dimanche 20 février 2005

Critérium des critiques

Que les choses soient claires d'entrée : je ne suis pas là pour faire de la prose éthylique, me goberger dans une critique des critiques et théoriser comme un gros fainéant prétentieux sur le travail des autres.
En revanche j'ai un critère absolu pour détecter une mauvaise critique dans le tas des critiques plus ou moins fainéantes et prétentieuses ; ce critère découle du fait qu'il est impossible de déduire la qualité générale d'un scénario à partir du résultat à l'écran.
D'où le théorème de viktor énoncé comme suit : "Toute critique qui utilise le mot 'scénario' pour juger un film est une mauvaise critique."

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Indisputable gospel #714: I can tell a critic doesn't know his job when he blames a movie on the screenplay.
People who “critique” screenplays or scripts are paid to read them (be they low-wage readers or overblown script doctors). Basically critics are paid to watch movies (then some just paraphrase while others are kind enough to find and offer a real perspective).
I think that when a critic feels like writing the word screenplay or script in a piece, it should ring a bell. Maybe he is a little lazzy, making a general and careless assessment. Isn't the point only about the conventional story? the predictable plot? Or maybe it's the structure which looks unbalanced, with full sequences shuffled in while others are rushed out.
Screenplay/script: those words mean nothing to a movie-goer. It's only lame critics who overused the technical buzzwords to pretend they know what it means.
Do critics really need to invite criticism that they're nothing but frustrated writers?

Simple fact: you can find umpteen pieces where the critic indulges in some “director good but he stuck with stinking script.” On the other hand show me one review that reads “wonderful screenplay is spoilt by untalented director.” Ha! Hit the writer, he won't bite back. He is the man with the least power in the top credits. Now come hit the producer for a change.

Farfetched analogy time: If a dinner entrée or desert is fabulous, it makes sense to assume the recipe was good. But when an entrée arrives from the kitchen burnt into a smoking charcoal lump, would your first thought be to blame the recipe? Only if you're a film critic, it seems. When the food is great, the cook is a star, but when the dish is served cold and underdone, the poor chef 'struggled valiantly trying to elevate a mediocre recipe into something worth eating.'
Ted Elliott & Terry Rossio

(extrait de la chronique Crap-plus-One publiée sur Wordplay)

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Existe aussi en VF (et en plus verbeux, tiens tiens...) du côté des commentaires.

1 commentaire:

viktor a dit…

Au départ le critique de film est payé pour aller voir des films. Après ça certains critiques pondent des papiers qui ne vont pas plus loin que la paraphrase mais d'autres, heureusement, sont assez consciencieux pour offrir à leurs lecteurs une perspective personnelle et dénuée de pose. Mais dans tous les cas le critique ne paie pas sa place et il n'est donc pas un spectateur "normal". A côté du critique de film il y a le critique de scénario. C'est souvent un simple lecteur payé au kilo par une boite de prod, mais ça peut aussi bien être un 'script doctor' renommé ou un gros gourou expert en pipologie.

Alors en dehors des personnes engagées dans la production, qui est qualifié et qui se soucie de la critique du scénario ? Et sans aller jusque là qui a simplement accès aux scénarios de départ et d'arrivée ? Quoi qu'il en soit le spectateur se contrefout de ce brouillon de film qu'est le scénario, donc il est tout naturel que le critique de cinéma ne pousse pas son "travail" jusque là.
Ah mais si ! c'est un vrai travail intellectuel et tout d'être critique de film. Alors il faut employer des mots techniques qui montrent qu'on connait son sujet et comme beaucoup de mots techniques victimes de leur succès 'scénario' est aujourd'hui devenu un vague synonyme d'histoire.

Partant, la tendance se renforce et les critiques emploient le mot "scénario" comme ils emploieraient le mot caméra. Vont-ils se permettre de critiquer les cadrages, les plans d'un réalisateur ? A l'occasion, mais uniquement à l'appui d'une idée générale. En revanche je pense qu'un critique tenté d'utiliser le mot "scénario" devrait s'arrêter et réfléchir : est-ce qu'il ne succombe pas à la facilité, aux tics d'une profession habituée à n'avoir de compte à rendre à personne ? Ne veut-il pas simplement parler de la trame générale trop linéaire, de l'histoire trop prévisible ? Ou s'agit-il de la structure qui souffre d'un manque d'équilibre, d'incohérences, de "trous noirs" narratifs ?
Et puis, franchement, est-ce que les critiques ont besoin de tendre cette perche pour apparaitre comme des losers de la plume, des écrivaillons frustrés ?

Si quelqu'un veut me prouver que j'ai tort, qu'il me présente une critique qui tresse des lauriers au scénariste d'un film raté.

Métaphore capillotractée: si dans un dîner l'entrée ou le dessert sont succulents c'est normal d'imaginer que la recette était bonne. Mais si l'entrée arrive de la cuisine brulée, carbonisée, est-ce que votre première réaction serait d'attaquer la recette comme responsable ? Apparemment c'est comme ça que fonctionne les critiques. Quand le repas est excellent le cuistot est un génie mais quand le plat est servi froid et mal cuit c'est le pauvre chef qui s'est 'vaillament débattu avec une médiocre recette pour en tirer quelque chose de mangeable.'
Ted Elliott & Terry Rossio (trad. maison)