dimanche 24 avril 2005

Défense du faiseur de films

S. PollackTrès bon article de Slate, critique et argumenté sur Sydney Pollack, un bon faiseur comme on n'en fait plus en France depuis que la nouvelle vague les a vomis et persécutés (Verneuil, Lautner...).

Morceaux choisis et commentés :
[In 1966] the journalist Peter Bart quoted Pollack deriding the "horizontal" storytelling favored by American directors and offering paeans to Fellini and Truffaut. But by then it was too late. Pollack's rough edges had been shorn off by television. He had become a dedicated middlebrow artist, suspicious of sophistication and concerned with nothing so much as being an entertainer.
Ce décalage c'est exactement ce que la nouv' vag' et ses novlinguistes ne peuvent pas comprendre puisque pour eux le talent préexiste à l'envie de faire du cinéma. Pour moi c'est tout à l'honneur de Pollack de décider de baisser ses prétentions s'il sait qu'il ne sera jamais Fellini ou Truffaut. A condition bien-sûr qu'il ne tombe pas dans le cynisme du mercenaire.

The Pollack hero undergoes a ritualized breaking-in: He begins as a handsome loner, self-sufficient and set in his ways. Then he meets a she. She (Streep, Fonda, Streisand) is overly idealistic or else overly prim. He is smitten. He opens himself up. Together, he and she overcome a hostage crisis, evil lawyers, or African colonization. Two and a half hours later, he is a slightly better he. If you think I'm oversimplifying things, listen to Pollack: "It's usually the same guy in a different place," he told The Directors. "Sometimes he's in Africa, sometimes he's in the West. ... And often it's Redford."
C'est là la différence entre l'auteur reconnu et le faiseur : l'un a des thèmes de prédilection qu'il explore au fil de ses oeuvres quand l'autre ne fait que se répéter. Mais pourquoi tomber dans le manichéisme alors qu'on peut très bien imaginer un auteur puant se perdre dans ses obsessions au mépris du spectateur quand le faiseur a simplement pour ambition de réussir le meilleur film dont il est capable avec les ingrédients qu'il a rassemblés ?
Hollywood has a word for people who join big stars with big literary properties and then leave the film to make itself—producers.
Ah ! si on pouvait sortir cinq minutes du cliché du producteur inculte qui insulte tout le monde sauf ses banquiers et ses stars...
Admettons qu'il y ait moins de 1% du patrimoine cinématographique constitué de chefs d'oeuvre (inoubliables) et 90% de films médiocres à exécrables (vite vus vite oubliés), hé bien c'est tout le reste de la production qui fait tenir l'ensemble. Encore une fois il ne faut pas se voiler la face : il n'y a pas d'auteurs dans le cinéma, il y a juste des talents qui peuvent espérer faire un excellent film s'ils se trouvent, se regroupent et donnent le meilleur d'eux.

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