mardi 10 mars 2009

Complètement déconnectés !

Maitre Eolas explique qu'en l'état actuel du projet de loi, pour rendre tout ce tremblement inutile, il suffirait de refuser le courrier recommandé de la CPD, la Commission de Protection des Droits. Hé oui, heureusement qu'il y a des spécialistes pour lire les textes, j'ai ainsi appris à cette occasion que la commission Hadopi ne serait qu'un n-ième bureau pour caser des potes aux frais du contribuable (voire à ses dépends si on doute de la compétence des membres) et surtout sans pouvoir autre que consultatif.

La Commission de Protection des Droits, indépendante de l'Hadopi si ce n'est que sa création en dépend, serait la véritable autorité de panpan-cucul méchant pirate de l'espace numérique.

Pendant ce temps Nicodinosaure Seydoux fait toujours plus parler de lui comme président de l'Alpa que comme président de Gaumont :ah, s'il suffisait de produire de bons films au lieu d'essayer d'en fourguer en vrac à n'importe quel prix et surtout le plus cher possible et sans se creuser le citron !
"le nouveau modèle économique est très simple: à partir du moment où le téléchargement illicite et gratuit sera ramené à peu de choses, vous aurez une offre légale formidable qui existera"(1). "Elle existe d'ailleurs déjà; simplement, elle est complètement cachée par cette espèce de fumée du téléchargement illicite".

"Vous avez aujourd'hui 4.000 films disponibles (...) C'est environ 20 ans de ce qui se passe en France sur les écrans. En ce qui concerne la musique, on parle déjà de millions de titres disponibles. Mais comment voulez vous que les gens aillent sur les sites légaux légèrement payants quand vous avez une offre massive illicite?"(2), s'est-il interrogé.

Mais "est-ce que parce que les bijoux sont chers place Vendôme qu'on a le droit de les voler?", a lancé Nicolas Seydoux. "Qu'on arrête de dire que nous sommes ringards: la France est le seul pays au monde où les oeuvres musicales françaises font jeu égal avec les oeuvres américaines, et c'est pareil pour le cinéma. Ne pas lutter contre le piratage, c'est le plus fragile qui meurt le premier: la musique française et le cinéma français".(3)

AP via nouvelobs.com


(1) Il est assez simple de voir comment fonctionne le cerveau de Picsou : psycho-rigide, droit dans ses bottes (même si elles sont pleines de caca), il ne peut pas tolérer que le téléchargement gratuit soit pour lui un avertissement (gratuit aussi) qu'il doit évoluer. Il ne va quand même pas se laisser dicter son business model par des petites évolutions (technologique, des habitudes des consommateurs) de rien du tout !

(2) Oh oui l'offre existe ! Tiens, pas plus tard qu'hier j'ai vu un film loué sur la plateforme neufBox-SFR. 5 ou 6 euros. Mais à ce prix là je peux avoir 2 DVDs ! Dans le catalogue j'ai aperçu l'affiche des Tontons Flingeurs : il m'a fallu plus de 10 minutes pour trouver la sous catégorie où je pouvais sélectionner le film ! Tout ce temps pour voir que le film en location (72h) coûte 3 euros, un film produit il y a plus de 45 ans par Gaumont à ce prix, c'est trop cher. D'ailleurs je l'ai téléchargé gratuitement illico alors que je me serais peut-être laissé allé à le louer à 0,99 euros. Ok le rip trouvé en ligne n'était pas terrible, mais ce n'est pas le genre de film qui va bénéficier d'une sortie Bluray avec son digital et colorisation... beurk (soit dit en passant, le son d'origine est très mauvais, ça c'est la faute à Gaumont).
Sur qui Nicodinosaure pourrait-il se défausser pour m'expliquer que l'offre est aussi nulle et qu'il est plus simple (sans parler du pricing pas adapté) de télécharger via un réseau P2P ?

(3) Encore une analogie foireuse. M. Seydoux a sûrement les moyens d'aller acheter régulièrement des bijoux Place Vendôme (serait-ce un lapsus révélateur du fantasme d'acheter le ministère de la Justice ?), mais il faudrait se dégonfler la tête : cinéma ou musique, il ne se produit que peu de bijoux (surtout chez Gaumont). Tristan Nitot faisait la même remarque quand Luc Besson comparait le téléchargement gratuit au vol de la Joconde. Les bijoux c'est du luxe, la culture, le divertissement sont des besoins. Un bijoutier peut se payer le luxe d'être plus cher que son concurrent (question marketing ça peut rendre ses créations plus attirantes), un éditeur audiovisuel, lui, doit tout faire pour que le client potentiel ait envie d'acheter. Essayer de dissiper la "fumée du téléchargement illicite" (bravo pour avoir évité le terme de pirate, c'est déjà un pas dans le bon sens) ne fera rien de plus que d'attiser le feu qui se consume en-dessous. Tout le battage sur le téléchargement profite aux sites illégaux : sujets multipliés dans les forums, citations dans la presse généraliste, blogs...

Aujourd'hui télécharger une copie illicite est très facile, mais en fait seuls une petite proportion des internautes (<20%) sait le faire. Très facile : tout est relatif car une écrasante majorité de gens n'ont une pratique fonctionnelle de l'Internet (et une maitrise de leur ordinateur au sens large) que très limitée. Le danger, pour Nicodinosaure et sa clique d'arriérés, c'est que demain ma mère puis ma grand-mère deviennent capables de télécharger gratuitement en 1 clic. Là, il sera trop tard pour lancer une offre légale de téléchargement avec des mp3 à 0,09€ et des films à 0,99€.
La culture, quant à elle, française ou pas, elle n'aura toujours pas besoin des contributions de la part de Nico Seydoux ou de la Place Vendôme.

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