samedi 15 novembre 2008

The Battle over Content

Dans mon post précédent je mentionnais, une fois de plus, la médiocrité générale des critiques cinéma qui vont plus voir les films par obligation professionnelle que par envie. Leur travail, dans la presse écrite, c'est de vendre du papier. Mais à mesure que la frontière avec les versions en ligne des journaux s'estompe, le but est plus clairement de valoriser un nombre de pages vues pour valoriser des encarts publicitaires.

Au bout de ce mécanisme l'hypocrisie du travail des critiques et journaleux ciné est de plus en plus évidente. Elle a toujours existé, pas forcément de manière aussi importante, mais maintenant elle ne peut plus se cacher et d'ailleurs, o tempora, o mores, elle ne cherche même pas à se cacher. Créer du contenu, sous prétexte d'information ou de divertissement, pour vendre de l'espace publicitaire autour. Peut-on imaginer dans ce contexte ne pas parler pas des films à gros budget marketing ?

Non, car même si l'on se refuse à accueillir directement de la publicité pour la sortie des films, des DVD, des livres de ciné... (ce qui n'est évidemment pas le cas de ces magazines de publi-rédactionnel, qui se disent presse cinéma : Première, Studio, Ciné Live), les films à gros budget ont la puissance de feu de faire parler d'eux au point de ne pouvoir être ignorés au niveau de l'information pure. Après ils offrent le contenu nécessaire pour squatter l'information sur le cinéma, bien souvent jusqu'à l'overdose d'anecdotes insignifiantes (hé oui, il faut aussi scénariser un making of, pas juste en mettre un bout à bout).
Exemple pitoyable du NY Times en personne :
Anatomy of a Scene: 'Quantum of Solace'
(pensez à bugmenot si on vous demande de vous identifier)

A noter que la critique d'A.O. Scott que ce machin vient illustrer, est très défavorable au film, mais reste bienveillante en essayant d'analyser tout ce qui ne marche pas. Il lui faut 974 mots pour noyer le poisson là où un chroniqueur politique doit faire tenir son analyse en 730 mots. Et je ne parle donc pas de l'espace critique dévolu à des films bénéficiant de 1000x moins de budget marketing.



Quid alors d'une vraie information indépendante sur Internet ? Le soucis c'est que, par exemple, un blog auquel vous faites confiance peut être victime de son succès et vendre son âme au diable.
L'immense inconvénient du blog, c'est qu'il n'y a pas de séparation entre rédaction et publicité, vu qu'on a souvent affaire à un individu unique. Et ça, c'est un immense pas en arrière par rapport à la presse.
Tristan Nitot sur son Standblog le 11/11/08
Effectivement un blog qui accumule les dizaines de milliers de pages vues peut facilement se laisser tenter à ne devenir qu'un contenu prétexte à vendre de la pub jusqu'à mélanger allègrement le tout. Et alors ? Sur mon exemple de la "presse ciné" je ne vois pas où est le problème.

La grande différence à mon sens c'est que sur Internet la réactivité du lecteur est quasi-immédiate. Si certains internautes lisent des entrées de blog qui respirent le publi-rédactionnel (correctement signalé ou pas), pour moi ils sont censés faire preuve de plus d'esprit critique que quelqu'un qui regarde le 20h tous les soirs par réflexe. Si ce n'est pas le cas il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Autant il y a 3-4 ans on n'avait en France qu'un nombre limité de chaines, donc les télespectateurs étaient largement captifs (de leurs propres mauvaises habitudes et) de la mise en scène de l'info sur TF1 ou F2, mise en scène destinée à maximiser l'audience autour des tunnels publicitaires les plus rentables de la grille. C'est toujours un point scandaleux, même si la TNT ébrèche petit à petit un tel monopole morbide sur l'information de nos concitoyens. Sur internet on est plus actif, plus réactif et comme dans les polémiques sur Wikipédia, au global l'internaute est gagnant à partir du moment où il sait ce qu'il va chercher et sur quel site il atterrit.

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