mardi 10 novembre 2009

La pub dans Télérama n°3122

Sur les 80 premières pages précédant les programmes télés : 23 pages de publicité + 3 doubles pages (dont la fameuse double-page pour l'écran Philips 21:9 à 4k€) soit plus de 36%. Je n'inclus pas la couv, ni les encarts et les enveloppes délicatement placées avec le magazine à l'attention de l'abonné. Et je ne compte pas non plus les offres internes de Télérama gentillement placées en page de gauche, donc bien moins intrusives.

Bref, nettement plus d'une page sur trois est de la pub. Supporterait-on une chaine télé où il faudrait zapper aussi souvent ? On en est à 12 minutes par heure (soit 20%) sur les chaines privées et c'est déjà pénible. Que serait une chaine avec 22 minutes de pub par heure ? J'imagine que Télérama serait le premier à s'en offusquer. Quoique. J'ai l'impression qu'on est bien loin du magazine d'il y a quinze ans.
Je vais essayer d'en retrouver un pour faire la comparaison.

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot



J'étais allé il y a déjà bien 2 ans à la présentation d'une sélection d'images dans l'auditorium du Louvre. Des images magnifiques révélatrices d'une atmosphère qu'on aurait aimé découvrir dans un film fini. A défaut du chef d'œuvre qu'aurait pu être L'Enfer de H-G Clouzot, on peut donc désormais satisfaire sa curiosité, et bien plus, avec le documentaire co-réalisé (sur 2 ans 1/2) par Serge Bromberg, l'homme par qui l'amour du cinéma revient.

The Battle over Content 2

Ce post fait suite à The Battle over Content que je publiais il y a un an. Pour résumer j'écrivais pour répondre à Tristan Nitot qui s'offusquait du fait que des blogs populaires se laissent tenter à faire du publi-rédactionnels, ce qui dénature complètement l'esprit du web. En particulier c'est un argument pour dire, au pire avec ce vieux débris de Séguéla, que le web est un immense bordel où règne les pires rumeurs, où se montent les pires calomnies, mais aussi dans le meilleur des cas c'est tout simplement un argument pour dire que les blogueurs et les infos tirées du web ne valent rien par rapport à de bons journalistes qui connaissent très bien leur métier.

Et qui travaillent sous les ordres de Dassault au Figaro, ou de manière plus générale dans un canard largement dépendant de ses rentrées publicitaires ou des exclusivités accordées ? Qui fait du journalisme d'investigation en France à part le Canard Enchaîné qui justement n'est pas financé par de la publicité ? Personne. Et il faut chercher sur le web pour trouver justement de nouvelles manières de faire du journalisme plus près des gens et moins proche du pouvoir (de l'argent, du politique) avec par exemple Rue89 ou Bakchich.info (en espérant que ce dernier survive malgré le positionnement sur le créneau des hebdos satiriques du mercredi).

Face à l'offensive des programmes TV gratuits Télé 7 jours, autrefois la référence dans les chaumières, est à la ramasse. Pas grave, ça n'a jamais été du journalisme (pas plus que les interviews de Drucker en tout cas) et il y a Télérama pour remonter le niveau chez les gens plus exigeants, mieux éduqués, et blablabla. J'ai toutefois arrêté de le lire régulièrement : d'une part parce que ça fait 15 ans que je n'ai plus la télé, mais surtout parce que j'y ai noté une forte surcharge publicitaire après le virage du rachat par le groupe La Vie-Le Monde. Condition à sa survie et à la préservation de son identité nationale nous expliquait-on.

J'ouvre la semaine dernière le Télérama n°3121 qui fait sa couverture sur un dossier "La télévision numérique mode d'emploi, 52 pages de conseils". Le reportage sur La presse italienne contre Berlusconi et le portrait de Patrick Buisson ne font l'objet que d'une mention, mais je ne remarque pas ça sur le coup : malgré mon esprit critique acéré mon premier regard ne s'occupe heureusement pas de juger a priori. En y réfléchissant ce dossier, pas du tout de fond, aurait plus sa place chez 60 millions de consommateurs par exemple. Mais il ne s'agit pas non plus de tests, de critiques du matériel pour regarder la télé en 2010. A feuilleter les 52 pages on y voit surtout une sorte de catalogue Fnac destiné à faire rêver les CSP+ à l'approche des fêtes. Tout ça, encore une fois, c'est mon esprit critique a posteriori qui le me le fait dire. Le déclencheur c'est cette pub dans le numéro suivant (3122): double-page sur le téléviseur Philips Cinema 21:9 (pages 9-10). En y regardant de plus près il y a déjà une pub pour cet TV (et une autre) en page 2 du dossier ! C'est vrai que pour fourguer un écran cinémascope à 4000€ il faut mettre le paquet pour toucher les CSP++ et leur remettre le produit sous le nez pour faire monter le désir. Il ne doit pas y avoir beaucoup de fétichistes du Cinémascope (en fait 2.35 c'est le ratio du format de référence Panavision nous apprend au moins Télérama) donc il faut susciter l'achat d'impulsion, vite !

Bref, tout ça pour dire que l'argument de dire que le seul journalisme qui compte dans une démocratie c'est le journalisme papier, c'est du pipo. Le journalisme papier a beaucoup de leçons à tirer de ce qui se passe sur internet, comme les maisons de disques et les distributeur et éditeurs de contenu ciné. Le journaliste papier doit vendre du papier, ce n'est pas un service public (et heureusement question indépendance du pouvoir), et pour mériter son salaire la jalousie de ses confrères (pour une exclu obtenue) est plus importante que l'admiration.

A suivre : une petite analyse du poids de la pub dans Télérama.

dimanche 8 novembre 2009

Déjà vu : A Star is Born

Pygmalion, voilà un concept fort pour le cinéma et qui, bizarrement n'a pas été tant utilisé que ça sur le grand écran. En revanche George Cukor, que Clark Gable aurait fait virer d'Autant en emporte le vent parce qu'il dirigeait plus Scarlett O'Hara que Rett Butler, était manifestement très inspiré par le mythe. Il faut dire que Cukor est le réalisateur ayant "obtenu" le plus de nominations aux Oscars pour 21 acteurs dfférents qu'il a eu l'occasion de diriger. On en retient des rôles de femmes surtout (Katharine Hepburn, Audrey Hepburn, Judy Holiday...), mais pas seulement (James Stewart obtient l'Oscar en 1941 pour The Philadelphia Story alors que ses deux partenaires féminines se contentent d'une nomination).

Pygmalion c'est la pièce de George Bernard Shaw qui se trouvera convertie en comédie musicale à Broadway (1956) puis au cinéma par Cukor (1964) : My Fair Lady. Mais avant cela c'est une histoire de Pygmalion moins comique (et moins musicale) que Cukor avait déjà ré-adapté en réalisant le remake d'Une Etoile est Née (1937).

Pour avoir vu d'abord le remake en version 'restaurée' de 3h je pourrais ne pas être objectif en disant que la version rafraichie est meilleure. Sauf qu'elle est nettement meilleure. La réalisation est plus fluide alors que le film original est très, certainement trop, académique. Janet Gaynor soulève difficilement l'enthousiasme alors que c'est un rôle où l'on doit tout donner pour faire accepter au public cette histoire de jeune fille naïve qui devient une star. Fredric March est très bien de son côté mais on sent qu'il pourrait donner plus. Cukor, lui, donne une vraie dimension émotionnelle à l'histoire en dirigeant Judy Garland et James Mason.

Ceci dit, même réalisées sans chaleur, toutes les scènes clés sont déjà dans le film original, ce qui me permet de saluer un magnifique travail d'écriture de la part des scénaristes. La version de Cukor est aussi beaucoup plus longue, et avec les parties 'restaurées' (le son original sur des photos remplaçant les images perdues...) il est facile de dire trop long. Mais la longueur vient justement des scènes où l'on voit vraiment Esther devenir une star. Quoiqu'il en soit la dernière réplique, dans les 2 versions, me tire toujours les larmes aux yeux, donc, encore une fois, un réalisateur moyen ne peut pas complètement saloper un beau script.

PS. Pas vu : le re-remake de 1976 avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson (ça sent un peu trop le véhicule calibré pour Streisand). Et on annonce un re-re-remake pour 2012 : une version moderne où une chanteuse aguerrie (Carla) emmènerait son mari en haut du hit-parade des vendeurs de soupe ?