mardi 28 octobre 2008

Max et les ferrailleurs

La Justice ce n'est pas punir la moindre infraction des lois, c'est assurer la cohésion de la société dans un contexte où la loi est la même pour tous. Quand je vois l'énergie mise par le lobby du racket audiovisuel (je dis racket par provocation mais aussi parce qu'ils s'évertuent à ne pas comprendre que leurs tarifs sont trop hauts), et le docile appareil législatif à sa suite, pour fignoler une "riposte graduée", je pense à ce magnifique film de Claude Sautet.

"Risposte graduée", on nage en pleine guerre froide ! Contre qui ? Des communistes en quelque sorte, des ennemis du Monde Libre qui veulent mettre à bas la Culture et qui entraînent à leur suite des citoyens inconscients ou malhonnêtes dans une Lutte Finale contre l'Ordre Vrai, pour imposer la dictature du Peer-to-Peer contre la Propriété Intellectuelle, défense d'entrer.
Le mal est diffus, l'ennemi est partout, il ronge la société tel un cancer, comme dans ces films US de paranoïa collective des années Spoutnik. Facile de faire peur comme ça, malheureusement les téléchargeurs "pirates" ne peuvent pas raisonnablement être dépeints comme des mangeurs d'enfants... Hé oui, on ne peut même pas faire l'amalgame avec la pédopornographie, et pourtant ce sont bien les "oeuvres" pornographiques qui se téléchargent le plus. Est-ce que les éditeurs de X se plaignent ? Non, parce qu'ils ont dès le début utilisé internet pour mettre leur production en avant, ratisser large et accrocher le chaland qui n'en peut plus de ne caresser que sa souris à deux boutons.

Le joli projet de loi intitulé "Création et Internet" donne donc des objectifs chiffrés au gadget Hadopi : 10 000 couriels d'avertissement par jour. En gros et en vrac, il s'agit de faire peur à la foule des gens qui téléchargent en cliquant bêtement comme s'ils zappaient, alors que ceux pour qui télécharger fait partie du mode de vie en ligne savent très bien utiliser, par exemple, des serveurs proxy qui vont, dans le meilleur des cas, rendre leur identification plus longue donc plus coûteuse. Et encore, aujourd'hui n'importe quel client bit-torrent utilise par défaut l'encryption qui demande déjà à la police du net de remonter jusqu'aux serveurs de trackers pour récupérer des adresses IP et enfin obtenir, éventuellement, du fournisseur d'accès le nom et les coordonnées du méchant téléchargeur. Ajoutez à ça que The Pirate Bay rend aussi cette étape plus difficile en polluant ses trackers de fausses adresses IP.

Au final la riposte graduée revient à courir après le petit délinquant qui vole à l'étalage et n'a même pas un petit frère pour faire le guet ou un grand frère pour lui expliquer quelques trucs tout simples. Bravo Max, tu peux être fier de toi !

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