mardi 31 octobre 2006

Suspension of disbelief

Ah si le monde n'était fait que de scientifiques obsédés par la rectitude d'une démonstration parfaite on ne rigolerait pas souvent !
Effrayé par la crédulité des Américains pour les phénomènes paranormaux, le physicien Costas Efthimiou, de l'université de Floride centrale (UCF), a décidé d'utiliser les armes de la physique et des mathématiques pour démonter certaines croyances tenaces.

Ainsi, il prouve que les fantômes n'existent pas. Comment, en effet, pourraient-ils à la fois marcher et traverser les murs?, demande le scientifique dans un article à paraître. C'est impossible, car cela viole la deuxième loi de Newton, celle d'action-réaction: s'ils marchent, c'est qu'ils exercent une force sur le sol, tandis que s'ils traversent les murs, c'est qu'ils n'en exercent aucune, et les deux ne sont pas compatibles.

Quant aux vampires, ils sont définitivement détruits par un simple exercice de maths. Si un vampire doit sucer le sang d'un humain chaque mois, faisant de celui-ci un vampire qui doit à son tour trouver une nouvelle victime par mois, combien de temps aurait-il fallu à un seul vampire pour "contaminer" les 537 millions d'hommes qui vivaient sur terre en 1600? Moins de trois ans, répond Efthimiou, alors, soit nous sommes tous des vampires, soit ils n'existent tout simplement pas.
Soit le robinet de la créativité d'un scénariste fuyant au rythme de 2 idées bouillantes à la seconde : 1/le producteur pourra-t-il se baigner dans un bain à bonne température (35-55°C) sachant que la baignoire a une capacité utile de 150 litres et 2/si oui combien de temps faut-il ?
Même question avec une baignoire qui fuit au rythme de 3 idées toutes les 12 minutes. Quelle surcharge pondérale faut-il alors appliquer au producteur pour que le bain soit prêt 1h plus tôt.
Finalement jeter le projet avec l'eau du bain et bien rincer derrière vous merci.

dimanche 29 octobre 2006

Film bio : "Mystery White Boy"

Jeff Buckley ne recherchait pas vraiment la lumière et c'est bien pourquoi je ne voyais pas trop quel film on pouvait vouloir faire de sa vie. Brad Pitt a longtemps harcelé sa mère pour développer un projet et incarner le rôle titre (beurk).
Pour Hollywood mourrir à 30 ans en artiste maudit/incompris/mal dans sa peau... c'est déjà suffisant pour en tirer qqch et effectivement en rentrant dans les détails on trouve toujours une histoire à raconter ou à monter en épingle.

En attendant de voir cette improbable bio l'article du NYT souligne la difficulté d'adapter une histoire quand ceux qui en ont les droits sont trop attachés émotionnellement au sujet principal. C'est le cas des biopic comme des adaptations au sens large.
At first, Ms. Guibert said, she turned away the writers and producers who asked for the right to tell her son’s story. But Mr. Pitt tempted her by helping her set up an archive of Mr. Buckley’s music and writings, including diaries and audio journals that he had recorded on cassette.

Once Mr. Pitt had Ms. Guibert’s blessing to develop a film, he hired Emma Forrest, a British novelist and journalist, to write a screenplay in the vein of the 1979 Bette Midler film “The Rose.” After all, there had been speculation that Mr. Buckley’s death was not an accident, that drugs, alcohol, or perhaps some form of mental illness had played a role.

But Ms. Guibert rejected Ms. Forrest’s two drafts.

“Her immediate response to the first draft was, ‘No, my son didn’t take drugs, he never suffered from depression,’ ” Ms. Forrest said. It was a question of competing truths, she added. Ms. Guibert’s recollections of her son differed from those of Mr. Buckley’s friends, interviewed by Ms. Forrest. Ms. Forrest said she wanted to explore the nature of genius and mine the links between music and emotional disintegration, but Ms. Guibert wanted none of it.

vendredi 27 octobre 2006

Poor artsy little darlings

Deux articles du NYT sur Babel à mettre en regard, le plus intéressant (et le plus direct de toute façon) des deux n'étant pas la critique en bonne et dumb forme mais bien l'analyse d'un élément du contexte :

Now Playing: Auteur vs. Auteur la semaine dernière nous parlait de Guillermo Arriaga, scénariste d'Iñárritu sur Amores Perros et 21 Grams un couple en plein divorce après Babel (Arriaga était persona non grata à Cannes pour la première mondiale du film...).
So what’s the point of fretting about authorship? (Can’t we all just, you know, get along?) There are sequences in “Babel” where you can sense the tenuous symbiosis of writer and director starting to fall apart — when Mr. González Iñárritu overextends scenes for, apparently, no sounder reason than to demonstrate his virtuosity, prove he’s in charge. It’s as if these two extremely talented men had not understood their own movies, which are bracingly (and movingly) skeptical that an individual can ever be fully in charge of anything. The action is always set in motion by an awful, senseless, out-of-the-blue accident, and that’s a slap in the face to the whole idea of authorship: you can’t even count on being the author of your own fate.

The lesson, that is, of the auteurs films of Guillermo Arriaga and Alejandro González Iñárritu is shockingly simple: Get over yourself, and allow other people to make you better than you’d be on your own.

Emotion Needs No Translation, la critique officielle qui n'ose pas être trop critique avec le duo d'auteurs chéris. Combien de fois ai-je lu des critiques de films avec cette réserve hypocrite où le journaleux sent de gros défauts mais se force à aimer (parce que c'est un film d'auteur, parce qu'il veut être indulgent ou parce que son rédacteur en chef lui a dit à l'avance combien d'étoiles mettre au film) "Certes on peut objecter que" (ou plus agressif : "Certes les esprits chagrins/les fans de Van Damme trouveront toujours que le film manque d'action"). "Mais blablabla..."
Any discussion of “Babel,” therefore — whether grounded in skepticism or lost in admiration — has to begin by acknowledging just how much the film, the third collaboration between the director Alejandro González Iñárritu and the screenwriter Guillermo Arriaga, sets out to do.(...)“Babel” is certainly an experience. But is it a meaningful experience? That the film possesses unusual aesthetic force strikes me as undeniable, but its power does not seem to be tethered to any coherent idea or narrative logic. You can feel it without ever quite believing it.

But let’s give feeling its due. The sheer reckless ardor of Mr. González Iñárritu’s filmmaking — the voracious close-ups, the sweeping landscape shots, the swiveling, hurtling camera movements — suggests a virtually limitless confidence in the power of the medium to make connections out of apparent discontinuities. His faith in cinema as a universal language could hardly be more evident.


Bref Babel risque d'être le film de trop d'un réalisateur trop conscient de son talent et incapable de faire autre chose que donner à la "horde des sycophantes" ce pourquoi elle l'a acclamé.
Rien de pire pour un réalisateur que de se faire gonfler le melon avec le mot auteur : William Goldman le disait à propos d'Hitchcock, les films suivant ses entretiens avec Truffaut (à l'époque des Oiseaux) souffrent d'une intellectualisation de son travail (Marnie, Torn Curtain, Topaz) alors que la légèreté et le rythme insouciant étaient ses principaux atouts pour se montrer audacieux ensuite. Au contraire si la presse et les flatteurs en tous genres commencent à placer cette audace au-dessus de tout et qu'on les écoute, comment ne pas se prendre la tête et faire des films de plus en plus pré-contraints, de moins en moins naturels ?
Pour ce prémunir contre ça je crois qu'un réalisateur et un scénariste doivent 1/éviter de lire les critiques et préférer qu'on leur fasse une revue de presse pour ne pas se faire accrocher par une quelconque flatterie et 2/aller dans les salles et attraper au vol les réactions du public. Le seul jugement qui compte c'est toujours celui des salles avec un public payant, il ne trompe pas parce qu'il est spontané, jamais intellectualisé, sans arrière-pensées.
Le public se trompe rarement et même quand il se trompe c'est le film qui a tord.

mardi 17 octobre 2006

Publicdomaintorrents.com

Un des gros anvantages que j'ai trouvé au téléchargement de films sur internet (qu'on ne me dise pas que j'ai mis des artistes sur la paille où j'y mets le feu à c'te paille) c'est d'avoir accès à des vieux films très difficiles à trouver en DVD. Et comme je n'ai aucune influence sur la programmation de la cinémathèque française ni le temps et les moyen de d'attraper au vol une séance dans une autre cinémathèque le téléchargement est la meilleure solution. Il permet la solidarité entre cinéphiles et un plus large accès à la culture.
J'ai réussi à obtenir ainsi Der Müde Tod (Les Trois Lumières - 1921), film qui a consacré Fritz Lang comme un réalisateur de premier plan à une époque où le langage cinématographique restait encore à inventer. j'avais découvert le film par hasard sur Arte il y a au moins 10 ans et il était important pour moi d'en avoir une copie, même Divx (pour un film muet c'est largement suffisant) ne serait-ce que pour le faire déocouvrir à d'autres.
Enfin on entend parler (un peu) des bienfaits du téléchargement avec cette initiative de BitTorrent : publicdomaintorrents.com. Enfin on trouve à intégrer le téléchargement dans la logique qui l'a amené sur le devant de la scène : accès au plus grand nombre d'un large catalogue où on cherche ce que l'on veut sans être assailli d'offres parasites de tête de gondole (on ne soulignera jamais assez ce point mais à l'heure du tout marketing internet apporte la liberté à celui qui sait ce qu'il cherche et l'esclavage à celui qui veut se perdre et perdre son temps).
Bien sûr ce genre d'initiative ne va pas soulever les foules de journaleux, et encore moins de politiciens en mal d'affirmation autoritaire. C'est bien plus simple et plus payant en termes de retombées immédiates de dramatiser une situation (ça doit être le premier cours à l'ENA), de stigmatiser des pirates virtuels, de dépeindre la décrépitude de la culture avec des trémollos dans la voix plutôt que d'essayer d'avoir un discours mesuré faisant montre d'une réelle capacité à appréhender le futur.
J'en profite pour réaffirmer mon opinion que le téléchargement ne nuit :
1/ qu'à ceux qui sont en retard sur leur temps et s'accrochent à leur royalties comme l'oncle Picsou à son premier dollar
2/ qu'aux oeuvres médiocres dont la seule ambition se limite à un opportunisme mercantile (le téléchargement illégal amorti l'achat d'impulsion, typique du cas où le marketing maquille l'absence de vrai valeur du produit)

jeudi 5 octobre 2006

Marée basse : les 150e mugissants

Ce mois de septembre a été très faible en ce qui me concerne niveau ciné. Il est vrai que je suis très exigeant (enfin disons que beaucoup de monde ne partage pas mon niveau d'exigence) et que les films choisis l'ont été par simple curiosité, pas par un enthousiasme débordant pour le sujet, la couleur de l'affiche etc.

148. Il y avait longtemps que je voulais voir Le Roi de Coeur, un film de Philippe de Broca qui n'avait pas marché, entre deux gros succès avec Bébel (étant gamin j'adorais L'homme de Rio mais aujourd'hui j'aurais plutôt un faible pour le Magnifique). Le film est visuellement agréable mais l'histoire, donc la mise en scène sont à côté de la plaque. Faire une satire anti-militariste ça ne demande pas forcément de s'appeler Kubrick mais ça demande quand même de retravailler plusieurs fois le ton adopté. Ici de Broca part dans la grande bouffonerie à prétention vaguement surréaliste. L'idée de départ était sympa : les fous sortent de l'asile et s'approprient une ville désertée entre les troupes ennemies. Mais la réalisation n'a pas vu que des fous ne sont drôles que si on a un bon point de comparaison avec la 'normalité' et là tout le monde se comporte de manière farfelue.

149. Le premier film du fils d'Ivan Reitman m'intéressait vaguement pour en avoir entendu parler depuis un moment (pas dur de faire parler de soi à l'avance quand on est un fils de) et pour la présence d'Aaron Eckart dans le rôle principal. Finalement Thank you for Smoking souffre du même problème que chez de Broca mais en pire. La satire du cynisme d'un lobbyiste de l'industrie du tabac est pitoyable : les seuls personnages un peu humains sont ennuyeux et le film se complait donc dans la farce en croyant que ça une satire drôle et profonde. A jeter.

150. J'ai longtemps eu de bon échos sur L'appartement qui aujourd'hui n'a vraiment qu'une valeur anecdotique pour la rencontre Cassel-Bellucci. Extrêmement mauvais. Pour donner une idée j'ai arrêté le film à 93min sur 111. J'étais mortellement ennuyé et exaspéré de voir la nullité de l'ensemble. Tu m'étonnes que ce pseudo film culte (pour cerveaux ramolis à la guimauve) soit passé inaperçu à l'époque et que le réal n'ai jamais rien fait d'autre. Rien à sauver à part les décors et donc Paris qui est pour une fois bien mis en valeur quoiqu'un peu à l'américaine avec des gros clichés romantico propres sur eux. Après ça j'ai décidé d'arrêter les DVD à 3 euros (le précédent était une autre satire ratatinée: Wag the Dog) et d'interdire les bagages à main à ma curiosité.

>> Mes commentaires en détail, en anglais (et mieux écrits) sur Imdb.