Si l'on considère la vitesse à laquelle évolue internet, et à laquelle internet permet à des secteurs d'activité d'innover, c'est vraiment étonnant. En y regardant d'un peu plus près, pas tant que ça. En effet, il apparait évident qu'Internet fait plus peur à l'industrie du cinéma (et du disque) qu'elle ne l'a motivé à essayer de nouvelles pistes, voire des approches radicalement différentes dans la manière de penser leur business. Cette approche conservatrice se résume à l'association des mots "pirates" et "internet" dans le contexte de la diffusion audiovisuelle depuis 10 ans. Je me suis déjà suffisamment étendu ici sur la propagande et le lobbying d'une industrie qui perd complètement contact avec la réalité socio-économique, pas la peine d'en rajouter une double-couche. L'actualité se suffit à elle-même :
Selon le CNC, un film qui a ammassé 10 millions de d'entrées au cinéma peut espérer se vendre à 2 millions d'exemplaires en France. Impact du piratage, ou non, seulement 970.000 DVD des Bronzés 3 ont été vendus. Ainsi, un acte anodin, toléré chez TF1, est à l'origine de cette affaire. Studio Canal, également intéressé dans cette affaire, estime le manque à gagner à 12 millions d'euros et met le flop du DVD directement sur le dos du piratage. Surtout qu'il est très rare que dans ce genre d'affaires, on réussisse à remonter jusqu'à la source du fichier incriminé. Autant dire que tous les defenseurs des ayants-droits étaient très remontés.Toujours la même histoire de Picsou viscéralement attaché à son premier dollar et la recherche de bouc émissaires. C'est la même hypocrisie (complètement intériorisé dans le milieu) qui fait se balader une célébrité seins nus sur la plage et porter plainte contre les tabloids pour toucher des sous, puis vendre l'exclu de ses photos de mariage à un magazine.
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Le potentiel d'Internet est énorme, depuis dix ans un barrage (de communiqués de presse, de lobbying, de bourrage de crâne) a été construit et colmaté. Des vannes (VOD essentiellement) ont été, tant bien que mal, installées. Mais elles sont sous-dimensionnées par rapport à la pression de l'Internet. Le barrage déborde largement et continuellement parce que la répression ne peut pas tenir le rythme de l'évolution sur le web compte tenu de la timidité qu'elle a induit dans les offres payantes (on commence juste à abandonner les DRM sur la musique, pas pour les films...).
Le gros danger est pour les salles parce qu'une des raisons majeures au téléchargement illégal est le prix d'une place de ciné. Les cartes d'abonnement cachent complètement le mouvement de fond qui éloigne l'individu moyen des salles. Les encartés sont en majorité les mêmes qui téléchargent (ou ont des amis qui téléchargent, le résultat est le même). La crise ne va faire qu'accélérer le mouvement, mais quel circuit est susceptible de faire une révolution ? C'est totalement improbable puisque toute la chaîne est sclérosée (cf. l'étouffement des tentatives locales d'un ticket à 10FF en 1994). Quelque part il faut peut-être que les multiplexes se cassent la gueule pour que de vraies salles de cinéma ouvertes à tous se remettent à exister.
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