vendredi 21 mai 2010

Les séries TV américaines (suite) - Flashforward

Me voilà de retour après quelques essais de séries US. Expédions le remake du Prisonnier avec Jim Caviezel. Absolument nul, je n'ai regardé que les 3 premiers épisodes alors que ce feuilleton n'en compte que 9. OK, c'est plutôt une série britannique, mais il est flagrant que ce qui fait perdre la tête aux producteurs, d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, c'est le succès de LOST. (personnellement ça ne me fait pas tourner la tête vu que je trouve ça complètement naze, artificiel etc. mais ce n'est pas la première fois qu'une formule bien lourdingue marche à fond sur une population de drogués qui s'ennuient le soir après le turbin devant leur petit écran).

Pour résumer le syndrome de LOST, sans avoir à rentrer dans le détail sur la nullité du Prisonnier 2009, surtout par rapport au potentiel de la série originale : on dissémine l'information sur plusieurs épisodes et plusieurs personnages, on expose des bouts de backstory pour diluer le tout (ou, dans le meilleur des cas lier le tout), le contexte est l'intrigue principale qu'on ne livre au public qu'à coup de flashbacks parcimonieux. Au final, si l'histoire de base est déjà lourdingue, ce procédé narratif de radin du scénario donne un mélange totalement ennuyeux et pénible à suivre. Quiconque possède un peu de cerveau en éveil se rend bien compte du côté artificiel de la narration, alors si en plus les éléments de la narration elle-même sont grotesques, clichés...


FLASHFORWARD

Je ne me suis pas laissé démonter et me suis laissé tenté par le concept de FlashForward, série qui est diffusé en ce moment sur ABC. Concept simple, avec un côté surnaturel sympathique (certains disent SF, ce qui prouve bien que les fans de SF sont de grands naïfs) : un beau jour la terre entière perd connaissance durant 2 minutes 17 secondes et durant ce blackout les gens ont la vision de ce qu'ils feront exactement 3 mois plus tard.

Bref, voilà un concept très intéressant et en plus bien écrit au niveau des personnages (et des dialogues donc) et très bien interprété. C'est une série qui démarre fort donc, mais très vite les scénaristes s'emmêlent les pinceaux à vouloir diluer la sauce (gâter la sauce ?). Dès l'épisode 3 on nous balance un vieux criminel de guerre nazi emprisonné à Munich qui aurait vu quelque chose d'intéressant pour faire avancer l'enquête sur le blackout. Derrière, les intrigues avec des personnages secondaires deviennent trop présentes en même temps que les personnages principaux semblent patauger dans leur appréhension du problème. Et je n'en suis qu'à l'épisode 4 sur les 22 que compte la saison 1...

LE DOSAGE DU SUSPENSE, TRAVAIL D'ORFEVRE DE L'ECRITURE

Il est assez amusant de mesurer combien on peut facilement devenir accro d'une série au suspense bien pensé et, a contrario, à quelle vitesse on décroche dès que le suspense s'enlise ou est trop dilué. LOST use et abuse des gros effets, des gros retournements, des deus ex machina pour alimenter la chaudière. C'est gros, ça marche. Malheureusement pour FlashForward l'intrigue est plus subtile et ils ne peuvent pas inventer un monstre ou faire intervenir Darth Vador juste pour relancer le suspense à intervalles réguliers.

Après les deux premiers épisodes de FlashForward j'étais assez pressé de voir le suivant. Après, ils ont perdu le focus et j'étais moins pressé, ce qui n'empêche que, compte tenu des autres qualités de la série, je vais voir le reste de la saison dans les prochaines semaines. A mon rythme, surtout qu'avec le beau temps je ne risque toujours pas de me faire plusieurs épisodes à la suite.

Le problème principal avec FlashForward, malgré le concept original, c'est d'être revenu vers l'artifice classique du flashback. Sauf qu'ils s'agit de FlashForwards, mais au final on est exactement dans la même situation de dilution, avec des intrigues mélodramatiques qui étouffent l'atmosphère de suspense. D'après ce que j'ai lu sur internet les scénaristes ont tenté de réagir après le break hivernal, mais c'était trop tard. FlashForward s'arrêtera dès sa première saison après n'avoir livré que quelques réponses partielles sur le pourquoi du comment du blackout.

Autre problème : l'intrigue est protéiforme, il n'y a pas de méchants précis, il n'y a pas une situation de départ simple comme dans LOST ou 24, donc au moindre relâchement dans le rythme le spectateur décroche. Le break hivernal (3 mois entiers !) aura donc été fatal.

Enfin, je vois une dernier problème lié à l'intervention du surnaturel. Soit on bascule franchement dans la SF, soit on trouve des explications rationnelles (pour l'instant c'est la tournure prise qui a peut être lassé les spectateurs aussi) et on perd la magie du truc. Je pense donc qu'à ne pas faire de choix de positionnement précis sur ce point, les producteurs ont laissé leur bébé à lui-même.

Ceci dit sous forme d'un long métrage de 2h30, voire d'un téléfilm en 2 parties, il y a quelque chose à faire. Réduire 45 minutes x 22 épisodes = 16 heures à 4h en ne retournant qu'un minimum de scènes pour dynamiser le rythme plan-plan-coupure-pub original, ne devrait pas être trop compliqué. Si les producteurs étaient malins il laisseraient les internautes proposer leur montage d'un FlashForward Reduced. Mais je ne suis pas sûrs qu'on trouve des producteurs qui bossent pour ABC capables de comprendre comment utiliser internet pour décliner leur travail...

EDIT 24/5: FlashForward alterne le chaud et le froid. L'épisode 5 est un modèle d'accélération du suspense sans accélérer l'intrigue, mais ça se refroidit un peu ensuite et il est décidemment difficile de faire le tri entre toutes les infos accumulées sur les différents personnages, sans compter ceux pour lesquels on n'a pas de FlashForward, ou les nouveaux personnages.