samedi 19 mars 2011

Sondage profond ? étude pas chère anyone ?

Electron libre évoquait cette semaine une étude du Conseil Canadien de la Propriété Intellectuelle. Encore une étude ? Alors quoi de neuf. Ah ben cette fois on arrive à la conclusion que sans le P2P les internautes achèteraient plus de musique. Donc, par là même, consécutivement, le P2P constitue un manque à gagner pour l'industrie du disque. Puisqu'on ne s'embête pas avec la rigueur disons que ça doit marcher aussi avec les films, les logiciels, les jeux vidéos et (déjà) les livres au format électronique.

Le plus rigolo dans l'affaire c'est que cette étude a été faite à partir de données déjà collectées en 2007 pour une autre étude qui elle "avait conclu à une totale étanchéité entre le P2P et la vente de musique, allant jusqu’à déculpabiliser le P2P de tout effet négatif sur les ventes de disques." Classique, si on n'aime pas les conclusions d'une étude il n'y a qu'à reprendre les chiffres et leur faire dire le contraire. C'est ce que font les instituts de sondage, sous couvert de savantes pondérations : du bricolage pour que le client (celui qui a commandé l'étude) soit content. Tel canard veut du saignant avec le FN au second tour, ou n'importe quelle belle vague terrifiante qui préparerait des catastrophes. "Le peuple n'est pas content ? Qu'on élise un autre peuple."

Pas besoin de tartiner des pages pour démonter une telle étude aux conclusions écrites à l'avance :
  • 1. aucun sens de se limiter au P2P, il est en perte de vitesse (alors qui permet de mieux répartir la charge par rapport aux lourds besoins du streaming et du direct download) et la plupart des internautes qui téléchargent ne se soucient pas de la techno sous le capot. Ils utilisent un site, un logiciel qu'on leur a indiqué. Et ils changent quand on leur dit qu'il y a mieux, ou mieux pour ne pas se faire repérer.

  • 2. question méthodo, poser des questions très fermées est le meilleur moyen d'obtenir les réponses que l'on veut, et donc des réponses qui n'ont aucun rapport avec les questions quotidiennes que rencontre le sondé. "Préférez-vous télécharger gratuitement comme un égoïste nihiliste ou acheter de la musique pour laquelle on reversera une partie des bénéfices pour telle catastrophe ?"

C'est pas nouveau, depuis Socrate on sait qu'il vaut mieux poser des questions réthoriques que répondre à celles de son adversaire.

Les internautes se sont heureusement chargés de bien commenter ce post à zéro valeur ajoutée d'un Electron en perdition, et débusquer l'article pas professionnel pour un clic : les conclusions de l'étude sont mises en avant dans une démarche racoleuse sans même une analyse pour rattraper le coup. Le seul semblant d'analyse caresse les conclusions dans le sens du poil en notant, grand classique encore une fois du lieu commun en aggloméré, "qu'elle a le mérite d'exister", mais dans la variante naïve "ah c'est intéressant comme approche."

Entre ne pas mordre la main qui te nourrit et la lécher il y a quand même de la marge, mais Electron Libre a choisi de dire à l'ancienne économie colle-papier-ciseaux ce qu'elle veut entendre. Au risque de perdre comme elle des lecteurs. Et qu'est-ce qu'il reste après, je vous le demande ? Un é(lec)tron perdu dans le caniveau.

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