lundi 28 février 2005

Back to work

Voilà, ça y est, on va pouvoir passer à autre chose que les conjectures sur le palmarès et la paraphrase sur les résultats.

Bon, allez, un petit coup de politiquement incorrect pour se remettre en route :
sur le site de la SACD, ce dessin de Jean-Claude Carrière a été subrepticement "déréférencé" (il est toujours sur le serveur mais, contrairement aux autres dessins, sans lien direct qui permette de tomber dessus).
Bizarre, bizarre...

Box-office Paris WE 9

1 RAY ........................ 102 695
2 MEET THE FOCKERS ....... 88 969
3 CONSTANTINE ....... 65 721
4 NEVERLAND ............ 64 275
5 IZNOGOUD ............. 48 131
6 TROUBLE JEU ....... 45 956
7 JE PREFERE QU'ON RESTE AMIS... 45 022
8 LE PROMENEUR DU CHAMP DE MARS 32 814
9 SIDEWAYS .......................... 27 424
10 ZE FILM ............................ 27 381
11 LA MARCHE DE L'EMPEREUR .... 24 892
12 BOB L'EPONGE LE FILM ....... 21 407

vendredi 25 février 2005

Oscars biodégradables 2

Le pire du meilleur...

La liste des 10 pires films à avoir remporté l'Oscar du meilleur film selon le magazine anglais Empire (décidemment les journalistes ciné sont en manque d'inspiration à l'approche de la cérémonie) :

1. Braveheart (1995)
2. A Beautiful Mind (2001)
3. The Greatest Show On Earth (1952)
    [Singin' in the Rain n'était même pas nominé...]
4. Ordinary People (1980)
    [en face il y avait pourtant Raging Bull et Elephant Man]
5. Forrest Gump (1994)
    [Pulp Fiction n'était pas assez consensuel à l'époque]
6. Terms Of Endearment (1983)
7. Around The World in 80 Days (1956)
8. Cavalcade (1933)
9. Rocky (1976)
    [parmi les nominés déçus : Taxi Driver, Network, Les Hommes du Président]
10. How Green Was My Valley (1941)
    [gros mélo passéiste qui a gagné face à... Citizen Kane, Sergent York et le Faucon Maltais]

jeudi 24 février 2005

Entrées du mercredi 23 sur Paris

1 RAY (43) ............................. 15 235
2 MEET THE FOCKERS (47) ....... 15 049
3 NEVERLAND (36) ................... 11 888
4 CONSTANTINE (36) ............... 11 703
5 IZNOGOUD (36) ................... 11 125
6 TROUBLE JEU (24) ................. 8 023
7 JE PREFERE QU'ON RESTE AMIS... (31) .... 7 682
8 ZE FILM (32) ......................................... 6 112
9 LE PROMENEUR DU CHAMP DE MARS (31) .. 5 213
10 BOB L'EPONGE LE FILM (31) .................. 5 069

Oscars biodégradables

“I never watched the Oscars. Come on, it’s a fashion show,” Rock recently declared. “What straight black man sits there and watches the Oscars? Show me one!” Rock added: “Awards for art are f-cking idiotic.”

Pas besoin d'attendre que Chris Rock ne jette un froid avant même de présenter cette cérémonie qui couronne surtout le bon ton hollywoodien. En ce qui me concerne, savoir que ni Hitchcock ni Kubrick ni Scorsese (entre autres) n'ont été couronnés, à un moment ou un autre de leur carrière, suffit à me laisser indifférent à la plus grande kermesse d'autocélébration du monde. Et même j'aurais honte pour Scorsese s'il devait remporter un Oscar de rattrapage pour ce gros film qui aurait gagné en honnêteté à s'appeller The Spruce Goose.

Emanuel Levy pose la question de manière plus directe : les Oscars récompensent-ils la médiocrité ? En bon journaliste ciné consciencieux il s'est même tapé, en deux mois, les 76 films qui ont reçu l'Oscar suprême (Best Picture) depuis le premier palmarès qui, en 1929, avait été annoncé lors d'un dîner privé.
Et effectivement il y a du déchet :
  • Has anyone watched lately Mrs. Miniver (1942), one of the worst films to win Best Picture?
  • Are there any artistic merits in The Greatest Show on Earth (1952)?
  • Is there any reason to revisit Around the World in 80 Days (1956); last year's terrible remake just proved how futile the whole idea was.
  • Have Braveheart (1995) and Gladiator (2000) done anything to revitalize or reinvent the sand-and sandals epic beyond Quo Vadis and Ben-Hur, fifty years ago?
(...) Artistically speaking, most Oscar-winners are truly and incredibly mediocre, boasting a middlebrow, often therapeutic sensibility, exemplified in such "sociological" pictures as Best Years of Our Lives, Kramer Vs. Kramer, Ordinary People, and A Beautiful Mind, to mention a few.

De toute façon c'est ça ou des étiquettes neo-dogma du style '100% ciné bio', 'tournage équitable' ou 'appellation d'origine exception culturelle controlée', alors franchement, mieux vaut regarder derrière soi pour voir quels films tiennent encore la route 10, 20 ou 50 ans après.
Oui, je sais, ça ne répond pas aux exigences de notre société de consommation du tout/tout neuf/tout de suite, de l'instant gratification chère aux américains.
Et alors ?

mercredi 23 février 2005

Box-office Pp semaine 8

1 MEET THE FOCKERS .......... 179 807
2 CONSTANTINE .............. 146 011
3 IZNOGOUD .................... 84 540
4 LE PROMENEUR DU CHAMP DE MARS .. 73 138
5 SIDEWAYS ..................... 53 679
6 THE AVIATOR ..................... 48 515
7 LA MARCHE DE L'EMPEREUR .... 46 429
8 ESPACE DETENTE ............... 41 740
9 DANNY THE DOG ................. 36 642
10 CHOK DEE ......................... 35 399

mardi 22 février 2005

Oscars du PP [prononcez 'pipi']

Le Placement de Produit (Product Placement) est un doux euphémisme que l'on doit, une fois de plus, aux génies méconnus de la pub (14,99 neurones en promotion). Derrière ce pipeau marketing, ce pipi de chat en chaleur neurolinguistique, il faut lire 'mise en avant de marques' et traduire enfin 'publicités qui se veulent d'autant plus efficaces qu'elles ne disent pas leur nom, mais susurrent celui d'une marque.'

Aucun soda n'a été maltraité durant le tournage

Dans un exercice de sous-journalisme dopé aux gros chiffres, un employé de Reuters nous propose le box-office des marques qui se sont le mieux montrées sur les écrans américains en 2004. Pipi Cola remporte ainsi haut la main cette belle bataille avec des 'partenariats' sur 7 des 37 films qui ont pointé en tête du box-office US l'an dernier, au moins le temps d'un w-e. C'est une belle revanche contre son ennemi de toujours, Caca Cola, qui ne fait que deuxième ex-aequo avec Motaralo et Nake.
Kowabunga.
Le papier nous rappelle au passage que la magie du PP a commencé avec les bonbons d'Elliott qu'E.T. mangeait innocemment.

Brandcameo's awards -- timed to capitalize on the massive interest in the Academy Awards to be made on Feb. 27 -- run to several categories, but perhaps the most interesting point is that movies actually tend to under-emphasize the impact of branding in our lives.

Of course, documentary films such as "Fahrenheit 9/11" and "Super Size Me" often lampoon or criticize the products or companies "placed" in them, as Halliburton and McDonald's found to their cost.

But the irony is that there are far more products and brands on display in documentaries - and in real life -- than in movies like "Die Another Day" or "Minority Report" that come under fire for their heavy use of product placement.

Déjà, parler d'une obscure manifestation des "Oscars du PP" (appréciez le joli nom marketinge Brandcameo) c'est pas très reluisant, mais alors finir en minimisant la pollution du PP dans les films c'est franchement malhonnête.

Et le NY Times s'y met aussi ! La dernière édition dominicale s'esbaudit devant la mode qui consiste, pour les marques de luxe, à donner avec affectation dans le superla(xa)tif de pubs rallongées à coups de millions et de stars, et élevées illico au rang d'oeuvres d'art par les cuistres : "Short films were never glamorous until fragrance took the starring role." (il s'agit du chapeau de la rédaction du NYT Magazine)

Le monde se partage en deux : ceux qui font du publi-rédactionnel et ceux qui risquent leur vie en Irak.

Un acteur sachant jouer...

...sans s'arrêter sait son salaire sous son succès

Pour éviter de perdre du temps à lire, la bouche ouverte, l'article figaresque d'hier sur les acteurs français les mieux payés en 2004 voilà le podium :
1. Gérard Jugnot -- 5,45 millions d’euros (2 films en 2004 ; poids après les Choristes : 1 million par film)
2. Jean Reno -- 3,55 (2,2 pour l'Enquête Corse, le reste sur les Rivières Pourpres font du ski).
3. Depardieu -- 3,35 (dont 1,2 pour le bide monumental de San-Antonio ; 5 films au total)


Jean Reno est un excellent produit ciné (3e année consécutive sur le podium et 2x mieux payé qu'en 2002) mais son parfum est un bide (3 087 flacons vendus sur six mois).
L'interview de Makayel Youn est un peu plus intéressante : il ne me fait pas rire du tout mais effectivement c'est un bourreau de travail. Ce qui l'aide à garder la tête froide, à défaut de la reposer.

Plus sympa comme discussion sur le métier : le face-à-face François Berléand/Clovis Cornillac dans L'Express. C'est marrant qu'ils soient « amis de longue date » parce que pour moi ils sont vraiment à l'opposé. Berléand ne m'intéresse pas du tout. Il renforce mes a priori contre les films dans lesquels il joue et quand je tombe sur lui, dans un film que je suis allé voir pour d'autres raisons, je vois Berléand et pas le personnage qu'il est censé incarner. Est-il capable de montrer autre chose ou est-ce qu'on ne lui demande rien de plus ? Aucune idée. Au contraire j'ai vu Clovis Cornillac dans trois films en deux mois, je ne l'ai pas reconnu dans le deuxième et je ne l'aurais pas plus reconnu dans Un Long dimanche... s'il ne m'avait pas autant marqué (bluffé) avec les films précédents.

F. B.: Il y a cinquante ans, les Julien Carette, Pierre Larquey et autres avaient une filmographie de 150, 200 films, et personne ne leur reprochait de trop bosser.

D'autant que, enchaîner les rôles, ce doit être bon pour le compte en banque, non?

F. B.: Quand je suis passé au théâtre privé, j'ai gagné cinq fois plus que dans le subventionné. Et d'environ 25 000 € d'impôts, je suis passé à 60 000! C'était la cata. Heureusement, les gens de cinéma voient pas mal de pièces. C'est là qu'ils m'ont repéré. Aujourd'hui, mon cachet standard, pour un rôle important comme celui des Choristes, à savoir vingt ou vingt-cinq jours de tournage, c'est 150 000 €. Si la production est plus modeste, le tarif varie, évidemment. Pour Mon idole, j'ai pris 50 000 €, alors que j'étais en tête d'affiche. Comme le film a marché, je me suis rattrapé sur la participation.

C. C.: Moi, je viens de m'apercevoir que je suis passé du statut d'acteur qui bosse bien à celui de bankable [comédien sur lequel un projet peut être monté financièrement]. D'abord, parce qu'on m'a associé au succès de Malabar Princess, dans lequel je n'ai pourtant pas un rôle important. Ensuite, parce qu'il y a eu Mensonges et trahisons... et Un long dimanche de fiançailles, qui ont bien fonctionné... Ce n'est pas moi qui, un jour, décide que je vaux tant de milliers d'euros. Ce sont les producteurs et autres décideurs qui discutent entre eux. C'est pourquoi je ne crois pas au plan de carrière. Tu choisis là où on te propose. Jusqu'au mois de septembre 2004, je recevais en moyenne deux scénarios par mois. Depuis, je suis passé à cinq par semaine! Mais attention! on m'envoie de tout. Si j'en avais écrit certains, je n'oserais même pas les montrer à ma douce.

F. B.: Moi, j'en reçois dix par mois. Plus les pièces. La sollicitation est telle que, finalement, je suis obligé d'apprendre à dire non.

lundi 21 février 2005

Critérium des adaptations

DEDALE ET ICARE

Si ce n'est pas le boulot des critiques cinéma de lire les scénarios portés à l'écran (cf. critérium des critiques) c'est encore moins celui des votants pour les Oscars. Dans un article costaud, à faire pâlir de honte bon nombre de criticailleurs de chez nous, Jack Mathews nous rappelle cette vérité première que la reconnaissance du travail d'un scénariste est entièrement soumise à la réussite globale du film, et c'est pourquoi les Oscars du scénario ne font en général que valider l'appréciation des membres de l'Academy en faveur d'un film.
Oui, ce n'est pas nouveau, l'écriture est un travail de l'ombre, le scénario un brouillon tributaire de la nuit, et le film un produit qui aspire à la surexposition. Il y a d'ailleurs un peu de cette duplicité-complicité dans Sideways avec Miles et Jack, les deux buddies si dissemblables.

The best example from "Sideways" of great adaptation writing is the scene, likely to become a classic, in which Miles and Maya end their first date by revealing themselves through their feelings about wine. In a speech that contains 133 words, Miles describes the Pinot grape in a way that subtly but unmistakably describes his own fragile nature.

"How about you?" he says, when he's finished.

In a speech four words longer, Maya describes her relatively recent discovery of fine wines in a way that reveals how she has been opened to life after a cloistered marriage.

It's a love scene, and a beauty. But, here's how author Rex Pickett described it in the novel: "We sipped the Tantara and talked on for what seemed like hours ..."

Pickett saw the speeches evolve in the drafts sent to him. "It just blew me away," he says of the scripted scene. "I wish it was in the novel."
(via MCN)

Pour moi, ce genre de reconnaissance par l'auteur original vaut tous les Oscars.

BROUILLON DE CULTURE

Inversement "I wish I were in the movie" ça me ferait penser (une fois de plus) aux critiques et leur tendance à faire de la paraphrase plus ou moins pompeuse pour se donner de l'importance, l'impression qu'ils influencent le public alors qu'ils arrivent tout juste à titiller l'ego des cinéastes.
L'ombre de la salle, la lumière de la toile... Quand au milieu quelque chose passe entre le spectateur et le film le reste n'est que mauvaise littérature et c'est pour ça que je crois que la télé n'est pas capable de parler de cinéma en dehors des émissions de promo baveuse ou de bavardage prout-prout. A défaut de résoudre cette quadrature, c'est dans cette dernière catégorie que tombera le Cercle, dès le 6 mars prochain, avec Daphné Roulier aux commandes. + Clair est une excellent magazine, critique, nerveux, sur l'actualité de la télé, alors pourquoi nous pondre une version illustrée du Masque et la plume (aka le Marteau et l'enclume) ? Tout simplement parce que Canal veut nous la jouer officine de valorisation de l'exception culturelle. Histoire de mettre en valeur son 'impot CSA'.
Daphné, si tu continues, tu vas te retrouver à interviewer des hommes politiques dans les tribunes du Parc des Princes (histoire de mettre en valeur le PSG avec d'autres trombines avides d'exposition médiatique).

Box-office Paris WE 8 : qu'un sang impur...

C'est pas pour critiquer mais les produits frais, bios, bref bien de chez nous, ne tiennent pas la route longtemps face au coca et au ketchup transgeniques :

1 MEET THE FOCKERS        141 548
2 CONSTANTINE                 117 123
3 IZNOGOUD                                                    60 127
4 LE PROMENEUR DU CHAMP DE MARS     58 540
5 SIDEWAYS                 41 806
6 THE AVIATOR              37 232
7 LA MARCHE DE L'EMPEREUR     32 603
8 ESPACE DETENTE                    31 580
9 DANNY THE DOG                    27 464
10 CHOK DEE                            27 216

dimanche 20 février 2005

Critérium des critiques

Que les choses soient claires d'entrée : je ne suis pas là pour faire de la prose éthylique, me goberger dans une critique des critiques et théoriser comme un gros fainéant prétentieux sur le travail des autres.
En revanche j'ai un critère absolu pour détecter une mauvaise critique dans le tas des critiques plus ou moins fainéantes et prétentieuses ; ce critère découle du fait qu'il est impossible de déduire la qualité générale d'un scénario à partir du résultat à l'écran.
D'où le théorème de viktor énoncé comme suit : "Toute critique qui utilise le mot 'scénario' pour juger un film est une mauvaise critique."

o0o

Indisputable gospel #714: I can tell a critic doesn't know his job when he blames a movie on the screenplay.
People who “critique” screenplays or scripts are paid to read them (be they low-wage readers or overblown script doctors). Basically critics are paid to watch movies (then some just paraphrase while others are kind enough to find and offer a real perspective).
I think that when a critic feels like writing the word screenplay or script in a piece, it should ring a bell. Maybe he is a little lazzy, making a general and careless assessment. Isn't the point only about the conventional story? the predictable plot? Or maybe it's the structure which looks unbalanced, with full sequences shuffled in while others are rushed out.
Screenplay/script: those words mean nothing to a movie-goer. It's only lame critics who overused the technical buzzwords to pretend they know what it means.
Do critics really need to invite criticism that they're nothing but frustrated writers?

Simple fact: you can find umpteen pieces where the critic indulges in some “director good but he stuck with stinking script.” On the other hand show me one review that reads “wonderful screenplay is spoilt by untalented director.” Ha! Hit the writer, he won't bite back. He is the man with the least power in the top credits. Now come hit the producer for a change.

Farfetched analogy time: If a dinner entrée or desert is fabulous, it makes sense to assume the recipe was good. But when an entrée arrives from the kitchen burnt into a smoking charcoal lump, would your first thought be to blame the recipe? Only if you're a film critic, it seems. When the food is great, the cook is a star, but when the dish is served cold and underdone, the poor chef 'struggled valiantly trying to elevate a mediocre recipe into something worth eating.'
Ted Elliott & Terry Rossio

(extrait de la chronique Crap-plus-One publiée sur Wordplay)

o0o

Existe aussi en VF (et en plus verbeux, tiens tiens...) du côté des commentaires.

jeudi 10 février 2005

On joue au docteur ?

MoustacheDevinette (on verra après pour les gages) : mais qui est donc ce jovial monsieur ? (cliquez sur sa moustache)

Comme George W. Bush qui a un an de plus que lui, Herbert Streicher (son vrai nom) a découvert Dieu après un programme de désintoxication. Mais à la différence de Bush il était déjà célèbre à Washington avant ses problèmes d'alcool et sa rédemption passait par une vie paisible dans une ville tranquille, loin du feu des projecteurs.

Il est donc maintenant installé dans l'Etat des Mormons, à Park City, où il est heureux que les gens ne voient en lui que The Realtor, l'agent immobilier respecté qu'il est devenu. Pourtant il a été ovationné dans cette même ville lors du Festival de Sundance, il y a deux semaines, après la présentation d'un documentaire produit par Ron Howard.

L'histoire commence avec son retour des Marines en 1967 quand il s'installe à Manhattan, où il a grandit, avec l'idée de devenir acteur.
(lire la suite ici, ou l'article original du NY Magazine )

Mercredi 9/2 : à défaut d'être Calife...

Iznogoud fait le démarrage qu'on pouvait attendre de l'adaptation de la BD avec en tête d'affiche Michael Youn face à Jacques Villeret.

1 IZNOGOUD .... 20 097
2 ESPACE DETENTE ........ 7 231
3 DANNY THE DOG ........ 7 009
4 AVIATOR ......................... 6 959
5 SIDEWAYS ...................... 6 593
6 BOB L'EPONGE ............... 6 257
7 COUP D'ECLAT ................. 6 097
8 LA MARCHE DE L'EMPEREUR ....... 5 804
9 POLLUX LE MANEGE ENCHANTE .... 5 340
10 L'EX FEMME DE MA VIE ............ 4 584

mercredi 9 février 2005

All the way to Davos

All the way to Nebraska.
Voilà une expression qui n'est pas plus traduisible que Spruce Goose, à cette différence qu'elle évoque plus largement l'Histoire américaine : l'esprit pionnier, la notion de Frontière. Autres temps autres moeurs, c'est aussi la métaphore qu'avait employé Sharon Stone pour parler de la perspective sur son fameux 'croisé, décroisé' dans Basic Instinct.

Mais que faisait donc Sharon Stone cette année à Davos ? C'est la question à laquelle répond ce matin Emmanuelle dans un article pour Libé, mettant à son tour en perspective la carrière de l'actrice qui n'a rien tourné d'intéressant depuis Casino.
Bon ok Casino ça vaut un sacré paquet de films médiocres, mais si Basic Instinct 2: Risk Addiction ne vaut pas mieux qu'un pic à glace rouillé on peut craindre qu'il ne lui reste plus qu'à écrire une autobiographie sulfureuse. Pourtant, si j'en crois un autre article d'Emmanuelle publié samedi, le Papy Boom devrait susciter plus d'intérêt, de la part des studios, pour les actrices "vieillissantes" (je sais, on dit un vieux beau mais pas une vieille belle).
Under way!

Box office Pp semaine 6

Il parle de lui même.

1 ESPACE DETENTE ........... 119 222 (40)
2 AVIATOR .......................... 109 567 (56
3 DANNY THE DOG ................... 106 440 (36)
4 LA MARCHE DE L'EMPEREUR ..... 75 208 (38)
5 L'EX FEMME DE MA VIE .............. 73 687 (41)
6 CLOSER ........................................ 45 678 (39)
7 LA VOIX DES MORTS ..................... 39 641 (20)
8 POLLUX LE MANEGE ENCHANTE ............ 37 444 (34)
9 LE CHATEAU AMBULANT ........................... 33 500 (35)
10 MAR ADENTRO .......................................... 28 952 (30)

Résultats spectaculaires donc avec dix films classés par ordre décroissant des entrées de 1 à 10 (voire plus si vous cherchez la petite bête).

Spruce Goose, pow'd by Google

Depuis que j'ai installé un script pour suivre les stats de fréquentation il y a juste une semaine, ces deux mots : Spruce Goose, forment la première requête Google qui me vaut une visite (en fait juste un hit). Bravo donc à cet internaute de Lyon, client chez Wanadoo, surfant avec IE6 (bouh!) sur Windows XP et avec un configuration 800x600. Oui tout ça n'est pas très folichon mais il a eu le courage d'aller jusqu'à la 6e page de résultats !

Bravo donc, il a gagné le droit de revenir une autre fois parce que :
  • Le post contenant un Spruce Goose n'était plus sur la page d'accueil à laquelle renvoyait Google,
  • Il y trouvera une photo du Spruce Goose en même temps que tout plein d'occurences,
  • Il aura peut-être appris à mettre des guillemets devant les expressions exactes qu'il recherche. Niveau pertinence c'est mieux, d'ailleurs ce blog apparait alors - miracle de la technologie - sur la 5e page !
  • Il aura appris aussi à demander la page en cache pour trouver directement et plus facilement les occurences dans un long document,
  • Il aura donc trouvé rapido ce qu'il cherchait sur un autre blog comme celui-ci (de Touloouuuse, salut Niala !) :

  • Le 2 novembre 1947, le Spruce Goose vola 2 km sur la baie de Los Angeles. Cet hydravion géant tout en bois, d’une envergure de 97 m, long de 66 m, haut de 29 m, équipé de huit moteurs de 3 500 CV chacun, était conçu pour transporter 750 passagers sur 5000 km. Aux commandes du mastodonte le milliardaire Howard Hugues (1905-1976), qu’incarne Leonardo DiCaprio dans le nouveau Scorsese, Aviator.

    Et moi qui avait juste évoqué le Spruce Goose comme un raccourci de cette passion, que le film veut présenter comme touchante, d'un personnage mégalo au dernier degré ! Si encore j'avais comparé Hell's Angels à un gang-bang atmosphérique (hum, ça fait très cahiers du cinéma ce genre d'attelage), à une partouze aéro-cinématographique pour un obsédé du manche à balai, voyeur et pervers...
    J'aurais pu évoquer aussi ma déception que Scorsese n'ait pas ajouté un peu de triolisme (3some) avec Hugues, Kate Hepburn et Ava Garner.

    Ah ! que ne ferait-on pas pour augmenter ses stats à bon compte, pour capter un peu de ces visites vaines et démédullées, ce courant de fond chargé de méduses à la dérive. Hein ! C'est plus facile et plus rapide que d'attraper des vrais surfeurs, des bons petits gars assoiffés de connaissance et avides de perspectives nouvelles, qui survolent les vagues !
    Tels le Spruce Goose.

    Ok, des méduses, des oies apprêtées... je laisse la poésie à des pros.
      Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
      L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
      Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

      Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
      Ils regardaient monter en un ciel ignoré
      Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

    PS Dans la série 'ce que l'on trouve en dernier c'est ce qu'il faut mettre en premier' (mais je ne suis pas Pascal) Spruce Goose a plusieurs connotations en anglais. Déjà dans les sous-titres ils avaient traduit Oie farcie, pour autant que je me rappelle. En fait ça serait plus Grosse Dinde (le projet étant un peu la danseuse pas finaude du milliardaire). Mais le jeu de mot sur goose (nom d'un gros fer à repasser qu'utilisaient les tailleurs) et spruce (bois d'épicéa) est intraduisible : fer à repasser [volant] en bois.

    mardi 8 février 2005

    And the joker is...

    Chris Rock va présenter la cérémonie des Oscars. Enfin ! disent ses fans. Il a dit qu'il savait se tenir, comme devant sa maman, et pouvait tenir toute une soirée sans prononcer de 'profanity' (F-ck). D'ailleurs il a commencé à roder ses blagues sur quelques petites scènes et pour quelques habitués.

    J'ai des doutes sur sa blague comme quoi il n'y a plus de vraies stars :
    "Now, Clint Eastwood - that's a big star ... Morgan Freeman is a big star ... But Lindsey Lohan - what is that? That's a stick with tits."
    et Tobey Maguire est juste "a little boy in tights", un gamin en collants.
    Evidemment ça claque mieux en VO mais je ne suis pas sûr que les smokings et robes de soirée en auront un accès d'incontinence.
    Celle sur Jude Law en revanche est pas mal :
    "Jude Law is in so many movies that I went to one, and when I walked out they were showing another on the back wall."

    Suffit d'imaginer l'animal sur scène et une salle pleine de grands enfants sans arrière-pensées...

    (via MCN)

    Effets secondaires

    L'amour du risque

    Bien plus lucratif que le DVD, le jeu vidéo a en plus comme gros avantage de ne pas être un simple support condammé à laisser la place aux nouveaux formats qui ne manqueront pas de le remplacer. C'est bien ce que se disent les studios : la marge bénéficiaire sur les jeux se maintient aux alentours de 25%, soit 3 fois plus que la moyenne des films et 2 fois plus que le DVD dont la moyenne a glissé avec sa popularité (guerre des prix et surenchère marketing).

    Mais bon, à part les franchises comme Spiderman ou Star Wars un blockbuster ne fait pas forcément un carton sur console. Dans les 90s Dreamworks, Time-Warner ou Disney ont appris à leurs dépends qu'il ne suffisait pas de créer une filiale. Audiovisuel et jeux vidéos, ce sont deux mondes différents avec, d'un côté des mastodontes qui connaissent leur business plan, et de l'autre des développeurs indépendants, pas vraiment fascinés par les paillettes, qui marchent à l'instinct. Un responsable de production chez Electronic Arts explique ainsi que dans son métier il n'y a pas cette "culture de la peur de l'échec."

    Pour moi c'est exactement la gangrène des studios : un responsable de la production chez Universal ne cherche pas avant tout à faire de bons films (comme d'autres de bons jeux) mais à ne pas perdre son job. Donc à ne pas faire de fours. C'est à dire minimiser les risques en sacrifiant cette originalité qui fait qu'un marché se renouvelle, respire et se développe.

    Si cet article du NYT explique que l'intérêt des studios pour les éditeurs de jeux est plus grand que jamais, MovieCityNews fait remarquer qu'EA n'est plus un start-up. Bref, s'il doit y avoir des rachats ou des fusions, c'est Wall Street qui arbitrera.

    ***

    After Effects

    Si vous venez de vous découvrir une vocation de tueur en série spécialisé sur les publicitaires (et les responsables de studios cupides) ce serait une bonne idée de commencer votre carrière avec les chargés de profanation pour la scène centrale où Gene Kelly danse effectivement sous la pluie (du studio) dans Singin' in the Rain :
    Then the commercial starts to slip and slide. The music becomes a piece of hip-hop. The figure of Kelly starts to make moves in his dance that were never in the original film. He does somersaults. And this is all in order to promote a current product - let's draw a merciful veil of obscurity over what it is.

    (The Independent)

    lundi 7 février 2005

    Secrétaire d'Etat à la pelliculture

    Daniel Glickman, secrétaire d'Etat à l'agriculture sous Clinton, remplace depuis le 1er septembre l'emblématique Jack Valenti à la tête de la MPAA. Valenti occupait ce poste depuis 1966 ! Vu qu'à Washington il y a juste un vague sous-secrétariat bêta bloqué sur l'éducation et les affaires culturelles, on peut dire qu'avec Valenti la Motion Picture Association of America est devenue une sorte de libre ministère du cinéma (et de la propagation de la culture) US, à une époque charnière qui a commencé avec le dépeçage des mythiques studios pour arriver à la révolution numérique qui prend forme depuis quelques années.
    En face, nous, avec un énarchiste rue de Valois et les deux satellites CNC et Unifrance, on peut toujours s'accrocher à fabriquer et vendre de l'exception culturelle !

    Dan Glickman avait été nommé à l'agriculture parce qu'il venait du Kansas. Là, il a été nommé à la MPAA parce qu'il venait d'une administration Démocrate (forcément à côté du vétéran Valenti son parcours ressemble à une suite de raccourcis). Donc, après les vaches folles, Glickman s'attaque... devinez à quoi ? Je vous le donne eMule : aux pirates. Décidemment c'est une obsession ! Ils ont tous été traumatisés -castrés- par le capitaine Crochet dans leurs rêves d'enfant ou quoi ?

    Deborah Solomon, dans le NYT Magazine d'hier, lui pose les bonnes questions (Deborah je t'aime !) :

    Are we talking about school kids watching movies online? Or organized-crime lords?
    We are talking about an awful lot of people worldwide who are engaged in criminal activity. We need to educate kids so they understand the value of intellectual property.

    I find it hard to get morally indignant over the issue, because there are so many more pressing issues than making sure that Hollywood gets every last penny that is owed to it.
    The founding fathers, in our Constitution, talked about copyright. They talked about the creative juices that are necessary for a free society and protecting property rights.

    Do you find any parallels between the agriculture industry and the movie industry?
    Many. American movies are big items on our international trade agenda. And that is also true of agriculture. Agriculture and entertainment are among the biggest export industries in America over the last decade.

    Hallelujah je vous le dis, nous sommes tous des vaches folles.
    Et c'est pas bien d'être fol à notre époque de folie délocalisée.
    ~~~~~
    PS Glickman raconte aussi n'avoir qu'une fois croisé Bush qui l'a salué d'un "Hello, Glick." Je pense que W a juste balancé ce diminutif comme ça, par déformation professionnelle de politicien rodé à ce grand numéro classique du "je sais qui tu es/on se connait tous les deux/on a des fichiers sur toi" (au choix suivant le contexte), mais il est amusant de noter que c'est une référence (involontaire pour quelqu'un qui bute encore sur My Pet Goat) à l'arriviste Sammy Glick décrit par Budd Schulberg dans son excellent premier roman : What makes Sammy run? Le moins qu'on puisse dire c'est que les dernières questions de l'interview (Théorie de la bascule au portillon) font étrangement penser, dans un style plus bureaucratique, plus feutré, à ce Samuel Glickstein qui marche sur les gens avec des bottes de sept lieues pour tracer sa route depuis un ghetto new-yorkais jusqu'au Hollywood de la Grande Epoque.

    Box-Office WE : parité parfaite

    Les continuations s'intercalent entre deux nouveautés.
    Entrez dans la danse : une nouveauté, une continuation, une nouveauté...

    1. ESPACE DETENTE ................... 101 112
    2. THE AVIATOR .......................... 92 759
    3. DANNY THE DOG ........................ 90 349
    4. LA MARCHE DE L'EMPEREUR ..... 63 549
    5. L'EX FEMME DE MA VIE ............... 61 494
    6. CLOSER ................................ 37 240
    7. POLLUX LE MANEGE ENCHANTE ... 35 631
    8. LA VOIX DES MORTS ..................... 33 219
    9. LE CHATEAU AMBULANT ................... 29 075
    10. MAR ADENTRO .................................. 23 272

    C'est dire si les regards se tournent vers la première semaine des vacances d'hiver et, dès mercredi, Iznogoud, SpongeBob SquarePants, Sideways, Vera Drake, plus la reprise de Roman Holiday. Si là y en a pas pour tous les goûts...

    dimanche 6 février 2005

    Biopics je vous hais 2

    En France, c'est bien connu, on n'a pas de pétrole.
    Donc, forcément, pas d'Howard Hughes...
    D'où cette idée de faire un film sur Edith Piaf. C'est Marion Cotillard qui devrait interpréter la Môme et Olivier Dahan qui devrait être derrière la caméra. Et Alain Goldman derrière lui, ça s'est sûr (encore qu'un projet ça se monte et ça se revend, n'est-ce pas Babylon Babies ?). Tournage prévu en septembre.

    Quelqu'un a-t-il de (bons) souvenirs d'Edith et Marcel ? (pour l'anecdote c'est Patrick Dewaere qui devait interpréter Cerdan mais il s'est suicidé quelques heures à peine après avoir discuté du projet avec Lelouch - ya pas de quoi rigoler).

    Pour résumer, ce qui me fatigue dans les biopics c'est ce côté Barnum dont parlait mon pote JK : on essaie de faire rentrer dans l'écran le maximum de détails pittoresques sur une époque, un milieu, et à côté les personnages ne sont qu'un prétexte réduit à deux dimensions cinégéniques.
    Exemple : Aviator = Quarantine + Spruce Goose. Howie est un gros milliardaire flamboyant qui fait joujou avec de belles femmes et des jolis navions mais qu'il est pas bien dans sa peau parce que sa maman blablabla. Les références à son enfance c'est, d'un point de vue scénaristique, le degré zéro de ce qu'on appelle le rubber ducky, le canard en plastique confisqué à cette âge où s'amuser tout seul suffisait encore et qui met foutrement bien en perspective la psychologie des grands enfants. Comme je le disais la dernière fois, tout le monde ne peut pas avoir le talent d'Orson Welles et je crois que beaucoup de seconds couteaux du cinéma (je pense ici à John Logan) font une sorte de complexe d'Oedipe-rosebud.

    Il était une fois, bien des années avant de se faire embaucher sur The Aviator, Martin Scorsese qui réécrivait le script de Raging bull avec De Niro. Un biopic de plus ? Sur la vie de Jake La Motta, un boxeur que seuls les (grands) amateurs du sport connaissent ? Non. Simplement un grand, un très grand film. Un film magistral.
    D'ailleurs c'est un film auquel on fait l'honneur d'une reprise (aux US) pour l'anniversaire de ses 25 ans, et pas juste d'une vulgaire édition en DVD collector qui dans dix ans aura l'air d'un album d'images Panini.

    vendredi 4 février 2005

    Sideways - Chemins de traverse

    Comme St. Thomas, le saint faquin protecteur de ce blog, je ne croirais (éventuellement) à Sideways que quand je l'aurais vu.
    Mais un film qui fait vendre du vin (même si c'est surtout du Constellation californien) peut-il être mauvais ? (via imdb)

    Mon pote JK rebondit sur mes doutes dus à l'enthousiasme un peu trop consensuel (malgré de récents efforts) de la critique US.

    De : 'viktor'

    Je me méfie un peu de Sideways qui est le petit chouchou de la critique US (apparemment les deux buddies sont un peu trop proches de la personnalité de loser culturé des critiques...).

    Re : 'JK'

    Sideways, ça sent à mort Lost in Translation 2 : je sors un petit film ultra intellectuel à la française avec des non-dits, des ellipses et des problèmes d’érection. Somme toute un genre à part entière depuis Sex, Lies and Videotape. Un film qui va bien plaire aussi à la critique chez nous.

    Ce qui est vrai aussi, c’est que la télévision est tellement puissante qu’il y une sitcomisation de l’écriture à hollywood. Les personnages complexes et non schématiques sont de moins en moins fréquents. Je pense que dans Sideways, les critiques remercient le réalisateur de montrer des américains qui leur ressemblent : humains, pas forcément très moraux, mais pas des salauds non plus, bref, des gens normaux.


    [l'article complet du critique dissident du NYT - avec la saison des récompenses il faut bien trouver qqch de nouveau à écrire : une critique des critiques avant une critique des récompenses...]

    Biopics je vous hais !

    Petit prolongement de la discussion sur The Aviator avec un épilogue de mon cru (recyclage, j'avoue) sur ces films frelatés que sont les biopics.

    [biopics = biographical pictures. En vf 'Biographies filmées' ou 'films biographiques' : ça sent la naphtaline !]

    De : 'JK'

    Aviator fait très Citizen Kane atrophié.
    Par ailleurs, il y a beaucoup d’autres choses qui me gênent.
    Par exemple, l’introduction de Hepburn, avec ses tics de langage.
    OK, c’est une super imitation, mais ça fait vraiment barnum, genre l’actrice qui fait son show. Pour moi, ça tue totalement la scène. Pourtant, quand j’ai revu Hepburn deux jours plus tard, j’étais bluffé. Mais dans Aviator, ça me pose clairement un problème.

    A la limite, j’ai préféré Beckinsale, qui pourtant ressemble autant à Ava Gardner que moi à Jean Paul II, mais qui ne donne pas l’impression de jouer « à la manière de ».
    Je ne sais pas si je me fais bien comprendre… Je reconnais que ça ne doit pas être évident de gérer cet équilibre entre des personnages grandioses et un jeu outrancier.


    Re : 'viktor'

    Pour reprendre ton expression c'est dans la scènes les moins Barnum que le personnage d'Hepburn est touchant (en l'écrivant ça devient d'une évidence lumineuse) mais en bon spectateur du numéro de Cate (impossible de toute façon d'y voir la vraie Kate) DiCaprio-Hughes commence à apparaitre un peu plus humain.
    Au contraire la répétition des tocs ça devient lassant.
    Je dis lassant, j'exagère parce que le jeu de DiCaprio fait qu'on était vraiment dans la peau du gars, mais le côté Citizen Kane du pauvre (Quarantine=Rosebud) dont tu parles fait bien ressortir la lourdeur de la structure scénaristique dont je parlais l'autre fois.
    Quant à Beckinsale elle ne fait que passer au milieu. J'ai même trouvé que son personnage avait moins d'importance que celui de Faith Domergue.

    Et puis zut, j'en ai marre des biopics. Je préfère les vrais films où le cinéaste veut avant tout raconter une histoire intéressante que ces films qui se croient intéressants parce qu'ils se coltinent une bonne grosse histoire vraie.

    Ça me rappelle que le projet Napoléon de Kubrick avait aussi un arrière goût de Rosebud. Pour la peine je te recopie ma réponse à un article qui annonçait, il y a 4 mois, la déferlante des biopics :

    I'm not too kind on biopics - basically I think they're contrived mixtures of 'true stories' and film challenges. The old dilemma: 'slices of life vs. slices of cake.' The only biopic I can think of is that monumental one which only existed in Kubrick's brain: Napoleon. Ok it's only fantasizing about what this Great Director could have done (to nail the genre?).

    The funny thing is none - or so - of the common elements you checked out for the plain real biopics of the fall season seems to apply there.

    GRAB A SLICE: Kubrick's Napoleon was to be a 180min womb-to-tomb narration showcasing vignettes of the-Great-Dictator-to-be's Teddy bear (would Spielberg have dared?) and the building up of this lonely and boiling inside character. Eventually Kubrick's project was shelved partly because another biopic centered on Waterloo bombed.

    THE BACKSTORY: Except for the closing shot, back on the rosebud bear, the script goes straight forward; thanks to the kubrick-trademarked voice over.

    IMITATE OR ACT? Being Napoleon for 6 months with Kubrick going up to 70 takes... it's the role of a lifetime (in an asylum). Way above Tony Perkins and Malcolm McDowell's spell!

    DEAL WITH THE PERSPECTIVE OF TIME: Kubrick had done more fact checking than any campaign staff could ever spin. The problem wouldn't have been the historical accuracy but the queasy empathy for Napoleon. Yes, he was a man too.

    All in all I had a dream that some day all flicks will be marketed as 'based on a forged story.'

              (originally published there - don't forget Poland's Hot Button!)

    jeudi 3 février 2005

    La loi du marché

    J'écrivais lundi que "le business s'accommode des réalités surtout quand il y trouve son compte" et c'est pour ça qu'il faut comprendre le téléchargement (gratuit) non comme le produit d'une innovation majeure mais comme une déviance, une véritable invention du diable.

    Alors les majors se présentent comme de pauvres associations philantropiques en voie de disparition qu'il faut protéger, avec un arsenal juridique, contre leurs clients potentiels. Ou plus précisément leurs clients des années à venir.

    C'est en substance ce qu'explique l'universitaire Fabrice Rochelandelet dans le Libé du jour.
    (copie de l'article, parmi d'autres sur le sujet, du côté de ce forum)

    Un nouveau business model pour le Cinéma (?)

    Article très intéressant, publié la semaine dernière dans le NYT, où l'on peut notamment lire ceci qui résume (de manière fulgurante) la situation que j'ai essayé de décrire (avec tout plein de mots) ces derniers jours :

    "We are not in the business of making movies. The movie experience you have when you buy a ticket is subsidizing an ad campaign for a DVD and a cable show. You are legitimizing that by letting us pretend that it is a movie."
                      James Schamus, Focus Features president

    Scrogneugneu.

    Mercredi : nouveautés déjà fatiguées

    Rien de bien folichon en attendant les vacances d'hiver.

    1 DANNY THE DOG                                        17 414
    2 ESPACE DETENTE                                      13 865

    3 THE AVIATOR        11 499
    4 L'EX FEMME DE MA VIE                            9 963
    5 LA MARCHE DE L'EMPEREUR       9 939
    6 POLLUX LE MANEGE ENCHANTE          8 152
    7 LA VOIX DES MORTS                                5 455

    8 CLOSER         5 281
    9 LE CHATEAU AMBULANT        4 430
    10 MAR ADENTRO                                        3 318
    ...
    15 THE EDUKATORS                                   1 045


    Et toujours plus de chiffres dans de jolies colonnes en bonus.

    mercredi 2 février 2005

    Terroir mordoré vs. Divan maudit

    Mince alors. Le cinéma français d'aujourd'hui ce serait soit Les Choristes soit 5x2.
    Merci à cette journaliste anglaise à l'Observer de proposer une vision aussi simple (et enthousiasmante) des films bien de chez nous : d'un côté du gros film populaire à la papa (joliment foutu, rassurant - de "terroir" quoi) et en face la caricature du film frenchy pathologiquement prise de chou ("viens ici sur mon divan que je t'intellectualise le fondement à grands coups de boutoir").

    Oui, mince alors. Du Nouveau Cinéma de Papa ? Une Nouvelle Vaguelette ? C'est pas vraiment ce qui a fait de moi un gros passionné de cinéma (et pas la moitié d'un intégriste non plus).
    (via MCN)

    Semaine 5 avec un cadeau bonus

    # | Titre | entrées | Diff.
    1 THE AVIATOR 183 395 -
    2 LA MARCHE DE L'EMPEREUR 110 614 -
    3 CLOSER 82 989 -48%
    4 LE CHATEAU AMBULANT 51 461 -40%
    5 LOLITA MALGRE MOI 45 334 -
    6 L'UN RESTE L'AUTRE PART 32 658 -37%
    7 DER UNTERGANG 29 045 -31%
    8 NEG MARON 25 127 -25%
    9 ALEXANDRE 21 687 -49%
    10 MELINDA ET MELINDA 20 209 -48%

    C'est pas très lisible mais vous trouverez un fichier xl par là.

    mardi 1 février 2005

    Oulipo (Rube Goldberg inside)

    \Synthèse des 2 posts précédents sur les questions touchant/
     \au téléchargement, au DVD et à l'économie du cinéma/


    [aparté] Un des avantages principaux du blog c'est qu'on peut écrire sans contrainte, juste parce qu'on croit avoir qqch à dire. Maintenant écrire pour être lu c'est autre chose et ce n'est pas forcément incompatible avec raconter n'importe quoi (pour faire son intéressant), mais en ce qui concerne les derniers posts j'avais besoin de mettre un peu d'ordre dans le "réseau de lignes entrelacées."

    - Sur la notion de piratage en général : entre le simple internaute adsl et le pirate qui s'empresse de commercialiser des copies illicites il y a une grosse différence (et qq nuances au milieu dont celle des gens qui mettent simplement et gratuitement les fichiers à disposition sur le net). Je ne m'amuse pas à invoquer la liberté fondammentale (de l'internaute isolé) pour défendre le téléchargement en gros mais je me permets de l'ouvrir contre cette attitude (de groupes identifiés) qui consiste à aborder les problèmes non à la racine mais par le bout des feuilles. Evidemment c'est facile de criminaliser, de culpabiliser les consommateurs finaux. Sauf que c'est pas du tout logique, et surtout pas du tout efficace.
    ¨ Imagine que je me la joue Robin des bois, je vole un semi-remorque rempli de CDs et de DVDs pour les distribuer dans la rue. Est-ce que ça te parait logique de foutre quelques coups de matraque dans la foule en se disant que ça fera réfléchir les autres ? Ok on peut toujours dire que ce n'est qu'une partie de la stratégie de lutte contre le piratage, mais justement cette stratégie c'est surtout parer au plus pressé, courir derrière un phénomène qu'on ne maitrise pas. Et vouloir maitriser un phénomène comme Internet en le fliquant c'est voué à l'échec, c'est le fantasme conservateur de vouloir revenir à un statu quo ante. Evidemment c'est plus facile de dire "c'était mieux avant" que de comprendre comment ça marche, comment s'approprier internet, bref trouver des solutions qui font qu'on va limiter les téléchargements sauvages (d'oeuvres à peine parues) et au contraire prendre Internet pour ce que c'est et ce que ça peut apporter.

    - Sur le ciné en particulier : je ne pense pas que les DivX fassent du tort à la fréquentation. Ils peuvent faire du tort à certains films : Hulk en a été un exemple notoire et on a arrêté le coupable, celui qui avait mis une copie en ligne, le seul vrai pirate de l'histoire. Seulement il s'agit surtout, je pense, de gros films qui se vendent plus sur leur budget marketing (et l'argument des sfx qui déchirent) que sur leurs qualités artistiques (mm si à l'occasion elles peuvent transparaitre entre deux coups de palette graphique). Ce qui emmerde les studios c'est ça : leur business se fonde sur une fuite en avant où on déverse des millions dans un film qui va se vendre sur sa prouesse à engloutir ces millions (cachet de stars, sfx, tournage homérique...) : en deux mots le Grand Spectacle. Pour les financiers c'est comme ça qu'on fait des films aujourd'hui (ou alors on est un petit rigolo) : un énorme budget qui va faire parler de lui en tant que tel, puis amorcer une couverture médiatique autour des stars et toute la démesure du truc... donc qui va être prévendu un peu partout dans le monde (donc pré-financé => risque financier minimal) et surtout (c'était l'intérêt de l'article du NYT) les recettes DVD anticipées pour ce genre de produit transnational vont en faire un truc très rentable (ce qui n'était pas le cas avant le DVD).
    ¨ Problème, plus leur produit s'adresse à une large audience planétaire, plus il suscite la convoitise des pirates. Ben voui : le jour où tu as une renommée mondiale, où tu brasses bcp d'argent il faut songer sérieusement à mettre une alarme chez toi, à embaucher un ou des gardes du corps... C'est la rançon de la gloire. Qui va te plaindre ? Là où ya du pognon et des paillettes il y a des parasites, c'est pas nouveau.

    - Sur la dématérialisation : ce qui me gêne c'est que les businessmen crient par dessus les toits haro sur "les pirates mal-éduqués" (le quidam qui télécharge sans vergogne) mais, derrière, ils pensent simplement aux vrais pirates (ceux qui font le commerce de marchandises piratées) comme à une concurrence déloyale qu'ils veulent éliminer pour en profiter. En gros ils se disent qu'ils sont en retard sur cet ultime marché où on vend du vent, càd des bytes qui circulent sur les ondes ou dans des tuyaux. Mais savoir si ils ne risquent pas de tuer la poule aux oeufs d'or (le DVD), de traire la vache à lait jusqu'à pervertir irrémédiablement toute la chaîne alimentaire, ça personne ne pose se pose la question.
    C'est d'autant plus énervant que c'est censé être un secteur où la créativité n'est pas un vain mot.
    ¨ Jusque là on ne peut pas dire que les films téléchargés soient de bonne qualité, mais on y vient et un jour certainement on aura des formats de compression bien meilleurs et un gros disque dur branché sur l'écran de télé familial (quelle part du budget familial pour un home-cinéma dans dix ans c'est une autre question). Or c'est pas vraiment les salles qui en souffrent dans l'immédiat, mais les ventes de DVD, selon le mm principe que les gros films d'action/sfx sont les plus copiés (rippés). Ce qui ne les empêche pas de vendre, malgré tout, un grand nombre de galettes à la jaquette chatoyante. Seulement voilà, le DVD est une telle manne que l'oncle Picsou ne supporte pas l'idée d'avoir perdu un centime en route. Entre paranthèses je suppute qu'il n'aime pas non plus cette idée qu'un film qui n'a pas rempli ses objectifs en salle sera plus volontiers copié qu'acheté, mais c'est la loi du sport.
    ¨ Si on laissait faire l'oncle Picsou il sortirait les films en salles le mercredi, le dvd 15j après et ouvrirait les robinets de la diffusion VoD (Pay-per-view) un mois après. Que vaudrait la projection du film en salles? Et le DVD? Je ne vois personne se poser ces questions de l'impact de la dématérialisation qui se dessine sur 1/le cinéma (en tant que loisir, spectacle public à part entière) et 2/l'économie du cinéma, avec le film compris comme produit générant un revenu récurrent. Comme trop souvent c'est "Prends l'oseille et tire-toi."


    (post original en réponse à janakan)