En passant par le Satis (salon des technologies de l'image et du son) j'ai eu la confirmation de cette idée attrapée hier à la volée dans un post de John August : le numérique c'est l'invasion de l'informatique à tous les niveaux. Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre le progrès mais il se trouve que l'informatique progresse à une vitesse bien supérieure à celles des autres métiers qui dépendent de ses applications et a fortiori à une vitesse bien supérieure à celle que l'homme peut suivre avec ses petits bras musclés et son gros cerveau qui a besoin de sommeil pour faire de l'acquisition de données.
Il n'y a pas de match analogique/numérique puisque le numérique sera partout d'ici 15 ans (même sur la bande FM ?). Point de vue ciné il n'y a pas de match, mais pas parce que le numérique a gagné d'avance, juste parce qu'on est sur deux logiques totalement différentes. D'un côté la tradition argentique, éprouvée, carrée avec un support toujours plus performant mais justement contraignant ; de l'autre la technologie d'avant-garde qui promet chaque jour une meilleure qualité accessible à un nombre croissant de cinéastes en herbe ou déjà blanchis sous le harnais.
Ma conclusion ? Le cinéma sur pellicule permet de travailler dans un cadre très précis ou chacun est un spécialiste dans son domaine. Avec la généralisation du HD tout le monde se met aux ordres des choix effectués. Le directeur de la photo par exemple n'est plus dans cette optique qu'un conseiller technique pour la lumière du plateau. De plus on a vu hier que le monteur ne devenait plus qu'un exécutant des consignes de montage. Alors est-ce que l'avénement de la HD consacre la victoire de l'auteur-réalisateur comme détenteur de toutes les clés de la création cinématographique ? Ou du producteur-dictateur ? Tout ça fait partie des questions à se poser car suivre la technologie pour la technologie c'est de la fuite en avant, pas du progrès. Si demain les maisons de production ressemblent à de petites SSII avec un chef de projet technique, un chef de projet fonctionnel et une armée d'informaticiens indiens spécialistes de l'image, je ne crois pas que le cinéma y aura gagné.
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