Pierre Murat se la pète grave "moi on me la fait pas avec tous les films que j'ai vus").

Si cette première phrase pue le lieu commun, ce n'est pas juste par manque de style du plumitif de garde (Samuel Douhaire, puisqu'il faut l'appeler par son nom), non. Je ne vais pas m'amuser à citer l'Art Poétique de Boileau, puisqu'on est à des lieux de toute velléité de faire des phrases bien tournées, mais quand un film nous inspire on sait trouver les mots pour le défendre. On ne fait pas des phrases poussives, on ne commence pas par une constatation d'une banalité écrasante. Les mots ne mentent pas. S'il ne viennent pas c'est qu'on n'a rien à dire d'intéressant sur le sujet.

Je ne vais pas analyser phrase par phrase la médiocrité du truc, il y a déjà suffisamment de paraphrase dans les critiques de ciné, mais je vais quand même attraper un exemple plus loin dans le développement scolaire et servile du préposé aux alinéas :
Le pari, gonflé, de ces ruptures de ton a de quoi dérouter. Il séduit le plus souvent, comme lors de la fugue, très drôle, du bébé dans un supermarché.
Notez la double mise en exergue de qualificatifs suffisamment vagues pour être pipeau (gonflé, très drôle) comme cette structure parallèle qui sent trop l'échafaudage pour respirer la sensation saisie à vif. Et en paraphrase d'un exemple visuel : quelle médiocrité journalistique !

En revanche la critique défavorable, comme c'est souvent le cas, ne s'encombre pas de tournures alambiquées avec enjoliveurs bling-bling. Tout est très direct, Juliette Bénabent ne commence pas sur une mise en perspective bateau-mouche de la carrière d'Ozon (elle ne part pas avec l'a priori d'être indulgente avec lui) mais le problème du mélange des genres dont se croit capable le cinéaste. Elle dit simplement pourquoi ça ne marche pas, selon elle, là où son collègue des chiens écrasés force ses mots entre deux accès de paraphrase empesée.

Verdict sur Ricky à la simple lecture de ces critiques : les seuls arguments objectifs sont dans le papier négatif. Il y a de très grandes chances que le film soit mauvais (tout en se prenant très au sérieux, comme souvent chez Ozon). Vous avez gagné le droit d'aller tenter votre chance avec d'autres films.

mardi 17 février 2009

Le pet foireux du papillon

Après que Groluc est sorti de sa tanière pour tonner contre la France, pays où le vol par internet est le plus répandu, que toto Lefebvre lui ait sucé la roue, faisant de la pub au passage à un autre site, AlloStreaming, il apparaît que, malgré tout, la Culture l'a échappée belle.

Imaginez que le très haut débit soit répandu comme dans les pays nordiques de 50 à 70% de la population, au lieu des pitoyables 4,4%... Besson noircit le tableau, trouvant bien évidemment rapidement un politico bourré de convictions personnelles pour embrayer, mais il a bien de la chance. Jusqu'à présent le très haut-débit est mal vendu, souvent trop cher (40 euros mini chez Numéricable, quel avantage concret par rapport aux 30€ d'un abonnement ADSL) : tiens-tiens, ça me rappelle les places de ciné trop chères, les DVDs trop chers, le salaire de Groluc qui émarge sur tous les scénarios Europacrap.

Personne ne demande à des agents comptables de comprendre le fonctionnement d'Internet et de ne pas le réduire à un centre de coûts, un outil de promotion. Mais s'ils aiment les chiffres à ce point, ils n'auront jamais le temps d'être déçus. En revanche ils seront bien seuls.

lundi 16 février 2009

Besson la vieille Garde

Je me permets ce genre de titre parce qu'il me rappelle le terrorisme verbal des "jeunes turcs" des Cahiers du Cinéma pour couper des têtes à l'abri de leurs plumes, avant de montrer les crocs derrière la caméra avec plus ou moins de bonheur pour le cinéma français.

Besson au moins ne s'est jamais réclamé de la Nouvelle Vague. De plus il a toujours dit qu'une fois qu'il aurait fait sa petite dizaine de films il aurait tout dit. Honnête, non ? Ses films (disons jusqu'à Jeanne d'Arc) n'ont pas la prétention d'avoir un message super important à faire passer, ils sont juste très bien réalisés et touchent une grande majorité de spectateurs. Ce sont justement des films qui permettraient aujourd'hui de ramener pas mal de monde vers les salles obscures, n'en déplaise aux critiques qui préfèrent regarder de haut le manque de maturité au centre de tels films. Et alors? Spielberg tombe aussi dans le sentimentalisme d'un Capra laborieux, on ne va pas exiger de Besson de faire moins puéril alors qu'il ne tourne (presque) plus.

Et puis Besson est devenu un businessman, si je ne m'abuse, au moment où il s'est rendu compte qu'il ne devait plus rien aux incompétents de Gaumont, après Le 5e élément. Spielberg s'est pris quelques gamelles (Sugarland Express, 1941, Always...) qui lui ont évité d'avoir l'ego surchargé. Il côtoie en plus des talents à sa mesure dans différentes branches. Besson lui est seul et avant de monter EuropaCrap il n'avait jamais connu le moindre échec. Hier, Besson mettait un petit coup de pression aux hommes politiques en publiant, comme il le fait de temps en temps, son opinion dans un grand canard.

A lire le diatribe de Luc Besson, on se dit qu'à peu de choses près on a échappé à Eric Besson chargé de l'économie numérique, avec le zèle de fonctionaire de Vichy qu'il déploie aujourd'hui dans son ministère du nettoyage à sec des Valeurs Travail-Famille-Patrie. Luc Besson veut nous faire pleurer en parlant de pays des droits de l'homme qui bafouerait ses droits d'auteur. Hé oui ma petite dame, les temps sont dûrs pour tous le monde, même pour les multimilionnaires...

Alors certes ce n'est pas le propos de minimiser la question du téléchargement illégal (je me batrais jusqu'à la mort pour qu'on n'emploie pas le mot piratage à toutes les sauces), mais justement il ne s'agit pas de défendre une "culture gratuite". Il n'y a pas de culture gratuite tout simplement parce que la culture n'est pas quelque chose de passif où il suffit de se servir. Et ce n'est pas plus vrai si on veut fixer un prix d'entrée à la culture. Certes il y a des produits dérivés de la culture, mais cette culture, justement, devrait permettre aux gens de comprendre que le cinéma est au-dessus du DVD par exemple. Aujourd'hui les gens sont lassés des DVD, ils voient bien que le format est mort, ils ne sont pas pressés de passer au BluRay. L'offre est pléthorique, mais rien ne se dégage de la masse. Cette dictature de la conformité s'achève selon le principe de la longue traîne sur Internet et la possibilité de choisir, pour chacun, au plus près de ses affinités. Et là il se trouve qu'il y a un grand fossé entre les modèles vieillissants de la TV et le foisonnement anarchique sur Internet.
Aujourd'hui ce sont les ados et les jeunes adultes qui téléchargent, parce que c'est eux les plus à l'affût du toujours nouveau, du toujours plus. Une partie de leur consommation d'Internet échappe donc à la récupération commerciale et c'est ça qui fait enrager ceux qui croyaient détenir les clés du parc d'attraction. Ce n'est pas en se focalisant sur les resquilleurs que le problème va changer.

Internet aura toujours raison, quelle que soit l'agressivité de Groluc. S'il produit demain le film qui va venir titiller les Ch'tis au box-office, est-ce qu'il va venir pleurer sur les centaines de milliers de téléchargements induits ? Il en serait bien capable, et donc incapable de comprendre qu'un film passé inaperçu n'a rien à perdre à être téléchargé presque gratuitement.
Je dis presque parce qu'il faut du temps pour le télécharger puis pour le voir. Et il n'y a pas que le temps de monsieur Besson qui vaut de l'argent.

mardi 10 février 2009

Firefox in Motion

Pour donner un contrepoint au billet précédent :
Internet is about people before being about hi-technology.
(Plein écran/Fullscreen HD)

Signes avant-coureurs

Deux anecdotes très similaires, glanées à quelques semaines d'intervalle sur le web :
    TRON (1982) : de nombreux dessinateurs du département animation de Disney refusent de participer à ce film où les ordinateurs génèrent l'essentiel des images (le film ne marche pas). En 2004 Disney arrête les dessins à la mano pour tout passer en CGI.

Bref, quand une nouvelle technologie se manifeste à l'horizon, ça veut dire qu'on a encore un peu de temps pour évoluer de notre côté. Trop, certainement, par rapport aux certitudes et aux habitudes acquises, mais au moins on est prévenu.

lundi 9 février 2009

Stanley Kubrick's boxes

Leloup me signale ce documentaire de Jon Ronson diffusé le mois dernier sur Channel 4.
Stanley Kubrick's boxes.

Très émouvant pour tout ceux dont l'amour du cinéma s'est accru au fil de la découverte des films de Kubrick. Quiconque n'a pas été subjugué par le réalisateur, par 2001, par Orange Mécanique, par Barry Lyndon... n'y verra qu'une histoire ennuyeuse.

Evoquer Kubrick au fil de ses centaines de boites d'archives accumulées au fil des ans : l'approche archéologique demande un minimum de culture, ou juste de regarder avec des yeux d'enfant.
C'est un peu le Mystère de la Grande Pyramide. A la fin on ne sait pas trop si on doit croire aux images surnaturelles dont on croit se rappeler, ou si c'était juste un rêve, les yeux grand ouverts.

dimanche 1 février 2009

Nouvelle étude dans le sens du P2P

Le blog Linux Mint me signale cette news publiée sur Ars Technica : une étude du gouvernement hollandais montre que le Peer-to-peer a, au global, un effet positif.

Ce n'est pas une étude de plus d'un organisme quelconque, c'est vraiment une étude officielle où l'indépendance est un condition de départ. Evidemment dans certains Etats européens où les lobbies de l'édition audiovisuelle (cela inclut les obscurs ministères chargés du recouvrement des royalties comme la Sacem en France), une étude indépendante a peu de chance de voir le jour. En France on fait des commissions avec des personnes qui ont partie liée avec les différents acteurs de l'industrie. En Hollande l'étude n'est pas biaisée dès le départ en incluant les mots "pirates" ou même "téléchargement illégal", non, on fait une vraie étude neutre sur le téléchargement au sens large, avec contrepartie monétaire ou pas.

La conclusion du rapport montre enfin une analyse économique étendue des effets du téléchargement, pas une compilation assourdissante de modèles hasardeux pour l'évaluation d'un manque à gagner.
The study concludes that the effects are strongly positive because consumers get to enjoy desirable content and also get to keep their cash to buy other things. Because the consumers save much more money than the producers lose, the net economic effects are positive. The report also reinforces the truth that unpaid downloads do not translate into lost sales in anything close to a one-to-one ratio.

Enfin une étude neutre, approfondie et parfaitement éclairée dans le bon sens de l'évolution technologique et économique !