samedi 11 octobre 2008

Apocalypse, now and then

Le cinéma s'est beaucoup intéressé à l'Apocalypse. Il n'est pas dur de comprendre que le thème ait été traité plus facilement après Hiroshima. Avant la Seconde Guerre Mondiale, l'Apocalypse n'était qu'un concept intellectuel religieux et puis c'est devenu une menace réelle. Les différentes adaptations du roman de Richard Matheson I am Legend (1954) jusqu'à nos jours ont balisé un nouveau genre, celui du film de zombies.

Aujourd'hui l'évocation de l'Apocalypse est donc bien plus forte dans la tentative d'imaginer l'après, que dans la démarche d'anticiper la Fin du Monde. Kubrick s'est rendu compte en cours d'écriture que Docteur Folamour (1964) ne pourrait marcher que comme une comédie noire (c'est d'ailleurs son seul film comique). Aujourd'hui ce film peut paraitre moins puissant puisque l'imminence d'un conflit nucléaire est assez diffuse... en attendant une prochaine crise de Cuba, beaucoup plus dure à gérer si la situation de gendarme des Etats-Unis reste à ce point affaiblie.

D'un autre côté quand un film prend pour titre Armageddon, la Fin du Monde est, sans équivoque, une grosse blague, un gros prétexte à des scènes d'action, exactement comme à chaque fois où James Bond sauve la planète (littéralement en tout cas dans Moonraker).

Et une apocalypse économique alors ? Ce week-end se joue l'équilibre de l'économie mondiale et de ses bases telles qu'elles ont été patiemment posées à partir d'Hiroshima justement. L'administration Bush, en sursis, est face un problème bien plus complexe que d'enfumer l'opinion publique avec la peur de l'Axe du Mal qui s'exporte bien, avec des diversions dispendieuses en Irak et des mensonges pour maquiller la malhonnêteté intellectuelle du tout. De son côté l'Europe est incapable de s'accorder sur une action commune, et au bout du compte ce n'est pas mieux que d'avoir un gouvernement unique bloqué par un prochain changement d'exécutif.

Dans un film ça donnerait quoi ? Tout ça n'est pas très visuel, et d'ailleurs la crise de 1929 a plutôt donné lieu à des films sociaux. Oui mais maintenant que tous les dirigeants pensent que le New Deal c'est du passé, de la préhistoire économique, il va falloir s'habituer à croiser de plus en plus de zombies dans les rues. Et justement, depuis 2001, ils étaient déjà revenus à la mode sur le grand écran. Traders déglingués, gros porteurs crashés, petits porteurs torpillés, et surtout consommateurs assidus asphyxiés... voilà des profils qui vont se retrouver bientôt en liberté, affranchis bien malgré eux des certitudes à code barre du confort moderne.

Dans les années 70, à la fin des films catastrophe il y avait toujours une petite poignée d'élus pour survivre, et un bon paquet de sacrifiés pour doser l'émotion du spectacle. Alors notre Apocalypse, on se la tourne comment ?

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