jeudi 31 août 2006

Produire un film c'est une partie de poker

Dès que ça cartonne ailleurs et notamment à la télé il se trouve toujours quelques producteurs hollywoodiens à l'affût pour essayer de surfer sur la vague. Les dizaines de millions de téléspectateurs du WPT (Travel Channel) des WSOP (ESPN), du Celebrity Poker Showdown ou du Poker Dome Challenge (Fox) ont finit par stimuler l'intérêt et aussi, avec un peu de chance, la créativité de l'industrie du ciné US.

En l'occurence deux gros films sont prêts : l'un ne s'annonce que comme un coup marketing (un coup de poker, gros bluff avec rien dans les mains et tout dans les manches), l'autre a plus d'ambition et en tout cas une ambition plus cinématographique.


Deal se présente d'emblée comme une sorte de produit dérivé du poker.

Ingrédients : la licence WPT, du placement de produit et des joueurs de renom.

Sauce : un scénario qui respire peu l'originalité. Un joueur rangé des voitures (Burt Reynolds) apprend le poker à un étudiant prometteur (Bret Harrison). Devinez la fin ? Ils s'affrontent lors de la finale annuelle du WPT où Antonio Esfandiari, Phil Laak et Isabelle Mercier feront de la figuration.

Chef cuistot : Gil Cates Jr. (oui, mais encore ?)



Lucky You a d'autres ambitions que d'être un simple film étiqueté poker. D'entrée un élément rassurant c'est que Curtis Hanson est aux manettes et il explique avoir voulu faire un film non pas simplement sur le poker mais sur les relations humaines d'un joueur de poker, les contradictions de la vie de joueur pro.

On y croisera les pros Doyle Brunson (la légende vivante du poker, 78 ans), Mike Matusow (joueur très vocal), Daniel Negreanu (jeune lutin malicieux) et John Juanda (le pro qui pourrait être votre ami) : un joli casting de figurants en soi.

L'histoire : un joueur professionnel (Eric Bana) est amené à remettre en question ce en quoi il croit dans la vie après avoir croisé le chemin d'une chanteuse en galère (Drew Barrymore) et son père qu'il a toujours rejetté (Robert Duvall), tout ça dans l'environnement des parties les plus chères de Vegas.

Sortie américaine prévue le 17 mars 2007.
En France Warner Bros. le distribuera dès qu'ils auront trouvé un créneau dans leur line-up.


A noter aussi, en France cette fois, un documentaire en cours d'Hervé Martin-Delpierre pour Arte.
Le work in progress à suivre sur son vlog :
http://blogs.arte-tv.com/poker-lasvegas/

mardi 29 août 2006

Superstar 2, la revanche

Après s'être fait signifier sans ménagement la non-reconduction de son contrat avec Paramount (voir post d'hier) la Cruise Cash & Co. a essayé de trouver ailleurs de généreux investisseurs dans la mégastar sur le détour (NYT du jour).
The financing is well under $10 million, according to Paula Wagner, Mr. Cruise’s business partner. Under the deal, Cruise-Wagner Productions will receive funds to cover overhead and develop new projects. The agreement would still require the new production company to raise money for films from other private investors or the Hollywood studios, Ms. Wagner said.

Sauf que le plus dur est fait : le millionaire en question va pouvoir payer les caprices de la star (caprices qui coûtent vite cher au niveau des projets qu'il faut savoir acheter, faire réécrire et aussi abandonner). La boîte à Cruise n'a aucune contrainte de résultat et si finalement les projets ne sont pas ou mal financés eux ils auront pris leur fric, chose qu'ils savent très bien faire mais pour laquelle il va leur falloir apprendre à être moins gourmands.
En résumé (et en langage pipologique) :
In a telephone interview, Ms. Wagner said: “We wanted to be in business with entrepreneurs. We wanted a focus on future brand and marketing opportunities. This deal is about access and not about money.”
Autant dire que le prochain film de Tom Cruise ne sera pas étonnant du tout, mais pour le moins bizarre vu la mission impossible des décisions de production qui l'auront précédé.

lundi 28 août 2006

Superstar economics

Article intéressant du NYT sur le principe mais dont l'approche complique la question.

En résumé : pourquoi une énorme star comme Tom Cruise vaudrait ou pas les dizaines de millions de dollars qu'elle prend sur chaque film?
Un principe simple veut qu'une super star va éclipser les stars de second plan, d'où son impact plus que proportionnel sur le marché. Mettons que Tom Cruise ait simplement dix fois plus de fans que Jude Law, alors il est en situation de quasi-monopole (de fait 95% des spectateurs dans le monde connaissent Tom Cruise contre peut-être 35% pour Jude Law).
Mais l'impact n'est finalement pas si important que cela dit l'article si ce n'est que les financiers aux commandes des studios n'aiment pas le risque (pourquoi s'occupent-ils de cinéma) et préfèrent donc investir dans une grosse star qui va amener une converture média énorme et donc aider le film à démarrer sur des bases de blockbuster (si tout se passe comme prévu, mais rien n'est prévisible dans le ciné... sauf dans les scénarios des films américains, souvent).
Au final si les pontes d'Hollywood qui ne connaissent rien au ciné se plantent sur un film ils pourront toujours dire à la maison mère que c'est un accident puisqu'ils s'étaient eux-même assuré les services de la super-star du moment.

En fait tout ça n'apporte pas grand chose : on le sait depuis que les gros conglomérats ont englouti les studios depuis la fin des années 60. Le vrai fond de la question c'est que Tom Cruise va se payer, comme toute star (et a fortiori comme megastar), sur les recettes brutes d'un film en salles plus un gros pourcentage sur les "residuals" (TV, DVD...). Ce qui fait qu'un film peut très bien marcher, faire mettons $150m de recettes en amérique plus le double à l'étranger, et pourtant ne rapporter qu'un faible pourcentage à la maison mère (voire perdre de l'argent si le film marche dans une fourchette basse). Evidemment Viacom ne peut pas dire ça devant ses actionnaires pour virer Tom Cruise mais si ils peuvent trouver un autre prétexte c'est du bénéfice net pour eux...
Bien sûr se serait un mauvais calcul si Tom Cruise était récupéré par un autre studio selon des tarifs revus à la baisse mais
1/il est assez peut probable que Cruise et sa clique surpayée accepte des sacrifices alors qu'il se goinfrait à hauteur de $75m par film
et 2/l'annonce publique du président de Viacom (pas simplement celui de Paramount) a été faite dans un esprit d'annonce que Tom Cruise est devenu un has-been. Et qui voudrait prendre le risque de travailler avec un has-been, même à moitié prix ?

Box-office Pp WE 35

1. MIAMI VICE .................. 77 932 = 49 x 318
2. PIRATES DES CARAIBES 2 ...... 68 877 = 43 x 320
3. LE VENT SE LEVE ............. 63 827 = 34 x 375
4. SELON CHARLIE ............... 54 667 = 41 x 267
5. LA JEUNE FILLE DE L'EAU ..... 45 783 = 41 x 223
6. MONSTER HOUSE ............... 36 715 = 33 x 223
7. LA SCIENCE DES REVES ........ 35 360 = 40 x 177
8. NAUSICAA DE LA VALLEE DU VENT 24 181 = 15 x 322
9. LA TOURNEUSE DE PAGES ....... 21 961 = 37 x 119
10 LITTLE MAN .................. 17 366 = 18 x 193


(source : ciné-chiffres)