vendredi 27 octobre 2006

Poor artsy little darlings

Deux articles du NYT sur Babel à mettre en regard, le plus intéressant (et le plus direct de toute façon) des deux n'étant pas la critique en bonne et dumb forme mais bien l'analyse d'un élément du contexte :

Now Playing: Auteur vs. Auteur la semaine dernière nous parlait de Guillermo Arriaga, scénariste d'Iñárritu sur Amores Perros et 21 Grams un couple en plein divorce après Babel (Arriaga était persona non grata à Cannes pour la première mondiale du film...).
So what’s the point of fretting about authorship? (Can’t we all just, you know, get along?) There are sequences in “Babel” where you can sense the tenuous symbiosis of writer and director starting to fall apart — when Mr. González Iñárritu overextends scenes for, apparently, no sounder reason than to demonstrate his virtuosity, prove he’s in charge. It’s as if these two extremely talented men had not understood their own movies, which are bracingly (and movingly) skeptical that an individual can ever be fully in charge of anything. The action is always set in motion by an awful, senseless, out-of-the-blue accident, and that’s a slap in the face to the whole idea of authorship: you can’t even count on being the author of your own fate.

The lesson, that is, of the auteurs films of Guillermo Arriaga and Alejandro González Iñárritu is shockingly simple: Get over yourself, and allow other people to make you better than you’d be on your own.

Emotion Needs No Translation, la critique officielle qui n'ose pas être trop critique avec le duo d'auteurs chéris. Combien de fois ai-je lu des critiques de films avec cette réserve hypocrite où le journaleux sent de gros défauts mais se force à aimer (parce que c'est un film d'auteur, parce qu'il veut être indulgent ou parce que son rédacteur en chef lui a dit à l'avance combien d'étoiles mettre au film) "Certes on peut objecter que" (ou plus agressif : "Certes les esprits chagrins/les fans de Van Damme trouveront toujours que le film manque d'action"). "Mais blablabla..."
Any discussion of “Babel,” therefore — whether grounded in skepticism or lost in admiration — has to begin by acknowledging just how much the film, the third collaboration between the director Alejandro González Iñárritu and the screenwriter Guillermo Arriaga, sets out to do.(...)“Babel” is certainly an experience. But is it a meaningful experience? That the film possesses unusual aesthetic force strikes me as undeniable, but its power does not seem to be tethered to any coherent idea or narrative logic. You can feel it without ever quite believing it.

But let’s give feeling its due. The sheer reckless ardor of Mr. González Iñárritu’s filmmaking — the voracious close-ups, the sweeping landscape shots, the swiveling, hurtling camera movements — suggests a virtually limitless confidence in the power of the medium to make connections out of apparent discontinuities. His faith in cinema as a universal language could hardly be more evident.


Bref Babel risque d'être le film de trop d'un réalisateur trop conscient de son talent et incapable de faire autre chose que donner à la "horde des sycophantes" ce pourquoi elle l'a acclamé.
Rien de pire pour un réalisateur que de se faire gonfler le melon avec le mot auteur : William Goldman le disait à propos d'Hitchcock, les films suivant ses entretiens avec Truffaut (à l'époque des Oiseaux) souffrent d'une intellectualisation de son travail (Marnie, Torn Curtain, Topaz) alors que la légèreté et le rythme insouciant étaient ses principaux atouts pour se montrer audacieux ensuite. Au contraire si la presse et les flatteurs en tous genres commencent à placer cette audace au-dessus de tout et qu'on les écoute, comment ne pas se prendre la tête et faire des films de plus en plus pré-contraints, de moins en moins naturels ?
Pour ce prémunir contre ça je crois qu'un réalisateur et un scénariste doivent 1/éviter de lire les critiques et préférer qu'on leur fasse une revue de presse pour ne pas se faire accrocher par une quelconque flatterie et 2/aller dans les salles et attraper au vol les réactions du public. Le seul jugement qui compte c'est toujours celui des salles avec un public payant, il ne trompe pas parce qu'il est spontané, jamais intellectualisé, sans arrière-pensées.
Le public se trompe rarement et même quand il se trompe c'est le film qui a tord.

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