samedi 9 juillet 2005

Montage non-séquentiel

Si quelqu'un a un site ou bouquin intéressant sur le sujet je suis preneur. Il se trouve que cette tendance des films à raconter une histoire de manière non-linéaire, ou plutôt non-séquentielle, est devenue un peu une mode depuis le succès de Pulp Fiction mais c'est pourtant là la principale direction par laquelle le cinéma peut se réinventer. Les effets spéciaux numériques ne parlent pas au spectateur, ils se contentent de lui en foutre plein les mirettes alors que l'objectif de tout cinéaste doit être d'arriver à toucher les gens au plus près, au plus profond, et pas seulement de les divertir pendant deux heures.

21 Grams
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Reviewed by: Tom Downs
Reviewed on: 13 Nov 2004

I'm with those reviewers who saw right through the emperor's new clothes of non-linear editing. Presented in a traditional linear fashion this film would be very, very ordinary - bordering on dull. A shallow plot, too much "acting" and few interesting ideas. Non-sequential editing is effective when it is integral to the telling of the tale - as in Memento. Unfortunately in this case it was just serving to make interesting a pretty unengaging narrative.

Reviewed by: pretentious, moi?
Reviewed on: 14 Mar 2004

A pile of steaming, pretentious drivel, the like of which has not defiled a screen since Naomi Watts' breakthrough role, Mulholland Drive. Can we please, for a start, put this non-linear cliche to bed? In some cases, notably the first few, it worked (consider Pulp Fiction, Reservoir Dogs and, yes, even Memento) but since then what we have endured is a clear case of diminishing returns. Hence, what was once an innovative means of forcing jaded cinema viewers to set aside their preconceptions and prejudice has instead become a stock device cynically deployed to detract the viewer from plots that are trite to the point of utter banality.


Memento est un parfait contre exemple de la tendance : que de l'esbrouffe. Tout ce film tient dans son idée marketing de raconter une histoire à l'envers. Le spectateur est censé être impressionné, point final. Evidemment ça coute moins cher que les effets spéciaux de Batman 0 mais le résultat est le même : vision cynique du spectateur auquel il faut donner sa dose de sucres rapides.
Au contraire dans Irréversible le même parti-pris a une vrai raison d'être : mettre en perspective la violence, la continuité d'une soirée, la consistance de personnages... Tout le contraire de l'esbrouffe.
Sur le thème des narrations "non-classiques" on parle souvent de Rashomon mais ce film est aussi bien plus subtil que Memental, le film rempli de courants d'air. Kurosawa ne donne pas comme Nolan une solution en kit et "dans ta face" à la fin, mais les différentes perspectives sur un même événement bâtissent l'histoire elle-même. C'est la puissance du montage parfaitement maitrisée, pas un simple gimmick.

Tout ceci me parait d'autant plus important à la lecture de la retranscription de la toute récente masterclass de Michael Cimino :
En fait, je n’avais aucune intention de faire des films. C’étaient les grands peintres qui me passionnaient, Degas, Kandinsky, Bonnard... C’étaient eux mes héros, pas les réalisateurs ou les stars.
Je n’ai pas grandi en voyant des films comme beaucoup de réalisateurs actuels.
C’est une transition étrange que je ne peux expliquer qu’en disant que cet écran blanc est une surface à deux dimensions tout comme un tableau. On le regarde de la même manière. Mais en même temps, j’ai conscience qu’on ne comprend vraiment un espace qu’en se mouvant à l’intérieur. C’est pourquoi cet espace bi dimensionnel est devenu mon ennemi. J’ai voulu détruire ce mur, vous emmener au-delà, vous immerger dans un espace à trois dimensions.

Ce qui est flagrant en comparant The Deer Hunter à Heaven's Gate (dont la version intégrale - 3h39 - vient de sortir) c'est que Cimino n'a aucune notion de montage narratif... et donc de rythme narratif. Au mieux (The Deer Hunter) l'évolution de ses personnages structure une histoire linéaire donc tragique, au pire (Heaven's Gate) il est prisonnier de ses belles images et se retrouve condamné à les accumuler pour espérer créer cette fameuse troisième dimension sur une trame désespéremment plane.

De l'extérieur qui dit cinéma pense tournage mais tous les grands films se sont joués à 90% lors la double étape d'écriture sur papier et sur pellicule : le scénario et le montage. Evidemment sans les 10% restant le film n'existe pas - le cinéma est un travail d'équipe et pas un travail d'auteur - mais la principale question est de savoir comment montage et scénario interagissent dans le processus de création. L'écriture du scénario est portée naturellement, du moins dans ses premières étapes, vers la linéarité, la fluidité, la simplicité. Le montage au contraire déconstruit et reconstruit.
Il y a là toute une mine de créativité à creuser qui nous rappelle que le cinéma est encore un art très jeune.

EDIT 31/8 : extrait d'interview de Fernando Meirelles à propos de son dernier film
I think that you’re an incredibly inventive editor and, in both this film [The Constant Gardener] and City of God, you seem really committed to taking the audience away from the spoon-fed, A-B-C-D way of telling stories.

I like films that you have to work with while you are watching them, that demand an active audience, like Memento or 21 Grams or Last Year at Marienbad. Actually, organizing things in a chronological order is just one way to organize things. I can also organize according to colors, numbers, emotions. I mean there’s so many ways to organize things, why do you have to put them in chronological order?

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