Partons de points concrets, c'est à dire d'abord les salles.
L'évolution des 15 dernières années a vu la naissance des multiplexes, sorte d'hypermarchés du cinéma où les spectateurs sont parqués entre un café plus ou moins cosy, un stand de friandises et une file d'attente (monstrueuse le week-end pour les salles de plus de 300 places).
Dans la grande rationalisation amenée par le multiplexe il y a eu la possibilité de diffuser une même copie dans 2 salles, presque simultanément (système interlock où une bobine court sur des rails entre deux cabines de projection). Ce système n'aurait évidemment plus lieu d'être une fois toute la projection passée en numérique, ce qui représente un coût trop élevée aujourd'hui. Mais les technologies évoluent tellement vite que 2010 ne parait pas trop tôt pour imaginer un nouveau changement fondamental dans l'exploitation.
Si la projection numérique ne progresse pas plus vite, c'est que se pose en premier la question de sécuriser les flux. Le problème ensuite c'est que personne n'est trop pressé d'y passer, personne ne veut trop s'avancer sur un sujet sensible : détourner le regard ou un pas de côté valent mieux qu'essayer d'avancer pour le job des gens en place (et qui ont dû manœuvrer longtemps pour arriver en place). Avec des cabines de projections reliées à Internet on peut imaginer un système de clés, générées en fonction de l'heure de la séance pour un projecteur donné, et valables uniquement pour une projection donnée. Ici on touche au domaine des DRM entièrement acceptables par tous puisque la copie en question est simplement loué par un distributeur. Concernant le possible piratage des flux en sortie, le marquage de la copie (par un code incrusté dans des images du film) en cours de projection pour identifier la séance permettrait de s'assurer que l'exploitant respecte son contrat.
Ceci dit il reste à voir ce que la projection dématérialisée (ou presque, vu l'importance du projecteur/ordinateur dans ce nouveau système) va changer concrètement dans le rapport de force. Si c'est pour renforcer l'effet multiplexe, non merci. Le seul intérêt serait de ramener les projection dans ces mêmes lieux fuis par la rationalisation à outrance : petites salles de quartier, de villages, ciné-club occasionnels... Dans ce mouvement, les investissements à rentabiliser n'étant pas ceux de gros bunkers climatisés-moquettés-aseptisés décidé par des grands groupes financiers, le coup d'une séance ciné devrait être revu nettement à la baisse. Le cinéma devrait être à 3 euros en semaine, 4 le w-e, voire 4 et 5€ dans les grandes villes. Il y a eu trop de lobbying contre cette tendance, la seule qui favorise un cinéma populaire, ces 15 dernières années, justement pour défendre la rentabilisation rapide des multiplexes.
A suivre dans la deuxième partie, The Long Tail of Movie Distribution, ou comment la programmation des salles ne sera plus décidée d'en haut. (EDIT: finalement ce sera la 3e partie puisque James Cameron en personne s'est invité pour expliquer comme le cinéma pourrait évoluer sans isoler les petites salles par la nécessité d'investir dans le tout numérique
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