mercredi 16 mars 2005

Somnium et Numeri - compression numérique

Du rêve pas cher et des chiffres qui font rêver, voilà la recette de la politique moderne.
Tant que les chiffres sont en accord avec un discours de base conçu pour rassurer, convaincre ou simplement endormir, personne ne va aller creuser derrière ce qu'il y a. Et le principe des chiffres c'est qu'on peut leur faire dire ce que l'on veut parce qu'il suffit de choisir ceux qu'on va lâcher dans la nature. Un chiffre c'est concis, c'est net, donc c'est facilement mémorisable, et surtout ça a l'air transparent. "Les chiffres parlent d'eux-mêmes" avait sorti le père Balladur dans un accès de mépris pour le peuple il y a une douzaine d'années.

Aujourd'hui, pour résumer la complexité du monde, on fait des classements. Top 100 des personnalités les plus riches, des pays les plus endettés, box-office des films... tout ça n'a aucune signification en soi mais en éliminant les cas particuliers on a l'impression d'obtenir une vision d'ensemble.
Bienvenue dans l'ère de la compression numérique, des marchands de moyenne et des experts multi-tâche. Soixante millions de consommateurs, et nous et nous et nous, qu'on prend de plus en plus pour des moutons numériques.


Le WSJ, qui adore se faire l'écho des statistiques officielles, a piqué un petit somme ce matin en recopiant sans broncher la bonne parole du nouveau patron de la MPAA.
Dan Glickman, named in September as chief executive of the Los Angeles trade group, said the average movie in 2004 cost $98 million to make and market. That was a 5% decline from the prior year, as average marketing costs fell to $34.4 million a picture.
a Wall Street Journal Staff Reporter (??)
March 16, 2005; Page B2

Heureusement il existe aussi de vrais journalistes pas virtuels qui ne prennent pas pour argent comptant les conclusions qu'on leur livre à domicile.
In truth, even if the numbers are to be believed, actual costs haven't declined one iota. What has changed is that the studios have found myriad ways to limit its up front expenditures.

(...)

It's also a fact that you can take a lot of numbers and fold, spindle and mutilate them until they're unrecognizable. Glickman and NATO president John Fithian did yeoman like work spinning positive about another year of declining admissions. Their presentation stated that the average cost of a ticket went up by 3% while the number of buyers declined 2.4% to approximately 1.54 billion.

One of the bright spots according to the report was the fact that frequent moviegoers - people that see at least one movie a month - comprised 28% of ticket buyers. It represented a 12% increase for the group from 2003. So, if truth be told, not only are admissions falling but as well the core movie public is shrinking.

Neither Glickman nor Fithian addressed the fact that a fewer people are going to the movies.
Leonard Klady, Movie City News

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