jeudi 23 mars 2006

Don Siegel et les "profanateurs de sépulture"

La frontière est ténue entre le ridicule comique et le ridicule exaspérant. Quand il s'agit de rabâcher une idée sans fondement mais qui les arrange bien au niveau rhétorique, au niveau polémique, certains journalistes sont très forts pour franchir allègrement cette frontière sans se soucier de pouvoir être accusés, au passage de la douane, de prendre leur travail à la légère.

Parmi les mythes qui ont la vie dure Invasion of the Body Snatchers (1956) (titre brillament traduit : L'invasion des profanateurs de sépultures par le brillant distributeur français et con) s'est aussi avéré, au fil des ans, très utile à cette race venue du tréfonds de l'espace à laquelle appartient le cinéphile bavasseur. Sous prétexte que le film date de l'époque entre McCarthyisme et Spoutnik certains aiment bien y voir, au choix, une critique du communisme (ça c'est nouveau pour moi, je le découvre dans l'article du jour) ou une critique du McCarthyisme (ça m'a toujours fait marrer : un gars trouvait révélateur le fait que l'acteur principal s'appelle McCarthy). Passe encore pour les paléo-cinéphiles qui se prennent au sérieux en délirant sur des analyses thématiques tordues mais n'importe quel journaliste professionnel est censé avoir trouvé dans la bio de Don Siegel cette explication qui coupe court aux fumisteries :
Danny [Mainwaring, le scénariste] and I knew that many of our associates, acquaintances and family were already pods [les clones privés d'émotions, et donc de soucis, qui remplacent peu à peu les hommes dans le film]. How many of them wake up in the morning, ate breakfast (but never read the newspaper), went to work, returned home to eat again and went to sleep?

Don Siegel A Siegel Film (p. 178)

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