mercredi 16 avril 2008

L'avenir du cinéma selon James Cameron

John August signale sur son blog cette interview passionnante de James Cameron dans Variety la semaine dernière, ce qui en fait l'invité parfait pour aborder le deuxième voler de la série Le Cinéma de demain (2) - La Production.

La vision du réalisateur est très convaincante en ce qu'elle prend à la fois en compte les enjeux de l'exploitation (déjà débattus sur ce blog : dématérialisation des supports + home cinema en particulier), et la pression de tout ce que peuvent permettre les avancés technologiques.
De cette longue et stimulante interview je retiens ceci, quitte à sur-interpréter Cameron : la HD est une erreur, une fuite en avant de l'industrie du cinéma devant le piratage. Plutôt que d'augmenter la résolution directe des images, ce qui exige que tout le parc des projecteurs devienne un jour numérique (énorme frein qui supposerait la mort d'encore plus de salles), il est possible aujourd'hui d'augmenter la résolution perçue par le spectateur en doublant l'archaïque débit de 24 images/seconde.
...people have been asking the wrong question for years. They have been so focused on resolution, and counting pixels and lines, that they have forgotten about frame rate. Perceived resolution = pixels x replacement rate. A 2K image at 48 frames per second looks as sharp as a 4K image at 24 frames per second ... with one fundamental difference: the 4K/24 image will judder miserably during a panning shot, and the 2K/48 won't. Higher pixel counts only preserve motion artifacts like strobing with greater fidelity. They don't solve them at all.

If every single digital theater was perceived by the audience as being equivalent to Imax or Showscan in image quality, which is readily achievable with off-the-shelf technology now, running at higher frame rates, then isn't that the same kind of marketing hook as 3-D itself? Something you can't get at home. An aspect of the film that you can't pirate.


Évidemment tout celà ne pouvait que me plaire dans la mesure où James Cameron commence l'interview en disant que Godard avait tout faux, pontifiant avec sa notoire définition intello que le cinéma c'est la vérité 24 images par seconde. Reste que James Cameron, depuis dix ans et grâce au succès de Titanic, a pu faire ce qu'il voulait, se faire plaisir et prendre du recul sur son métier, ses envies. C'est un vrai luxe que peu de monde a pu se payer dans l'histoire du cinéma, un luxe à l'opposé de l'égocentrisme prétentieux et bavard d'un Godard (désolé d'en remettre une couche, c'est parti tout seul). Honnêteté intellectuelle, fraicheur et logique éclatante de la vision : je souhaite vivement que James Cameron ait vu juste, et surtout qu'il puisse tirer l'évolution du cinéma dans ce sens.