mercredi 23 septembre 2009

Les Délices d'Hadopi

C'était prévisible. Raphaël Anglade nous signale que les journalistes papier (au cerveau plus lent et plus servile que celui de leurs confrères qui pensent d'abord Internet) viennent de se rendre compte qu'Hadopi n'est qu'un prétexte au contrôle du web.

Évidemment ils ne s'en seraient toujours pas rendu compte s'il n'y avait pas une mesure qui les touche directement :
Les "œuvres" des journalistes pourront désormais être exploitées sans rémunération supplémentaire sur tous les supports d’un même titre.
Hé oui, on ne peut pas copier sans limite les œuvres des artistes, mais les journalistes ne sont eux que des ouvriers de l'actualité et de la propagande.

Après le petit bout de loi empêchant la secte de Scientologie d'être dissoute en France (et toutes les personnes morales convaincues d'escroquerie), les amendements votés pour limiter l'inégibilité des parlementaires, il y a vraiment qqch de pourri au royaume de Sarkozie. En tout cas un sacré sens inné de la mission de droit divin, balancé sans complexe au beau milieu de la République et sa difficile définition du bien commun.

jeudi 17 septembre 2009

Déjà vu : Out of the Past/Against All Odds

Out of the Past (La Griffe du passé - 1947), aussi connu sous le titre de Build my Gallows High (Pendez-moi haut et court), est tout simplement un des chefs d'oeuvre du film noir. L'idée d'en faire un remake est donc éminement foireuse d'entrée, et à plus forte raison s'il s'agit de faire le remake au coeur des années 80.

Notre petite jurisprudence D.O.A. nous montre en effet que les insouciantes, lumineuses et tape à l'oeil 80s sont tout ce qu'il y a de plus éloigné visuellement de l'époque des films noirs. Le contexte morose se prête pourtant aux histoires de héros poursuivis par la fatalité, mais en plus du manque d'un style propre après la fureur des années disco, de la libération sexuelle, les années 80 sont assommées par le retour des valeurs (morales) des années Reagan sur fond de crise économique permanente, au détriment du sens de la vie (c'est le travailler plus pour gagner plus avant l'heure). Ajoutons à ça que la "nouvelle vague US", les jeunes réalisateurs prometteurs des 70s (Spielberg, Scorsese, De Palma, Coppola...) sont vite rentrés dans le moule d'Hollywood pour faire ce qu'ils savent faire sans prendre trop de risques. Pour le cinéma des années 80, l'esthétique est entièrement écrasée par la puissance financière des groupes qui ont racheté les studios. Les pontes des studios voient progressivement la manne de la vidéo et du public ado s'imposer comme les bases d'un marché juteux. Pour moi le résultat se résume à la série Miami Vice : du soleil, des héros seuls, mais globalement indestructibles, et avec tellement de compensations en nature...

PAS DE FEELGOOD MOVIE DANS MON FILM NOIR, MERCI

Rien ne rapproche notre héros de film noir de Sonny Crockett ou Ferris Bueller ou Bud Fox, le héros de Wall Street, perdu face à Gordon Gekko, un nom qu'on retient plus facilement grâce à l'écrasante présence de Michael Douglas dans ses quelques scènes. Mais l'ambition d'Against All Odds (Contre toute attente - 1984) n'est pas d'être un remake (ou alors ils ont vraiment perdu le fil et la bobine en cours de route !), ce qui évite déjà au film d'être jugé, et descendu en flammes, sur ce plan là par les fans de films noirs. Le film de Taylor Hackford ne fait que reprendre le fond de l'intrigue pour en faire un film romantico-policier. Ce genre, finalement assez typique des 80s (Polanski va malheureusement marcher dedans avec Frantic) n'avait pas d'avenir, comme toute l'esthétique des années 80 qu'on essaie de nous refourguer aujourd'hui. Pourtant j'ai un petit faible pour ce film mineur. Jeff Bridges y est excellent, même si son rôle est trop propre comme tout ce qu'on lui demande à l'époque, entre la guimauve de John Carpenter (Starman) et l'insignifiant dernier film de Hal Ashby (8 millions Ways to Die) dont le potentiel noir a été laminé en cours de production. Et Rachel Ward est sublime. John Woods est très bon aussi, comme toujours, mais son rôle est trop limité par rapport à la menace sournoise incarnée par Kirk Douglas dans l'original.

Bref on peut voir ces deux films indépendamment, sans se douter d'une vague filiation entre eux. Le premier est tout simplement excellent, l'autre peut faire passer un bon moment si on n'en attend rien de particulier. Quoique cet exemple ne soit pas très convaincant, il reste que la meilleure façon de concevoir un remake est de s'affranchir totalement du film original. Si le film original est un chef d'oeuvre on part perdant, mais contre toute attente on peut alors en sortir qqch d'intéressant et, paradoxalement, d'original.
So take a look at me now, cos there's just an empty space
And there's nothing left here to remind me,
just the memory of your face
Just take a look at me now, well there's just an empty space
And you coming back to me is against the odds and that's what I've got to face.

mercredi 9 septembre 2009

RIP! A Remix Manifesto

Le PDG de Sony Music France, et président du Snep, ferait bien de regarder le documentaire Rip, A Remix Manifesto avant de se ridiculiser par sa petite poussée d'urticaire.

Encore un peu et il va traiter les gens qui critiquent Hadopi de terroristes (c'est déjà le fond de la pensée unique qu'il partage avec ces potes bloqués du bulbe: pirates = pas de quartier). C'est sûr que c'est le genre d'argument à faire un beau débat démocratique.

UN PERE FOUETTARD A LA PETITE SEMAINE
Christophe Gnagnanère, tu as du temps à perdre à commenter les propos d'anonymes que tu présentes comme pas du tout crédibles. Tu dis que les opposants à Hadopi sont des délateurs parce qu'ils veulent publier la liste des députés qui ont voté pour la loi ? Parler de délation alors qu'il est tout à fait normal, pour commencer, de vouloir savoir à quelles discussions a pris part son député, puis comment il a voté, c'est de la malhonnêteté intellectuelle. T'as beau jeu de montrer ta gueule, tu ferais peut-être mieux d'essayer de dire des trucs mieux argumentés en te cachant sous un pseudo et de t'exposer seulement le jour où tu es sûr d'avoir tout compris.

De toute façon, inutile de discuter avec des gens qui sont techniquement (et intellectuellement) incapables d'avoir le moindre recul sur leur secteur et l'évolution du monde. S'ils avaient la capacité de comprendre, l'ouverture d'esprit, s'ils n'étaient pas aveuglés par la colère face à ce qui menace leur haute opinion d'eux-mêmes, ils iraient de l'avant et investiraient leur énergie, leur temps et leur salive dans un business innovant. Ils ne resteraient pas raides dans leurs bottes à défendre leurs châteaux de sable menacés par le réchauffement climatique.