lundi 10 octobre 2005

Also Sprach Fritz -- Art & Vanité (3)

Lorsque je réalisais M j'étais contre la peine capitale (je le suis encore). Mais je n'ai jamais pensé que ce film puisse réellement aider à l'abolir. Un cinéaste peut seulement montrer certaines choses. Réalisant Fury je n'escomptais pas que le lynchage puisse disparaitre immédiatement. Je ne peux qu'indiquer quelque chose du doigt, je ne suis pas faiseur de miracle, ni politicien. Je pense : ceci est mal et je le montre pour que les gens le sachent. Lorsque je montre ce qu'il est possible de montrer dans des films policiers c'est un apport critique sur des choses existantes. Mais je ne propose aucune recette pour stopper ce que je critique car ce n'est pas mon affaire.
Je pense que les gens surestiment le pouvoir d'un metteur en scène. Le film est d'abord un travail d'équipe mais il est vrai que le réalisateur contrôle certaines choses. Laissez-moi vous raconter une histoire. Lorsque Fury fut terminé, le producteur, sortant d'une projection, me convoqua dans son bureau et, furieux, m'accusa d'avoir changé le script. Je lui répondis : "Comment pourrais-je avoir modifié le script lorsque je parle à peine l'anglais ?" Il relut le script et reconnut : "Sapristi, vous avez raison, mais il parait différent sur l'écran."

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