vendredi 4 mars 2005

Un Spielberg avec deux boules SVP

C'est un vieux fantasme qui traine dans le monde du cinéma : alterner les gros films populaires qui remplissent les caisses et les films plus ambitieux, plus risqués (équipement de série), plus profonds, qui font avancer le cinéma et l'humanité (en option). Heureusement personne ne sait faire de gros films populaires qui cartonnent à tous les coups, sinon certains se feraient un riche plaisir de ne faire que ça. Du moins tant que leur ego n'exige pas les honneurs de quelques Festivals et autres récompenses pour application cutanée.
Bon ok, Bruckheimer ne fait que ça, mais il n'a jamais eu l'ambition de réaliser ses propres films.
Spielberg Melba
Spielberg est le seul réalisateur à avoir suffisamment de pouvoir pour mettre en route, la même année, deux projets diamétralement opposés comme Indiana Jones 3 et Always (1989), Jurassic Park 1 et La Liste de Schindler (1993) ou, cette année, La Guerre des Mondes et un film sur la prise d'otage des athlètes israéliens par des terroristes palestiniens aux JO de Munich en 1972.
  • Déçu que L'Empire du Soleil se soit fait totalement éclipser (par Bertolucci) aux Oscars'88, il décide de ne plus mettre tous ses oeufs dans le même panier. L'année d'après il joue sur du velours avec Indiana Jones en vadrouille entre son bon papa et le Saint Graal, mais le coup ne réussit qu'à moitié puisqu'Always fait aujourd'hui plus penser à une marque de serviettes hygiéniques qu'au dernier film d'Audrey Hepburn.
  • Spielberg double-bang, retour gagnant en 1993. Jurassic Park assomme le Box-office estival et La Liste de Schindler lui offre enfin quelques Oscars bien mérités et, par là, un prestige qui dépasse celui de simple 'entertainer', chose qu'Hitchcock, par exemple, n'avait pas su/voulu faire.
  • Spielberg double-bang 3e édition en 2002. Minority Report enrichit Tom Cruise et Spielberg, qui avaient négocié des clauses léonines, mais à part ça rien d'extraordinaire. Pas mieux avec Catch me if you can qui ne met pas en scène assez de Hobbits à la recherche d'une famille pour faire parler de lui aux Oscars.
En revanche 2005 a les airs d'un 'remake' de 1993 avec le tout nouveau pack Cruise-Spielberg, qui intimide par avance les prétendants à une lucrative sortie fin juin, et le second rideau, nettement plus sérieux (donc sortie tardive, fin décembre, calibrée pour les Oscars), des 'Enfants de Schindler.'
Je ne sais pas vous, mais moi c'est pas de ces films que j'attends le plus. Ça laisse de la place pour de bonnes surprises, mais Spielberg est devenu assez prévisible avec son sentimentalisme lourdaud, balotté entre Capra et Ford.

(via MCN)

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