Danny Boon se plaignait de ne pas avoir la reconnaissance des professionnels via l'académie des Césars. Mais quand on a la reconnaissance du public, de quoi d'autre a-t-on besoin ? Le plus marrant dans l'histoire était toutes les réactions obséquieuses "ah oui, effectivement, on va réfléchir à un César de la comédie." Molière ou Mozart n'ont pas eu de funérailles digne d'un gentilhomme, et alors ?
Les Oscars ne se posent pas la question de récompenser une comédie, ce qui ne facilite pas le boulot de définir le meilleur film de l'année. En 1995 Bravehart, en 1999 Shakespeare in Love, en 2004 Crash : que du gros film à gros sentiments calibrés pour faire pleurer dans les grosses chaumières de Beverly Hills.
L'idée de base du roman m'avait donné l'envie d'aller voir Slumdog Millionnaire à sa sortie, et j'ai fini par aller le voir. Je ne crois pas en avoir attendu trop puisque je n'en connaissais que les prémisses donc, et surtout je me suis soigneusement détourné des conversations qui abordaient le sujet.
Le moins que je puisse dire c'est que le film ne m'a pas subjugué. Je pense que l'histoire marche toute seule, mais je n'aime pas du tout ce réal qui envoie les images à la chaîne. Pour moi c'est autant un film jetable que Trainspotting : beaucoup d'effets visuels pour un contenu qui ne repose que sur des gros effets émotionnels pas chers (le gentil indien des rues, les camés folklo) comme toutes les scènes de torture physique qui te prennent en otage.
C'est pas que j'ai détesté, l'histoire est sympa, mais je ne suis jamais rentré dans le film comme c'est le cas pour les vrais bons films qui te scotchent du début à la fin.
Tout ça tient beaucoup à la manière de découper l'histoire : comme Danny Boyle adore balancer des images et mélanger tout ça façon puzzle, euh je veux dire façon clip, il n'y a pas de place pour le développement des émotions par le jeu des acteurs. D'où le recours régulier à un petit peu de violence sur de gentils indiens innocents, comme un ingrédient pour relever la sauce quand ça devient trop carte postale.
Pour moi tout ça est un peu facile, franchement je pense que le film aurait pu être beaucoup mieux réalisé, mais qu'il marche grace à une histoire simple et forte. L'histoire a quelque chose d'éminement universel. Le problème c'est que tout ça est extrêmement superficiel en l'état.
Finalement c'est peut-être toute simplement le jeu Qui Veut Gagner des Millions qui ramène tout au niveau de la médiocrité tv et empêche l'histoire d'avoir une dimension plus intéressante tout en assurant la brand recognition du produit... Mais je ne veux pas être indulgent avec Slumdog Millionnaire : c'est le montage qui met ce jeu à la con au centre du film, alors qu'il a beaucoup plus à offrir.
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