lundi 21 février 2005

Critérium des adaptations

DEDALE ET ICARE

Si ce n'est pas le boulot des critiques cinéma de lire les scénarios portés à l'écran (cf. critérium des critiques) c'est encore moins celui des votants pour les Oscars. Dans un article costaud, à faire pâlir de honte bon nombre de criticailleurs de chez nous, Jack Mathews nous rappelle cette vérité première que la reconnaissance du travail d'un scénariste est entièrement soumise à la réussite globale du film, et c'est pourquoi les Oscars du scénario ne font en général que valider l'appréciation des membres de l'Academy en faveur d'un film.
Oui, ce n'est pas nouveau, l'écriture est un travail de l'ombre, le scénario un brouillon tributaire de la nuit, et le film un produit qui aspire à la surexposition. Il y a d'ailleurs un peu de cette duplicité-complicité dans Sideways avec Miles et Jack, les deux buddies si dissemblables.

The best example from "Sideways" of great adaptation writing is the scene, likely to become a classic, in which Miles and Maya end their first date by revealing themselves through their feelings about wine. In a speech that contains 133 words, Miles describes the Pinot grape in a way that subtly but unmistakably describes his own fragile nature.

"How about you?" he says, when he's finished.

In a speech four words longer, Maya describes her relatively recent discovery of fine wines in a way that reveals how she has been opened to life after a cloistered marriage.

It's a love scene, and a beauty. But, here's how author Rex Pickett described it in the novel: "We sipped the Tantara and talked on for what seemed like hours ..."

Pickett saw the speeches evolve in the drafts sent to him. "It just blew me away," he says of the scripted scene. "I wish it was in the novel."
(via MCN)

Pour moi, ce genre de reconnaissance par l'auteur original vaut tous les Oscars.

BROUILLON DE CULTURE

Inversement "I wish I were in the movie" ça me ferait penser (une fois de plus) aux critiques et leur tendance à faire de la paraphrase plus ou moins pompeuse pour se donner de l'importance, l'impression qu'ils influencent le public alors qu'ils arrivent tout juste à titiller l'ego des cinéastes.
L'ombre de la salle, la lumière de la toile... Quand au milieu quelque chose passe entre le spectateur et le film le reste n'est que mauvaise littérature et c'est pour ça que je crois que la télé n'est pas capable de parler de cinéma en dehors des émissions de promo baveuse ou de bavardage prout-prout. A défaut de résoudre cette quadrature, c'est dans cette dernière catégorie que tombera le Cercle, dès le 6 mars prochain, avec Daphné Roulier aux commandes. + Clair est une excellent magazine, critique, nerveux, sur l'actualité de la télé, alors pourquoi nous pondre une version illustrée du Masque et la plume (aka le Marteau et l'enclume) ? Tout simplement parce que Canal veut nous la jouer officine de valorisation de l'exception culturelle. Histoire de mettre en valeur son 'impot CSA'.
Daphné, si tu continues, tu vas te retrouver à interviewer des hommes politiques dans les tribunes du Parc des Princes (histoire de mettre en valeur le PSG avec d'autres trombines avides d'exposition médiatique).

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