L'amendement 138 du paquet télécom, soutenu notamment par Guy Bono et Daniel Cohn-Bendit et approuvé à une large majorité par le Parlement européen, a été évacué d'un revers de main au cours du Conseil des Ministres européens.
Pour résumer, cet amendement stipule clairement qu'on ne peut pas toucher à la connexion des internautes sans action en justice, procédure lourde à l'échelle d'une population que la riposte graduée se proposait de contourner.
A quand une risposte graduée à la moindre infraction, sur simple dénonciation ? La carte d'électeur à points ? La carte d'identité ?
EDIT: comme pour confirmer mes propos un tantinet alarmistes sur les intentions profondes de nos dirigeants, notre Chihuahua de la Culture ne se gêne pas pour parler de "combat d'arrière-garde" à propos de ceux qui mettent en avant la défense des libertés individuelles...
Si ce n'est pas un lapsus, ça ne fait pas rire longtemps.
Mon sous-titrage du cinema, qu'il s'agisse de films, de pépètes ou simplement de personnes.
Ce blog a obtenu son visa Tout Public, il s'adresse à tous ceux qui vont au cinéma et/ou qui aiment les films.
vendredi 28 novembre 2008
dimanche 23 novembre 2008
200e commentaire sur IMDb
200 commentaires sur IMDb, depuis novembre 2000, cela n'a rien d'extraordinaire, c'était simplement un travail de bloggeur avant l'heure sur LE site de référence en matière de cinéma. Certains internautes inscrits sur le site vont tout voir, commentent systématiquement, et arrivent à 1 000, 2 000... commentaires. Donc en soit 200, ça n'a rien de particulièrement remarquable, c'est juste un anniversaire, une occasion de faire le point.
L'année la plus prolifique a été 2001 (58 commentaires), juste devant 2002 (48) : à l'époque j'allais plusieurs fois par jour au cinéma, principalement pour voir des vieux films que j'avais loupé. Et comme je n'attendais pas de trouver quelqu'un pour m'accompagner il fallait bien que je consigne mes impressions quelque part, puisque d'une manière ou d'une autre le plaisir de partager fait partie du cinéma. La plupart du temps il s'agit de réactions plus ou moins à chaud et, dans cet ordre d'idée, j'ai très rarement modifié mes commentaires (une fois que c'est devenu possible) même si je reconnais qu'il faudrait, ici et là, tempérer ou durcir certaines approches.
Si le rythme est tombé en-dessous de la vingtaine de commentaires par an je pense que c'est dû à une lassitude face à des films moins stimulants en même temps que j'allais de moins en moins au cinéma. Je vais de moins en moins voir les films dès qu'ils sortent, j'attends deux ou trois semaines, et à ce moment là faire un commentaire, alors que j'ai justement attendu qu'on insiste pour que j'aille voir un film, tiendrait plus de la synthèse des avis entendus que de ces impressions à chaud, complètement spontanées, auxquelles je tiens beaucoup.
Quelle est la note moyenne, sur 10, des films que j'ai pris le temps de commenter ? Pas moyen de savoir, et je ne me sens pas l'âme d'un statisticien. Globalement je pense avoir eu plus de choses intéressantes à dire sur des films moyens, ni vraiment réussis ni totalement ratés, que sur des films exécrables ou des films excellents. Pour ces 2 derniers je peux trouver des mots, des superlatifs, m'enflammer ou descendre en flammes, bref faire un joli petit texte bien senti (avec ma manière à moi d'écrire en anglais), en revanche il serait complètement illusoire que j'y discerne ce qui fait que c'est excellent ou nul. Un film excellent on ne peut que le conseiller et le paraphraser, le déconseiller et le paraphraser aussi s'il est nul. Dans un film moyen en revanche on voit tout de suite ce qui ne marche pas, c'est ça qui saute aux yeux quand on aime le cinéma, alors forcément on a envie de le dire parce que c'est une approche complètement constructive qui va au-delà du j'aime/j'aime pas, du consensus mou, de la relativité gluante qui endort les consciences bien au delà du cinéma.
Depuis deux ans je pense que mes commentaires rédigés à la suite du visionnage d'un DVD (ou d'un fichier téléchargé) ont pris le dessus. Il y a là un état d'esprit notable qui tient du besoin de voir certains films assez vite après en avoir entendu parler (pour les vieux films), ou moins cher qu'une place de ciné (films récents). Au final, la seule constante c'est ma passion pour le cinéma : au départ je suis dans la peau d'un spectateur lambda, qui ne va pas forcément au cinéma, je laisse ainsi les films venir à moi, et ensuite seulement je commence à les juger avec un œil de connaisseur. Au bout de ce cheminement intérieur, l'intérêt de mon analyse, mise en forme dans un commentaire IMDb, est pour moi de distinguer ce qui fait qu'un film est plus ou moins réussi, et surtout quels éléments auraient pu être mieux cadrés, mieux conçus, dans la phase d'écriture et de préparation.
L'année la plus prolifique a été 2001 (58 commentaires), juste devant 2002 (48) : à l'époque j'allais plusieurs fois par jour au cinéma, principalement pour voir des vieux films que j'avais loupé. Et comme je n'attendais pas de trouver quelqu'un pour m'accompagner il fallait bien que je consigne mes impressions quelque part, puisque d'une manière ou d'une autre le plaisir de partager fait partie du cinéma. La plupart du temps il s'agit de réactions plus ou moins à chaud et, dans cet ordre d'idée, j'ai très rarement modifié mes commentaires (une fois que c'est devenu possible) même si je reconnais qu'il faudrait, ici et là, tempérer ou durcir certaines approches.
Si le rythme est tombé en-dessous de la vingtaine de commentaires par an je pense que c'est dû à une lassitude face à des films moins stimulants en même temps que j'allais de moins en moins au cinéma. Je vais de moins en moins voir les films dès qu'ils sortent, j'attends deux ou trois semaines, et à ce moment là faire un commentaire, alors que j'ai justement attendu qu'on insiste pour que j'aille voir un film, tiendrait plus de la synthèse des avis entendus que de ces impressions à chaud, complètement spontanées, auxquelles je tiens beaucoup.
Quelle est la note moyenne, sur 10, des films que j'ai pris le temps de commenter ? Pas moyen de savoir, et je ne me sens pas l'âme d'un statisticien. Globalement je pense avoir eu plus de choses intéressantes à dire sur des films moyens, ni vraiment réussis ni totalement ratés, que sur des films exécrables ou des films excellents. Pour ces 2 derniers je peux trouver des mots, des superlatifs, m'enflammer ou descendre en flammes, bref faire un joli petit texte bien senti (avec ma manière à moi d'écrire en anglais), en revanche il serait complètement illusoire que j'y discerne ce qui fait que c'est excellent ou nul. Un film excellent on ne peut que le conseiller et le paraphraser, le déconseiller et le paraphraser aussi s'il est nul. Dans un film moyen en revanche on voit tout de suite ce qui ne marche pas, c'est ça qui saute aux yeux quand on aime le cinéma, alors forcément on a envie de le dire parce que c'est une approche complètement constructive qui va au-delà du j'aime/j'aime pas, du consensus mou, de la relativité gluante qui endort les consciences bien au delà du cinéma.
Depuis deux ans je pense que mes commentaires rédigés à la suite du visionnage d'un DVD (ou d'un fichier téléchargé) ont pris le dessus. Il y a là un état d'esprit notable qui tient du besoin de voir certains films assez vite après en avoir entendu parler (pour les vieux films), ou moins cher qu'une place de ciné (films récents). Au final, la seule constante c'est ma passion pour le cinéma : au départ je suis dans la peau d'un spectateur lambda, qui ne va pas forcément au cinéma, je laisse ainsi les films venir à moi, et ensuite seulement je commence à les juger avec un œil de connaisseur. Au bout de ce cheminement intérieur, l'intérêt de mon analyse, mise en forme dans un commentaire IMDb, est pour moi de distinguer ce qui fait qu'un film est plus ou moins réussi, et surtout quels éléments auraient pu être mieux cadrés, mieux conçus, dans la phase d'écriture et de préparation.
samedi 15 novembre 2008
The Battle over Content
Dans mon post précédent je mentionnais, une fois de plus, la médiocrité générale des critiques cinéma qui vont plus voir les films par obligation professionnelle que par envie. Leur travail, dans la presse écrite, c'est de vendre du papier. Mais à mesure que la frontière avec les versions en ligne des journaux s'estompe, le but est plus clairement de valoriser un nombre de pages vues pour valoriser des encarts publicitaires.
Au bout de ce mécanisme l'hypocrisie du travail des critiques et journaleux ciné est de plus en plus évidente. Elle a toujours existé, pas forcément de manière aussi importante, mais maintenant elle ne peut plus se cacher et d'ailleurs, o tempora, o mores, elle ne cherche même pas à se cacher. Créer du contenu, sous prétexte d'information ou de divertissement, pour vendre de l'espace publicitaire autour. Peut-on imaginer dans ce contexte ne pas parler pas des films à gros budget marketing ?
Non, car même si l'on se refuse à accueillir directement de la publicité pour la sortie des films, des DVD, des livres de ciné... (ce qui n'est évidemment pas le cas de ces magazines de publi-rédactionnel, qui se disent presse cinéma : Première, Studio, Ciné Live), les films à gros budget ont la puissance de feu de faire parler d'eux au point de ne pouvoir être ignorés au niveau de l'information pure. Après ils offrent le contenu nécessaire pour squatter l'information sur le cinéma, bien souvent jusqu'à l'overdose d'anecdotes insignifiantes (hé oui, il faut aussi scénariser un making of, pas juste en mettre un bout à bout).
Quid alors d'une vraie information indépendante sur Internet ? Le soucis c'est que, par exemple, un blog auquel vous faites confiance peut être victime de son succès et vendre son âme au diable.
La grande différence à mon sens c'est que sur Internet la réactivité du lecteur est quasi-immédiate. Si certains internautes lisent des entrées de blog qui respirent le publi-rédactionnel (correctement signalé ou pas), pour moi ils sont censés faire preuve de plus d'esprit critique que quelqu'un qui regarde le 20h tous les soirs par réflexe. Si ce n'est pas le cas il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Autant il y a 3-4 ans on n'avait en France qu'un nombre limité de chaines, donc les télespectateurs étaient largement captifs (de leurs propres mauvaises habitudes et) de la mise en scène de l'info sur TF1 ou F2, mise en scène destinée à maximiser l'audience autour des tunnels publicitaires les plus rentables de la grille. C'est toujours un point scandaleux, même si la TNT ébrèche petit à petit un tel monopole morbide sur l'information de nos concitoyens. Sur internet on est plus actif, plus réactif et comme dans les polémiques sur Wikipédia, au global l'internaute est gagnant à partir du moment où il sait ce qu'il va chercher et sur quel site il atterrit.
Au bout de ce mécanisme l'hypocrisie du travail des critiques et journaleux ciné est de plus en plus évidente. Elle a toujours existé, pas forcément de manière aussi importante, mais maintenant elle ne peut plus se cacher et d'ailleurs, o tempora, o mores, elle ne cherche même pas à se cacher. Créer du contenu, sous prétexte d'information ou de divertissement, pour vendre de l'espace publicitaire autour. Peut-on imaginer dans ce contexte ne pas parler pas des films à gros budget marketing ?
Non, car même si l'on se refuse à accueillir directement de la publicité pour la sortie des films, des DVD, des livres de ciné... (ce qui n'est évidemment pas le cas de ces magazines de publi-rédactionnel, qui se disent presse cinéma : Première, Studio, Ciné Live), les films à gros budget ont la puissance de feu de faire parler d'eux au point de ne pouvoir être ignorés au niveau de l'information pure. Après ils offrent le contenu nécessaire pour squatter l'information sur le cinéma, bien souvent jusqu'à l'overdose d'anecdotes insignifiantes (hé oui, il faut aussi scénariser un making of, pas juste en mettre un bout à bout).
Exemple pitoyable du NY Times en personne :
Anatomy of a Scene: 'Quantum of Solace'
(pensez à bugmenot si on vous demande de vous identifier)
A noter que la critique d'A.O. Scott que ce machin vient illustrer, est très défavorable au film, mais reste bienveillante en essayant d'analyser tout ce qui ne marche pas. Il lui faut 974 mots pour noyer le poisson là où un chroniqueur politique doit faire tenir son analyse en 730 mots. Et je ne parle donc pas de l'espace critique dévolu à des films bénéficiant de 1000x moins de budget marketing.
Quid alors d'une vraie information indépendante sur Internet ? Le soucis c'est que, par exemple, un blog auquel vous faites confiance peut être victime de son succès et vendre son âme au diable.
L'immense inconvénient du blog, c'est qu'il n'y a pas de séparation entre rédaction et publicité, vu qu'on a souvent affaire à un individu unique. Et ça, c'est un immense pas en arrière par rapport à la presse.Effectivement un blog qui accumule les dizaines de milliers de pages vues peut facilement se laisser tenter à ne devenir qu'un contenu prétexte à vendre de la pub jusqu'à mélanger allègrement le tout. Et alors ? Sur mon exemple de la "presse ciné" je ne vois pas où est le problème.
Tristan Nitot sur son Standblog le 11/11/08
La grande différence à mon sens c'est que sur Internet la réactivité du lecteur est quasi-immédiate. Si certains internautes lisent des entrées de blog qui respirent le publi-rédactionnel (correctement signalé ou pas), pour moi ils sont censés faire preuve de plus d'esprit critique que quelqu'un qui regarde le 20h tous les soirs par réflexe. Si ce n'est pas le cas il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Autant il y a 3-4 ans on n'avait en France qu'un nombre limité de chaines, donc les télespectateurs étaient largement captifs (de leurs propres mauvaises habitudes et) de la mise en scène de l'info sur TF1 ou F2, mise en scène destinée à maximiser l'audience autour des tunnels publicitaires les plus rentables de la grille. C'est toujours un point scandaleux, même si la TNT ébrèche petit à petit un tel monopole morbide sur l'information de nos concitoyens. Sur internet on est plus actif, plus réactif et comme dans les polémiques sur Wikipédia, au global l'internaute est gagnant à partir du moment où il sait ce qu'il va chercher et sur quel site il atterrit.
jeudi 13 novembre 2008
Entertainment vs. Escapism
Il y a quelques différences de langage, a priori irréconciliables, entre le français et l'anglais à propos du cinéma. En France on a une haute idée du 7e Art, dans les journaux le cinéma est classé dans la rubrique culture, et quoique la culture puisse (et même doive) être populaire, on ne peut pas prendre au sérieux un film qui ne vise qu'à être un bon divertissement.
Au Etats-Unis les films font partie de l'entertainment, ce qui se traduit bien par divertissement en français, bien qu'il s'agisse plus spécifiquement dans ce cas de l'industrie du spectacle au sens large (musique, cinéma, théatre, stand-up ou encore télévision, jeux vidéos...). Certains journaux de qualité ont une rubrique à part pour les films (cinema fait un peu prétentieux, même dans le NY Times) mais on y parle sans complexe de business. La position bâtarde de journaleux ciné fait d'ailleurs, ici comme là-bas, que la critique ciné (comme toute critique initialement artistique finalement) est vite frelatée par l'optique actualité qui demande de suivre le jeu des attachés de presse, des producteurs et des acteurs.
Le divertissement en français n'a de connotation péjorative que celle de prétentieux intellectuels qui ont oublié Pascal au passage. Ironiquement, entertainment vient du français "entretenir" qui nous rapproche de la culture ! Entretenir comporte l'idée de don ou d'échange verbal. Celui qui reçoit entretient son ouverture d'esprit, s'ouvre à d'autres cultures, d'autres histoires que celles qu'on veut lui vendre parce qu'on pense que c'est qu'il veux acheter. Si l'on peut isoler un vulgaire divertissement passif, alors l'entertainment est plus à rapprocher du fait de sortir le soir pour s'aérer l'esprit.
Certes on peut s'aérer l'esprit plus facilement en créant un grand courant d'air d'une oreille à l'autre (c'est un peu l'objet du gros son dans les gros films d'action) plutôt qu'en utilisant pleinement ces excroissances du cerveau que sont les yeux. Les américains ont donc un autre mot plus précis qu'entertainment, et qui n'a pas de connotation négative, pour évoquer le besoin de fuir le quotidien : escapism.
S'évader 90 ou 120 minutes c'est bien sûr ce que tout le monde demande à un film (sauf les critiques, pour qui regarder un film est un métier, plus du tout un plaisir depuis longtemps). Personnellement j'estime qu'un film est en grande partie réussi quand il ne me laisse pas l'occasion de m'ennuyer ou de me poser des questions. Si je ne rentre pas dans le film, il n'y a rien à faire. Bon, il est vrai que je suis nettement plus exigeant que la moyenne des spectateurs, mais globalement je viens chercher la même chose au cinéma. Quand des amis m'ont emmené voir Iron-man à sa sortie, j'ai trainé les pieds parce que pour moi, a priori, tous les films de super-héros racontent la même histoire avec peu de variantes vraiment originales. Au bout du compte je ne me suis pas ennuyé, mais je ne suis pas plus enthousiaste qu'au départ.
Escapism, c'est la fuite vers un paradis artificiel, on veut oublier le quotidien pour se perdre dans une autre histoire. Évidemment l'évasion sera d'autant plus facile à gérer que le retour sur terre est doux : le happy-ending se pose là. Mais c'est juste parce qu'il est plus facile de laisser les spectateurs sur une note optimiste. Escapism c'est finalement l'exact équivalent du français divertissement. Se divertir, ce n'est pas directement stupide ou simplement passif en soi, tout dépend du retentissement chez la personne. Si je tends à échapper définitivement au réel, c'est un comportement compulsif ; si c'est ponctuel, et qu'éventuellement j'en tire quelque chose (un bon souvenir au moins, matière à réflexion parfois) c'est du divertissement, ça fait partie de la vie, au même titre que l'illusion. Certains se bercent d'illusions, d'autres ne s'en font pas, ou plus, mais dans l'ensemble nous les recherchons et nous nous portons d'autant mieux qu'elles ne sont pas perdues, ni figées dans une certaine représentation du monde.
Bref le travail d'illusion à l'origine du cinéma mène tout naturellement au divertissement qui a son tour apporte à la culture une respiration. Sans divertissement, la culture n'est que générale. Et la culture générale c'est cette insulte aux individualités toujours rivée au socle de l'éducation nationale plus d'un siècle après la mort de Jules Ferry.
Au Etats-Unis les films font partie de l'entertainment, ce qui se traduit bien par divertissement en français, bien qu'il s'agisse plus spécifiquement dans ce cas de l'industrie du spectacle au sens large (musique, cinéma, théatre, stand-up ou encore télévision, jeux vidéos...). Certains journaux de qualité ont une rubrique à part pour les films (cinema fait un peu prétentieux, même dans le NY Times) mais on y parle sans complexe de business. La position bâtarde de journaleux ciné fait d'ailleurs, ici comme là-bas, que la critique ciné (comme toute critique initialement artistique finalement) est vite frelatée par l'optique actualité qui demande de suivre le jeu des attachés de presse, des producteurs et des acteurs.
Détail amusant : Yahoo ou Google ont une rubrique entertainment pour classer des news qui ne sont bien souvent que des anecdotes people. Dans la version française de ces "agrégateurs d'actualités" Entertainment devient Culture, ce qui m'a permis plus d'une fois de sursauter en tombant sur une accroche à propos des frasques de Britney Spears, ou sur la dramatisation de l'éviction d'un gladiatouriste de la Star Ac', le tout sous l'intitulé Culture. Ce choc des cultures là, justement, me fait - presque - toujours sourire.
Le divertissement en français n'a de connotation péjorative que celle de prétentieux intellectuels qui ont oublié Pascal au passage. Ironiquement, entertainment vient du français "entretenir" qui nous rapproche de la culture ! Entretenir comporte l'idée de don ou d'échange verbal. Celui qui reçoit entretient son ouverture d'esprit, s'ouvre à d'autres cultures, d'autres histoires que celles qu'on veut lui vendre parce qu'on pense que c'est qu'il veux acheter. Si l'on peut isoler un vulgaire divertissement passif, alors l'entertainment est plus à rapprocher du fait de sortir le soir pour s'aérer l'esprit.
Certes on peut s'aérer l'esprit plus facilement en créant un grand courant d'air d'une oreille à l'autre (c'est un peu l'objet du gros son dans les gros films d'action) plutôt qu'en utilisant pleinement ces excroissances du cerveau que sont les yeux. Les américains ont donc un autre mot plus précis qu'entertainment, et qui n'a pas de connotation négative, pour évoquer le besoin de fuir le quotidien : escapism.
S'évader 90 ou 120 minutes c'est bien sûr ce que tout le monde demande à un film (sauf les critiques, pour qui regarder un film est un métier, plus du tout un plaisir depuis longtemps). Personnellement j'estime qu'un film est en grande partie réussi quand il ne me laisse pas l'occasion de m'ennuyer ou de me poser des questions. Si je ne rentre pas dans le film, il n'y a rien à faire. Bon, il est vrai que je suis nettement plus exigeant que la moyenne des spectateurs, mais globalement je viens chercher la même chose au cinéma. Quand des amis m'ont emmené voir Iron-man à sa sortie, j'ai trainé les pieds parce que pour moi, a priori, tous les films de super-héros racontent la même histoire avec peu de variantes vraiment originales. Au bout du compte je ne me suis pas ennuyé, mais je ne suis pas plus enthousiaste qu'au départ.
Escapism, c'est la fuite vers un paradis artificiel, on veut oublier le quotidien pour se perdre dans une autre histoire. Évidemment l'évasion sera d'autant plus facile à gérer que le retour sur terre est doux : le happy-ending se pose là. Mais c'est juste parce qu'il est plus facile de laisser les spectateurs sur une note optimiste. Escapism c'est finalement l'exact équivalent du français divertissement. Se divertir, ce n'est pas directement stupide ou simplement passif en soi, tout dépend du retentissement chez la personne. Si je tends à échapper définitivement au réel, c'est un comportement compulsif ; si c'est ponctuel, et qu'éventuellement j'en tire quelque chose (un bon souvenir au moins, matière à réflexion parfois) c'est du divertissement, ça fait partie de la vie, au même titre que l'illusion. Certains se bercent d'illusions, d'autres ne s'en font pas, ou plus, mais dans l'ensemble nous les recherchons et nous nous portons d'autant mieux qu'elles ne sont pas perdues, ni figées dans une certaine représentation du monde.
Bref le travail d'illusion à l'origine du cinéma mène tout naturellement au divertissement qui a son tour apporte à la culture une respiration. Sans divertissement, la culture n'est que générale. Et la culture générale c'est cette insulte aux individualités toujours rivée au socle de l'éducation nationale plus d'un siècle après la mort de Jules Ferry.
mardi 11 novembre 2008
Petites leçons de scénario
Invité du Pudding diffusé dimanche dernier (Radio Nova - Jean Croc, Nicolas Errera) Jean van Hamme nous explique sa recette à propos de XIII.
Il avoue avoir piqué l'idée de base du bouquin The Bourne Identity (La Mort dans la peau en vf) sans aucun scrupule puisqu'il trouve Ludlum très mauvais dans sa manière de dévoiler une intrigue, de balancer les éléments dans la face du héros sans lui laisser l'occasion de les découvrir. Il est vrai que l'intérêt de Bourne au cinéma ne tient qu'à ses scènes d'action sèches et franches qui font le style Paul Greengrass.
Au delà de l'idée de base il s'agit de donner la plus grande perspective à l'histoire : si Jason Bourne ne se souvient plus avoir assassiné un obscur ambassadeur, XIII (bonne idée aussi de ne pas avoir de nom pour un amnésique) aurait, lui, carrément assassiné le Président américain.
Pas étonnant qu'un pavé aussi médiocre que The Da Vinci Code, avec ses implications de conspiration millénaire qui remontent jusqu'à la sexualité de Jésus, ait eu autant de succès.
Voir grand c'est, je pense, une condition préalable au succès. Après ce n'est pas parce qu'un héros sauve (ou échoue à sauver)(un bout de) la planète de la destruction totale que la subtilité n'a pas sa place.
Je ne suis pas particulièrement fan des histoires de van Hamme que je trouve assez peu originales finalement, très mélange de différentes tournures narratives déjà vues (c'est flagrant avec l'Affaire Francis Blake, épisode relance de la série Blake & Mortimer, pour laquelle il avait à se (re)plonger dans un univers précis : la guerre froide côté british au milieu des années 50), ceci dit on ne peut pas cracher sur l'efficacité narrative des premiers épisodes de XIII (heureusement d'ailleurs parce que niveau graphique...).
Si au lieu du monopole ado-égotiste de Besson sur les films d'action on pouvait avoir des scénaristes aussi efficaces, on ne serait pas trop à plaindre.
Il avoue avoir piqué l'idée de base du bouquin The Bourne Identity (La Mort dans la peau en vf) sans aucun scrupule puisqu'il trouve Ludlum très mauvais dans sa manière de dévoiler une intrigue, de balancer les éléments dans la face du héros sans lui laisser l'occasion de les découvrir. Il est vrai que l'intérêt de Bourne au cinéma ne tient qu'à ses scènes d'action sèches et franches qui font le style Paul Greengrass.
Au delà de l'idée de base il s'agit de donner la plus grande perspective à l'histoire : si Jason Bourne ne se souvient plus avoir assassiné un obscur ambassadeur, XIII (bonne idée aussi de ne pas avoir de nom pour un amnésique) aurait, lui, carrément assassiné le Président américain.
Pas étonnant qu'un pavé aussi médiocre que The Da Vinci Code, avec ses implications de conspiration millénaire qui remontent jusqu'à la sexualité de Jésus, ait eu autant de succès.
Voir grand c'est, je pense, une condition préalable au succès. Après ce n'est pas parce qu'un héros sauve (ou échoue à sauver)(un bout de) la planète de la destruction totale que la subtilité n'a pas sa place.
Je ne suis pas particulièrement fan des histoires de van Hamme que je trouve assez peu originales finalement, très mélange de différentes tournures narratives déjà vues (c'est flagrant avec l'Affaire Francis Blake, épisode relance de la série Blake & Mortimer, pour laquelle il avait à se (re)plonger dans un univers précis : la guerre froide côté british au milieu des années 50), ceci dit on ne peut pas cracher sur l'efficacité narrative des premiers épisodes de XIII (heureusement d'ailleurs parce que niveau graphique...).
Si au lieu du monopole ado-égotiste de Besson sur les films d'action on pouvait avoir des scénaristes aussi efficaces, on ne serait pas trop à plaindre.
jeudi 6 novembre 2008
Michael Crichton (1942-2008)
Dans les nécros de Michael Crichton, en France du moins, tout le monde insiste sur Jurassic Park, Urgences, un peu Harcellement ou Soleil Levant : quelques best-sellers convertis en blockbusters et une série TV à succès. Les journaleux ajoutent aussi dans l'ensemble un poil de perspective sur son parcours, mais quid des films qu'il a réalisés ?
Westworld, un film dans un parc d'attraction futuriste (à la fois brouillon de Terminator et de Jurassic Park) avec Yul Bruyner, La Grande Attaque du Train d'Or (The First Great Train Robbery), délicieusement rétro, avec Sean Connery et Donald Sutherland, l'excellent suspens en milieu hospitalier Morts suspectes (Coma), avec Geneviève Bujold, Michael Douglas et Richard Widmark, ou encore le très curieux Looker... Même Runaway avec Tom Seleck, quoique pas transcendant non plus niveau mise en scène avait un côté futuriste bricolo sympa (les fameuses araignées mécaniques tueuses seront reprises en plus fluide, mais pas forcément plus efficace, dans Minority Report).
Tout ces films, sans être excellents, font partie d'un cinéma inventif, qui sait se renouveler sur le plan des sujets abordés (à défaut de la manière de les filmer), et qui sait être efficace au lieu de se prendre au sérieux. Ce n'est pas le genre de film que les critiques retiennent, ils ont plutôt tendance à les rayer d'un trait de plume, mais ceux qui aiment vraiment le cinéma y trouvent suffisamment leur bonheur pour se rappeler de quelques idées marquantes.
Bref, on peut se souvenir vaguement d'un vulgaire écrivain de best-sellers, de "techno-thrillers", un producteur millionnaire... mais il est aussi permis de retenir ce Michael Crichton là : un homme inventif, curieux et à la pointe sur ce dont notre futur pourrait être fait, et qui a exploré tout ça avec beaucoup d'enthousiasme.
dimanche 2 novembre 2008
J'aime-les-fumistes.con
A l'heure où les politiques croient enfin avoir trouvé la réponse au téléchargement illégal (appelé piraterie pour faire pas joli), les maisons de disques comprennent enfin que mettre des titres gratuits à disposition sur internet est simplement un nouveau moyen de promotion très efficace.
Quand j'entends le message publicitaire officiel "si ça continue comme ça dans 5 ans il n'y aura plus rien de nouveau en cinéma, musique, jeux vidéos, que des vieux trucs à télécharger..." je me dis qu'une fois de plus l'Etat se montre incapable de comprendre autre chose que le message de quelques lobbyistes tout en trouvant le moyen de couter cher à tous les contribuables.
Mais bon, c'est la crise, on n'est plus à quelques millions balancés au hasard des idées reçues.
EDIT (05/11): Saine initiative que celle de j-aime-les-internautes.com pour répondre au pitoyable j-aime-les-artistes.com du gouvernement et au pas très drôle Dédé ça-va-couper de l'UFC-Que Choisir.
"Cette année, les labels commencent à oser plus de choses et à aller chercher les fans, au lieu d'essayer d'attirer les fans là où ils voudraient les voir", explique Christian Ward, porte-parole du site Last.fm.
Alex Dobuzinskis (Reuters)
Quand j'entends le message publicitaire officiel "si ça continue comme ça dans 5 ans il n'y aura plus rien de nouveau en cinéma, musique, jeux vidéos, que des vieux trucs à télécharger..." je me dis qu'une fois de plus l'Etat se montre incapable de comprendre autre chose que le message de quelques lobbyistes tout en trouvant le moyen de couter cher à tous les contribuables.
Mais bon, c'est la crise, on n'est plus à quelques millions balancés au hasard des idées reçues.
EDIT (05/11): Saine initiative que celle de j-aime-les-internautes.com pour répondre au pitoyable j-aime-les-artistes.com du gouvernement et au pas très drôle Dédé ça-va-couper de l'UFC-Que Choisir.
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