mercredi 1 février 2006

Comique sous anti-dépresseurs

Une analyse parmi d'autres ce matin sur des personnages que le public préfèrera peut-être dans leur enveloppe éternellement jeune. Jeune con c'est marrant, vieux con c'est ridicule mais jeune con devenu vieux con c'est navrant.
Accuser les ex-membres du Splendid de ne vouloir «que du fric» relève évidemment du pur fantasme. Au fond, les raisons d'un tel retour paraissent même beaucoup moins avouables. Hypothèse: arrivés à la cinquantaine, les anciens camarades du Lycée Pasteur de Neuilly ont pris un solide coup à l'ego face à la montée en flèche d'une nouvelle génération de comiques.

Si certains, comme Gérard Jugnot ou Michel Blanc, ont su négocier le tournant de la cinquantaine - le premier en se transformant en Père La France sauce Batignole, le second en laissant libre cours à un humour désespéré devenu sa marque de fabrique -, la carrière des autres patine. Clavier-Astérix fait du sous-Funès, dans des films de moins en moins prestigieux.

Balasko et Lhermitte sont branchés sur courant alternatif. Lavanant a disparu, d'abord à la télévision, puis du petit écran. Comme Marie-Anne Chazel. Le bilan demeure donc globalement négatif, malgré les succès enregistrés par chacun depuis l'explosion du Splendid, dans les années 80. En retournant à leur belle jeunesse, on peut légitimement penser qu'une partie - au moins - du Splendid espérait renouer avec le public un lien affectif devenu lâche, sinon absent.

En 1998, Josiane Balasko avait réalisé un film intitulé Un grand cri d'amour. Et si c'était cela, après tout, le seul véritable enjeu de cet ultime Bronzés? Crier un bon coup son amour du spectateur, vouloir lui montrer, une fois de plus, à quel point on a besoin de lui. Pour un acteur, le public est et restera une drogue. Le 7e art en a souvent rendu compte, de Sunset Boulevard au Secret de Veronika Voss. Les Bronzés 3: amis pour la vie? Peut-être une grande tragédie sur le cinéma...

Emmanuel Cuénot pour La Tribune de Genève

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