samedi 30 septembre 2006

Inland Empire

Le moins qu'on puisse dire avec David Lynch c'est que ses films sont perturbants. D'où que vienne son inspiration la mise en scène a cette force de conviction que l'image à l'écran appartient bien au réel, qu'elle est même au-delà comme si elle nous touchait beaucoup plus profondemment, une force que beaucoup peuvent lui envier.
Lynch ne filme pas des scénarios (ce qui est le degré zéro de la mise en scène) il filme des scènes qui l'inspirent et se laisse guider par son inspiration, stimulée par la méditation. Et il est seul avec son oeuvre, entretenant avec elle un dialogue plus ou moins abouti pour le spectateur.

Lost Highway avait cette force et toute la machinerie de Lynch tombait parfaitement en place pour faire un film une fois de plus dérangeant mais flirtant merveilleusement à la frontière du rêve éveillé et du cauchemar halluciné. L'histoire formait un tout impressionnant qui ne demandait aucune interprétation, laissant à chacun sa propre appropriation de peurs enfouies, de fantasmes inavoués dans un réel transcendé.

J'arrête les gros mots en arrivant à Mulholland Drive où Lynch nous offre une fois de plus une démonstration de mise en scène avant que son dialogue avec lui-même ne s'interrompe pour laisser le spectateur dans les nimbes. Certains ont voulu se montrer les plus malins et tirer eux-mêmes une interprétation du chaos final. Lynch s'est vaguement prêté à ce petit jeu à l'instigation des marketeurs du Studio Canal, trop contents de faire parler les bavards gratuitement et pendant si longtemps (jusqu'à la sortie du DVD dis-donc !).

Attendons maintenant de voir ce que nous réserve Inland Empire.
Asked to elaborate on some of the film’s themes, Mr. Lynch was illuminating, if not always in expected ways. On his apparent conception of the self as fragmentary, he said: “The big self is mondo stable. But the small self — we’re blowing about like dry leaves in the wind.” Regarding the essential elusiveness of time, he declared, “It’s going backward and forward, and it’s slippery.”

He brought up wormholes, invoked the theories of the quantum physicist (and fellow meditator) John Hagelin and recounted a moment of déjà vu that overcame him while making “The Elephant Man.” “There was a feeling of a past thing and it’s holding, and the next instant I slipped forward” — he made a sound somewhere between a slurp and a whoosh — “and I see this future.”
Dennis Lim pour le NYT Oct. 1, 2006

dimanche 17 septembre 2006

De Palma et l'addition SVP

Quand on aime passionnement le cinéma on peut s'embarquer dans des discussions très animées sur la valeur de tel ou tel film, tel ou tel réal. Oui hé bien je ne suis pas du tout d'accord avec cette assertion : quand on aime passionnement le cinéma on aime partager ses goûts, discuter des mérites ou du manque de mérite de certains films certains réals... En ce qui concerne la défense ou l'attaque j'ai toujours des arguments très précis et même si mes interlocuteurs ne sont pas d'accord sur mon impression d'ensemble cela ne change rien au fait que mes arguments sont justes et mesurés. Evidemment j'ai la prétention d'avoir un avis à la fois très réfléchi, qui ne tombe jamais dans l'intellectualisant et très honnête donc je ne perds pas mon temps à discuter avec des gens qui ne sont pas prêts à écouter mes arguments, ou chez qui il ne vont rien évoquer.
Avec ça en tête je veux bien m'avancer et dire que les gens qui n'aiment pas Le Voleur de bicyclette, Les Enfants du Paradis, Le Salaire de la peur, The Philadelphia Story ou Le Nom de la Rose ne connaissent rien au cinéma. Voire qu'ils ne connaissent pas grand chose à la vie. Tant pis pour eux, c'est leur problème. On peut très bien vivre, peut-être pas heureux mais dans une forme de béatitude en se vautrant dans ses goûts de chiotte. Heureusement de temps en temps le film d'un cinéaste généreux et sachant apprécier les belles choses arrive à toucher un public "qui n'y connait pas grand chose." Mais ça les critiques n'aiment pas alors que justement c'est la beauté du cinéma.
Non les critiques adorent gesticuler dans leur microcosme, se raconter que leur jugement de taupes confinées dans les salles obscures fait autorité. après les bataille de chapelle très politisées de l'époque Nouvelle Vague on est arrivé à des discussions de cour d'école, des concours de mauvaise foi, du terrorisme verbal qui dépasse allègrement les bornes de l'honnêteté intellectuelle. Tout ça pour s'affirmer, pour avoir l'impression d'exister à côté de films dont les génériques seront souvent plus lus en salles que leurs papiers.
Je suis lourd quand je m'en prends aux critiques ? Je m'en porte bien et j'évite de les lire mais ils faut toujours qu'ils lancent un débat foireux où ils viennent souiller de leur incompétence prétentieuse et égocentrique ce qui est important dans le cinéma. Ce qui compte dans le cinéma c'est les films, pas le résumé du dossier de presse et surtout pas les graffitis dans les chiottes du ciné. Malheureusement quand il y a des parasites on ne peut jamais les ignorer trop longtemps.

Le cas De Palma

Tout ça pour dire que je n'ai pas de raison particulière de m'en prendre aux critiques ciné aujourd'hui plus qu'hier. Je me préoccupe de lire ceux dont le travail suit une rigeur et non une vague ambition journalistique (très rare en France) et les autres ont droit à mon plus profond mépris.
Au menu ce soir de nombreux spécimens de cette branche morte de l'évolution humaine veulent reconnaitre en Brian De Palma un Grand, un Auteur et défendre le moindre de ses films en promettant l'enfer à leur contradicteurs, comme des Imams analphabètes. Chacun sa marotte (pour la Marmotte voir du côté de l'infirmerie), ça m'en touche une sans faire bouger l'autre pourrais-je dire si je me gargarisais d'expressions toutes faites pour plumitif névropathe. Personnellement j'apprécie beaucoup Phantom of the Paradise, Sisters mais pas du tout le gloubi-boulga ressucée d'Hitchock (Obsession, Pulsions ou, encore pire Body Double et Femme Fatale) à part Blow out où De Palma reste proche de son personnage principal sans se prendre pour un artiste flamand du XVIIe s. L'Impasse (Carlito's Way)? Très réussi mais Al Pacino + Sean Penn y mettent le paquet pour faire oublier les arabesques de monsieur l'artiste trop tôt apparu comme tel dans les journaux. Inutile de dire que je suis très froid pour Le Dalhia noir. En plus comme il y a du 'shock factor' (comme pour le Silence des Agneaux) l'adaptation perd son intérêt quand on a déjà lu le bouquin.
Non le gros problème avec De Palma c'est qu'il a fait Scarface dans lequel il idéalise la violence et glorifie le personnage central avec sa mentalité (réussir à tout prix, il vaut mieux mourrir jeune et riche qu'en vieux loser). Ce film est le film de référence dans les banlieues et dans les prisons (aucun amalgame de ma part, juste un constat) où je ne crois pas que beaucoup de monde le regarde (très régulièrement) avec beaucoup de recul. Archétype du cinéaste américain né au creux de la Nouvelle Vague De Palma surdose toujours ses effets et la symbolique (le côté intello qui plait à une certaine critique) et survole toujours les relations émotionnelles de ses personnages, comme un grand ado qui chercherait sa place dans ce monde. Ce ne serait pas grave s'il n'y avait pas eu Scarface, remake du classique de 1930 écrit par un Oliver Stone encore très stone de ses abus de coke.
Autant dire que De Palma était le pire réalisateur pour ce remake : faiblesse pour rentrer dans l'émotionnel surcompensée par sa tendance à l'excès stylistique (jusqu'au lourdingue ou au kitsch). Avec ce film il a ouvert la porte à toute une génération pour qui la violence à l'écran est devenue l'ultime transgression, celle qui permet de tout expliquer, de tout exprimer. On a déjà vu des opportunistes, des réalisateurs cyniques au point de jouer à fond la provoc, le voyeurisme (même pour étaler ma culture je ne m'abaisserai pas à citer un film d'Exploitation), mais aucun grand réalisateur n'a accouché d'un film où sa mise en scène, le résultat final lui échappait à ce point. Dans Orange mécanique le sujet est la violence dans la société et Kubrick tient son histoire de bout en bout : la violence est présentée du point de vue d'Alex comme un divertissement, une comédie musicale, jamais comme une réalité morbide. Point central : la douleur physique est évacuée pour qu'on s'attache à ce héros sadique.
Dans Scarface la violence est présentée comme une réalité mais aussi comme un passage obligé, un rite de passage. A partir de là toute la violence est justifiée (en plus d'être étalée à l'écran) par la progression du personnage. Et plus Scarface avance plus la violence devient la partie distrayante de sa vie, celle qui symbolise son statut qui touche finalement au mythe.
Chez Kubrick la violence est partout et en chacun de nous, elle s'exprime différemment (ou pas du tout) suivant notre position dans la société. Chez De Palma la violence est une affaire d'hommes : dans la vie il y a ceux qui ont peur et ceux qui n'ont peur de rien. Si tu as peur tu es un loser.
Ça, un film, un réalisateur aussi irresponsable que ça, ça fait vraiment peur.

lundi 11 septembre 2006

Je ne vois pas le rapport

Publication aujourd'hui par le CNC du rapport Enjeux de l'exploitation numérique en salles.
Alors que seules 1% des salles de cinéma, soit 1 500 des 165 000 des salles du monde, sont aujourd'hui équipées en numérique, il est encore temps de s'interroger sur le choix du modèle. Daniel Goudinau suggère d'ailleurs de se livrer à « interrogation profonde sur la salle de cinéma ». Avec le succès de la video on demand (VOD) et des homes cinéma, les salles obscures ne risquent-elles pas de devenir de simples vitrines des autres moyens d'exploitation d'un film ?
Ben vouais c'était ça la vraie question qui méritait de payer une équipe à rendre un petit rapport. La projection numérique en salles c'est ce qui viendra quand on saura quelle place est faite à l'exploitation traditionnelle dans l'économie du secteur. Jusqu'à nouvel ordre c'est plutôt les spectateurs qu'il s'agit de faire venir dans les salles et de renouveller, l'intendance suivra.

Box-office Pp WE 37

1. LITTLE MISS SUNSHINE .............. 53 066 = 25 x 425
2. JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS .... 45 565 = 36 x 253
3. THE SENTINEL ...................... 33 302 = 34 x 196
4. LE MAITRE D'ARMES ................. 31 406 = 28 x 224
5. LE VENT SE LEVE ................... 23 149 = 34 x 136
6. PIRATES DES CARAIBES 2 ............ 22 943 = 37 x 124
7. MIAMI VICE ........................ 19 586 = 33 x 119
8. DES SERPENTS DANS L'AVION ......... 19 076 = 29 x 132
9. FAIR PLAY ......................... 15 502 = 30 x 103
10 LA SCIENCE DES REVES .............. 14 272 = 22 x 130



(source : ciné-chiffres)

dimanche 10 septembre 2006

Une question sensible

Fidèle à mon crédo qu'à l'heure de la multiplication des supports de plus en plus virtuels l'avenir du cinéma se joue dans les salles je suis toujours très dubitatif à l'évocation de l'initiative Cuban/Wagner :
[...]Internet billionaires Mark Cuban, 48, and Todd Wagner, 45, are determined to change how and when we see films. Cuban and Wagner also made a dotcom killing, selling Broadcast.com to Yahoo! for $5.7 billion in 1999. They have set up 2929 Entertainment, which has a number of companies that run cinemas and distribute films to theatres, on cable and on DVD. It also helped to finance Good Night, and Good Luck, and has backed powerful documentaries such as Enron: The Smartest Guys in the Room and Capturing the Friedmans. Its most controversial plan is to allow us to see films in cinemas, on cable and on DVD on the same day. At the moment, the Hollywood studios adhere to strict “windows”. First, a film is released in cinemas; three months later, on DVD; finally, on cable. The founders of 2929 think distribution strategy is outdated and, as piracy bites into profits, stupid. “If I hear a song I like on the radio,” says Wagner, “I don’t have to wait three months to buy it on CD. We are letting the consumers decide how they consume movies.”

This has infuriated the big cinema chains, which have said they won’t touch films released this way. They haven’t had to worry much yet. The first film released simultaneously by 2929 — Bubble, a low-budget murder mystery directed by Steven Soderbergh — made almost no money in the theatres owned by 2929 or on DVD. But, longer-term, nobody doubts this way of distributing films will have a radical impact.
Christopher Goodwin, The Sunday Times 27 août 06
Tous les films qu'ils ont financés (je n'ai pas vu ni l'intention de voir Bubble) sont des films louables au niveau du contenu, de l'ambition de faire un film pour cibler telle ou telle population. On en redemande. Mais si tous ces films auront certainement un public plus large en sortant le même jour en salles, en DVD et en Pay-per-view sur le cable que va-t-il rester dans les salles ? Les films les plus bourrins ? Ceux qui déjà nous polluent le paysage avec leurs campagnes d'affichage avant même qu'on se retrouve enfermé dans un multiplexe ? Est-ce que tout ceci ne contribue pas à creuser encore le fossé entre le public qui va naturellement au ciné et ceux qui le désertent depuis 30 ans ?
La question n'est pas simple, certains on le mérite de la poser et de vouloir faire bouger un système qui s'est endormi sur son aura, sur ces paillettes que certains fabriquent aujourd'hui beaucoup plus rapidement et bien moins cher.

mercredi 6 septembre 2006

Aujourd'hui bien moins que demain

Les gens qui ont fait le cinéma se sont d'abord formés sur le tas, puis des écoles sont venues répondre à la demande, mais moins celle de l'industrie que celle des gens qui rêvaient de faire du ciné : la professionalisation des métiers du cinéma c'est d'abord faite par le haut. Aujourd'hui ces écoles ont une certaine importance pour les métiers techniques mais elles n'ont bien-sûr jamais constitué un passage obligé. (Parenthèse personnelle le cinéma ne manquera jamais de techniciens, ou de gens motivés pour le devenir, ou encore d'auteurs mais bien plus en revanche de spectateurs qui ont envie de se déplacer dans les salles, qui ont envie de voir des films différents... Ici il y a un vrai manque d'éducation et la télé d'aujourd'hui contribue à creuser le fossé entre les cinéphiles et les autres)
Mais ces écoles sans lesquelles le cinéma se porterait aussi bien sont très en retard sur l'évolution. Comme toujours ceux qui font les programmes scolaires sont rarement des visionnaires et malheureusement souvent pas les plus compétents.

La révolution numérique, internet... tout ça ne veut rien dire en soi mais quelque chose en sort peu à peu, change nos habitudes de citoyen (soyons optimistes), de consommateur et nos habitudes professionnelles (pour ceux qui s'adaptent le mieux). Les éditeurs de musique, après s'être gavés durant des décennies se sont aggripés à leur bénéfices le plus longtemps possible avant de comprendre que le modèle économique changeait (comme les compagnies pétrolières ils feront tout pour ralentir l'évolution, sauf qu'elle sera de toute façon beaucoup plus rapide dans leur cas).
Un des gros problèmes aujourd'hui est que beaucoup d'esprits fénéants veulent tirer un parallèle entre l'industrie du mp3 (qui vendra donc désormais de la zique en qualité moyenne comme produit d'appel) et l'industrie du cinéma. Et l'industrie du cinéma ne sera jamais réduite à l'industrie de la VoD, la vidéo à la demande c'est à dire encore une fois le téléchargement comme consommation immédiate légalisée, encadrée et favorisée.
Le tout-numérique suppose une approche globale du secteur et pas juste de regarder par le petit bout de la lorgnette où les bénéfices vont se faire si on pousse la technologie. De même qu'un groupe n'existe pas sur la durée s'il ne fait pas de concert le cinéma non plus ne pourra se passer du contact direct avec les spectateurs dans les salles. Un gros problème qu'on a en France c'est de croire qu'avec les encartés on a stabilisé "le marché" alors qu'on a simplement fidélisé sous une bannière des gens qui allaient déjà souvent au cinéma. Et pourtant personne ne veut imaginer qu'un jour le cinéma aura perdu pied avec le spectateur lambda, que le public des salles sera minoritaire comme celui de l'Opéra.
Heureusement certains font des films qui veulent toucher les gens au plus profond, pas simplement cibler un public qui va au cinéma pas habitude (par désoeuvrement aussi). Ces films qui font venir toutes les franges de la population en salles satisfont tout le monde mais l'industrie du cinéma est encore trop préoccupée à compter ses bénéfices sur les DVD (tant qu'il en reste) pour réfléchir à comment favoriser ce genre de miracle dans les salles. C'est bien connu, les miracles demandent beaucoup de foi...
Là où l'espoir existe encore c'est que, pour en revenir à l'éducation du ciné, on commence à prendre en compte le 7e art comme autre chose qu'un mélange d'art et d'argent plus ou moins heureux. Forcément une telle approche pragamatique ne pouvait venir que des Etats-Unis, et quoi qu'on en dise elle ne peut que favoriser la réflexion sur le devenir du cinéma.
“We are not turning out people who are going to be editors, cinematographers, writers, directors,” said Dr. Lehman, who observed that there are too many such film schools already.

“Ideally we should be teaching students to think of film in relation to new media in a quite different model than we had in the past,” he continued. “It’s not as simple as, ‘We need content for a new delivery system.’ It’s more, ‘We need to understand the new technology and how it will shape entertainment.’ We’re creating a new industry job, as it were.”
Sharon Waxman NYT Sept. 6
Quand les générations pour qui les nouvelles technologies sont un fait remplaceront complètement les dinosaures on pourra peut-être y voir plus clair.

lundi 4 septembre 2006

Box-office Pp WE 36

1. THE SENTINEL ................ 77 990 = 33 x 473
2. PIRATES DES CARAIBES 2 ...... 54 877 = 43 x 255
3. DES SERPENTS DANS L'AVION ... 45 292 = 32 x 283
4. LE VENT SE LEVE ............. 43 115 = 35 x 246
5. MIAMI VICE .................. 42 977 = 43 x 200
6. LA SCIENCE DES REVES ........ 28 108 = 33 x 170
7. SELON CHARLIE ............... 26 723 = 42 x 127
8. MONSTER HOUSE ............... 22 683 = 33 x 137
9. LA JEUNE FILLE DE L'EAU ..... 21 788 = 38 x 115
10 NAUSICAA DE LA VALLEE DU VENT 19 289 = 15 x 257


(source : ciné-chiffres)

dimanche 3 septembre 2006

Glenn Ford (1916 - 2006)

Chaque année en discutant ciné il y avait toujours une discussion où on se rendait compte que Glenn Ford était encore en vie. Et puis voilà à 90 ans c'est un peu le dernier poilu qui disparait. Evidemment c'est pas comme la disparition de Katherine Hepburn, j'ai toujours trouvé que cet acteur manquait de charisme, de personnalité. Même dans ce qui est pour moi son meilleur rôle (The Big Heat - 1953, de Fritz Lang intitulé à la va-vite Règlement de comptes en vf) il n'est pas particulièrement impressionnant. Dans Gilda il réussit même à se faire voler la vedette par Rita Hayworth qui n'a jamais été qu'une danseuse qui savait à peu près jouer.
Mais il a incarné l'américain moyen, très moyen, jamais trop drôle, jamais trop ému. Une sorte de Tintin, héros sans aspérité dans lequel tous les baby-boomers et leurs parents pouvaient se projeter.
"When I'm on camera, I have to do things pretty much the way I do things in everyday life. It gives the audience someone real to identify with."

"People laugh when I say I'm not an actor, but I'm not, I play myself."

samedi 2 septembre 2006

Death of a President

Le buzz monte depuis quelques jours : Channel 4 va diffuser dans un mois un téléfilm mettant en scène l'assassinat du Président américain George W. Bush. Joli timing : annonce avec l'anniversaire de Katrina à la Nouvelle-Orléans et première projection la veille du 11 septembre ; mais Peter Dale, le directeur de la chaîne numérique responsable de ce projet, déclare simplement vouloir lancer un débat. Avec une approche à ce point morbide il faut espérer que les questions suscitées par cette fiction mettant en scène la mort d'un personnage réel dans un an soient vraiment bien énoncées. Si c'est juste pour faire du sous-24, du thriller à gros effets dramatiques sans point de vue stimulant je crois qu'on peut dire que c'est une atteinte à la dignité humaine, quelle que soit la faible estime que l'on porte au Président des USA le plus incompétent depuis Gerald Ford (l'un des deux a peut-être été élu plus proprement).

Cité dans le New-York Times ce directeur explique :
The movie, Mr. Dale said, is “a very powerful examination of what changes are taking place in America” as a result of its foreign policy.

“I believe that the effects of the wars that are being conducted in Iraq and Afghanistan,” he said, “are being felt in many ways in the multiracial communities in America and Britain in the number of soldiers who don’t come home, and that people are beginning to ask: ‘When will these body bags stop coming back? Why are we there? When will it stop?’ ”
Il faut dire qu'en France nous n'avons pas de soldats qui meurrent chaque mois pour une cause perdue, un immense gachis en vies humaines et en moyens financiers vendu au départ comme une gigantesque et rapide Opération Kärcher au Moyen-Orient. Alors peut-être que si on a pu à une époque monter une campagne marketing de ce genre avec simplement des mots bien choisis et répétés au bon moment, quelques images d'un petit téléfilm anglais peuvent bien froler le mauvais goût dans la provocation en retour de baton.