mardi 4 juillet 2006

Déjà vu : l'original et le remake

J'avais vu à la télé il y a une dizaine d'année D.O.A., la version de 1988 avec Dennis Quaid. Je me souviens juste de deux choses, la prémisse (un homme apprend qu'il vient d'être empoisonné et qu'il n'a que quelques jours à vivre, sans espoir d'antidote, juste celui de comprendre qui et pourquoi) et le mot de la fin (qui est contenu dans cette phrase clé de la carrière des professeurs US : "Publish or perish").
Avec ce vague souvenir j'ai toujours voulu voir l'original (1950) qui, comme de bien entendu, était censé être un grand classique du film noir. Sûr que le film de 1988 en technicolor/soleil de Californie n'avait rien du film noir. D'après un internaute d'Imdb c'est aussi que les commanditaires du remake n'y ont vu que le prétexte à un bon film d'action. Où on sait dès le début que le héros meurt à la fin ?
[aparté : C'est toujours pareil le cinéma regroupe les plus passionnés et les plus incompétents... en tout cas les incompétents qui ont le plus de pouvoir]

Après avoir maté le DVD du film original (pour le coup c'était le DVD qui était une pale copie) je peux quand même dire que D.O.A. n'était déjà pas au départ un chef d'oeuvre. Un film très bien foutu ? En tout cas un film dont l'atmosphère est très réussie et c'est grâce au sens visuel de Rudolph Maté, grand nom parmi les directeurs photo des années 30-40. En revanche sens visuel n'est pas sens de la mise en scène : le film enchaîne les retournements avec assez peu de conviction et c'est là où l'acteur principal (Edmond O'Brien) tient la baraque.
Ceci dit à part le rythme qui aurait pu être mieux géré, la mise en scène plus soignée pour certaines scènes pivots, toute l'histoire se tient bien. Rien qu'avec ça on aurait un excellent film s'il n'y avait ce défaut qui donne un sale goût de série B quelconque : la romance plombe le film pendant une bonne vingtaine de minutes en tout. On sent le truc qui sert à plaire au public féminin mais c'est plat et on se contrefout de ce couple (d'autant que le héros a l'oeil vachement attiré par les autres femmes à l'écran et qu'on ne le sent jamais amoureux, même quand il sait qu'il va mourrir). A cause de ça on se sent moins proche du héros, on veut bien connaitre le mot de la fin mais pas croire avec lui, au fil d'une enquête où il vit à 200 à l'heure, qu'il ne va pas mourrir. Pire : on oublie qu'il va mourrir parce que toutes ses actions ne respirent pas le mec en surcis, le mort vivant.
Avec ça on revient au très gros problème de mise en scène : contrairement aux autres films noirs le héros de D.O.A. sait qu'il va mourrir non pas parce qu'il a arrêté de croire en sa vie, non pas par fatalisme aigü, mais parce qu'il est physiquement condamné ! Et là on ne peut pas imaginer une seconde que c'est le même jeu d'acteur. La scène emblématique de cet énorme défaut c'est celle où le réalisateur fait courrir le héros comme un dératé après qu'il a confirmation de son empoisonnement. Tout le passage ne sonne jamais juste et pire, on dirait que cette scène est censée nous tenir quittes pour la détresse intérieure absolue du personnage (bordel il va mourrir bientôt le gars !) alors que par la suite il va vaguement se comporter comme un privé acharné sur son travail. Pas particulièrement fou, pas un mort-vivant qui n'appartient déjà plus à ce monde, juste un mec avec une idée fixe.
Bref il n'y a pas de grand film sans grand réalisateur mais avec une bonne idée et une bonne photo il y a toujours moyen d'avoir une place dans un coin du cerveau des paléontho-cinéphiles.

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