La Justice ce n'est pas punir la moindre infraction des lois, c'est assurer la cohésion de la société dans un contexte où la loi est la même pour tous. Quand je vois l'énergie mise par le lobby du racket audiovisuel (je dis racket par provocation mais aussi parce qu'ils s'évertuent à ne pas comprendre que leurs tarifs sont trop hauts), et le docile appareil législatif à sa suite, pour fignoler une "riposte graduée", je pense à ce magnifique film de Claude Sautet.
"Risposte graduée", on nage en pleine guerre froide ! Contre qui ? Des communistes en quelque sorte, des ennemis du Monde Libre qui veulent mettre à bas la Culture et qui entraînent à leur suite des citoyens inconscients ou malhonnêtes dans une Lutte Finale contre l'Ordre Vrai, pour imposer la dictature du Peer-to-Peer contre la Propriété Intellectuelle, défense d'entrer.
Le mal est diffus, l'ennemi est partout, il ronge la société tel un cancer, comme dans ces films US de paranoïa collective des années Spoutnik. Facile de faire peur comme ça, malheureusement les téléchargeurs "pirates" ne peuvent pas raisonnablement être dépeints comme des mangeurs d'enfants... Hé oui, on ne peut même pas faire l'amalgame avec la pédopornographie, et pourtant ce sont bien les "oeuvres" pornographiques qui se téléchargent le plus. Est-ce que les éditeurs de X se plaignent ? Non, parce qu'ils ont dès le début utilisé internet pour mettre leur production en avant, ratisser large et accrocher le chaland qui n'en peut plus de ne caresser que sa souris à deux boutons.
Le joli projet de loi intitulé "Création et Internet" donne donc des objectifs chiffrés au gadget Hadopi : 10 000 couriels d'avertissement par jour. En gros et en vrac, il s'agit de faire peur à la foule des gens qui téléchargent en cliquant bêtement comme s'ils zappaient, alors que ceux pour qui télécharger fait partie du mode de vie en ligne savent très bien utiliser, par exemple, des serveurs proxy qui vont, dans le meilleur des cas, rendre leur identification plus longue donc plus coûteuse. Et encore, aujourd'hui n'importe quel client bit-torrent utilise par défaut l'encryption qui demande déjà à la police du net de remonter jusqu'aux serveurs de trackers pour récupérer des adresses IP et enfin obtenir, éventuellement, du fournisseur d'accès le nom et les coordonnées du méchant téléchargeur. Ajoutez à ça que The Pirate Bay rend aussi cette étape plus difficile en polluant ses trackers de fausses adresses IP.
Au final la riposte graduée revient à courir après le petit délinquant qui vole à l'étalage et n'a même pas un petit frère pour faire le guet ou un grand frère pour lui expliquer quelques trucs tout simples. Bravo Max, tu peux être fier de toi !
Mon sous-titrage du cinema, qu'il s'agisse de films, de pépètes ou simplement de personnes.
Ce blog a obtenu son visa Tout Public, il s'adresse à tous ceux qui vont au cinéma et/ou qui aiment les films.
mardi 28 octobre 2008
samedi 25 octobre 2008
James Bond tué par les subprimes ?
Ce que tous les méchants les plus puissants et vicelards n'ont pas réussi, la Crise va-t-elle le faire ? Interviewé par le Telegraph, Daniel Craig, le 007 le plus crispé et le moins drôle de la franchise, glisse qu'aucun autre film n'est planifié. Alors qu'à part le hiatus entre Timothy Dalton et Pierce Brosnan (1989-1995) un nouvel épisode était chaque fois annoncé à la fin du dernier opus.
Quantum of Solace, voilà un titre pompeux qui évoque plus un film d'action futuriste, qui ne saurait pas trop quelle histoire il raconte, que l'action désinvolte qui faisait le charme et caractérisait la marque 007.
L'équation est simple : si le dernier Bond fait moins bien que le bournesque Casino Royale, il sera quasi impossible de trouver des financements pour lancer un nouveau chantier. Va-t-on voir moins de grosses machineries décérébrées squatter les écrans dans les années à venir ? Voilà une tendance qui sera intéressante à observer.
Pour James Bond contre Mathieu Amalric, des interviews, du blabla de tournage, et une comparaison Bond/Bourne de journaleux ciné qui se croit drôle, consulter la page dédiée à 007 @ Telegraph.co.uk
"Economically the world is in quite a lot of trouble so who knows if we can afford to do another Bond movie anytime soon?"
Quantum of Solace, voilà un titre pompeux qui évoque plus un film d'action futuriste, qui ne saurait pas trop quelle histoire il raconte, que l'action désinvolte qui faisait le charme et caractérisait la marque 007.
L'équation est simple : si le dernier Bond fait moins bien que le bournesque Casino Royale, il sera quasi impossible de trouver des financements pour lancer un nouveau chantier. Va-t-on voir moins de grosses machineries décérébrées squatter les écrans dans les années à venir ? Voilà une tendance qui sera intéressante à observer.
Pour James Bond contre Mathieu Amalric, des interviews, du blabla de tournage, et une comparaison Bond/Bourne de journaleux ciné qui se croit drôle, consulter la page dédiée à 007 @ Telegraph.co.uk
lundi 20 octobre 2008
Mesrine, pour voir (en cassation)
Le biopic est à la mode, certes, mais il ne l'était pas encore en 2001, quand l'idée de cette adaptation des romans autobiographiques de Jacques Mesrine avec Cassel en tête d'affiche, a pris forme. Et le biopic de gangster flambi-flamboyant, filon ou fausse piste ? Toujours est-il que le projet, comme Babylon Babies, a traîné en longueur. Dès le départ, il était question de faire 2 films. En ce qui me concerne, tout ça suffit déjà à émettre des doutes sérieux.
Barbet Shroeder était attaché au projet à l'origine, Vincent Cassel aussi ; et puis Cassel n'était plus disponible et alors il a été question de Magimel (oui, Magimel, avec une moustache en plus comme dans les Chevaliers des Brigades du Tigre du Ciel). Bref le projet n'a pas vraiment été sur des rails mais disons qu'au moins, si à l'écriture ils gardaient la foi, ça leur laissait le temps de peaufiner, au choix du maître-queux, un polar violent ou un film noir.
A L'ECOLE DE LA 5ème CHANCE
Venons-en à LA pièce à conviction du dossier : le producteur s'appelle Thomas Langmann, et malgré sa bonne volonté on ne peut pas dire qu'il ait la vista de son père. 1962 : l'Oscar du Meilleur Court Métrage est attribué à la première réalisation, première production du jeune Claude Berri, un acteur sans le sou. 2008 : sortie sur les écrans de la troisième adaptation cinématographique de la BD Astérix. Après avoir dû sagement abandonner l'idée à son père pour les 2 premiers volets, Thomas Langmann prend les commandes et décide même de co-réaliser la méga-production Astérix aux Jeux Olympiques. Malgré le battage, le film ne fait pas illusion longtemps et d'ailleurs il laisse vite la place dans les salles à un film pas attendu du tout : Bienvenue chez les Ch'tis, produit par Claude Berri. Ouch, je n'ai entendu personne signaler cette cruauté du Box-office. En attendant Claude Berri espère toujours que son fils va prendre sa relève et devenir un producteur qui compte. Sans penser à tout ça le spectateur espère juste voir de grands films, ou au moins de bons films.
Alors Mesrine, la consécration pour cette persévérance malgré la présence écrasante (mais pas seulement) du père ? Je ne tire aucun plaisir à trouver des raisons de douter de la réussite du projet, ce n'est pourtant pas de ma faute si autant d'arguments viennent contredire tout optimisme. Comme tout amoureux de cinéma j'ai envie de voir des bons films, français par exemple. Est-ce que j'ai envie de voir un film sur Mesrine ? Non. Est-ce que le public veut voir un film sur Mesrine ? Un 36 Quai des Orfèvres avec un héros révolté contre l'ordre, dans une expérience en deux parties ? Je ne suis pas sûr que ce soit dans l'air du temps. Les exploitants eux en doutent fortement après le bide ces derniers mois de Jean-Paul Rouve en Spaggiari et Vincent Elbaz dans Le Dernier Gang. OK, Cassel apporte nettement plus de poids au projet, mais Mesrine ça n'évoque plus rien aujourd'hui, 20 après que les derniers punks ont changé de coupe. Le téléfilm diffusé en 2006 n'a d'ailleurs pas suscité beaucoup d'intérêt alors que le public TV est en moyenne suffisamment âgé pour se souvenir du gangster (à défaut d'avoir un fond de sympathie anarchiste pour le gars).
Dans son commentaire détaillé, un spectateur US sur IMDb pense que le film mériterait d'être condensé et qu'en l'état c'est un enchaînement de scènes pas suffisamment convaincant (malgré l'efficacité des scènes de fusillade et l'humour du personnage) pour justifier un second volet.
Barbet Shroeder était attaché au projet à l'origine, Vincent Cassel aussi ; et puis Cassel n'était plus disponible et alors il a été question de Magimel (oui, Magimel, avec une moustache en plus comme dans les Chevaliers des Brigades du Tigre du Ciel). Bref le projet n'a pas vraiment été sur des rails mais disons qu'au moins, si à l'écriture ils gardaient la foi, ça leur laissait le temps de peaufiner, au choix du maître-queux, un polar violent ou un film noir.
A L'ECOLE DE LA 5ème CHANCE
Venons-en à LA pièce à conviction du dossier : le producteur s'appelle Thomas Langmann, et malgré sa bonne volonté on ne peut pas dire qu'il ait la vista de son père. 1962 : l'Oscar du Meilleur Court Métrage est attribué à la première réalisation, première production du jeune Claude Berri, un acteur sans le sou. 2008 : sortie sur les écrans de la troisième adaptation cinématographique de la BD Astérix. Après avoir dû sagement abandonner l'idée à son père pour les 2 premiers volets, Thomas Langmann prend les commandes et décide même de co-réaliser la méga-production Astérix aux Jeux Olympiques. Malgré le battage, le film ne fait pas illusion longtemps et d'ailleurs il laisse vite la place dans les salles à un film pas attendu du tout : Bienvenue chez les Ch'tis, produit par Claude Berri. Ouch, je n'ai entendu personne signaler cette cruauté du Box-office. En attendant Claude Berri espère toujours que son fils va prendre sa relève et devenir un producteur qui compte. Sans penser à tout ça le spectateur espère juste voir de grands films, ou au moins de bons films.
Alors Mesrine, la consécration pour cette persévérance malgré la présence écrasante (mais pas seulement) du père ? Je ne tire aucun plaisir à trouver des raisons de douter de la réussite du projet, ce n'est pourtant pas de ma faute si autant d'arguments viennent contredire tout optimisme. Comme tout amoureux de cinéma j'ai envie de voir des bons films, français par exemple. Est-ce que j'ai envie de voir un film sur Mesrine ? Non. Est-ce que le public veut voir un film sur Mesrine ? Un 36 Quai des Orfèvres avec un héros révolté contre l'ordre, dans une expérience en deux parties ? Je ne suis pas sûr que ce soit dans l'air du temps. Les exploitants eux en doutent fortement après le bide ces derniers mois de Jean-Paul Rouve en Spaggiari et Vincent Elbaz dans Le Dernier Gang. OK, Cassel apporte nettement plus de poids au projet, mais Mesrine ça n'évoque plus rien aujourd'hui, 20 après que les derniers punks ont changé de coupe. Le téléfilm diffusé en 2006 n'a d'ailleurs pas suscité beaucoup d'intérêt alors que le public TV est en moyenne suffisamment âgé pour se souvenir du gangster (à défaut d'avoir un fond de sympathie anarchiste pour le gars).
Dans son commentaire détaillé, un spectateur US sur IMDb pense que le film mériterait d'être condensé et qu'en l'état c'est un enchaînement de scènes pas suffisamment convaincant (malgré l'efficacité des scènes de fusillade et l'humour du personnage) pour justifier un second volet.
The pacing is just too disjointed for an audience to invest in a story thread long enough to care before we are on to the next.Verdict mercredi, 16h.
samedi 18 octobre 2008
Hadopi-f Gadget
A propos des réserves émises par le sénateur de Vendée, rapporteur pour avis du projet de loi Création et Internet,
Voir aussi la lettre ouverte de l'UFC-Que Choisir à la Commission Européenne
Le sénateur est membre de la Commission des affaires économiques, qui n’est pas celle qui chapeaute le texte du projet de loi, puisque le dossier a été transmis aux Affaires culturelles. Lorsqu’un sujet est transversal, il est classique toutefois que d’autres commissions se saisissent de tout ou partie du sujet afin de donner [leur] avis. Bruno Retailleau devrait en conséquence présenter un rapport avec une série d’amendements qui seront transmis pour avis à la Commission des affaires culturelles et au gouvernement. Il interviendra en séance avant le vote du texte pour donner plus d’éclairage sur ses positions. (Marc Rees PCinpact)En clair, pendant que ça se triture la nouille dans l'appareil législatif, on va largement avoir le temps de se rendre compte qu'on s'est posé les mauvaises questions. En attendant ça occupe du monde et c'est rigolo d'imaginer que certains fonctionnaires piaffent d'impatience de pouvoir intégrer cette Haute Autorité pour la Diffusion et la Protection des Droits sur Internet, une police du Net drapée des oripeaux de la Haute Culture. Sûr que la Sacem aimerait bien noyauter un tel bras armé de son business.
Voir aussi la lettre ouverte de l'UFC-Que Choisir à la Commission Européenne
jeudi 16 octobre 2008
Faites des films d'amour, pas des films de guerre
J'ai longtemps évité de regarder Black Hawk Down (La Chute du Faucon Noir) de Ridley Scott. Préjugé principal : film de guerre américain centré sur un événement historique somme toute anecdotique et ne racontant pas en particulier l'histoire d'un ou de quelques hommes. Comme je suis un peu ouvert d'esprit j'ai donné sa chance au produit, et c'est sans aucune fierté (j'ai perdu 2h de mon temps) que je peux affirmer que c'était bien ce que je craignais.
La débauche d'effets militaires écrase le semblant d'histoire, de suspens, de personnages etc. Très impressionnant la variété des plans de l'embuscade géante (et qui n'en finit pas), mais on finit par être anesthésié, à ne plus trop savoir quel groupe on suit, dans quelle direction, avec quel obectif (retraite? groupe de secours? lequel des 2 crashs? le groupe est-il encore au complet ou a-t-il perdu des hommes en route?).
A force de surenchère on ne sait plus trop où on est : l'impression serait réussie si on suivait un seul troufion genre Josh Hartnett, stressé au début puis qui a finalement passé l'épreuve du feu (manquent juste un petit drapeau US en surimpression pour que ce soit ridicule ; faut avouer que Ridley n'a pas trop forcé sur le patriotisme, mais bon, ils sont tellement sympa et mignons tous ces soldats...).
Faire un film en s'acoquinant avec l'Armée ça fait trop de concessions pour un seul homme. Toute l'armée doit être présentée comme clean, il faut glorifier les KIA (morts au combat), les vétérans, rabâcher les valeurs "no child left behind" (enfin presque)... ça ne peut que faire un film bourrin ou bande démo pour l'armée, voire les deux, et ce, qui que tu mettes derrière la caméra.
Un film pro-armée mais anti-guerre se défend Ridley Scott ? Ben tous les films qui ont voulu mettre en scène l'absurdité de la guerre, sans être concentrés sur un individu, ont bien été obligé de montrer l'absurdité de l'armée (chaine de commande moins humaine que le pauvre Général Garrison stressé pour ses positions comme un trader en plein krach). Johnny got his gun ne parle que d'un jeune américain, mais Les Sentiers de la gloire ne cherche pas à faire une tragédie Péplum où les armées sont victimes des mauvais sorts divins tombés sur leurs chefs qui ont snobé les augures. L'approche de Cimino c'est la fresque interminable sur la violence humaine, pas spécifiquement sur la guerre ou les soldats. Spielberg en revanche donne au soldat un rôle romantique et brosse le vétéran (et la mémoire collective qui veut tout mythologiser) dans le sens du poilu. Dans Full Metal Jacket Kubrick faire encore moins l'économie de la confrontation avec l'absurdité de l'armée, l'absurdité de la guerre est presque un soulagement à côté et en tout cas elle permet à l'occasion au soldat de faire appel à son propre jugement sans être continuellement harcelé par la discipline de caserne et l'émulation négative qui l'accompagne.
Quand Tarantino pense à faire un film qui se passe pendant la guerre il part sur la piste 12 salopards : la simplicité logique, donc scénaristique, d'un commando avec en plus un groupe de gais lurrons. C'est déjà plus sympa comme approche : pas besoin de grosses scènes de bataille compliquées (ou juste une pour illustrer en passant comme dans Le Bon la Brute et le Truand : excellent exemple sur l'absurdité de la guerre sans en faire un fromage de 2h30), juste besoin d'un but précis vite dévoilé (quitte à être modifier en cours de route). Je ne suis pas très fan des 12 salopards, très schématique et zéro substance derrière, mais j'avoue que connaissant le talent de scénariste/dialoguiste + le sens de l'image de Tarantino Inglorious Bastards me tente pas mal, sauf s'il s'avère qu'on est dans la pan-pantalonade pour ados genre Une Nuit en Enfer (pour info je n'ai toujours aucune envie de voir Kill Bill pour la simple et bonne raison que j'ai l'impression que QT y galvaude son talent en se faisant plaisir après avoir -un peu trop- essayé d'être sérieux dans Jacky Brown). Évidemment Inglorious Bastards se veut à la croisée des 12 salopards et du film spaghetti...
Mais trêve de bavardages, le film de guerre n'est qu'un genre bâtard qui a vu le jour parce qu'il fallait faire de la propagande pour l'effort de guerre (inter)national et donc pour les braves soldats qui se sacrifient en combattant l'Axe du Mal. Avant ça le soldat était juste un personnage romantique dans un décor exotique ou rattrapé par son passé (la légion à l'écran c'était Gary Cooper ou Jean Gabin, mais pas John Wayne).
La débauche d'effets militaires écrase le semblant d'histoire, de suspens, de personnages etc. Très impressionnant la variété des plans de l'embuscade géante (et qui n'en finit pas), mais on finit par être anesthésié, à ne plus trop savoir quel groupe on suit, dans quelle direction, avec quel obectif (retraite? groupe de secours? lequel des 2 crashs? le groupe est-il encore au complet ou a-t-il perdu des hommes en route?).
A force de surenchère on ne sait plus trop où on est : l'impression serait réussie si on suivait un seul troufion genre Josh Hartnett, stressé au début puis qui a finalement passé l'épreuve du feu (manquent juste un petit drapeau US en surimpression pour que ce soit ridicule ; faut avouer que Ridley n'a pas trop forcé sur le patriotisme, mais bon, ils sont tellement sympa et mignons tous ces soldats...).
Faire un film en s'acoquinant avec l'Armée ça fait trop de concessions pour un seul homme. Toute l'armée doit être présentée comme clean, il faut glorifier les KIA (morts au combat), les vétérans, rabâcher les valeurs "no child left behind" (enfin presque)... ça ne peut que faire un film bourrin ou bande démo pour l'armée, voire les deux, et ce, qui que tu mettes derrière la caméra.
Un film pro-armée mais anti-guerre se défend Ridley Scott ? Ben tous les films qui ont voulu mettre en scène l'absurdité de la guerre, sans être concentrés sur un individu, ont bien été obligé de montrer l'absurdité de l'armée (chaine de commande moins humaine que le pauvre Général Garrison stressé pour ses positions comme un trader en plein krach). Johnny got his gun ne parle que d'un jeune américain, mais Les Sentiers de la gloire ne cherche pas à faire une tragédie Péplum où les armées sont victimes des mauvais sorts divins tombés sur leurs chefs qui ont snobé les augures. L'approche de Cimino c'est la fresque interminable sur la violence humaine, pas spécifiquement sur la guerre ou les soldats. Spielberg en revanche donne au soldat un rôle romantique et brosse le vétéran (et la mémoire collective qui veut tout mythologiser) dans le sens du poilu. Dans Full Metal Jacket Kubrick faire encore moins l'économie de la confrontation avec l'absurdité de l'armée, l'absurdité de la guerre est presque un soulagement à côté et en tout cas elle permet à l'occasion au soldat de faire appel à son propre jugement sans être continuellement harcelé par la discipline de caserne et l'émulation négative qui l'accompagne.
Quand Tarantino pense à faire un film qui se passe pendant la guerre il part sur la piste 12 salopards : la simplicité logique, donc scénaristique, d'un commando avec en plus un groupe de gais lurrons. C'est déjà plus sympa comme approche : pas besoin de grosses scènes de bataille compliquées (ou juste une pour illustrer en passant comme dans Le Bon la Brute et le Truand : excellent exemple sur l'absurdité de la guerre sans en faire un fromage de 2h30), juste besoin d'un but précis vite dévoilé (quitte à être modifier en cours de route). Je ne suis pas très fan des 12 salopards, très schématique et zéro substance derrière, mais j'avoue que connaissant le talent de scénariste/dialoguiste + le sens de l'image de Tarantino Inglorious Bastards me tente pas mal, sauf s'il s'avère qu'on est dans la pan-pantalonade pour ados genre Une Nuit en Enfer (pour info je n'ai toujours aucune envie de voir Kill Bill pour la simple et bonne raison que j'ai l'impression que QT y galvaude son talent en se faisant plaisir après avoir -un peu trop- essayé d'être sérieux dans Jacky Brown). Évidemment Inglorious Bastards se veut à la croisée des 12 salopards et du film spaghetti...
Mais trêve de bavardages, le film de guerre n'est qu'un genre bâtard qui a vu le jour parce qu'il fallait faire de la propagande pour l'effort de guerre (inter)national et donc pour les braves soldats qui se sacrifient en combattant l'Axe du Mal. Avant ça le soldat était juste un personnage romantique dans un décor exotique ou rattrapé par son passé (la légion à l'écran c'était Gary Cooper ou Jean Gabin, mais pas John Wayne).
mercredi 15 octobre 2008
Taking Lessons from Krugman
Les conseils que Paul Krugman tire de son parcours d'économiste sont bons à prendre pour tout le monde, et en l'occurence ils cadrent parfaitement avec le cinéma.
Parce qu'il n'est pas un universitaire conventionnel, enfermé dans sa discipline, ses 4 règles valent de l'or pour qui étouffe dans un environnement auto-centré, où la créativité en particulier est devenu quelque chose de trop sérieux pour être confiée à des individus.
Parce qu'il n'est pas un universitaire conventionnel, enfermé dans sa discipline, ses 4 règles valent de l'or pour qui étouffe dans un environnement auto-centré, où la créativité en particulier est devenu quelque chose de trop sérieux pour être confiée à des individus.
1. Listen to the Gentiles
2. Question the question
3. Dare to be silly
4. Simplify, simplify
- Il s'agit tout simplement d'être ouvert d'esprit, curieux, et de ne pas mettre le nez dans le guidon avant d'arriver sur la ligne de départ. Avec Internet personne n'a d'excuse pour ne pas s'intéresser à des sujets divers, ou au moins pour ne pas écouter des avis différents sur une question précise. Et même sans internet les capacités d'écoute, d'empathie sont primordiales pour qui a d'autres ambitions dans la vie que faire ce qu'on lui dit de faire.
- Aller au coeur du sujet, ne pas s'embarrasser de détails et d'anecdotes pour autre chose que leur contribution à une vision d'ensemble. Au niveau de l'écriture l'expression "Kill Your Darlings" me vient à l'esprit. Une idée en soi ne vaut rien, on n'a pas le droit de tomber amoureux d'une idée, ce qui compte c'est les idées qui vont venir s'y greffer, ou la faire rejeter, dans une démarche construite et rigoureuse.
- Construit et rigoureux n'empêche pas de laisser la fantaisie s'immiscer dans la réflexion. Au contraire, sans elle la motivation se perd et l'enthousiasme originel se dissout dans un labeur roboratif. J'ai déjà évoqué sur ce blog la technique de "brainstorming sportif" prônée par le scénariste américain William Goldman sous le nom de spitballing. Ce terme de base-ball n'évoque rien de ce côté de l'Atlantique, mais il évoque un processus qui demande des partenaires de jeu sur la même longueur d'onde et qui suppose de pousser l'imagination et la logique
- « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » : cette citation de l'Art Poétique de Boileau sera à méditer avec cette Pensée où Pascal explique qu'il faut placer en exergue le résultat de sa réflexion. Il faut en effet avoir cette abnégation de ne pas vouloir faire partager au public les affres de la création, de la recherche, car ce qui compte c'est la forme épurée à laquelle on est parvenu. Le reste n'est que littérature de remplissage, ou peut encore remplier les bonus d'un DVD. Au final le grain de folie passé au tamis de la rigueur laisse apparaître de belles pépites qu'il reste encore à apprêter, parce que tout ça n'est que travail.
mardi 14 octobre 2008
Félicitations à Paul Krugman
Est-ce que son Prix Nobel d'économie va changer quelque chose ? En tout Paul Krugman espère bien que non. A la marge, disait-il hier, les gens qui lisent ses chroniques bi-hebdomadaire dans le NY Times seront plus indulgents lorsqu'il aborde des sujets plus techniques. Mais bon, il fait déjà un tel travail de vulgarisation que c'est surtout un nouveau public, plus international je pense, que son Nobel va lui apporter.
De son côté il va crouler sous les solicitations nouvelles, le tarif pour obtenir un discours de lui lors d'un congrès va nettement augmenter (c'était déjà assez cher mais rien comparé à ce que Sharon Stone ou Bill Clinton peuvent facturer), et au milieu il va essayer de garder le même rythme de vie. L'avantage c'est que ça fait déjà une vingtaine d'années que son travail est reconnu en économie, et il lui suffit de ne pas changer d'environnement... mais son environnement peut tellement le regarder différemment que de toute façon il aura des nouveaux paramètres à intégrer.
PAUL KRUGMAN & LE TELECHARGEMENT GRATUIT
Parmi les avis éclairés qu'a émis Krugman, sans attendre de recevoir le Nobel, et que j'espère bien retrouver à l'occasion, entre deux chroniques sur l'économie américaine ou sur les enjeux monétaires internationaux, il y a celui du 6 juin dernier, en faveur du téléchargement gratuit, évoqué par Numérama.
Cette chronique intitulée Bits, Bands and Books se place dans la perspective de l'évolution de l'économie numérique, et non pas dans le passé des mastodontes de l'édition (musicale/littéraire/vidéo) dont les marges sont irrémédiablement laminées. Krugman ne s'amuse pas à polémiquer sur d'éventuels bienfaits du téléchargement gratuit tel qu'il existe aujourd'hui, au contraire il explique la tendance en cours et la réflexion qui doit l'accompagner :
Paul Krugman conclut en faisant allusion à la démarche d'encouragement à la copie gratuite des Grateful Dead :
D'ici là nous pouvons déjà nous montrer reconnaissants (grateful) envers Paul Krugman pour son travail de vulgarisation, qui est finalement aussi important que ses travaux de recherche économique maintenant récompensés d'un Nobel.
De son côté il va crouler sous les solicitations nouvelles, le tarif pour obtenir un discours de lui lors d'un congrès va nettement augmenter (c'était déjà assez cher mais rien comparé à ce que Sharon Stone ou Bill Clinton peuvent facturer), et au milieu il va essayer de garder le même rythme de vie. L'avantage c'est que ça fait déjà une vingtaine d'années que son travail est reconnu en économie, et il lui suffit de ne pas changer d'environnement... mais son environnement peut tellement le regarder différemment que de toute façon il aura des nouveaux paramètres à intégrer.
PAUL KRUGMAN & LE TELECHARGEMENT GRATUIT
Parmi les avis éclairés qu'a émis Krugman, sans attendre de recevoir le Nobel, et que j'espère bien retrouver à l'occasion, entre deux chroniques sur l'économie américaine ou sur les enjeux monétaires internationaux, il y a celui du 6 juin dernier, en faveur du téléchargement gratuit, évoqué par Numérama.
Cette chronique intitulée Bits, Bands and Books se place dans la perspective de l'évolution de l'économie numérique, et non pas dans le passé des mastodontes de l'édition (musicale/littéraire/vidéo) dont les marges sont irrémédiablement laminées. Krugman ne s'amuse pas à polémiquer sur d'éventuels bienfaits du téléchargement gratuit tel qu'il existe aujourd'hui, au contraire il explique la tendance en cours et la réflexion qui doit l'accompagner :
everything that can be digitized will be digitized, making intellectual property ever easier to copy and ever harder to sell for more than a nominal price.Il n'y a pas à se plaindre, la technologie permet aussi, par exemple, de mieux attribuer une oeuvre à son créateur, de le faire connaître instantanément, quitte à lui de profiter de toutes ces opportunités d'accès quasi-gratuit à un public quasi infini.
Paul Krugman conclut en faisant allusion à la démarche d'encouragement à la copie gratuite des Grateful Dead :
It won’t all happen immediately. But in the long run, we are all the Grateful Dead.C'est à dire "sur le long terme nous aurons tous adopté la philosophie des Grateful Dead". L'expression cache un petit clin d'oeil à la fameuse citation de Keynes, pleine d'ironie pour les théories économies "à long terme nous sommes tous morts".
D'ici là nous pouvons déjà nous montrer reconnaissants (grateful) envers Paul Krugman pour son travail de vulgarisation, qui est finalement aussi important que ses travaux de recherche économique maintenant récompensés d'un Nobel.
samedi 11 octobre 2008
Apocalypse, now and then
Le cinéma s'est beaucoup intéressé à l'Apocalypse. Il n'est pas dur de comprendre que le thème ait été traité plus facilement après Hiroshima. Avant la Seconde Guerre Mondiale, l'Apocalypse n'était qu'un concept intellectuel religieux et puis c'est devenu une menace réelle. Les différentes adaptations du roman de Richard Matheson I am Legend (1954) jusqu'à nos jours ont balisé un nouveau genre, celui du film de zombies.
Aujourd'hui l'évocation de l'Apocalypse est donc bien plus forte dans la tentative d'imaginer l'après, que dans la démarche d'anticiper la Fin du Monde. Kubrick s'est rendu compte en cours d'écriture que Docteur Folamour (1964) ne pourrait marcher que comme une comédie noire (c'est d'ailleurs son seul film comique). Aujourd'hui ce film peut paraitre moins puissant puisque l'imminence d'un conflit nucléaire est assez diffuse... en attendant une prochaine crise de Cuba, beaucoup plus dure à gérer si la situation de gendarme des Etats-Unis reste à ce point affaiblie.
D'un autre côté quand un film prend pour titre Armageddon, la Fin du Monde est, sans équivoque, une grosse blague, un gros prétexte à des scènes d'action, exactement comme à chaque fois où James Bond sauve la planète (littéralement en tout cas dans Moonraker).
Et une apocalypse économique alors ? Ce week-end se joue l'équilibre de l'économie mondiale et de ses bases telles qu'elles ont été patiemment posées à partir d'Hiroshima justement. L'administration Bush, en sursis, est face un problème bien plus complexe que d'enfumer l'opinion publique avec la peur de l'Axe du Mal qui s'exporte bien, avec des diversions dispendieuses en Irak et des mensonges pour maquiller la malhonnêteté intellectuelle du tout. De son côté l'Europe est incapable de s'accorder sur une action commune, et au bout du compte ce n'est pas mieux que d'avoir un gouvernement unique bloqué par un prochain changement d'exécutif.
Dans un film ça donnerait quoi ? Tout ça n'est pas très visuel, et d'ailleurs la crise de 1929 a plutôt donné lieu à des films sociaux. Oui mais maintenant que tous les dirigeants pensent que le New Deal c'est du passé, de la préhistoire économique, il va falloir s'habituer à croiser de plus en plus de zombies dans les rues. Et justement, depuis 2001, ils étaient déjà revenus à la mode sur le grand écran. Traders déglingués, gros porteurs crashés, petits porteurs torpillés, et surtout consommateurs assidus asphyxiés... voilà des profils qui vont se retrouver bientôt en liberté, affranchis bien malgré eux des certitudes à code barre du confort moderne.
Dans les années 70, à la fin des films catastrophe il y avait toujours une petite poignée d'élus pour survivre, et un bon paquet de sacrifiés pour doser l'émotion du spectacle. Alors notre Apocalypse, on se la tourne comment ?
Aujourd'hui l'évocation de l'Apocalypse est donc bien plus forte dans la tentative d'imaginer l'après, que dans la démarche d'anticiper la Fin du Monde. Kubrick s'est rendu compte en cours d'écriture que Docteur Folamour (1964) ne pourrait marcher que comme une comédie noire (c'est d'ailleurs son seul film comique). Aujourd'hui ce film peut paraitre moins puissant puisque l'imminence d'un conflit nucléaire est assez diffuse... en attendant une prochaine crise de Cuba, beaucoup plus dure à gérer si la situation de gendarme des Etats-Unis reste à ce point affaiblie.
D'un autre côté quand un film prend pour titre Armageddon, la Fin du Monde est, sans équivoque, une grosse blague, un gros prétexte à des scènes d'action, exactement comme à chaque fois où James Bond sauve la planète (littéralement en tout cas dans Moonraker).
Et une apocalypse économique alors ? Ce week-end se joue l'équilibre de l'économie mondiale et de ses bases telles qu'elles ont été patiemment posées à partir d'Hiroshima justement. L'administration Bush, en sursis, est face un problème bien plus complexe que d'enfumer l'opinion publique avec la peur de l'Axe du Mal qui s'exporte bien, avec des diversions dispendieuses en Irak et des mensonges pour maquiller la malhonnêteté intellectuelle du tout. De son côté l'Europe est incapable de s'accorder sur une action commune, et au bout du compte ce n'est pas mieux que d'avoir un gouvernement unique bloqué par un prochain changement d'exécutif.
Dans un film ça donnerait quoi ? Tout ça n'est pas très visuel, et d'ailleurs la crise de 1929 a plutôt donné lieu à des films sociaux. Oui mais maintenant que tous les dirigeants pensent que le New Deal c'est du passé, de la préhistoire économique, il va falloir s'habituer à croiser de plus en plus de zombies dans les rues. Et justement, depuis 2001, ils étaient déjà revenus à la mode sur le grand écran. Traders déglingués, gros porteurs crashés, petits porteurs torpillés, et surtout consommateurs assidus asphyxiés... voilà des profils qui vont se retrouver bientôt en liberté, affranchis bien malgré eux des certitudes à code barre du confort moderne.
Dans les années 70, à la fin des films catastrophe il y avait toujours une petite poignée d'élus pour survivre, et un bon paquet de sacrifiés pour doser l'émotion du spectacle. Alors notre Apocalypse, on se la tourne comment ?
dimanche 5 octobre 2008
En cherchant une bonne raison d'aller au cinema
Hier je suis allé avec Leloup au ciné. Je n'avais pas particulièrement envie de voir un film ou un autre, et certainement pas un western. Pourquoi ? Parce que le genre est très largement balisé, que Sergio Leone a imposé sa marque, il y a plus de 40 ans, en versant dans la parodie pour sortir des codes, allant même jusqu'à se prendre très au sérieux dans son maniérisme parodique (Il était une fois dans l'Ouest). Même les westerns de Clint Eastwood tombent aussi dans un maniérisme, propre à leur réalisateur certes, mais dénué d'humour.
Bref, entre tous les westerns des années 40 à 60 dont ceux de John Ford, Sergio Leone, et depuis avec ceux de Clint Eastwood, le western est un genre usé jusqu'à la corde. Une fois sortis du schéma des tuniques bleues qui arrivent pour génocider les méchants indiens et sauver le gentil colon et sa famille, le western n'était plus qu'un cadre simple à l'intérieur duquel il est plus facile de raconter, de manière libre, une histoire simple. Missouri Breaks, Jeremiah Johnson font partie de cette démarche dans les années 70. Cimino a voulu se prendre au sérieux, faire dans le monumental et il s'est emmélé les pinceaux avec Heaven's Gate, plus connu aujourd'hui pour avoir coulé le studio United Artists que pour sa succession de jolis tableaux naturalistes ou les fesses d'Isabelle Huppert.
Pour Appaloosa certains évoquaient Butch Cassidy et le Kid. Effectivement le ton est assez humoristique globalement, mais nos deux cowboys solitaires restent bien proches de caricatures taiseuses plus rapides que leur ombre (voir ma critique en anglais sur IMDb). Butch Cassidy c'était quand même nettement plus qu'un contexte bateau de western, avec un ménage à trois (pas juste un boudin jeté au milieu de l'histoire), une aspiration à la liberté (pas un sheriff coincé dans Main Street), un exil vers l'Amérique du Sud... Enfin, qu'on ne compare pas le scénario qui a révélé William Goldman à cette adaptation d'un roman de cowboys vachement impressionnants avec leur gachette, mais totalement creux sans leur calibre.
Bref l'affiche du film faisait déjà western calibré, regards sévères et machoires serrées, mais Leloup, dans sa déformation professionnelle de rassembler des avis prétendument éclairés sur une question, avançait que les critiques étaient bonnes. "Objection rejetée !" lui ai-je dit, les critiques ne servent qu'à vendre du papier et n'ont aucun recul dans leur rôle de scribouillards des salles obscures. "Mais ça peut permettre d'éviter de se fourvoyer avec des daubes." Non. Dépendants des infos et des interviews qu'on veut bien leur accorder, les critiques font du bruit pour les gros films (un Despléchin est un gros film aussi en termes d'a priori favorables) et ne peuvent pas grand chose pour attirer l'attention sur des petits films qui le mériteraient. Les critiques ne sont pas au service du spectateur ou du film, mais au service du lecteur et du distributeur.
De mon point de vue, on ne prépare pas son envie de cinéma. Si on attend un film en particulier alors oui, on va lire ce qui se dit dessus mais ce serait dommage d'avoir certaines scènes (voire certaines scènes clés) déflorées par un critique dont le travail, peu exigeant intellectuellement, consiste la plupart du temps à paraphraser ce qu'il a vu, et dans le pire des cas ce qu'il a lu dans le dossier de presse.
Mais je vous sens fébriles là. Malgré tout ce que je peux dire sur la vacuité de la critique cinématographique vous voulez toujours savoir comment anticiper la qualité d'un film avant, éventuellement d'aller le voir, n'est-ce pas ? Alors d'abord, sans lire les critiques, sachez que le consensus critique n'est pas d'une aide plus fiable. La moyenne des notes des internautes pour Appaloosa est à 7.0/10, ce qui correspond à la note moyenne de tous les films répertoriés sur le site. Donc, rapporté à une plus juste proportion ça veut dire 10/20. Pas terrible. A l'école on dit passable pour un élève qui atteint juste la moyenne. Rottentomatoes met le curseur de l'ensemble des critiques US à 75%, c'est à dire 75% de critiques favorables ou assez favorables (les 25% restants sont donc ceux qui jettent des tomates pourries). On dirait aussi que c'est bien, mais pas du tout. Compte-tenu du biais inhérent au travail du critique "professionnel" (il est "structurellement" obligé d'être positif une fois sur deux, ou au moins une fois par semaine) 25% de rotten tomatoes c'est beaucoup. Au delà de 10-15% il faut déjà avoir des doutes. En France Allociné a un système d'étoiles pas précis du tout : normal, leur business c'est de vendre de la pub aux distributeurs et surtout pas de laisser trop de place à ceux qui disent du mal des gros budgets !
Mon approche consiste donc à voir les arguments des critiques qui ont le moins aimé. Si ces argument sont honnêtes le film a des chances d'être mauvais, sinon on peut lui donner sa chance. IMDb permet d'ailleurs de lire les commentaires en alternant critiques positives et négatives, Love/Hate, ce qui permet de survoler les arguments d'internautes sincères à 90% (il y aura toujours qq gars ayant bossé dans la prod qui se croiront obligés d'essayer de dire un truc intéressant). Si malheureusement vous ne pouvez lire que les critiques en français je n'ai pas de potion magique.
Bref, entre tous les westerns des années 40 à 60 dont ceux de John Ford, Sergio Leone, et depuis avec ceux de Clint Eastwood, le western est un genre usé jusqu'à la corde. Une fois sortis du schéma des tuniques bleues qui arrivent pour génocider les méchants indiens et sauver le gentil colon et sa famille, le western n'était plus qu'un cadre simple à l'intérieur duquel il est plus facile de raconter, de manière libre, une histoire simple. Missouri Breaks, Jeremiah Johnson font partie de cette démarche dans les années 70. Cimino a voulu se prendre au sérieux, faire dans le monumental et il s'est emmélé les pinceaux avec Heaven's Gate, plus connu aujourd'hui pour avoir coulé le studio United Artists que pour sa succession de jolis tableaux naturalistes ou les fesses d'Isabelle Huppert.
Pour Appaloosa certains évoquaient Butch Cassidy et le Kid. Effectivement le ton est assez humoristique globalement, mais nos deux cowboys solitaires restent bien proches de caricatures taiseuses plus rapides que leur ombre (voir ma critique en anglais sur IMDb). Butch Cassidy c'était quand même nettement plus qu'un contexte bateau de western, avec un ménage à trois (pas juste un boudin jeté au milieu de l'histoire), une aspiration à la liberté (pas un sheriff coincé dans Main Street), un exil vers l'Amérique du Sud... Enfin, qu'on ne compare pas le scénario qui a révélé William Goldman à cette adaptation d'un roman de cowboys vachement impressionnants avec leur gachette, mais totalement creux sans leur calibre.
Bref l'affiche du film faisait déjà western calibré, regards sévères et machoires serrées, mais Leloup, dans sa déformation professionnelle de rassembler des avis prétendument éclairés sur une question, avançait que les critiques étaient bonnes. "Objection rejetée !" lui ai-je dit, les critiques ne servent qu'à vendre du papier et n'ont aucun recul dans leur rôle de scribouillards des salles obscures. "Mais ça peut permettre d'éviter de se fourvoyer avec des daubes." Non. Dépendants des infos et des interviews qu'on veut bien leur accorder, les critiques font du bruit pour les gros films (un Despléchin est un gros film aussi en termes d'a priori favorables) et ne peuvent pas grand chose pour attirer l'attention sur des petits films qui le mériteraient. Les critiques ne sont pas au service du spectateur ou du film, mais au service du lecteur et du distributeur.
De mon point de vue, on ne prépare pas son envie de cinéma. Si on attend un film en particulier alors oui, on va lire ce qui se dit dessus mais ce serait dommage d'avoir certaines scènes (voire certaines scènes clés) déflorées par un critique dont le travail, peu exigeant intellectuellement, consiste la plupart du temps à paraphraser ce qu'il a vu, et dans le pire des cas ce qu'il a lu dans le dossier de presse.
Mais je vous sens fébriles là. Malgré tout ce que je peux dire sur la vacuité de la critique cinématographique vous voulez toujours savoir comment anticiper la qualité d'un film avant, éventuellement d'aller le voir, n'est-ce pas ? Alors d'abord, sans lire les critiques, sachez que le consensus critique n'est pas d'une aide plus fiable. La moyenne des notes des internautes pour Appaloosa est à 7.0/10, ce qui correspond à la note moyenne de tous les films répertoriés sur le site. Donc, rapporté à une plus juste proportion ça veut dire 10/20. Pas terrible. A l'école on dit passable pour un élève qui atteint juste la moyenne. Rottentomatoes met le curseur de l'ensemble des critiques US à 75%, c'est à dire 75% de critiques favorables ou assez favorables (les 25% restants sont donc ceux qui jettent des tomates pourries). On dirait aussi que c'est bien, mais pas du tout. Compte-tenu du biais inhérent au travail du critique "professionnel" (il est "structurellement" obligé d'être positif une fois sur deux, ou au moins une fois par semaine) 25% de rotten tomatoes c'est beaucoup. Au delà de 10-15% il faut déjà avoir des doutes. En France Allociné a un système d'étoiles pas précis du tout : normal, leur business c'est de vendre de la pub aux distributeurs et surtout pas de laisser trop de place à ceux qui disent du mal des gros budgets !
Mon approche consiste donc à voir les arguments des critiques qui ont le moins aimé. Si ces argument sont honnêtes le film a des chances d'être mauvais, sinon on peut lui donner sa chance. IMDb permet d'ailleurs de lire les commentaires en alternant critiques positives et négatives, Love/Hate, ce qui permet de survoler les arguments d'internautes sincères à 90% (il y aura toujours qq gars ayant bossé dans la prod qui se croiront obligés d'essayer de dire un truc intéressant). Si malheureusement vous ne pouvez lire que les critiques en français je n'ai pas de potion magique.
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