mardi 14 octobre 2008

Félicitations à Paul Krugman

Est-ce que son Prix Nobel d'économie va changer quelque chose ? En tout Paul Krugman espère bien que non. A la marge, disait-il hier, les gens qui lisent ses chroniques bi-hebdomadaire dans le NY Times seront plus indulgents lorsqu'il aborde des sujets plus techniques. Mais bon, il fait déjà un tel travail de vulgarisation que c'est surtout un nouveau public, plus international je pense, que son Nobel va lui apporter.

De son côté il va crouler sous les solicitations nouvelles, le tarif pour obtenir un discours de lui lors d'un congrès va nettement augmenter (c'était déjà assez cher mais rien comparé à ce que Sharon Stone ou Bill Clinton peuvent facturer), et au milieu il va essayer de garder le même rythme de vie. L'avantage c'est que ça fait déjà une vingtaine d'années que son travail est reconnu en économie, et il lui suffit de ne pas changer d'environnement... mais son environnement peut tellement le regarder différemment que de toute façon il aura des nouveaux paramètres à intégrer.

PAUL KRUGMAN & LE TELECHARGEMENT GRATUIT

Parmi les avis éclairés qu'a émis Krugman, sans attendre de recevoir le Nobel, et que j'espère bien retrouver à l'occasion, entre deux chroniques sur l'économie américaine ou sur les enjeux monétaires internationaux, il y a celui du 6 juin dernier, en faveur du téléchargement gratuit, évoqué par Numérama.

Cette chronique intitulée Bits, Bands and Books se place dans la perspective de l'évolution de l'économie numérique, et non pas dans le passé des mastodontes de l'édition (musicale/littéraire/vidéo) dont les marges sont irrémédiablement laminées. Krugman ne s'amuse pas à polémiquer sur d'éventuels bienfaits du téléchargement gratuit tel qu'il existe aujourd'hui, au contraire il explique la tendance en cours et la réflexion qui doit l'accompagner :
everything that can be digitized will be digitized, making intellectual property ever easier to copy and ever harder to sell for more than a nominal price.
Il n'y a pas à se plaindre, la technologie permet aussi, par exemple, de mieux attribuer une oeuvre à son créateur, de le faire connaître instantanément, quitte à lui de profiter de toutes ces opportunités d'accès quasi-gratuit à un public quasi infini.

Paul Krugman conclut en faisant allusion à la démarche d'encouragement à la copie gratuite des Grateful Dead :
It won’t all happen immediately. But in the long run, we are all the Grateful Dead.
C'est à dire "sur le long terme nous aurons tous adopté la philosophie des Grateful Dead". L'expression cache un petit clin d'oeil à la fameuse citation de Keynes, pleine d'ironie pour les théories économies "à long terme nous sommes tous morts".
D'ici là nous pouvons déjà nous montrer reconnaissants (grateful) envers Paul Krugman pour son travail de vulgarisation, qui est finalement aussi important que ses travaux de recherche économique maintenant récompensés d'un Nobel.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Citation intégrale de Keynes reprise plus récemment par Krugman sur son blog.