mardi 15 juin 2010

Séries US - Dexter, là où se cache la violence

Dans mon expérimentation des séries américaines, je me suis penché sur Dexter récemment. Sur le pilote, je peux dire que le concept est très intéressant (malin cette idée pour faire d'un tueur en série un héros) et c'est très bien foutu.

Ceci dit, dès le pilote je vois quelques grosses faiblesses.

La principale : on met tellement le paquet sur le héros qu'il a l'air entouré de neu-neus. Peut-être que sa voix off prendre trop de place et empêche de développer les autres personnages, en tout cas c'est efficace à planter notre sociopathe invertébré. Personnellement, si je dois suivre je ne sais combien d'épisodes pour le voir se confronter réellement à un adversaire à sa mesure, je ne vais pas poursuivre l'expérience bien longtemps.
Voilà, ça c'était pour la grosse faiblesse structurelle au niveau des personnages. Mais il y a aussi une grosse faiblesse "idéologique" si j'ose dire, celle qui consiste à expliquer son statut comme une ultime leçon d'éducation donné par son père adoptif pour canaliser son besoin de tuer. Je trouve ça très malsain. Les ricains raffolent de ce concept de justice privée même si depuis les 80s on ne voit plus trop de Vigilante movies comme les fameux Death Wish (Un Justicier dans la ville) avec Bronson qui explose quelques malfrats pour palier les carences du système judiciaire. Je n'ose même pas imaginer combien Dirty Harry aurait été un bouse si les producteurs avaient voulu expliquer le comportement du personnage magistralement incarné par Clint Eastwood : son papa qui lui fait la leçon, qui meurt écrasé par un chauffard, sa soeur qui se fait violer... Beurk, quelle approche nauséabonde de la psychologie humaine que de vouloir réduire un personnage à une vengeance personnelle complètement désincarnée.

Bref Dexter ne met pas directement en scène la violence dans le hors-champ, ceci est anecdotique et pas traité de manière ludique "à la Tarantino", sur les 3 premiers épisodes en tout cas. Mais sur cette violence morale de chercher à tout prix à justifier, à expliquer, à relier l'obsession d'un tueur en série à quelque chose de rationnel dans la société, je trouve Dexter très nauséabond. Les meilleurs films violents montrent la violence telle qu'elle est, sans s'en repaitre, juste pour rythmer le récit. Justifier la violence est décidément la pire dérive sur les écrans de ces dernières décennies.

Bref, tout ça pour dire que malgré un très bon concept et un excellent personnage, Dexter me laisse doublement de marbre. Je regarderai peut-être d'autres épisodes à l'occasion, mais je suis assez déçu du traitement.

Et pour finir, mon point de départ étant de dire que les séries sont bien souvent mieux écrites que les films, je peux conclure sur mon petit échantillon personnel que les séries ne sont proportionnellement pas meilleures. Simplement on y rencontre des personnages qui sont mieux élaborés, plus profonds : normal, il faut tenir longtemps en leur compagnie. Le reste est tout aussi compliqué à réussir, et les séries sont quand même très prévisibles et caricaturales dans leurs rebondissements alors que les films ont un champ d'évolution narratif plus large. Inutile de dire que ce n'est pas demain que je vais laisser les salles obscures pour me transformer en geek des séries;)