lundi 20 avril 2009

La gratuité en question

Chris Anderson, le rédacteur en chef de Wired, auteur il y a 4 ans de The Long Tail (La Longue Traîne), est donc quelqu'un qui connait un peu mieux internet que la majorité des élus qui travaillent, parfois, à le réguler (le discours du vieux sénateur républicain corrompu de l'Alaska - belle carte de visite - Internet is a series of Tubes fait encore rire 3 ans après).

Chris Anderson travaille depuis 2 ans (au moins) à son prochain livre, qui sortira en juillet, sur le phénomène de la gratuité et internet : Free: The Future of a Radical Price.

Il publiait déjà un avant goût de son travail l'an dernier, et j'ai l'impression que ceux qui étaient capables de l'entendre et de réagir à son approche n'ont pas été très enthousiasmés par la perspective d'un débat (synthèse en français ici). Il faut dire que même parmi les plus virulents détracteurs d'épiphénomènes coûteux comme Hadopi, le plus difficile à argumenter est la solution au problème du téléchargement gratuit. Parce qu'intuitivement, avec nos schémas de pensée hérités de la vieille économie, tous ces fichiers téléchargés gratuitement doivent bien correspondre quelque part à un problème, un déficit de ventes. Hé bien non justement. D'un côté il y a des adolescents qui téléchargent massivement, par ennui, par émulation..., mais leur pouvoir d'achat est de toute façon limité alors autant qu'ils participent au buzz gratuitement. De l'autre il y a les adultes qui téléchargent, mais ont, eux, plus souvent l'occasion d'acheter. Ils ne sont pas dans la situation frustrante de l'ado qui découvre tout en vrac et se noie dans la profusion incontrôlée. Les adultes ont une carte de crédit et ne sont qu'à un clic de faire un achat impulsif de tel disque ou de tel film. Sans compter que les produits dérivés non-numériques (livres, gadgets, déco...) n'ont aucune raison de marcher moins bien, au contraire.
Scenario 1: Low-cost digital distribution will make the summer blockbuster free. Theaters will make their money from concessions — and by selling the premium moviegoing experience at a high price.
Ce que nous dit Chris Anderson, en bref, c'est qu'il faut inclure la gratuité dans la manière de penser son marketing. Il a l'air en avance si j'en crois la manière dont le débat est soigneusement évité sur la place publique. Tant mieux, ça veut dire qu'on peut encore être en avance là-dessus (avis aux entrepreneurs qui voient loin) mais aussi que certains vont louper la dernière chance qui leur est offerte de prendre en marche le train de l'économie numérique (adieu veaux, vaches à lait, Sacem et compagnies craignos).

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